WIGHTMAN, JOSEPH, fermier, constructeur de navires, marchand, fonctionnaire et homme politique, né en 1806 dans le Dumfriesshire, Écosse, fils de John Wightman et de Margaret Ray Armstrong ; le 16 janvier 1838, il épousa Margaret McDonald (Macdonald), et ils eurent six fils et trois filles ; décédé le 6 février 1887 à Lower Montague, Île-du-Prince-Édouard.

Joseph Wightman fit ses études à Dumfries, où il reçut une formation de niveau universitaire à la Lockerby Academy. En 1823, il immigra avec ses parents et sa sœur à l’Île-du-Prince-Édouard ; ils s’installèrent à St Andrew Point (Wightmans Point), sur le lot n59, dans le comté de Kings. Sir James William Montgomery, grand propriétaire foncier de l’île, leur loua 179 acres de terre. En 1857, ils achetèrent le terrain à titre de francs-tenanciers, puis ajoutèrent la même année six acres de terre adjacentes. Wightman possédait à sa mort 34 propriétés.

Wightman connut du succès surtout dans la culture de l’avoine noire (Avena strigosa), à tel point qu’il mérita le 4 mars 1848 le prix décerné pour cette céréale à l’Eastern Agricultural Society grain Show qui eut lieu à Georgetown, Île-du-Prince-Édouard. On expédiait l’avoine en Angleterre, ce qui constitua une entreprise rentable (particulièrement pendant la guerre de Crimée). Il vendit également des produits aux navires de pêche américains qui venaient s’approvisionner dans l’île. Membre du conseil d’administration de la Royal Agricultural Society, Wightman, au cours de son mandat de député à l’Assemblée, jouera un rôle de premier plan en obtenant pour la société de généreuses subventions (votées en 1856, 1857 et 1858) pour l’établissement d’une ferme modèle afin d’améliorer l’élevage du bétail et d’expérimenter les semences cultivées. D’après le recensement de 1861, Wightman était le plus gros producteur de grain, de fromage, de beurre, de chaux, d’huile de poisson et de tissus du lot n59 ; il possédait en outre un grand nombre de chevaux, de moutons et de bestiaux.

En 1824, la famille rouvrit la station de pêche fondée quelque 50 ans plus tôt par David Higgins*, qui avait été le premier propriétaire dans la région. Wightman s’occupa de pêche et d’industries connexes, à savoir la construction navale et le commerce du poisson. Les navires construits dans son chantier des années 1830 jusqu’aux années 1860 servirent au transport du pin blanc et du genévrier en Grande-Bretagne. Il s’engagea aussi dans le commerce côtier. Pendant les années 1830, Wightman ouvrit un « magasin général » près de sa ferme, à St Andrew Point ; son père et lui tinrent également une taverne. Il exploita deux autres magasins, le premier ayant ouvert ses portes dans les années 1840 à Georgetown et le second au cours des années 1860 à Montague Bridge (Montague).

Dans les années 1830, Wightman participait déjà à la vie communautaire de la région. En 1832, il compta parmi les cinq commissaires nommés pour surveiller l’aménagement et la construction d’un nouvel édifice à Georgetown devant abriter le palais de justice et la prison. L’un des trois commissaires nommés au bureau de santé local l’année suivante, il fut aussi promu au rang de capitaine de milice (à sa retraite il avait le grade de lieutenant-colonel). Wightman exerça également les fonctions de juge de paix pour le district et occupa, en 1849, le poste de shérif en chef du comté de Kings.

Orateur éloquent, Wightman avait une réputation d’honnêteté, de diligence et de perspicacité en affaires. Cela le servit grandement en 1838, année où il fut élu député à la chambre d’Assemblée dans le deuxième district du comté de Kings. Élu dans le troisième district du même comté en 1842, il occupa ce siège jusqu’à l’été de 1858, date où il fut élu dans le quatrième district nouvellement constitué. Wightman ne siégea pas à l’Assemblée de 1862 à 1866, peut-être à cause de la mort de deux de ses fils tombés au combat lors de la guerre de Sécession, mais il fut élu en 1867 député du troisième district du comté de Kings et, en 1870 et 1873, député du quatrième district de ce même comté. Wightman appuya le parti libéral tout au long de sa carrière politique.

