Titre original :  Arthur Colquhoun - The Toronto Star - Mon, Feb 10, 1936 - Page 3.

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COLQUHOUN, ARTHUR HUGH URQUHART, journaliste, rédacteur en chef, auteur et fonctionnaire, né le 2 décembre 1861 à Montréal, fils de Walter Colquhoun et de Jane Clarke ; le 12 février 1890, il épousa à Cornwall, Ontario, Mary Robina Colquhoun (décédée le 2 février 1894), et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 9 février 1936 à Toronto et inhumé dans cette ville au cimetière Mount Pleasant.

Le père d’Arthur Hugh Urquhart Colquhoun, originaire du Dunbartonshire, en Écosse, mourut peu avant la naissance de son fils. Sa mère, Jane Clarke, venait d’Écosse elle aussi. Avant son deuxième mariage, elle avait été la veuve de Charles Richardson, membre de la chambre d’Assemblée du Haut-Canada de 1834 à 1841, avec qui elle avait eu deux filles. De son union avec Walter Colquhoun naîtraient au moins six autres enfants. On nomma Arthur en l’honneur d’Arthur Wellesley, 1er duc de Wellington, sous les ordres duquel l’un de ses ancêtres avait servi pendant la bataille de Waterloo. Sa famille possédait des maisons à Cornwall, où il fréquenta l’école publique, et à Montréal, où il étudia à la High School of Montreal et remporta la médaille du gouverneur général en littérature et en histoire. Colquhoun reprit ensuite ces matières au McGill College, où il obtint une licence ès arts avec mention très bien en 1885 et reçut la médaille d’or Shakespeare.

Colquhoun entama sa carrière de journaliste pendant ses études à l’université, comme rédacteur en chef de la McGill Gazette, puis en se joignant à l’équipe du Montreal Daily Star de Hugh Graham en 1881. Deux ans plus tard, il devint rédacteur en chef du Family Herald and Weekly Star de Montréal, qui appartenait à Graham. Il fut le rédacteur en chef de l’Evening Journal d’Ottawa de Philip Dansken Ross* en 1886–1887, avant d’assumer les fonctions de rédacteur adjoint de l’Empire de Toronto, organe conservateur qui appuyait fortement le gouvernement fédéral de sir John Alexander Macdonald*. En 1891, Colquhoun accéda au poste de directeur de la rédaction, qu’il occupa jusqu’en 1895. Un collègue journaliste, Hector Willoughby Charlesworth*, dirait que, quand il travaillait à l’Empire, Colquhoun était « l’homme le plus impeccablement habillé de la communauté journalistique, à l’allure irréprochable, et autoritaire bien que toujours courtois […] C’était l’incarnation parfaite du gentleman conservateur de la vieille école, extrêmement fier de son ascendance de Highlander et doté d’une grande perspicacité politique, sous des dehors qui n’annonçaient aucunement un homme politique. » En 1890, Colquhoun épousa Mary Robina Colquhoun, dont la famille venait aussi du Dunbartonshire (les deux jeunes gens étaient peut-être des parents éloignés). Leur union ne dura pas : Mary Robina contracta la tuberculose et, après une maladie de 18 mois, mourut le 2 février 1894. Arthur Hugh Urquhart ne se remarierait jamais.

Entre 1895 et 1902, Colquhoun occupa le poste de rédacteur en chef de deux périodiques torontois, le Printer and Publisher et la Canadian Dry Goods Review. En 1902, il travailla au Daily Mail and Empire de Toronto sous la direction de Christopher William Bunting*, puis devint chef de l’information à l’Evening News de Toronto, propriété de son ami John Stephen Willison*. En 1903, Colquhoun fut colauréat d’un concours de rédaction, parrainé par le Queen’s College, dont le sujet s’énonçait ainsi : « Comment les universités canadiennes peuvent-elles bénéficier au mieux de la profession de journaliste comme moyen de façonner et d’élever l’opinion publique ? » Dans son texte, inclus dans un livre à ce propos, il fait valoir que les universités offrent aux journalistes un terrain de formation essentiel, et conclut que la presse s’avère importante pour la « diffusion du savoir, comme cour d’honneur et de critique, comme Parlement de discussion populaire » et « comme force indépendante ». Cinq ans plus tard, il codirigerait la publication du premier volume de A history of Canadian journalism, qui renfermait, outre des articles de John Wilson Bengough*, de Goldwin Smith* et d’autres, les 132 pages de son histoire de la Canadian Press Association, qu’il avait présidée en 1906–1907.

La victoire des conservateurs de James Pliny Whitney* aux élections du 25 janvier 1905 en Ontario changea le cours de la carrière de Colquhoun en le poussant à quitter le journalisme pour entrer dans la fonction publique. Colquhoun avait un penchant conservateur et connaissait Whitney au moins depuis 1890, soit depuis l’époque où il travaillait pour l’Empire et où Whitney était député. Pendant la première année de son mandat, le premier ministre créa une commission royale provinciale d’enquête pour trouver des solutions aux problèmes administratifs et financiers de la University of Toronto. Désigné secrétaire, Colquhoun siégea à cette commission aux côtés d’éminents Canadiens, tels Joseph Wesley Flavelle, Henry John Cody*, sir William Ralph Meredith*, Goldwin Smith et Byron Edmund Walker*. Le rapport, paru en 1906, présentait de nombreuses recommandations, notamment la poursuite de l’appui financier de la province, le développement de liens plus étroits entre l’université et des établissements comme sa School of Practical Science et la faculté de médecine, et une plus grande autonomie de l’université, toutes inscrites dans la loi sur l’université de cette année-là.

La qualité du travail de Colquhoun au sein de cette commission, qui lui valut un doctorat honorifique en droit de l’université, convainquit Whitney de le nommer sous-ministre de l’Éducation le 6 février 1906 pour succéder à John Millar*. Robert Allan Pyne dirigeait alors le ministère. Le surintendant de l’Éducation John Seath* se chargeait de l’élaboration des politiques, tandis que Colquhoun s’occupait des questions administratives. Durant ses 28 années de carrière, le sous-ministre, qui écrivit en 1905 que l’éducation visait non seulement à apprendre aux élèves à lire et à écrire, mais aussi « à former de bons citoyens », supervisa des changements importants, entre autres l’expansion des programmes de formation professionnelle et la mise en place de programmes éducatifs destinés aux élèves atteints d’une déficience intellectuelle [V. Edith Sarah Lelean]. L’adoption, en 1912, du Règlement 17 [V. Francis Walter Merchant ; Joseph Octave Reaume], qui limitait grandement l’enseignement du français, et son abrogation en 1927 furent des plus controversées. Décrit par l’auteur John Castell Hopkins* comme « un homme aux opinions justes et raisonnables, sans préjugés confessionnels », Colquhoun servit dans les gouvernements conservateurs de Whitney, William Howard Hearst* (1914–1919), George Howard Ferguson* (1923–1930) et George Stewart Henry* (1930–1934). Il resta en poste durant le gouvernement des Fermiers unis de l’Ontario d’Ernest Charles Drury*, de 1919 à 1923, et le ministre de l’Éducation Robert Henry Grant* apprécia son expérience.

Lorsqu’il n’était pas au travail, Colquhoun, fervent impérialiste, écrivait et éditait des ouvrages en histoire. En 1919, Willison nota que « personne [n’avait] une meilleure connaissance des sources de l’histoire canadienne, de l’évolution constitutionnelle de l’Empire » et « des influences complexes qui rendent ce pays difficile à gouverner ». Dans The fathers of confederation, le vingt-huitième volume de la série Chronicles of Canada, publiée par Robert Pollock Glasgow*, Colquhoun rappelle aux lecteurs que la place du Canada dans l’Empire britannique lui apporta le progrès et « les bienfaits d’une civilisation bien ordonnée ». À propos des Canadiens français, il ajoute que leur « fierté de la race, contenue dans ses justes bornes, contribue à la force et non à la faiblesse du dominion ».

Arthur Hugh Urquhart Colquhoun quitta finalement son poste de sous-ministre en juillet 1934, peu après l’élection des libéraux de Mitchell Frederick Hepburn*. Il continua d’écrire et publia une biographie de Willison, mais un cancer de la prostate écourta ses années de retraite. Il mourut le 9 février 1936 au Wellesley Hospital de Toronto. En 1921, dans une notice biographique pénétrante, le Winnipeg Tribune avait qualifié Colquhoun d’« homme bien informé, ouvert d’esprit, tolérant envers d’autres races et croyances » et de « [plus] démocrate des démocrates dans la pratique ». Son engagement à l’égard d’un journalisme responsable et sa foi dans l’utilité de l’enseignement supérieur façonnèrent sa carrière qu’il amorça en commentant les actions du gouvernement et termina en travaillant en son nom.

Geoff Keelan

Les textes d’Arthur Hugh Urquhart Colquhoun figurent dans nombre de journaux et revues de son époque. Dans la liste suivante, nous mentionnons quelques-unes de ses plus importantes publications : « The man who made the Montreal Star : Hugh Graham, esq. », Printer and Publisher (Toronto), 4 (1895), no 4 : 6–7 ; « Canadian universities and the press », dans « How can Canadian universities best benefit the profession of journalism, as a means of moulding and elevating public opinion ? » : a collection of essays, editors of Queen’s Quarterly, édit. (Toronto, 1903), 11–33 ; la note biographique dans William Dunlop’s Recollections of the American war, 1812–14 […] (Toronto, 1905) ; « Goldwin Smith in Canada », Canadian Magazine, 35 (mai–octobre 1910) : 315–323 ; The fathers of confederation : a chronicle of the birth of the dominion, 1916, vol. 28 des Chronicles of Canada, G. M. Wrong et H. H. Langton, édit. (32 vol., Toronto, [1914–1916]) ; « The first Lord Lansdowne », Canadian Magazine, 52 (novembre 1918–avril 1919) : 527–531 ; « Sir John A. – after thirty years », Canadian Magazine, 57 (mai–octobre 1921) : 93–97 ; l’introduction et la note biographique dans John Richardson, Tecumseh and Richardson : the story of a trip to Walpole Island and Port Sarnia (Toronto, 1924) ; « The journalistic field of 1887 : memoirs of the background from which Saturday Night sprang », Saturday Night, 10 déc. 1927 : 2–5 ; et Press, politics and people : the life and letters of Sir John Willison, journalist and correspondent of the “Times” (Toronto, 1935). Colquhoun a été l’éditeur du livre de J. R. Gowan, A memoir (Toronto, 1894) et le coéditeur du premier volume de A history of Canadian journalism […] (2 vol., Toronto, 1908–1959).

Le DCB conserve une liste plus longue, bien que non exhaustive, des publications de Colquhoun.

AO, F 5-1 (Corr. of Sir James Whitney).— Globe, 10 févr. 1936.— Toronto Daily Star, 10 févr. 1936.— Winnipeg Tribune, 28 oct. 1921.— H. [W.] Charlesworth, Candid chronicles : leaves from the note book of a Canadian journalist (Toronto, 1925).— J. C. Hopkins, Canadian annual review : war series (4 vol., Toronto, 1918), 1 (1914).— Ontario, Commission royale d’enquête sur la University of Toronto, Report (Toronto, 1906).— W. S. Wallace, « Arthur Hugh Urquhart Colquhoun », CHR, 17 (1936) : 89–90.

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Geoff Keelan, « COLQUHOUN, ARTHUR HUGH URQUHART », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 15 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/colquhoun_arthur_hugh_urquhart_16F.html.

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Auteur de l'article:    Geoff Keelan
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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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