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BAILEY, LORING WOART, professeur, géologue, botaniste et auteur, né le 28 septembre 1839 à West Point, New York, fils de Jacob Whitman Bailey et de Maria Slaughter ; le 19 août 1863, il épousa à Fredericton Laurestine Marie Marshall d’Avray, unique enfant de Joseph Marshall* de Brett Maréchal, baron d’Avray, et ils eurent cinq fils et deux filles ; décédé le 10 janvier 1925 à Fredericton.
Loring Woart Bailey fit son entrée dans les cercles scientifiques grâce à son père, premier professeur de chimie, de minéralogie et de géologie à la United States Military Academy de West Point. D’éminents scientifiques américains et européens fréquentaient la maison des Bailey. Dans sa jeunesse, Loring Woart allait herboriser et faire des observations géologiques avec son père et ses frères. En 1855, après avoir fréquenté des écoles du Maryland et du Rhode Island, il entra à la Harvard University de Cambridge, au Massachusetts, où il eut comme professeurs le géologue Louis Agassiz, le botaniste Asa Gray et le chimiste Josiah Parsons Cooke. Récipiendaire d’une licence ès arts en 1859, il poursuivit ses études de chimie à la Brown University de Providence, au Rhode Island. Ensuite, il retourna à Harvard, où il fut assistant de Cooke, qui en 1861 recommanda sa candidature au poste de professeur de chimie et de sciences naturelles à la University of New Brunswick. Bailey n’avait alors que 21 ans. Il recevrait sa maîtrise ès arts de Harvard l’année suivante.
À son arrivée à Fredericton pendant l’été de 1861, Bailey découvrit que sa principale fonction était d’enseigner, ce qu’il ferait avec enthousiasme, compétence et dévouement durant 46 ans. Un de ses premiers étudiants, George Robert Parkin, rappellerait ceci : « m’initier aux sciences naturelles a été pour moi comme de voir s’ouvrir un monde nouveau et m’a donné exactement la stimulation intellectuelle dont j’avais besoin ». Au commencement, Bailey personnifia la faculté de sciences naturelles à lui tout seul – il enseignait la physique, la chimie, la zoologie, la botanique et la géologie – mais, à compter de 1900, son domaine se limita à la biologie et à la géologie. Pour illustrer ses cours, il collectionnait des spécimens géologiques et botaniques. Ceux-ci allaient prendre place dans les vitrines que son prédécesseur, James Robb*, avait garnies pour constituer un muséum. Convaincu de la valeur pédagogique des muséums, Bailey déplorait que d’aucuns y voient « simplement une collection de curiosités ». L’Assemblée provinciale, à qui il réclamait des appuis financiers, faisait la sourde oreille.
Professeur enthousiaste, Bailey fut aussi un chercheur tenace. La géologie complexe du Nouveau-Brunswick lui offrait d’ailleurs un terrain d’investigation tout neuf et potentiellement riche. En 1863, le lieutenant-gouverneur Arthur Hamilton Gordon*, désireux de promouvoir la mise en valeur des ressources naturelles de la province, le paya pour qu’il fasse une étude minéralogique. Après avoir consulté la carte géologique que Robb avait dressée (notamment à l’aide des rapports produits par Abraham Gesner* de 1839 à 1843), il choisit de suivre un trajet situé dans une région sauvage, le long des rivières Saint-Jean, Tobique et Nepisiguit, afin d’examiner des roches métallifères de la série cambrienne (dans laquelle on incluait alors une partie de l’ordovicien). En chemin, il visita les mines de Woodstock et de Bathurst. L’année suivante, en compagnie de George Frederic Matthew et de Charles Frederick Hartt*, il étudia la partie sud de la colonie, entre autres des formations géologiques complexes situées à l’est de Saint-Jean. Les trois savants y découvrirent une bande de plaques d’ardoise où étaient incrustés des fossiles cambriens, ce qui aida à dater des roches semblables en Nouvelle-Angleterre. Les rapports de ces expéditions, déposés à l’Assemblée en 1864 et en 1865, sont des classiques de la documentation scientifique du Nouveau-Brunswick.
Toujours en 1864, le gouvernement confia à Henry Youle Hind* la mission de faire une étude de la partie nord de la province. Même si Bailey et Matthew ne touchaient aucun salaire pour leur travail dans la partie sud de la colonie, Hind, convaincu à tort d’être bientôt nommé géologue provincial, jugea leurs travaux menaçants pour lui et les prit à partie dans la presse. À son avis, Bailey était trop jeune, manquait d’expérience et avait en plus le défaut d’être de nationalité américaine ; il aurait mieux fait, selon lui, de s’en tenir à ses fonctions universitaires. Cette querelle convainquit le Nouveau-Brunswick de ne pas parrainer d’autres études géologiques.
