John Alexander Macdonald croyait fermement à l’importance d’un gouvernement central fort, dirigé par une instance exécutive puissante. Pour lui, une division nette des pouvoirs entre le gouvernement fédéral et ceux des provinces était cruciale pour l’avenir de l’unité canadienne. Ses biographes écrivent :
Les domaines qui, selon lui, donnaient le pouvoir réel – la défense nationale, les finances, le commerce, l’imposition, la monnaie et les banques – ressortissaient au gouvernement central. De surcroît, ce dernier avait le pouvoir (exercé par le gouvernement impérial avant 1848) de refuser la reconnaissance d’une loi provinciale […] Le cabinet fédéral nommait ses chiens de garde dans les provinces, les lieutenants-gouverneurs, de même que les membres du Sénat, organisme qu’avait conçu Macdonald pour représenter l’élément des bien-nantis et des propriétaires, même si la propriété demeurait une condition d’éligibilité à la chambre des Communes. Macdonald croyait ainsi avoir évité les principaux écueils de la fédération américaine : le suffrage universel et la faiblesse de l’exécutif. Le Canada serait gouverné à partir du centre, par des personnes qui avaient des intérêts réels dans la collectivité.
Albert James Smith, homme politique du Nouveau-Brunswick et opposant notoire à la confédération, comptait parmi ceux qui soulevaient des objections contre l’union proposée [V. L’opposition à la confédération]. Il présenta clairement ses arguments en novembre 1864 :
[Les délégués du Nouveau-Brunswick à Charlottetown et à Québec] avaient placé les intérêts du Canada avant ceux du Nouveau-Brunswick. Puisqu’ils se trouvaient en position dominante, les Canadiens imposeraient des taxes exorbitantes à la colonie, afin de payer le coût de leurs folles dépenses du passé, comme les canaux et les chemins de fer. On devrait également faire face aux dépenses de deux gouvernements au lieu d’un, et la représentation basée sur la population mettrait le Nouveau-Brunswick dans une situation d’infériorité permanente.
Si Smith avait été au courant des espoirs que Macdonald entretenait personnellement en matière de relations fédérales-provinciales, il aurait ressenti encore plus d’inquiétude :
L’Acte de l’Amérique du Nord britannique était loin de rendre entièrement compte des intentions personnelles de Macdonald sur l’avenir de la nouvelle fédération. Dire que les gouvernements provinciaux étaient des « législature[s] subordonnée[s] » est un euphémisme. On les avait voulus faibles, soutenait-il, et ils devaient cesser un jour d’exister.
De prime abord, Macdonald avait préféré une union législative ; ultérieurement, il estima que le fédéralisme était en pratique la seule voie à suivre. Parmi ses collègues dissidents figure Matthew Crooks Cameron, l’un des principaux conservateurs du Canada-Ouest opposés à la confédération à l’Assemblée législative :
Cameron n’eut jamais la conviction que la confédération solutionnerait les problèmes des colonies. Lors de la présentation des Résolutions de Québec à la législature canadienne tôt en 1865, il désapprouva la confédération qu’il considérait comme une « entente excessivement coûteuse » comparativement à une union législative. Il ne voyait pas la nécessité d’un remaniement constitutionnel ; la croissance matérielle et un système de défense pourraient être réalisables dans le régime existant si les membres de l’Assemblée cessaient d’entraver les « rouages du gouvernement » par leur « conduite factieuse ». La perspective d’un grand pays ne l’éblouissait pas : « Nous ne pourrons jamais atteindre mieux à la grandeur qu’en demeurant sous la dépendance de la couronne britannique. » Les résolutions, prétendait-il, « individualisaient » les provinces et contribuaient aux sujets de discorde ainsi qu’à l’éventualité d’être séparé de l’Empire et entraîné « dans le tourbillon de l’annexion » aux États-Unis, « le plus grand mal » qui pût arriver.
Pour en apprendre davantage sur la vision initiale de Macdonald pour le Canada, vous pouvez consulter les biographies suivantes.