HENNEPIN, LOUIS (baptisé Antoine), prêtre, récollet, missionnaire, explorateur, historiographe, né à Ath, en Belgique, le 12 mai 1626, fils de Gaspard Hennepin, boucher, et de Norbertine Leleu, décédé vers 1705.

Louis Hennepin fréquenta l’École latine de la ville d’Ath (Hainault), où il fit ses humanités. Vers l’âge de 17 ans, il revêtit la bure franciscaine au couvent de Béthune, Artois, et commença son noviciat sous la direction du père Gabriel de La Ribourde*. Au couvent de Montargis (Loiret), il poursuivit ses études, ayant pour maître le père Paul Huet*, puis accéda au sacerdoce.

Apôtre sincère, et aventurier par surcroît, il chercha aussitôt à donner libre cours à son zèle et à son inclination naturelle. Après un laps de temps passé auprès de sa sœur Jeanne à Gand, où il se familiarisa avec la langue flamande, il partit pour Rome dans le but d’intéresser les autorités supérieures de l’ordre à son idéal missionnaire. Sur le chemin du retour, il obtint la permission de visiter quelques sanctuaires et monastères d’Italie et d’Allemagne, « En quoi, écrit-il, je commençai à satisfaire ma curiosité naturelle ». Arrivé aux Pays-Bas, Hennepin se fixa à Hal, Brabant, sur l’ordre du supérieur provincial, le père Guillaume Herincx. Une année durant, il y exerça le ministère de la prédication, gagna ensuite l’Artois, séjournant dans les couvents situés le long de la côte : Biez, Calais, Dunkerque. Son esprit romanesque s’enflamma devant les récits, parfois étranges, des matelots. En effet, caché derrière les portes des cabarets, Hennepin buvait les paroles des aventureux marins. « J’aurais passé des jours et des nuits entières dans cette occupation, qui m’était si agréable, écrit-il dans la Nouvelle Découverte, parce que j’y apprenais toujours quelque chose de nouveau touchant la beauté, la fertilité et les richesses des pays où ces gens avaient été ».

Au cours de la guerre déclenchée par Louis XIV, en 1672, il se dévoua en Hollande auprès des blessés et des malades ; c’est ainsi qu’il passa huit mois à Maastricht (Pays-Bas), en 1673. Une maladie contagieuse le contraignit, un moment, au repos ; une fois guéri, il reprit sa tâche et assista à la bataille de Seneffe (Hainaut), le 11 août 1674.

L’année suivante, le 22 avril 1675, Louis XIV demanda aux Récollets l’envoi prochain de cinq missionnaires en Nouvelle-France. Les supérieurs choisirent les pères Chrestien Le Clercq*, Luc Buisset, Zénobe Membré*, Louis Hennepin et Denis Moquet (ce dernier, malade, restera en Europe). À la fin de mai 1675, en compagnie de Cavelier* de La Salle, les missionnaires quittèrent l’Europe.

L’ardent missionnaire ne tarda pas à se mettre à l’œuvre. Il prêcha l’avent et le carême à l’Hôtel-Dieu de Québec, sur l’invitation de Mgr de Laval, et parcourut les campagnes et les villages, exerçant son apostolat à Cap-Tourmente, à Trois-Rivières, à Sainte-Anne de Beaupré et à Bourg-Royal. Au printemps de 1676, il se rendit au lac Ontario afin de remplacer le père Léonard Duchesne au fort Cataracoui (Frontenac). Toujours débordant d’activité, Hennepin construisit, avec son confrère Luc Buisset, une « maison de mission », fréquentée bientôt par de nombreux Iroquois.

En 1678, Hennepin regagna Québec pour y remplir des fonctions sacerdotales. La Salle, revenu d’Europe (15 septembre) avec l’autorisation royale de découvrir la partie occidentale de la Nouvelle-France, remit au missionnaire une lettre de son supérieur provincial, le père Hyacinthe Lefebvre ; ce dernier priait Hennepin d’accompagner l’explorateur dans ses voyages. Muni des objets indispensables à l’exercice de son apostolat, le missionnaire gagna le fort Frontenac.

Quelques jours plus tard (18 novembre) débutait l’odyssée : 16 passagers prenaient place sur un brigantin de 10 tonneaux, commandé par le sieur La Motte* de Lucière ; celui-ci, devançant La Salle d’environ un mois, avait pour mission de construire un fort et une barque à Niagara. Bravant les intempéries d’une saison avancée, le voilier réussit à atteindre la rivière Niagara le 6 décembre ; le 8, il était au saut du Niagara, « la plus belle et tout ensemble la plus effroyable Cascade qui soit dans l’Univers ».

Les voyageurs ne tardèrent pas à goûter aux premières difficultés d’une entreprise aussi audacieuse : présence peu rassurante d’Indiens sans cesse à l’affût, manque de vivres, mécontentement et murmures des membres de l’équipe. Ils mirent néanmoins le bateau en chantier, dès janvier 1679, et construisirent le fort Conti au cours de l’hiver. Le 11 mai, sur l’ordre de La Salle, Hennepin redescendit au fort Frontenac pour ramener à Niagara ses deux confrères : Gabriel de La Ribourde et Zénobe Membré.

Du 7 août 1679 au 29 février 1680, Hennepin accompagna Cavelier de La Salle dans ses explorations [pour la description de ce voyage, V. Cavelier* de La Salle], alors que ce dernier l’envoya en avant-garde vers le haut Mississipi. Accompagné de Michel Accault et d’Antoine Auguel, dit Le Picard Du Guay, Hennepin quitta le fort Crèvecœur dans un canot chargé d’une cargaison valant 1 100# environ. C’est entre le 29 février et le 25 mars que Hennepin prétend s’être rendu à l’embouchure du Mississipi ; le 10 avril, il était déjà de retour. « Après avoir navigé toute la nuit, écrit Hennepin, nous nous trouvâmes assez éloignéz de cette embouchure [de la rivière des Illinois] aprochans du Nord. » Le 11 avril, à deux heures de l’après-midi, surgirent, brusquement, 33 canots de Sioux en expédition guerrière contre des tribus environnantes. Appréhendés sur-le-champ, les Français eurent la vie sauve grâce à leur calumet de paix et à leurs présents ; mais les Sioux contraignirent les trois voyageurs à les suivre dans leur village. Au milieu de la flottille guerrière, le canot des Français, manœuvré par de vigoureux Indiens, fit approximativement 250 lieues sur le fleuve Colbert (Mississipi). Le « dix-neuvième jour de navigation, à cinq lieues » d’un saut, que Hennepin nommera « Saint-Antoine de Pade », les Indiens accostèrent, cachèrent leurs canots et mirent en pièces celui des Français. Et ce fut, durant cinq jours, une marche forcée à travers marais, lacs et rivières jusqu’au village des Sioux, situé dans la région des Mille-Lacs. Quand l’escorte parvint enfin au village, vers le 21 avril 1680, Hennepin était fourbu ; un bain à l’étuve, suivant la mode indienne, le ranima. Adopté par le chef Aquipaguetin et ses six femmes, le père Louis sut tirer profit de sa pénible captivité en étudiant les mœurs, les coutumes et la langue de la tribu.

En juillet, le village se dispersa pour la chasse. Après avoir « fait un trou en terre pour mettre [son] Calice d’argent et [ses] papiers jusqu’au retour de la chasse », Hennepin prit le chemin du Sud avec le « Grand Chef Ouasicoudé ». Au cours de cette expédition sur le Ouisconsin (Wisconsin) eut lieu la rencontre fortuite de Greysolon Dulhut et de cinq Français, en visite chez les Sioux (25 juillet) ; le 14 août 1680, tous étaient de retour au village.

À la fin de septembre, le grand chef des Sioux donna congé aux Français, leur traça même sur un papier la route à suivre. « Avec cette carte, écrit Hennepin, nous partimes huit Français en deux canots ». Après avoir passé l’hiver à Michillimakinac, les voyageurs prirent la route de Québec dans la semaine de Pâques (entre le 6 et le 13 avril 1681). La même année, Louis Hennepin débarquait au Havre, se retirait au couvent de Saint-Germain-en-Laye pour mettre au point une relation de son odyssée.

Publiée à Paris le 5 janvier 1683, la Description de la Louisiane remporta le plus franc succès : l’œuvre connut plusieurs éditions, fut traduite en italien, en néerlandais et en allemand. Du jour au lendemain, le moine devint une célébrité auprès de lecteurs avides de récits exotiques, ravis par la description du Mississipi et de sa riche vallée. La gloire s’attacha un moment au nom du récollet : il fut vicaire du couvent de Cateau-Cambrésis en 1683, supérieur du couvent de Renty de 1684 à 1687. Mais, pour des raisons encore mal connues, Hennepin tomba subitement en disgrâce ; il fut relégué au couvent de Saint-Omer et expulsé par la suite de la province de l’Artois. Dans le Hainaut où il se réfugia, le récollet résida à Gosselies durant 5 ans (1687–1692) à titre d’aumônier des sœurs récollectines. Poursuivi de nouveau par les autorités civiles et ecclésiastiques, Hennepin dut quitter cette dernière résidence. C’est à ce moment qu’il tenta d’intéresser le roi d’Angleterre aux riches contrées nouvellement découvertes. Grâce à la protection du sieur William Blathwayt, secrétaire de guerre de Guillaume III, et à l’intervention du baron de Malqueneck, favori de l’Électeur de Bavière, Hennepin obtint la permission de gagner la Hollande, aux frais du roi, pour publier ses livres et préparer sa traversée en Amérique.

Quittant la Belgique en 1696, Louis Hennepin, revêtu de l’habit laïc (le port de l’habit ecclésiastique ou religieux étant proscrit en Hollande), s’achemina vers Amsterdam où il comptait éditer ses œuvres. Des « obstacles considérables » contrarièrent son projet. De concert avec le comte d’Athlone, général hollandais au service de Guillaume III, Hennepin prit le chemin d’Utrecht. Il logea d’abord chez Martin van Blacklandt ; mais la femme de ce dernier, mégère entachée de jansénisme, lui rendit la vie impossible. Il se retira alors chez une pieuse veuve, dame Renswore.

Durant trois ou quatre mois, Hennepin aida le dominicain Louis Van der Dostyne, pasteur de Notre-Dame-du-Rosaire ; son apostolat s’étendit principalement aux réfugiés de langue française. Le 1er mars, au nom de leurs coreligionnaires, 58 citoyens signèrent une requête, demandant l’autorisation d’établir une station missionnaire pour les catholiques de langue française à Utrecht. La supplique demeurant sans réponse, et excédé par les rumeurs calomnieuses qu’on ne cessait de répandre sur son compte, Hennepin commença à prêcher, le 5 mai, malgré une interdiction formelle de Pierre Codde, vicaire apostolique et farouche janséniste. Ce dernier ordonna au père Dostyne de fermer les portes de sa chapelle au récollet puis, du haut des églises d’Utrecht, défendit aux fidèles d’assister à la prédication ou à la messe du père Hennepin, sous peine de péché (2 juin).

Ce nouveau conflit avec les autorités religieuses de la Hollande ne réussit pas encore à mater cet homme extraordinaire. Il trouva le temps et les moyens de publier la Nouvelle Découverte en 1697, puis le Nouveau Voyage en 1698, deux œuvres qui racontent sa prétendue descente du Mississipi et ajoutent de nombreux détails touchant son passage en Amérique et sa vie tourmentée en Europe. Dans un troisième ouvrage, Louis Hennepin attaqua directement le vicaire apostolique. La Morale pratique du jansénisme (1698), en effet, dévoila les vexations de Pierre Codde et de son acolyte Jacob Cats à son endroit, dénonça le jansénisme hollandais et révéla une partie de ses griefs personnels. Peu après, les autorités de la ville d’Utrecht lui signifièrent son congé.

Avant de laisser cette ville pour Rome (vers le 18 juillet), Hennepin exécuta une démarche aussi étonnante qu’inexplicable ; il se rendit auprès de l’ambassadeur de France à La Haye, M. de Bonrepaus, le priant de lui obtenir la permission de revenir en France et de repasser en Amérique. « On pourrait ainsi empêcher cet esprit inquiet d’exciter les Anglais et les Hollandais à faire d’autres établissements en Amérique », écrivait l’ambassadeur, le 26 juin. En réponse à cette lettre, Pontchartrain [Phélypeaux] informa l’ambassadeur, le 9 juillet, que le roi de France agréait la demande. L’année suivante (mai 1699), cependant, Louis XIV se ravisait ; il interdisait clairement à Hennepin de mettre les pieds sur le sol américain sous peine d’arrestation.

À partir de 1699, la vie du père Hennepin reste encore assez obscure ; quelques jalons, toutefois, nous permettent d’en retracer les derniers moments. Étant à Rome, en décembre 1699, il demanda et obtint l’autorisation de se retirer dans le couvent de Saint-Bonaventure-sur-le-Palatin « en vue d’y vaquer au salut de sa propre âme après avoir tant d’années durant travaillé au salut du prochain ». Deux ans plus tard (mars 1701), on le retrouve au couvent de l’Ara cœli, sur le Capitolin ; il aurait, nous apprend un document, « emberluquoqué le cardinal Spada, lequel faisait le fonds d’une nouvelle mission pour les pays mississipiens ». De Belgique, enfin (juillet 1701), Hennepin expédia au Souverain Pontife une supplique « pour en obtenir faculté et pouvoirs de se livrer à la conversion des religieux apostats en Hollande » ; cette permission lui fut refusée.

Le dossier de Louis Hennepin demeure toujours ouvert. Dans l’état actuel des connaissances, nous pouvons émettre, tout au plus, des hypothèses sur les problèmes les plus controversés-que soulève la vie de ce remuant personnage. Belge de naissance mais d’éducation française, il a vécu dans un milieu d’intrigues et de cabales. La Description de la Louisiane lui procura la gloire et la célébrité qu’une retentissante disgrâce vint vite éclipser ; il fut expulsé de France, puis pourchassé, traqué au point de ne plus se sentir en sûreté, «quelque service que j’eusse rendu dans tous les lieux où j’avais demeuré jusque là ». C’est alors qu’il se réfugia auprès de Guillaume III, allié de sa patrie. Dans cette démarche, faut-il voir Hennepin sous les traits d’un aventurier peu scrupuleux dans le choix des moyens à prendre pour la réalisation de ses projets ? Les motifs de son expulsion étant encore mal définis, il est assez difficile de donner à cette question une réponse satisfaisante.

D’un caractère bien trempé, entreprenant, combatif, Hennepin eut à collaborer avec un homme d’une personnalité aussi forte que la sienne : Cavelier de La Salle. Des heurts, inévitables, eurent lieu. Par la suite, La Salle devint-il, auprès des autorités civiles et religieuses, l’intrigant qui causa la perte du récollet ? Hennepin l’affirme, mais cela reste à prouver.

Quand il vint en Amérique, il y avait, entre Jésuites et Récollets, une sourde rivalité. Les premiers jouissaient de l’appui de l’évêque, les seconds, amenés au Canada pour servir de contrepoids à l’influence des fils de saint Ignace, trouvaient meilleure audience auprès des autorités civiles ; ces dernières reprocheront même à l’évêque de Québec sa défiance à l’égard des Récollets. On devine aisément les remous qu’a pu susciter, dans un tel contexte, ce moine turbulent, lors de son passage dans la Nouvelle-France. Des rumeurs malicieuses, des accusations calomnieuses, d’ailleurs, ont circulé au sujet du récollet, qui prêtait si facilement le flanc aux reproches. Trop d’écrivains ont brossé de lui une image peu enviable, à partir de ces bruits malveillants.

Louis Hennepin avait une personnalité assez étrange, faite d’un mélange de qualités et de défauts également accentués. Il fut, sans contredit, en Europe et en Amérique, un apôtre zélé, sincèrement attaché à l’Église : sa Morale pratique du jansénisme le prouve amplement. Dans son autobiographie – rien ne nous permet pour le moment de mettre en doute la sincérité de ce témoignage, malgré d’indéniables exagérations – il apparaît encore comme un homme généreux, payant de sa personne sans compter. En Europe, il s’est dévoué auprès des blessés et des malades au risque de sa propre vie ; supérieur à Renty, il a rebâti le couvent, à Gosselies il a dirigé les travaux pour la reconstruction de la chapelle. Au cours de son voyage expéditionnaire en Amérique, il est intervenu pour mater des révoltes, prévenir des fuites, calmer les Indiens ; lorsqu’eut lieu le débarquement forcé dans le lac Dauphin, en 1679, il n’hésita pas à se jeter à l’eau, à tirer au rivage le canot avec « notre bon vieillard Récollet [Gabriel de La Ribourde] » sur ses épaules.

Apôtre intrépide, mais aussi personnage indépendant, désagréable de reste, il indisposa plus d’une fois son entourage, provoqua des troubles, se créa des ennemis. Mû par un zèle envahissant, lors de la traversée en 1675, il morigéna un groupe de jeunes filles sous prétexte qu’elles « faisaient beaucoup de bruit par leur danse, et empêchaient ainsi les matelots de prendre leurs repos pendant la nuit » ; cette intervention déclencha une dispute verbale assez sérieuse entre le moine et Cavelier de La Salle. Au Canada, il administra les sacrements sans l’autorisation de l’évêque ; au cours de sa captivité chez les Sioux, il dressa contre lui ses deux compagnons, Michel Accault et Antoine Auguel. En France, il s’opposa fermement à ses supérieurs qui voulaient le renvoyer en Amérique ; en Hollande, enfin, il prêcha, célébra la messe malgré l’opposition des autorités ecclésiastiques. Tous les torts ne sont peut-être pas du côté du père Hennepin, mais cette conduite avait de quoi alimenter les rumeurs les plus regrettables.

Faut-il surcharger le tableau en y incluant les épithètes peu flatteuses de plagiaire, menteur, effronté, impudent, dont l’affublent à profusion maints auteurs ? Ce Mississipi, Hennepin l’a-t-il vraiment descendu en une trentaine de jours comme il l’a prétendu ? « Je vous proteste devant Dieu, que ma relation est fidèle et sincère et que vous pouvez ajouter foy à tout ce qui y est rapporté ». Dans sa Description de la Louisiane, Hennepin avertissait le lecteur qu’il se proposait d’écrire un autre livre. A-t-il, alors, passé sous silence certains faits « pour ne pas donner de chagrin au sieur de La Salle » ? Les études entreprises jusqu’à maintenant pour répondre à ces questions sont nettement défavorables à Louis Hennepin. De toute façon, ces points restent à éclaircir avant qu’une réponse péremptoire soit donnée.

De son temps, Louis Hennepin fut l’auteur populaire le plus à la mode ; son œuvre ne connut pas moins de 46 éditions. L’écrivain n’a sans doute pas le charme et la saveur d’un Gabriel Sagard*, par exemple ; il ne soigne pas toujours le détail et son style manque souvent d’élégance. Néanmoins, il écrit avec spontanéité, donne parfois des couleurs chatoyantes à ses tableaux, peint avec enthousiasme la flore et la faune du pays, décrit avec finesse les tribus indiennes, leur genre de vie, leurs coutumes, leurs croyances.

Laissons du moins à cet énigmatique personnage la gloire incontestable qui lui revient : celle d’avoir participé aux découvertes du Canada et de les avoir fait connaître avec succès à l’Europe.

