WAPINESIW (Wappenessew, Wabunmashue ; nom qui signifie oiseau blanc), agent indien (leading Indian) de nation crise, circa 1755–1772.

La première mention de Wapinesiw dans les documents date de 1755, année où Anthony Henday*, de la Hudson’s Bay Company, le rencontra au cours de son expédition de York Factory (Manitoba) jusqu’aux prairies. Le 2 février, Henday, qui campait près du ruisseau Devil’s Pine (ruisseau Ghostpine, Alberta), notait ceci : « nous [avons été] rejoints par un agent des Canadiens du nom de Wappenessew ». Comme un Indien, pour être éligible au rôle de capitaine de la traite, ou d’agent indien, devait avoir une famille et être reconnu pour sa compétence comme chasseur et trafiquant, il est vraisemblable que Wapinesiw fût à tout le moins au début de la trentaine quand il rencontra Henday.

Les agents indiens tenaient une position importante dans la traite des fourrures [V. Matonabbee]. Ils servaient d’intermédiaires entre les trafiquants de fourrures et les Indiens qui cueillaient les peaux mais qui se refusaient à faire le voyage jusqu’aux postes côtiers de la baie pour y trafiquer. Selon Henday, Wapinesiw « exerç[ait] une grande influence sur les Indiens, command[ait] plus de 20 canots et [était] tenu en haute considération par les Canadiens du poste de Basquea [Le Pas, Manitoba], qu’il [avait] fréquenté assidûment ». Il reconnut que Wapinesiw, soit en encourageant les autres Indiens à venir trafiquer, soit en apportant lui-même les fourrures, pouvait rendre de grands services à la Hudson’s Bay Company, cette dernière n’ayant pas encore admis l’idée d’établir des postes à l’intérieur des terres. Aussi Henday le détourna-t-il des Canadiens au moyen de marchandises de traite qu’il lui offrit en cadeau au nom de la compagnie. Plus tard en 1755, Wapinesiw se rendit à York et fut par la suite, pendant quelque 15 ans, un visiteur assidu à ce poste. Au début, il conduisait 20 canots des meilleures fourrures chaque année, mais, dans les années 1760, ce nombre passa à 30. En 1762, Humphrey Marten, agent principal à York, l’inscrivait au nombre des neuf capitaines cris, responsables de la traite, qui visitaient régulièrement le poste. Tous ces agents, disait-on, y amenaient 30 canots ou plus annuellement.

Quand les trafiquants indépendants (pedlars), qui envoyaient leurs fourrures à Montréal, envahirent l’arrière-pays d’York à la fin des années 1760, ils tentèrent de ramener Wapinesiw dans leur camp. Ils y réussirent en 1770 ; il commença à user de son influence pour inciter « les Indiens à faire affaire avec les trafiquants indépendants » et à protéger les canots, qui montaient à Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan) ou en redescendaient, de toute intervention hostile de la part d’autres tribus. D’après ce qu’on en sut à York, il « pass[ait] tout l’hiver dans [...] la maison [de Thomas Corry] ange[ait] à la table du maître, et les membres de sa famille [y étaient] vêtus [...] et rien ne lui [était] refusé ». Il est possible qu’il ait continué à visiter York, quand ce ne serait que pour faire monter le prix de ses services par le jeu de la concurrence. Le 2 juin 1772, Corry écrivit de la région de la Saskatchewan à Andrew Graham*, agent principal intérimaire à York : Wapinesiw « ne va pas vous voir ce printemps, mais [...] ira au Grand portage [près de Grand Portage, Minnesota] avec moi » ; « il dit qu’il viendra vous voir le printemps prochain ». Au mois de juillet de la même année, on rapporta que Wapinesiw accompagnait Corry et sept de ses canots, en route pour « le Grand Fort ». Graham essaya de le persuader de retourner à la Hudson’s Bay Company en lui envoyant du tabac en cadeau ; il était confiant d’y réussir pourvu que « le rhum de la Nouvelle-Angleterre » des trafiquants indépendants « n’[eût] pas sa préférence ». On ne trouve plus, par la suite, mention de Wapinesiw ; il mourut probablement dans les années 1770, à l’âge d’environ 50 ou 60 ans.

Arthur J. Ray

HBC Arch., B.239/a/66, p.55 ; B.239/b/23, pp.14s. ; E.2/4, p.53.— Docs. relating to NWC (Wallace).— HBRS, XXVII (Williams).— [Anthony Henday], York Factory to the Blackfeet country, the journal of Anthony Hendry, 1754–55, L. J. Burpee, édit., SRC Mémoires, 3e sér., I (1907), sect. ii :307–369.

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Arthur J. Ray, « WAPINESIW (Wappenessew, Wabunmashue) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wapinesiw_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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