VOYER, JACQUES, notaire, propriétaire foncier, officier de milice, fonctionnaire et juge de paix, né le 2 janvier 1771 à Québec, fils de Charles Voyer, notaire, et de Françoise-Charlotte Perrault ; le 21 juillet 1800, il épousa à Québec Luce-Monique Pinguet ; décédé le 8 janvier 1843 au même endroit.
Jacques Voyer reçut sa commission de notaire le 5 février 1798 et installa son étude dans sa ville natale. Avant 1812, le jeune Archibald Campbell* fit son stage de clerc chez Voyer, lequel participa cette année-là à la défense du Bas-Canada. Lieutenant-colonel du bataillon de milice de l’île d’Orléans depuis le 5 avril, il devint, le 25 septembre, major du 1er bataillon de la milice d’élite incorporée du Bas-Canada puis, le 26 octobre, lieutenant-colonel du 4e bataillon. Il avait exercé pendant quelques mois les fonctions de paie-maître dans le 1er bataillon. Voyer semble s’être distingué durant la guerre. Chose certaine, il s’y consacra entièrement, puisque aucun acte notarié n’enrichit le répertoire de son greffe en 1814 et 1815. D’ailleurs, dans un avis paru le 25 mai 1815 dans la Gazette de Québec, Voyer annonçait son intention « de reprendre les affaires en sa qualité de notaire Public [...] sur la place du Marché [place Notre-Dame] en la Basse Ville ». Par la même occasion, il offrait « ses services au Public et plus particulièrement à Messieurs les Négocians, Marchands et Maîtres de Vaisseaux qui, avant son départ pour la Frontière, l’honoraient de leur Confiance ». Parmi ses clients figurait notamment George Pozer, dont il était le notaire attitré.
En 1806, Voyer avait fait partie de la société qui s’était portée acquéreur du canton de Frampton. C’est son beau-frère, Pierre-Édouard Desbarats*, qui avait alors agi à titre de chef de canton. Parmi les autres associés se trouvaient George Pyke*, François Vassal de Monviel et William Berczy*. En 1826, à titre d’ancien milicien, Voyer reçut 1 200 acres de terre dans le même canton. Il en obtint 1 072 autres en 1838. Considéré comme un gros propriétaire foncier, Voyer suivit les méthodes de colonisation de son beau-frère Desbarats et recruta des colons parmi les Irlandais qui arrivaient en grand nombre au port de Québec. Comme lui, il prit soin de les choisir robustes et de mœurs paisibles. L’avis qu’il fit paraître le 9 avril 1827 dans la Gazette de Québec s’adressait en fait aux colons, en majorité irlandais, déjà installés dans Frampton. Voyer leur indiquait qu’il leur « concéder[ait] des terres [...] en raison de dix schelings courant de rente par an, par cinquante arpens sans autres charges quelconques, celles de faire et d’entretenir les chemins seulement exceptées. Ils en jouir[aient] pendant trois ans sans payer de rente. »
Tout au long de sa vie active, Voyer eut à remplir diverses commissions qui témoignent de sa notoriété. Ainsi le 24 mai 1815 on le nomma commissaire chargé d’étudier les demandes d’indemnités des miliciens victimes de la guerre de 1812. Le 22 novembre suivant, il reçut une commission de juge de paix pour le district de Québec, commission qu’on lui renouvela en 1821, 1828, 1833, 1836 et 1838. Au cours de ces deux dernières années, il fut commissaire chargé de la construction des églises et des presbytères dans le district de Québec. D’autre part, Voyer avait toujours manifesté de l’intérêt pour le domaine de l’éducation. En 1821, il participa à la mise sur pied de la Société d’éducation du district de Québec dont Joseph-François Perrault avait été élu président. Voyer était membre du comité chargé d’élaborer les règlements de cette société avec, entre autres, Jérôme Demers*, Thomas Maguire*, Joseph Signay, John Neilson et Joseph-Rémi Vallières de Saint-Réal.
Jacques Voyer ne semble pas avoir eu d’enfants. Dans le testament olographe qu’il fit le 12 mars 1823, il laissa tous ses biens à sa femme en lui recommandant de transmettre l’héritage à ses neveux et nièces. Il rédigea son dernier acte notarié le 4 août 1842 et mourut le 8 janvier suivant. Sa femme se remaria le 25 juin 1845 avec Étienne Gauvin.
Le minutier de Jacques Voyer, contenant des actes passés entre le 9 févr. 1798 et le 4 août 1842, est déposé aux ANQ-Q, sous la cote CN1-285.
ANQ-Q, CE1-1, 2 janv. 1771, 21 juill. 1800, 11 janv. 1843.— La Gazette de Québec, 25 mai 1815, 9 avril 1827. — F.-M. Bibaud, le Panthéon canadien (A. et V. Bibaud ; 1891).— Langelier, Liste des terrains concédés.— Officers of British forces in Canada (Irving).— J.-E. Roy, Hist. de Lauzon, 5 : 86, 92 ; Hist. du notariat.— P.-G. Roy, « le Notaire du roi Archibald Campbell », BRH, 32 (1926) : 736–739.
Madeleine Ferron, « VOYER, JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/voyer_jacques_7F.html.
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Auteur de l'article: | Madeleine Ferron |
Titre de l'article: | VOYER, JACQUES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |