CHURCH, BENJAMIN, militaire qui prit part à la lutte contre les Indiens, fils de Richard Church, qui avait émigré d’Angleterre vers 1630, et d’Elizabeth (Warren) Church ; né en 1639 à Plymouth, Mass., mort à Little Compton, R.I., le 17 janvier 1717/1718 (ancien style).

La famille Church, qui comptait neuf enfants, a vécu dans différentes villes du Massachusetts où Richard Church travaillait comme charpentier. Benjamin apprit le métier de son père, mais c’est tout ce qu’on sait de sa jeunesse. Le 26 décembre 1667, il épousa Alice Southworth, fille de Constant et d’Elizabeth (Collier) Southworth, de Duxbury, Mass. Six ans plus tard, Church s’établit sur une terre à Saconet (Sogkonate, l’actuel Little Compton, R.I.), qui faisait alors partie de la colonie de Plymouth.

En juin 1675, il apprit, par certains de ses amis indiens, que le chef de la tribu Wampanoag, Metacomet (Metacom, Pometacom), surnommé King Philip, dont le village était situé dans la péninsule du mont Hope à l’extrême nord de la baie de Narragansett, projetait de faire la guerre aux Anglais. Le 16 juin, Church communiqua ce renseignement au gouverneur de la colonie de Plymouth ; le 20 juin, les fougueux guerriers de Philip commencèrent à piller et à incendier. Church reçut le commandement d’un détachement de reconnaissance formé d’Anglais et d’Indiens amis. Les Wampanoags s’enfuirent vers l’intérieur du pays, à l’Est, livrèrent une bataille rangée le 19 juillet, puis s’échappèrent vers le Nord dans la baie de Massachusetts. Les Nipmucs et les Narragansetts se joignirent à eux dans cette guerre mais furent vaincus à la bataille du Great Swamp en décembre 1675. Church fut blessé et acquit une réputation de bravoure pour son agressivité au combat. En août 1676, les hommes de sa compagnie tuèrent Philip au cours d’une embuscade et Church lui trancha la tête pour l’exhiber.

Avec le retour de la paix, Church fut nommé magistrat à Saconet. Il acheta d’autres terres et, en 1680, participa à la fondation de la ville de Bristol (R.I.), qu’il représenta à la cour générale en 1682. En 1689, au début de la guerre de la ligue d’Augsbourg, il fut nommé major et commandant des forces armées de Plymouth qui devaient être envoyées à l’Est, dans le Maine. Le 18 septembre 1689, il débarqua au fort Loyal (Portland), où commandait Silvanus Davis. Quelques jours après, il engagea une bataille de six heures contre des assiégeants indiens, puis parcourut la région côtière en tous sens et chassa les Indiens qui menaçaient le fort Loyal. Cependant, ces derniers revinrent au printemps suivant et, avec l’appui des troupes françaises, s’emparèrent du fort.

En septembre 1690, dans le but d’assurer la sécurité aux frontières orientales, Church fut encore une fois désigné pour commander une expédition « contre l’ennemi commun, Indiens et Français, leurs aides et complices ». Avec 300 Anglais et Indiens de Plymouth et de la baie de Massachusetts, il se rendit en navire à la baie de Casco puis par voie de terre à la rivière Androscoggin, pour finalement découvrir que le fort indien à Pejepscot (Brunswick, Maine) était abandonné. Il recueillit quelques prisonniers anglais dans un autre fort situé à l’emplacement de l’actuel Lewiston et incendia cette place. Sur le chemin du retour, Church prit part à deux autres escarmouches et laissa quelques hommes pour garder l’établissement de Wells. Comme pour l’expédition précédente, Church trouva insuffisante la rétribution qu’il reçut par la suite.

La troisième campagne dans le Maine eut lieu au cours de l’été 1692. À cette époque, Church prit part à la construction du fort William Henry à Pemaquid. En septembre 1696, la quatrième expédition débarqua à la baie de Penobscot et tenta vainement de surprendre Jean-Vincent d’Abbadie de Saint-Castin et ses troupes. Saint-Castin avait participé à des coups de main contre les établissements du Maine, dont le dernier en date avait amené, au début d’août, la capture du fort William Henry par Pierre Le Moyne d’Iberville. Après une escarmouche avec les Indiens, Church retourna à ses navires et décida de prendre la mer vers le Nord-Est jusqu’à Beaubassin (Chignecto). Alors que les habitants prenaient la fuite, ses soldats s’emparèrent de la ville et détruisirent la plupart des maisons. L’expédition se replia vers l’embouchure de la rivière Saint-Jean, emportant 12 canons et des boulets qui avaient été cachés en prévision de la construction d’un nouveau fort. Craignant que la rivière ne fût pas assez profonde pour y naviguer sans danger, Church prit le parti de ne pas attaquer le fort de Naxouat (Nashwaak, en face de l’actuel Fredericton, N.-B.), qui était commandé par le gouverneur Robinau* de Villebon. Cependant, peu après l’embarquement, il croisa une autre escadre commandée par le colonel John Hathorne, qui avait l’ordre de remonter la rivière et d’attaquer le fort. Grâce aux patrouilles de reconnaissance effectuées par le frère de Villebon, Daniel Robinau de Neuvillette, les Français ne furent pas pris au dépourvu et cette tentative de siège échoua.

En mars 1703/1704, au cours de la première année de la guerre de Succession d’Espagne, Church se proposa lui-même à Dudley, gouverneur du Massachusetts, comme chef d’une autre expédition dans l’Est, pour prendre une revanche sur les Français et les Indiens qui avaient attaqué Deerfield, Mass., le 29 février [V. rév. John Williams]. Pour diriger cette entreprise, Dudley le nomma colonel et lui donna l’autorisation d’effectuer des incursions le long de la côte jusqu’à Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.). En cours de route, dans l’île Green, près de la baie de Penobscot, Church captura trois Français et un Indien qui le guidèrent jusqu’à Pentagouet (Penobscot, l’actuel Castine, Maine) où il livra combat à quelques Français et Indiens. Parmi les prisonniers qu’il fit se trouvait une Métisse, la fille de Saint-Castin. Ayant appris que deux officiers français, M. Gourdon et Michel Chartier*, construisaient un fort à Passamaquoddy, Church s’y rendit et fit Gourdon prisonnier mais Chartier parvint à s’échapper.

Le 20 juin (1er juillet, nouveau style), l’expédition atteignit les Mines (Grand-Pré, N.-É.). Church somma les habitants de se rendre et, après que ceux-ci lui eurent obéi, il incendia la ville, fit sauter les digues et détruisit les récoltes. Dans la nuit du 22, il captura Pigiguit et, le lendemain, Cobequid (Truro, N.-É.) subit le même sort. Les forces de l’expédition punitive s’embarquèrent pour Port-Royal, mais, à l’issue d’un conseil tenu le 4 juillet, on décida de ne pas essayer de prendre la ville. Au lieu de cela, Church remonta jusqu’au fond de la baie de Chignecto et de nouveau se livra au pillage de Beaubassin, avant de retourner en Nouvelle-Angleterre par les baies de Passamaquoddy et de Penobscot. Une fois de plus, Church s’estima piètrement rétribué et il se retira, mettant ainsi fin à sa carrière militaire.

En 1705, il demeurait de nouveau à Little Compton. En 1715, il dicta à son fils Thomas ses Entertaining passages relating to Philips War [...] as also of expeditions more lately made against the common enemy, and Indian rebels, in the eastern parts of New-England. Le 17 janvier 1717/1718, il fit une chute de cheval et mourut d’une hémorragie. Alice, sa femme, décédée sept semaines plus tard, laissait sept enfants.

Church était un homme pieux qui estimait que, dans ses campagnes militaires, il agissait comme le bras vengeur de Dieu. Ses efforts pour la défense de la Nouvelle-Angleterre et les mesures de représailles qu’il prit en Acadie contribuèrent beaucoup à relever le moral de la Nouvelle-Angleterre et il ne fait aucun doute que son commandement et ses initiatives préparèrent la prise de Port-Royal, en 1710.

Howard H. Peckham

L’ouvrage autobiographique de Church, Entertaining Passages..., qui contient le récit le plus complet de sa carrière militaire, a été publié pour la première fois en 1716, et de nos jours c’est un livre extrêmement rare. Il a été publié en deux volumes, avec de nombreuses références et des introductions biographiques, par H. M. Dexter, sous le titre History of King Philips war (Boston, 18651867). Le deuxième volume a pour sous-titre : The history of the eastern expeditions... Comme l’a fait la « Massachusetts Historical Society » dans ses Proceedings, la « Maine Historical Society » a publié, dans ses Collections, diverses lettres de Church qui sont intéressantes au point de vue de l’orthographe. On fait mention de Church dans plusieurs documents qui ont paru dans Records of the colony of New Plymouth in New England (1620–1692), N. B. Shurtleff et David Pulsifer, édit. (12 vol., Boston, 1855–1861), V, VI, VII.

Quant à l’expédition de 1704, on en trouve des récits, de source française, aux AN, Col., C11D ; dans Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F, II : 416–421 ; et Rameau de Saint-Père, Une colonie féodale, I ; 326–328, qui parle de certaines escarmouches aux environs de Port-Royal, à l’issue du conseil tenu le 4 juillet 1704, et qui ne sont pas décrites dans les récits de source anglaise se rapportant à l’événement.

On trouve d’autres sources de renseignements sur la vie de Church dans : Documentary hist. of Maine, IX.— PRO, CSP, Col., 1689–92, 1704–05.— DAB.— Hutchinson, Hist. of Mass.-bay (Mayo) II : 109s.— Murdoch, History of Nova-Scotia, I : 272–274.— Parkman, A half-century of conflict (1893), I : 116120.— H. H. Peckham, The colonial wars, 1689–1762 (Chicago, 1964).— Webster, Acadia.  [h. h. p.]

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Howard H. Peckham, « CHURCH, BENJAMIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/church_benjamin_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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