WALKER, WILLIAM, chef de poste de la Hudson’s Bay Company, né vers 1754, probablement en Angleterre, fils de Hannah Walker, décédé le 13 octobre 1792 à South Branch House (près de Duck Lake, Saskatchewan).
On ne sait rien de William Walker avant son engagement par la Hudson’s Bay Company le 17 février 1768. Il signa un contrat d’apprentissage pour sept ans et, au printemps, il s’embarqua pour York Factory (Manitoba). Une fois son apprentissage terminé, Walker accompagna Samuel Hearne à Cumberland House (Saskatchewan) en 1775 ; en octobre, il alla passer l’hiver avec les Cris, car « il souhaitait avoir l’occasion d’apprendre la langue des Indiens ». L’année suivante, il assuma temporairement la direction de Cumberland House pendant que le chef du poste, Matthew Cocking, transportait les fourrures à York. En 1778, le salaire de Walker passa de £15 à £25 par année.
Ce stade de la carrière de Walker fait ressortir les privations, les tensions et les rivalités qui étaient le lot des employés de la Hudson’s Bay Company travaillant à l’intérieur des terres à partir de York. Les hommes sur qui comptait la compagnie pour ses gros travaux étaient originaires des îles Orcades (Royaume-Uni) ; peu instruits, ils s’offusquaient souvent d’avoir à travailler avec les Anglais, mieux éduqués. Cette animosité fut probablement à l’origine des frictions entre le caustique William Tomison* et Walker. Venu des Orcades, Tomison avait été manœuvre avant d’accéder à un grade de fonctionnaire tandis que Walker avait une formation de fonctionnaire. Six mois après que Tomison eut remplacé Cocking comme chef de poste à Cumberland House en 1778, Walker menaça de se rallier aux trafiquants indépendants qui lui avaient offert un salaire annuel de £60. Deux ans plus tard, le conseil d’York et Humphrey Marten, agent principal de ce poste, refusèrent de reconnaître la décision prise par le comité de Londres de nommer Walker « assistant de [l’]agent principal » à York, alléguant qu’il n’avait pas le tempérament que cette fonction exigeait. Cocking, qui avait connu Walker à York et à Cumberland House, n’était pas de cet avis. Il fit savoir au comité que Walker était « très assidu et appliqué » et que Marten et Tomison le détestaient « surtout en raison de [leurs] préjugés ». Affirmant que Walker était justifié de croire qu’il méritait une promotion, il ajoutait : « je regrette d’avoir à dire que la partialité prédomine ».
Walker passa six ans à Cumberland House et il parcourut la région afin de rencontrer les Indiens et de les convaincre d’apporter leurs fourrures au poste de traite. À l’automne de 1781, Walker prit la direction de Hudson House (près de Wandsworth, Saskatchewan) ; le chef de poste, Robert Longmoor*, fut envoyé dans un secteur situé en amont de la rivière Saskatchewan pour constituer une réserve d’aliments qui devait servir à l’établissement d’un poste dépendant de Hudson House. Walker connut une année difficile. Une épidémie de petite vérole fit rage parmi les Indiens, les laissant « étendus sans vie sur le sol nu comme des moutons atteints par les douves ». Il prit soin d’eux au fort du mieux qu’il put et il enterra ceux qui moururent. Comme il était bon tireur et que peu d’Indiens se trouvaient en état de chasser, Walker s’occupa de trouver de la nourriture pour tous les gens de l’établissement. En 1782, pour la première fois, il garda le poste ouvert pendant l’été. Cette décision permit aux hommes de faire une provision d’écorce de bouleau et de vivres et de recueillir les fourrures des Indiens qui n’avaient pu se rendre au poste durant l’hiver.
Pendant les cinq années suivantes, Walker demeura presque continuellement à Hudson House sous la direction de Tomison et de Longmoor. On lui confia souvent la tâche délicate d’intercepter les Indiens avant qu’ils ne prennent contact avec les Nor’Westers et le travail ardu de chasser du gibier durant l’hiver. En 1787, il fut nommé chef de poste à South Branch House. Au cours de l’hiver de 1788–1789, il recueillit un lot de fourrures équivalant à 6 297 peaux de castor, ce qui constituait un bon rendement pour un nouveau poste. La compagnie montra qu’elle appréciait ses services en le nommant au sein du conseil d’York en 1789.
En 1791, Walker se rendit à York avec l’intention d’obtenir un congé pour regagner l’Angleterre. Tomison, qui était alors agent principal pour les postes de l’intérieur, le persuada de retourner à South Branch House. Il lui promit qu’il allait recommander au comité de Londres de le désigner comme son successeur à l’expiration de son propre contrat en 1793. La nomination fut annoncée en mai 1793, mais Walker n’en sut rien. Il était décédé à South Branch House le 13 octobre 1792.
Walker s’était lié à une Indienne, on ne sait trop à quel moment ; il eut un fils, William, qui naquit vers 1779 dans Rupert’s Land. Celui-ci entra au service de la compagnie comme apprenti en 1797 et fut tué en 1807.
Tomison critiqua à quelques reprises la conduite de Walker, mais les jugements défavorables qu’il porta sur son travail sont sujets à caution en raison des différences de caractère qui séparaient les deux hommes. Confiant dans la maîtrise qu’il avait de son métier, plus instruit que ne l’étaient Tomison ou Longmoor et peu porté sur la boisson, Walker était indubitablement hors du commun. C’était un trafiquant avisé qui comprenait les Indiens, gagnait leur confiance et parlait leur langue. Il montra qu’il avait du jugement et les aptitudes qui lui auraient permis d’être un bon agent principal pour les postes de l’intérieur. Une fin prématurée l’empêcha malheureusement d’exercer son talent.
HBC Arch., A.1/45, f.19 ; A.1/138, p.100 ; A.5/3, f.110 ; A.6/11, f.33 ; A.6/12, f. 133d ; A.6/14, f.77d ; A.6/32, f.100 ; A.6/116, f.19d ; A.11/115, ff.142, 167d ; A.11/116, ff.24d, 69, 71–72 ; A.11/117, ff.52–52d, 62, 134 ; A.16/32, f.101 ; A.16/33, f.37d ; A.30/5, f.72 ; A.30/10, f.38 ; B.49/a/3, f.8d ; B.49/a/4, f.27 ; B.49/a/6, ff.50d, 56d ; B.49/a/7, ff.16, 26, 38, 40d, 43d ; B.49/a/12 ; B.49/a/15, ff.29d, 49d, 51d, 52d, 55d, 61d, 62d, 63d ; B.49/a/16, f.2 ; B.60/a/7, ff.3d–4 ; B.87/a/4, ff.7, 12d, 19d ; B.87/a/5, f. 5d ; B.87/a/6–8 ; B.205/a/1 ; B.205/a/2 ; B.205/a/3, f. 36d ; B.205/a/6, f.41 ; B.205/a/7, ff.1, 4, 10 ; B.239/a/59, f.282 ; B.239/a/71, f.32d ; B.239/a/91, f.29.— HBRS, XIV (Rich et Johnson) ; XV (Rich et John_ son).— Morton, History of Canadian west.— Rich, History of HBC.
Shirlee Anne Smith, « WALKER, WILLIAM (mort en 1792) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/walker_william_1792_4F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/walker_william_1792_4F.html |
Auteur de l'article: | Shirlee Anne Smith |
Titre de l'article: | WALKER, WILLIAM (mort en 1792) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |