WOOLSEY, JOHN WILLIAM (baptisé Jean-Guillaume), homme d’affaires et officier de milice, né le 26 juillet 1767 à Québec, fils de John William Woolsey, marchand, et de Marie-Joseph Trefflé, dit Rottot ; le 19 mars 1797, il épousa à Montréal Julie Lemoine, et ils eurent sept enfants ; décédé le 9 mai 1853 à Québec et inhumé le 12 suivant à Château-Richer, Bas-Canada.

Au lendemain de la Conquête, John William Woolsey père et son frère Robert quittent Portadown, en Irlande, et viennent s’établir dans la nouvelle colonie britannique. À cette époque, John William Woolsey épouse Marie-Joseph Trefflé, dit Rottot, une des filles du marchand montréalais Pierre Trefflé, dit Rottot. Le couple s’établit à Québec où Woolsey se lance dans diverses activités commerciales. Lors du siège de la ville par les troupes américaines en 1775–1776, Woolsey, qui occupe le rang de major dans la milice locale, est fait prisonnier et transporté à Philadelphie. John William Woolsey fils, alors âgé de huit ans, quitte Québec en compagnie de son oncle George pour aller vivre à Baltimore, au Maryland. Ils sont de retour à Québec quelques années plus tard et, le 14 mai 1781, Woolsey fils entre comme apprenti chez les marchands George Gregory et Robert Woolsey, spécialisés dans le commerce de marchandises sèches importées. D’une durée de cinq ans, le contrat qui le lie à eux est transféré à la société Melvin, Wills, and Burns le 22 mai 1784 avec le consentement de Woolsey.

Six ans plus tard, Woolsey devient l’associé de William Burns* dans la firme Burns and Woolsey. Les deux associés sont encanteurs, marchands à commission et courtiers. En 1797, la firme loue le quai de la Reine qui appartient alors à William Grant* et qui est situé au bout de la rue Sous-le-Fort. Puis, en 1806, la société Burns and Woolsey est dissoute. Cette année-là, Woolsey fait l’acquisition du quai de la Reine, dont l’emplacement comprend trois maisons en pierre de trois étages, quatre hangars en pierre de deux étages ainsi que divers bâtiments et un quai.

L’année suivante, Woolsey quitte la maison qu’il habite depuis 12 ans rue du Sault-au-Matelot afin de s’installer rue des Pauvres (côte du Palais). C’est à cet endroit qu’en 1808–1809 le peintre William Berczy* exécute un tableau de la famille Woolsey. En 1810, Woolsey déménage à nouveau afin de se rapprocher de ses affaires. Pendant 16 ans, il habitera une des maisons situées sur l’emplacement du quai de la Reine, face à la rue Saint-Pierre. Dans les années qui suivent, Woolsey fait diverses innovations, dont l’établissement de tarifs uniformes pour l’entreposage et les droits de quai ainsi que l’usage d’une grue pour le débarquement des marchandises. En 1819, il introduit un engrais européen connu sous le nom de plâtre de Paris et fait ériger un moulin à vapeur afin de le préparer. C’est à cette occasion qu’il devient membre de la Société d’agriculture du district de Québec.

Woolsey joue à la même époque un rôle important au sein de la communauté d’affaires de la ville de Québec. C’est ainsi qu’en décembre 1816 il préside une assemblée réunie en vue de mettre sur pied une place de la bourse. Il fait par la suite partie du comité de cinq marchands chargés de réaliser le projet. C’est encore lui qui préside, deux ans plus tard, la réunion de fondation de la Banque de Québec. De 1818 à 1823, il occupe le premier les fonctions de président du conseil d’administration de cet établissement. Sa réputation s’étend au delà des milieux d’affaires et il est appelé à présider diverses assemblées publiques, dont celle de l’Association constitutionnelle de Québec, tenue le 31 juillet 1837 sur l’Esplanade, et qui attire plusieurs milliers de personnes.

Dans le cadre de ses activités marchandes, Woolsey met sur pied diverses sociétés. C’est d’abord John William Woolsey and Company en 1810, avec son beau-frère Benjamin Lemoine. Vient ensuite Woolsey, Stewart and Company, de 1815 à 1820. En 1820, à la dissolution de la société, Woolsey cesse d’agir à titre d’encanteur, de marchand à commission et de courtier, mais conserve son commerce d’engrais et l’exploitation des facilités portuaires du quai de la Reine, où il fait construire un moulin à vapeur pour moudre le blé. Cependant, dès 1822, il renoue avec sa profession première en mettant sur pied la société Woolsey, LeMesurier and Company, à laquelle participe son fils William Darly et le marchand Henry LeMesurier*. Ce dernier se retire moins d’un mois après, et la société prend le nom de Woolsey and Son. William Darly Woolsey choisit bientôt le sacerdoce, tandis que son frère, John Bryan, manifeste de l’intérêt pour les affaires et se lance dans le commerce d’engrais en achetant un emplacement dans Saint-Roch, où il fait bâtir un moulin à vapeur. Le moulin de Saint-Roch est transformé en moulin à scier par John William Woolsey en 1838, après qu’un incendie l’eut sévèrement endommagé deux ans plus tôt. Il comprend au moins trois scies mues par une machine d’une puissance de six chevaux vapeur.

Au moment de la mort de sa femme, survenue en 1840, Woolsey vit confortablement dans une maison louée de neuf pièces, rue Saint-Georges (côte d’Abraham), dans la haute ville. Le couple possède une bibliothèque d’une soixantaine de volumes où se côtoient les littératures française et anglaise. Un télescope est installé dans la pièce supérieure de l’habitation. Au cours des années subséquentes, Woolsey emménage à divers endroits de la haute ville et habite même un an, en 1847–1848, dans une villa située à Sainte-Foy. C’est dans la rue Saint-François, à Québec, où il demeure depuis peu, qu’il succombe après une courte maladie le 9 mai 1853 à l’âge avancé de 85 ans et 10 mois. Il avait, peu de temps auparavant, abjuré le protestantisme auquel il s’était converti en 1787. Le 21 février 1851, dans une lettre adressée à une nièce vivant en Angleterre, il confie que sa plus grande déception aura été la manufacture d’engrais qu’il a exploitée durant plus de 30 ans et dont il estime les pertes à plus de £8 000. De fait, diverses dettes ont forcé Woolsey à se départir peu à peu de ses propriétés durant les dernières années de sa vie.

Une notice nécrologique publiée dans le Quebec Mercury du 17 mai 1853 décrit John William Woolsey comme un homme à l’esprit innovateur et entreprenant, doublé d’un sens civique exemplaire. C’est sans doute cette dernière qualité qui lui avait valu en 1830 la commission de lieutenant-colonel du 1er bataillon de la milice de la ville et banlieue de Québec.

Michel Monette

Les papiers de John William Woolsey et de sa famille se trouvent aux APC, sous la cote MG 24, Dl, 1–2.

ANQ-M, CE1-63, 19 mars 1797.— ANQ-Q, CE1-6, 10 sept. 1840, 12 mai 1853 ; CE1-20, 28 juill. 1767 ; CN1-188, 4 mars 1841, 25 mai 1853 ; CN1-230, 31 oct. 1806.— La Gazette de Québec, 19 janv. 1792, 23 févr. 1797, 4 déc. 1806, 22 mai 1820, 17 juin, 15 août 1822.— Quebec Mercury, 31 déc. 1810, 17 janv. 1815, 17 déc. 1816, 10, 20 févr., 7 sept. 1818, 20 avril 1819, 17 mai 1853.— Jean Trudel, William Berczy ; la famille Woolsey (Ottawa, 1976).

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Michel Monette, « WOOLSEY, JOHN WILLIAM (baptisé Jean-Guillaume) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/woolsey_john_william_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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