Peu après son entrée à l’Assemblée, Wightman présenta un projet de loi visant à améliorer les lois électorales de l’île. Il présida plusieurs comités de la chambre, dont l’un chargé d’étudier le projet de création du Prince of Wales College, et rédigea de temps à autre des adresses de l’Assemblée destinées au lieutenant-gouverneur. Sous le gouvernement libéral de George Coles*, de 1854 à 1859, Wightman siégea au Conseil exécutif, mais il ne détint apparemment aucun portefeuille. En 1860, on forma une commission chargée de régler la question de la tenure des terres [V. Edward Palmer]. Lors des audiences publiques, Wightman était à la tête d’une délégation de fermiers des lots nos 59, 61, 63 et 64, situés dans le comté de Kings. Il informa les membres de la commission que les gens éprouvaient une « profonde antipathie à l’égard du système de paiement des loyers » et « se déferaient de presque tout ce qu’ils posséd[aient] pour devenir des francs-tenanciers ».

Orateur (président) de la chambre d’Assemblée de 1867 à 1870 et en 1872, Wightman occupa également le poste de commissaire des Terres de la couronne en 1872 et 1873. Il entra au Conseil législatif l’année suivante, après avoir remporté une élection partielle dans le deuxième district du comté de Kings ; il conserva ce siège lors des élections générales d’octobre 1874. En 1876 et 1877, Wightman exerça les fonctions d’orateur du conseil. Tout en restant membre du Conseil législatif, il entra de nouveau au Conseil exécutif en mars 1879, cette fois dans le gouvernement de coalition du libéral-conservateur William Wilfred Sullivan*. Il siégea au Conseil exécutif jusqu’en 1882, mais, pour des raisons de santé, il décida de ne pas se porter candidat aux élections générales de cette année-là.

Wightman avait un sens aigu des affaires et une extraordinaire facilité à communiquer. Il fut pendant plus de 40 ans l’un des principaux parlementaires de l’île. S’il vécut à une époque difficile, il fit néanmoins toujours preuve de persévérance et de courage pour surmonter les problèmes et les épreuves.

Marjorie L. Hyndman Coffin

Î.-P.-É., Registry Office (Charlottetown), Township ledgers, liber 21 : f.30 (mfm aux PAPEI).— PAPEI, Prince Edward Island shipping registers, 1787–1824 ; RG 5, Minutes, 1854–1859 ; RG 16, Land registry records, Conveyance registers, liber 43 : f.535 ; liber 45 : f.16 ; Land title docs., lot 53, leases.— Abstract of the proceedings before the Land Commissioners’ Court, held during the summer of 1860, to inquire into the differences relative to the rights of landowners and tenants in Prince Edward Island, J. D. Gordon et David Laird, rapporteurs (Charlottetown, 1862).— Î.-P.-É., House of Assembly, Journal, 1839–1872 ; Legislative Council, Journal, 1872–1882.— Journeys to the Island of St. John or Prince Edward Island, 1775–1832, D. C. Harvey, édit. (Toronto, 1955).— Map of Prince Edward Island, in the Gulf of St. Lawrence, comprising the latest topographical information afforded by the Surveyor Generals Office and other authentic sources [...], George Wright et H. J. Cundall, compil. (Charlottetown, 1859).— A plan of the Island of St. John in the province of Nova Scotia [...], Samuel Holland, compil. (s.l., 1765).— A plan of the Island of St. John with the divisions of the counties, parishes & the lots as granted by government [...], Samuel Holland, compil. (Londres, 1775).— Haszard’s Gazette (Charlottetown), 1852.— Patriot (Charlottetown), 1876.— Royal Gazette (Charlottetown), 1827, 1832–1834, 1841, 1855, 1861.— Weekly Recorder of Prince Edward Island (Charlottetown), 1810–1812.— Canadian biog. dict., II : 750.— CPC, 1880.— Illustrated historical atlas of the province of Prince Edward Island [...], J. H. Meacham, compil. (Philadelphie et Charlottetown, 1880 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— Place-names of Prince Edward Island with meanings, Robert Douglas, compil. (Ottawa, 1925).— Duncan Campbell, History of Prince Edward Island (Charlottetown, 1875 ; réimpr., Belleville, 1972).— MacKinnon, Government of P.E.I., 212.— George Sutherland, A manual of the geography and natural and civil history of Prince Edward Island [...] (Charlottetown, 1861).

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Marjorie L. Hyndman Coffin, « WIGHTMAN, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wightman_joseph_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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