Jean-Roch Rioux

Louis Hennepin, Description de la Louisiane, nouvellement découverte au Sud-Ouest de la Nouvelle-France par ordre du Roy. Avec la carte du Pays ; les Mœurs et la manière de vivre des Sauvages (Paris, 1683) ; Nouvelle Découverte dun très grand Pays situé dans lAmérique entre Le Nouveau-Mexique et la mer Glaciale. Avec les cartes et les Figures nécessaires et de plus lHistoire Naturelle et Moralle et les avantages quon en peust tirer par létablissement des Colonies. Le tout dédié à Sa majesté Britannique Guillaume III (Utrecht, 1697) ; Nouveau voyage dun Païs plus grand que lEurope. Avec les reflections des entreprises du Sieur de la Salle sur les mines de Ste Barbe etc. Enrichi de la carte, de figures expressives, des mœurs et manière de vivre des Sauvages du Nord et du Sud, de la prise de Québec, Ville capitalle de la Nouvelle-France, par les Anglois et les avantages quon peut retirer du chemin racourci de la Chine et du Japon, par le moien de tant de vastes contrées et de Nouvelles Colonies. Avec approbation et dédié à Sa Majesté Guillaume III Roy de la Grande Bretagne (Utrecht, 1698) ; La Morale pratique du jansénisme [...] (Utrecht, 1698). Les œuvres du père Hennepin ont connu plusieurs éditions en différentes langues : V. Jérôme Goyens, Coup d’œil sur les œuvres littéraires du père Hennepin, Archivum Franciscanum Historicum (Florence, Italie), XVIII (1925) : 341–345, et Hugolin [Stanislas Lemay], Notes bibliographiques pour servir à lhistoire des Récollets au Canada, IV, Bibliographie des bibliographies du PLouis Hennepin (Montréal, 1933). Parmi les études les plus importantes et les plus récentes au sujet du père Louis Hennepin, mentionnons : Jean Delanglez, Hennepins Description of Louisiana. À Critical Essay (« Institute of Jesuit History Pub. », Chicago, 1941).— Jérôme Goyens, Le P. Louis Hennepin, o.f.m., missionnaire au Canada au xviiie siècle. Quelques jalons pour sa biographie, Archivum Franciscanum Historicum, XVIII (1925) : 318–341, 473–510 ; l’œuvre de Jérôme Goyens incite a la prudence : son plaidoyer ne repose pas toujours sur des bases solides et certaines de ses conjectures se sont révélées fausses.— Le père Hugolin (Stanislas Lemay] a publié dans la revue Nos Cahiers une série d’articles sur le père Hennepin : Son allégeance politique et religieuse, 1 (1936) 316–346 ; Les Observationes de Pierre Codde, vicaire apostolique de Hollande, II (1937) : 5–37 ; Une obédience pour l’Amérique en 1696, et départ pour la Hollande, II (1937)149–179 ; Aux prises avec les jansénistes, II (1937) 245–280 ; À Utrecht, Ses efforts pour obtenir une station missionnaire en 1697, II (1937) : 375–419, Devant Rome, III (1938) :17–68 ; À Paris, III (1938) : 105–140 ; Devant l’histoire, III (1938) : 245–276, 341–374. De plus, Lemay a publié Une étude bibliographie que et historique sur La Morale pratique du jansénisme du père Louis Hennepin, MSRC, XXXI (1937), sect. i : 127–149. Enfin, il a réuni et publié des documents sous le titre de Bibliographie du Père Louis Hennepin, récollet. Les pièces documentaires (Montréal, 1937).— Armand Louant, Le P. Louis Hennepin. Nouveaux jalons pour sa biographie, Revue dhistoire ecclésiastique (Louvain, Belgique), XLV (1950) : 186–211 : LII (1957) : 871–876 ; Précisions nouvelles sur le Père Hennepin, missionnaire et explorateur, Bulletin de la classe des lettres et des sciences morales de lAcadémie royale de Belgique (Bruxelles), XLII (1956), 5e sér. : 215–276 ; l’auteur examine le cas Hennepin à la lumière des dernières études scientifiques et de nouveaux documents découverts aux archives de l’État à Mons ; deux lettres autographes, en particulier, permettent d’identifier Louis parmi les quatre fils de Gaspard Hennepin.  [j.-r. r.]

Conrad-Marie Morin, Du nouveau sur le récollet Louis Hennepin, RHAF, I (1947–48) : 112–117.-H.-A. Scott, Un coup d’épée dans l’eau ou une nouvelle apologie du P. Louis Hennepin, MSRC, 3e sér., XXI (1927), sect. i : 113–160.— J. Stengers, Hennepin et la découverte du Mississipi, Bulletin de la société royale belge de géographie dAnvers, 1945 : 61–82.

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Jean-Roch Rioux, « HENNEPIN, LOUIS (baptisé Antoine) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hennepin_louis_2F.html.

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Auteur de l'article:    Jean-Roch Rioux
Titre de l'article:    HENNEPIN, LOUIS (baptisé Antoine)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    20 nov. 2024