BLEAKLEY, JOSIAH, trafiquant de fourrures, fonctionnaire et officier de milice, né vers 1754 ; décédé le 22 janvier 1822 à Montréal.
Josiah Bleakley était établi dans la province de Québec et peut-être était-il déjà engagé dans le commerce des fourrures lorsqu’en novembre 1774 il signa une pétition de marchands britanniques de la colonie demandant l’abrogation de l’Acte de Québec. En avril 1778, il se trouvait à Londres en compagnie d’un autre marchand de la province, James Finlay père ; ils étaient de retour en juillet, puisqu’ils conduisirent alors deux bateaux chargés de marchandises de Montréal à Detroit. L’investissement de Bleakley dans la traite des fourrures cette année-là fut d’environ £1 250, ce qui en faisait un petit trafiquant en comparaison de James McGill* qui, la même année, investit plus de £24 000.
En 1782, Bleakley escorta deux canots qui transportaient des marchandises destinées aux trafiquants de fourrures de Michillimakinac (Mackinac Island, Michigan). En avril 1783, il travaillait déjà pour le gouvernement, en qualité de commis et de garde-magasin du département des Affaires indiennes ; à ce titre, il était chargé de la remise des cadeaux aux visiteurs indiens. Il continua quand même à faire la traite des fourrures et, cet été-là, avec Finlay et John Gregory*, il conduisit de Montréal à Michillimakinac huit canots dont la cargaison était estimée à £4 500. Malgré l’incertitude qui régnait au sujet des droits de propriété à Michillimakinac, qui se trouvait en territoire américain depuis la signature du traité de Paris en 1783, Bleakley trouva que l’endroit lui convenait ; il acheta une maison et un lot en 1785 et prit part aux activités des francs-maçons de la St John’s Lodge No. 15. En 1787, il siégea au conseil d’administration d’une société de traite des fourrures connue sous le nom de General Company of Lake Superior and the South, ou de General Society, qui eut une existence éphémère [V. Étienne-Charles Campion*]. Bien qu’il se soit établi en permanence à Montréal vers cette époque et qu’il ait été élu au Beaver Club en 1787, il continua à se rendre fréquemment dans l’Ouest.
Le haut Mississippi avait attiré l’attention de Bleakley dès 1785–1786 quand il y avait hiverné, peut-être pour le compte de la General Society. En avril 1793, il se trouvait à Prairie du Chien (Wisconsin). À la fin des années 1790, il fit du commerce avec William Burnett, à l’embouchure de la rivière St Joseph, sur le lac Michigan, et avec la Jacques Clamorgan, Loisel et Cie, à Saint-Louis (St Louis, Missouri). En 1800, il entretenait des relations commerciales avec Auguste Chouteau, également de Saint-Louis, et celles-ci durèrent au moins jusqu’en 1809. À Prairie du Chien, où il se trouvait de nouveau en 1806, il rencontra le groupe d’exploration de l’armée des États-Unis, dirigé par Zebulon Montgomery Pike. Nul doute qu’il ait regardé les soldats avec crainte puisque, comme trafiquant britannique, il était exclu des riches régions situées le long de la rivière Missouri, que les Etats-Unis avaient achetées de la France peu auparavant. Il était du nombre des marchands montréalais qui, dans un mémoire du 8 novembre 1805, avaient protesté contre cette exclusion. En 1807, il était de nouveau dans l’Ouest où il faisait la traite en société avec Jean-Baptiste-Toussaint Pothier*.
Pour faire face à la concurrence grandissante des trafiquants américains sur le territoire des États-Unis, un certain nombre de marchands britanniques et canadiens, dont Bleakley, avaient formé la Michilimackinac Company à la fin de 1806 [V. John Ogilvy*]. Bleakley représenta la nouvelle association au cours de négociations avec la North West Company, qui aboutirent à une entente sur le partage des territoires de traite. En mai 1808, il faisait partie d’un convoi de huit bateaux appartenant à la Michilimackinac Company que des douaniers américains arrêtèrent et saisirent à Niagara (près de Youngstown, New York). Quelques-uns des associés se rendirent à Washington pour protester, tandis que Bleakley resta à Niagara pour régler l’affaire. Cet incident perturba grandement leur commerce cette année-là. Toutefois, en 1810 et 1811, Bleakley envoyait déjà des hommes hiverner le long du Mississippi et, en 1812, il semble qu’il était associé avec Jacques Porlier.
La guerre de 1812 interrompit probablement les activités commerciales de Bleakley mais, au cours de l’année 1814, il retourna dans la région du Mississippi. En septembre, il était rentré à Montréal, d’où il expédiait un convoi de canots transportant des approvisionnements pour la garnison britannique de Michillimakinac. À la fin de la guerre, la traite en territoire américain fut interdite aux sujets britanniques, et Bleakley semble avoir pris sa retraite à ce moment-là. Au fil des ans, il avait acquis une solide réputation, et certaines sociétés importantes comme la Meldrum, Parke, and Miamis Company et la James and Andrew McGill and Company avaient fait appel à lui comme médiateur ou fondé de pouvoir. Le fait que John Askin l’ait qualifié en 1807 de « pauvre homme simple » peut donc laisser perplexe, mais cette remarque peut aussi expliquer en partie pourquoi il ne devint jamais un magnat de la traire.
Le 24 février 1798, Josiah Bleakley avait épousé à Québec Margaret McCord, sœur du marchand montréalais Thomas McCord, au cours d’une cérémonie où le marchand de fourrures John Forsyth* servit de témoin. En 1803, Bleakley devint lieutenant dans le 1er bataillon de milice de la ville de Montréal ; il détenait ce grade quand il prit sa retraite en 1812, mais il fut nommé officier payeur du bataillon deux ans plus tard. En 1819, il exerçait les fonctions de secrétaire-trésorier de la Compagnie d’assurance de Montréal contre les accidents du feu. Au moment de sa mort en 1822, il vivait dans une maison de pierre au coin des rues Notre-Dame et Saint-Claude, voisine de celle de Forsyth. Cette maison et d’autres propriétés furent saisies par le shérif en mars 1823 pour être ensuite vendues aux enchères publiques, à la requête du marchand Henry McKenzie. Le contrat de mariage de Margaret McCord lui garantissait toutefois les 1 000 premières livres sterling tirées de la vente. À part sa femme, Bleakley laissait une fille et deux fils mineurs qui furent tous deux placés sous la tutelle de Thomas Thain.
ANQ-M, CE1-63, 24 janv. 1822.— ANQ-Q, CE1-66, 24 févr. 1798 ; CN1-256, 24 févr. 1798 ; CN1-262, 18 janv. 1805.— APC, MG 23, GIII, 26, no 101 ; RG 4, B28, 115, 20 juill. 1778, 14 sept. 1782, 8 juill. 1783, 19 mai 1790.— Bayliss Public Library, (Sault Ste Marie, Mich.), Misc. coll., diaries, journals, and fraternal records ; Mackinac notarial records, 1806–1818 (photocopies à la DPL, Burton Hist. Coll.) ; Port Mackinac, records, 1802–1808.— Bentley Hist. Library, Univ. of Michigan (Ann Arbor), Mich. Hist. Coll., United States Bureau of Customs, District of Michilimackinac, Impost book, 1802–1808.— Clarke Hist. Library, Central Michigan Univ. (Mount Pleasant), T. C. and F. R. Trelfa coll., 1er, 4, 15, 23 juill. 1803, 19 juin, 15 juill. 1804, 10 juill. 1806, 28 avril, 21 mai, 8 juin 1807.— DPL, Burton Hist. Coll., Thomas Williams papers, petty ledger, 1775–1779.— McGill Univ. Libraries,
David Arthur Armour, « BLEAKLEY, JOSIAH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bleakley_josiah_6F.html.
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Auteur de l'article: | David Arthur Armour |
Titre de l'article: | BLEAKLEY, JOSIAH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |