BYLES, MATHER, ministre de l’Église d’Angleterre et versificateur, né le 12 janvier 1734/1735 à Boston, fils aîné du révérend Mather Byles et d’Anna Gale, née Noyes ; décédé le 12 mars 1814 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick.

Mather Byles était issu d’un milieu puritain distingué. Il était l’arrière-petit-fils du ministre Increase Mather et le petit-neveu du gouverneur colonial Jonathan Belcher ; son père, homme bien connu, était ministre congrégationaliste, de tendance tory, poète et homme d’esprit. Garçon précoce, Byles s’inscrivit au Harvard College à 12 ans et y obtint son premier diplôme en 1751. Il allait recevoir par la suite une maîtrise ès arts de Harvard en 1754 et du Yale College en 1757, puis un doctorat en théologie de l’Oxford University en 1770. Byles contracta trois mariages heureux : avec Rebecca Walter, le 12 mai 1761, à Roxbury (maintenant partie de Boston) ; avec Sarah Lyde, le 10 février 1777, à Halifax ; puis le 2 octobre 1788, à Halifax également, avec Susanna Reid, née Lawlor, qui se montra une bonne mère pour les 13 enfants issus de ses deux premières unions. Parmi ses descendants se trouvent plusieurs familles éminentes de la Nouvelle-Écosse : l’une de ses filles épousa William James Almon, et deux autres, un fils et un petit-fils de Thomas Desbrisay.

En 1757, après deux années passées au Harvard College comme bibliothécaire, Byles devint ministre congrégationaliste de tendance antiévangélique à New London, au Connecticut. En 1768, il se convertit à l’Église d’Angleterre, traversa en Angleterre, où il reçut de l’évêque de Londres l’autorisation d’exercer un ministère, puis assuma les fonctions de ministre de la Christ Church, à Boston, et celles de missionnaire de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts. Au terme d’un ministère orageux au sein d’une communauté de whigs, il donna sa démission et, n’eût été l’éclatement de la guerre d’Indépendance américaine, il aurait occupé un poste à Portsmouth, au New Hampshire. En 1776, il se réfugia avec les troupes britanniques à Halifax, où il vécut dans une situation précaire comme aumônier de la garnison et adjoint au rector de l’église St Paul. En mai 1784, il se rendit en Angleterre demander avec instance une indemnité à titre de loyaliste. S’étant vu accorder £120 ainsi qu’une pension annuelle de £100 sous forme de « parfaite sinécure », l’aumônerie à vie de la garnison de Halifax, il revint dans cette ville en mai 1785.

En août 1788, Byles séjourna à Saint-Jean où il reçut l’invitation « unanime » de devenir rector de l’église Trinity. Accompagné de sa famille, il s’y installa en mai 1789. Au début, les fidèles se réunissaient dans des installations de fortune mais, en 1791, le matin de Noël, Byles présida le premier service dans l’église nouvellement construite, qui devint le centre du culte anglican des Loyalistes de Saint-Jean. Fréquentée aussi par les presbytériens qui n’avaient pas de pasteur, elle était souvent bondée. Byles remplit ses fonctions avec talent jusqu’à ce qu’il fût atteint de cécité, au début de 1814. Il s’éteignit quelque temps après, soit le 12 mars, dans le même fauteuil que son père et son grand-père.

Byles était paternaliste, quelque peu puritain et cynique. Rien de l’Angleterre, de l’épiscopat anglican ou de toute l’« époque dissolue » ne l’impressionnait. Contrairement à bon nombre de Loyalistes, il ne s’en laissait pas imposer par l’aristocratie ou la royauté, refusant, par exemple, de faire « l’imbécile » en assistant à un dîner à Halifax en l’honneur du prince William Henry. Toutefois, comme beaucoup d’entre eux, il n’avait pas de rancœur contre les États-Unis : « Je souhaite que mes compatriotes soient heureux d’avoir réalisé leurs désirs. » C’était un érudit qui savait manier la satire. À Halifax, il donna libre cours à ses frustrations en ridiculisant, en vers, plusieurs notables de la ville d’une manière, se plaignait le gouverneur John Parr*, « déplacée pour un ecclésiastique ».

Personnage revêche, Mather Byles se disputa à Halifax avec ses confrères John Breynton*, Henry Caner et Joshua Wingate Weeks ; il resta néanmoins en bons termes avec l’évêque Charles Inglis. Il n’aimait pas la Nouvelle-Écosse, quittant « sans le moindre regret [...] la [région] la plus méprisable que [son] regard eût jamais contemplée » : « Je souhaite ne jamais oublier que la population la plus irréligieuse que j’aie connue était en même temps la plus ignorante, la plus stupide et la plus malheureuse. » Par contraste, il fut heureux au Nouveau-Brunswick, en partie parce qu’il aimait son travail. Il mentionnait à ses sœurs, Katherine et Mary, loyalistes renommées qui demeuraient toujours à Boston : « il a plu à un Dieu bon d’accorder à votre frère une vieillesse dorée ». « Je suis, ajoutait-il, en rapport avec des gens braves comme je n’en ai jamais connus. »

Wallace Brown

Un portrait de Mather Byles, peint par son neveu Mather Brown, conservé à l’American Antiquarian Soc., Worcester, Mass., est reproduit dans Shipton, infra.

APC, MG 23, D6, 1 : 21, 35, 41, 56, 58s., 63, 66s. (transcriptions).— A catalogue of all graduates in divinity, law, medicine, arts and music who have regularly proceeded or been created in the University of Oxford, between October 10, 1659, and December 31, 1850 [...] (Oxford, Angl., 1851).— Shipton, Sibley’s Harvard graduates, 13 : 6–26.— A. C. Potter et C. K. Bolton, The librarians of Harvard College, 1667–1877 (Cambridge, Mass., 1897).— A. W. H. Eaton, The famous Mather Byles : the noted Boston tory preacher, poet, and wit, 1707–1788 (Boston, 1914). Cet ouvrage traite du père de Byles, mais contient beaucoup de renseignements sur le fils  [w. b.].

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Wallace Brown, « BYLES, MATHER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/byles_mather_5F.html.

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Auteur de l'article:    Wallace Brown
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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