En 1868, donc après la Confédération, le directeur de la Commission géologique du Canada, sir William Edmond Logan*, rencontra Bailey et Matthew pour discuter des travaux que son organisme pourrait exécuter au Nouveau-Brunswick. Encore une fois, Bailey fut employé pendant l’été, et ce durant de nombreuses années. Accompagné de Matthew ou d’assistants tel Robert Wheelock Ells, il étudia la moitié sud de la province, puis les comtés du nord le long de la rivière Saint-Jean, de même que les régions adjacentes à la province de Québec et au Maine et au sud de la Nouvelle-Écosse. Sa découverte de fossiles siluriens dans le nord du Nouveau-Brunswick suggérait que la formation des roches de cette région s’était échelonnée sur un temps géologique plus long qu’on ne l’avait supposé. Les conclusions de ses études parurent dans une série de rapports de la Commission géologique de 1872 à 1906. En outre, avec Ells, il rédigea un rapport sur les dépôts houillers du centre du Nouveau-Brunswick et dressa des cartes de la région des comtés d’Albert et de Westmorland où l’on trouvait des schistes bitumineux. Ses écrits, notamment une communication de 1897 sur la dépression de la baie de Fundy dans l’histoire géologique américaine, témoignent de sa propension à analyser les problèmes géologiques sous un angle philosophique. Depuis un accident subi dans l’enfance, il boitait d’une jambe. On l’admirait beaucoup de faire des excursions en terrain difficile malgré ce handicap.
Bien que des collèges américains lui aient fait des offres alléchantes, Bailey resta à la University of New Brunswick, à la fois parce qu’il y trouvait la recherche et l’enseignement stimulants et parce qu’il était heureux en ménage. Sa maison était un lieu de rendez-vous pour les étudiants, les visiteurs et les voisins intéressés par la science et la littérature. Sa femme était une excellente hôtesse et lui-même, un fin causeur. En outre, il encouragea la science dans son milieu, par exemple en aidant un voisin, John Babbitt*, à expérimenter de nouvelles inventions, entre autres le téléphone et l’éclairage électrique. L’Institut des artisans de Saint-Jean l’invitait à donner des conférences. Chaque année, il en prononçait une devant la Natural History Society of New Brunswick, dont il était membre honoraire et au bulletin de laquelle il collaborait. Membre fondateur de la Société royale du Canada, il fut président de sa section en 1888–1889 et en 1918–1919.
Du temps où il était étudiant, Bailey avait achevé un document scientifique commencé par son père sur les diatomées (plancton) du fleuve Pará au Brésil. Une fois à la retraite, il s’intéressa de nouveau à cette question. En travaillant parfois en collaboration avec le Conseil de biologie du Canada et l’Atlantic Biological Station de St Andrews, au Nouveau-Brunswick, il identifia les diatomées de la baie de Fundy, du littoral de l’Île-du-Prince-Édouard et d’autres parties de la côte Est. Son autorité en cette matière était telle qu’il reçut des spécimens recueillis sur la côte du Pacifique et dans des lacs de l’Alberta et de la Saskatchewan. Les conclusions de ses études parurent dans diverses publications scientifiques du Canada et des États-Unis et, quelques mois avant sa mort, furent rassemblées dans « An annotated catalogue of the diatoms of Canada ». En tout, il produisit une centaine d’écrits scientifiques, dont certains d’une importance majeure.
Loring Woart Bailey figure parmi les éminents géologues du Nouveau-Brunswick. En 1899, le naturaliste William Francis Ganong* donna son nom à une montagne du nord de la province. Son enseignement, enrichi par son travail de pionnier sur la géologie néo-brunswickoise, eut une grande influence sur des étudiants tels Ganong et William Diller Matthew (fils de George Frederic Matthew). Grâce à la formation qu’il leur avait donnée, ils purent faire de la recherche dans des universités prestigieuses et se distinguer par la suite en botanique et en paléontologie. Entre autres distinctions, Bailey avait reçu deux doctorats honorifiques : un en philosophie de la University of New Brunswick en 1873 et un en droit de la Dalhousie University en 1896.
Les écrits de Loring Woart Bailey sont répertoriés dans la biographie rédigée par Joseph Whitman Bailey mentionnée ci-dessous, ainsi que dans Science and technology biblio. (Richardson et MacDonald). Parmi les publications de Bailey, on trouve un hommage à son collègue George Frederic Matthew dans SRC, Mémoires, 3e sér., 17 (1923) : vii–x. Son catalogue annoté de diatomées figure dans Office de biologie du Canada, Contributions to Canadian biology, being studies from the biological stations of Canada (Toronto), 2 (1925), nº 2 : [31]–67.
La principale source primaire concernant Loring Woart Bailey et sa famille est le fonds de la famille Bailey conservé à la Univ. of N. B. Library, Arch. and Special Coll. Dept. (Fredericton), MG H1. Il y a des photographies de Bailey aux archives et au département de biologie de l’université. Ses collections botaniques sont conservées au Connell Memorial Herbarium du département, et certains de ses spécimens géologiques se trouvent au département de géologie.
Daily Evening Globe (Saint-Jean), 25 avril 1864.— Daily Gleaner (Fredericton), 10 janv. 1925.— J. W. Bailey, Loring Woart Bailey, the story of a man of science (Saint-Jean, 1925).— R. A. Jarrell, « Science education at the University of New Brunswick in the nineteenth century », Acadiensis (Fredericton), 2 (1972–1973), nº 2 : 55–79.— Kenneth Johnstone, The aquatic explorers : a history of the Fisheries Research Board of Canada (Toronto, 1977).— SRC, Mémoires, 3e sér., 19 (1925), proc. : xiv–xv.— Morris Zaslow, Reading the rocks : the story of the Geological Survey of Canada, 1842–1972 (Toronto et Ottawa, 1975).
C. Mary Young, « BAILEY, LORING WOART », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bailey_loring_woart_15F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/bailey_loring_woart_15F.html |
Auteur de l'article: | C. Mary Young |
Titre de l'article: | BAILEY, LORING WOART |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |