CAMPBELL, DONALD, officier, décédé près de Détroit le 4 juillet 1763.
Nous ne savons rien de précis sur la naissance et les premières années de Donald Campbell ; il semble toutefois qu’il était Écossais. Il avait déjà été officier avant sa nomination comme lieutenant du régiment Royal American en mars 1756 et allait devenir quartier-maître quelques mois plus tard. Il fut nommé successivement lieutenant capitaine le 17 avril 1758 et capitaine le 29 août 1759. Vers la fin de l’automne de 1760, alors qu’il était au fort Pitt (Pittsburgh, Penn.), il reçut l’ordre de se joindre à l’expédition du major Robert Rogers* chargée de recevoir la capitulation de Détroit. Vers la fin de décembre, Campbell devint le second commandant britannique de Détroit et des postes des lacs Huron, Michigan et Supérieur, dont la plupart n’avaient pas encore été occupés par les conquérants.
Selon les critères modernes, Campbell n’aurait pas été considéré comme étant qualifié pour le service militaire parce qu’il avait une mauvaise vue et qu’il était « gras et lourdaud ». Il créa néanmoins une impression favorable auprès des dames de Détroit qui le conquirent à leur tour. « Ces femmes, disait-il, dépassent toutes nos espérances. » Tous les dimanches soir, un joyeux groupe d’une vingtaine d’hommes et de femmes se réunissaient chez lui pour jouer aux cartes et l’on célébrait les occasions spéciales par un grand bal.
Toutefois, ses relations avec les Indiens lui causaient de sérieux problèmes. Campbell se méfiait des indigènes et se sentait inefficace dans ses rapports avec eux. À l’été de 1761, une délégation de Tsonnontouans conduite par Kayashoton* et Tahahaiadoris (fils de l’un des Chabert de Joncaire) arriva à Détroit, apparemment pour fomenter des troubles. Leur plan fut sérieusement compromis lorsqu’il fut rejeté par les Hurons, les Outaouais, les Sauteux et les Potéouatamis de la région et dévoilé à Campbell. En septembre, le surintendant des affaires des Indiens du nord, sir William Johnson*, vint tenir un premier grand conseil avec les tribus de l’Ouest. Il promit de meilleurs prix pour les fourrures et assura les Indiens que l’on ne saisirait pas leurs terres. Afin de renforcer la présence anglaise dans l’Ouest, on envoya des troupes occuper une partie des anciens postes français des lacs Huron, Michigan et Supérieur, mais les garnisons étaient trop faibles pour se défendre et le problème du ravitaillement était critique. On était à construire deux bâtiments à voile sur la rivière Niagara sous la surveillance de Charles Robertson ; ayant finalement gagné Détroit à l’été de 1762, ceux-ci ne purent dépasser les ensablements du lac Sainte-Claire. Ainsi les postes des pays d’en haut restèrent-ils à court de personnel et de provisions.
S’étant lié d’amitié avec plusieurs commerçants locaux, Campbell désapprouva la construction de navires à voile pour ravitailler les postes ; selon lui, cette tâche pouvait être accomplie de façon plus efficace et plus économique en engageant des civils pour le transport des marchandises par chaloupe. Il prétendait que l’idée d’envoyer des troupes aux postes encore abandonnés du lac Supérieur signifiait tout simplement « un exil supplémentaire pour quelques malheureux individus ». Entre-temps, l’opposition grandissait entre Campbell et une partie de la communauté française, peut-être parce que quelques-uns parmi eux s’intéressaient de plus en plus aux projets de Pondiac. « Je commence à trop bien connaître les gens », avouait Campbell en juillet 1762, je ne crois pas qu’ils gagnent à être fréquentés longtemps. » Se sentant mal à l’aise devant la tournure que prenaient les événements, il remit avec plaisir le commandement au major Henry Gladwin* en août. Il demeurait cependant commandant en second.
Pendant ce temps, les Indiens devenaient de plus en plus hostiles aux Anglais, lesquels interdisaient la vente de rhum et se montraient beaucoup moins généreux que les Français. En mai 1763, Détroit fut assiégé par Pondiac et ses alliés. Ayant échoué dans sa tentative de s’emparer du fort par trahison, Pondiac invita les Anglais à tenir conseil le 10 mai à l’extérieur des murs. Campbell et le lieutenant George McDougall s’étant portés volontaires, ils furent presque immédiatement pris en otages par le rusé chef outaouais qui semble avoir dit à Gladwin qu’ils seraient retenus jusqu’à la reddition du fort et de toute son artillerie. De nature insouciante, Campbell ne semble pas avoir craint pour sa propre sécurité. À la faveur d’une nuit noire, après avoir été forcé de se joindre à une flotte de canots qui tentait de surprendre et de capturer le sloop Michigan, il réussit à déjouer les plans de Pondiac en lançant un avertissement au capitaine du vaisseau. Au moment où McDougall s’enfuit le 2 juillet, Campbell refusa de le suivre, craignant de ne pouvoir courir assez vite et distinguer assez bien sa route pour s’échapper.
Le 4 juillet 1763, un des neveux du chef sauteux Wasson* fut tué dans une brève escarmouche près du fort. En apprenant la nouvelle, son oncle en colère saisit Campbell, le dépouilla de ses vêtements et le tua à coups de tomahawk. Il fut scalpé et découpé en pièces ; Wasson extirpa le cœur de la victime et le mangea. Plus tard, les restes de Campbell furent jetés à la rivière ; le courant les emporta jusqu’au fort où ils furent ramassés et ensevelis.
PRO, WO 34/49, Amherst to Campbell, 27 mai 1761, 18 juin 1761 ; Campbell to Amherst, 1er, juin 1762 ; Amherst to Gladwin, 24 oct. 1762 ; Gladwin to Amherst, 26 oct. 1762, 21 févr. 1763 ; WO 34/71, pt.ii, Barrington to Loudoun, 13 mai 1757.— Bouquet papers, Michigan Pioneer Coll., XIX (1891) : 27–295, contient un compte rendu de James Macdonald adressé à Bouquet et daté du 12 juill. 1763 ; on peut en trouver une version légèrement modifiée aux PRO, WO 34/49, sous le titre de Journal of the siège of Detroit.— Diary of the siege of Detroit [...], F. B. Hough édit. (Albany, 1860), 129, 134s.— Early western travels, 1748–1846 [...], R. G. Thwaites, édit. (32 vol. Cleveland, Ohio, 1904–1907), I : 100–125.— Johnson papers (Sullivan et al.), III : 757–759 ; X : 743.— London Gazette, 16–30 mars 1756.— Rutherford’s narrative – an episode in the Pontiac War, 1763 – an unpublished manuscript by Lieut. Rutherford of the « Black Watch, » Transactions of the Royal Canadian Institute (Toronto), III (1891–1892) : 229–252.— British officers serving in America, 1754–1774, W. C. Ford, comp. (Boston, 1894), 4, 23.— L. W. G. Butler et S. W. Hare, The annals of the King’s Royal Rifle Corps [...] (5 vol., Londres, 1913–1932), I : 20, 134–139.— Thomas Mante, The history of the late war in North America and the islands of the West Indies, including the campaigns of MCLXIII and MCLXIV against his majesty’s Indian enemies (Londres, 1772), 482s, 514.— Peckham, Pontiac.— An account of the disturbances in North America, Gentleman’s Magazine, 1763, 455s.
Harry Kelsey, « CAMPBELL, DONALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/campbell_donald_3F.html.
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Auteur de l'article: | Harry Kelsey |
Titre de l'article: | CAMPBELL, DONALD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |