UNIACKE, NORMAN FITZGERALD, officier de milice, avocat, fonctionnaire, homme politique, juge et juge de paix, né vers 1777, probablement à Halifax, fils de Richard John Uniacke* et de Martha Maria Delesdernier ; le 23 novembre 1829, il épousa à Vaudreuil, Bas-Canada, Sophie Delesdernier ; décédé le 11 décembre 1846 à Halifax.

Issu d’une famille de 12 enfants dont plusieurs allaient s’illustrer en Nouvelle-Écosse, Norman Fitzgerald Uniacke est le fils aîné du procureur général de cette province. Le 1er juillet 1796, il reçoit une commission de lieutenant en second dans le 2th Halifax Militia Regiment commandé par son père. Reçu au barreau de la Nouvelle-Écosse, il se rend à Londres en 1798 afin de parfaire ses études de droit et de cultiver des relations utiles à sa future carrière. Peu avant le début de 1806, il est reçu à la Lincoln’s Inn, second Néo-Écossais à être admis au barreau anglais.

Un an après la tentative infructueuse du père d’Uniacke pour le faire nommer secrétaire provincial de la Nouvelle-Écosse, lord Castlereagh le désigne, le 25 août 1808, pour succéder au procureur général du Bas-Canada, Jonathan Sewell, devenu juge en chef de cette province. Cependant, le gouverneur sir James Henry Craig*, non informé de cette nomination, accorde une commission provisoire à Edward Bowen* le 10 septembre 1808. Celui-ci est donc contraint de démissionner, et Uniacke peut intégrer officiellement son poste le 20 juin 1809.

Craig cherche à se défaire du nouveau procureur général. Le 17 mai 1810, par l’intermédiaire de son secrétaire Herman Witsius Ryland, il consulte les juges de la Cour du banc du roi sur les capacités d’Uniacke. Sewell, ainsi que Jenkin Williams*, Pierre-Amable De Bonne* et James Kerr répondent que ses connaissances en droit criminel sont très superficielles, et souvent insuffisantes en droit civil ; de plus, ses notions de français sont très faibles. Quant aux juges James Reid, James Monk*, Pierre-Louis Panet* et Isaac Ogden, ils déclarent n’avoir eu que trop peu ou pas d’occasions pour évaluer sa compétence. Le 31 mai, Craig suspend Uniacke, lui accorde un congé en Angleterre et délivre de nouveau une commission provisoire à Bowen dont il recommande la nomination à lord Liverpool. Bowen assure donc l’intérim de 1810 à 1812. Le 7 février 1812, le nouveau gouverneur, sir George Prevost*, adresse à Liverpool une pétition de Bowen qui demande à être nommé procureur général du Bas-Canada, et il propose la nomination d’Uniacke dans le Haut-Canada. Mais peu après, grâce à l’influence de son père surtout, on réintègre Uniacke dans ses fonctions.

Élu député de William Henry (Sorel) le 28 août 1824, Uniacke effectue un passage de courte durée à la chambre d’Assemblée puisque, le 1er février 1825, le gouverneur lord Dalhousie [Ramsay] réussit à lui faire accepter la charge de juge de la Cour du banc du roi pour le district de Montréal. Le 24 mai 1827, on lui demande de remplacer le juge provincial du district de Trois-Rivières, Pierre-Stanislas Bédard*, durant l’absence de ce dernier. De 1826 à 1833, Uniacke reçoit diverses commissions de juge de paix pour différents districts et, de 1827 à 1833, des commissions d’audition et de jugement des causes criminelles et d’audition générale des délits commis par les personnes emprisonnées. Il prend sa retraite en août 1834 et retourne en Nouvelle-Écosse où on le nomme au Conseil législatif de la province en 1838.

Les accusations d’incompétence portées contre Norman Fitzgerald Uniacke sont sans doute en bonne partie fondées. Mais l’antipathie de la haute administration à son endroit provient aussi de ses prises de position : ainsi il est favorable à la reconnaissance civile des paroisses catholiques érigées après la Conquête, alors que Sewell, notamment, en conteste l’existence légale du fait que l’évêque catholique n’a jamais reçu la reconnaissance officielle de son titre ; en outre, au début de 1825, il appuie la candidature de Louis-Joseph Papineau* au poste de président de la chambre d’Assemblée, et provoque par ce geste la colère des bureaucrates. Cette attitude ne pouvait que lui attirer animosité et rancune.

Christine Veilleux

APC, RG 68, General index, 1651–1841.— L.-J. Papineau, « Correspondance » (Ouellet), ANQ Rapport, 1953–1955 : 221.— La Gazette de Québec, 15 sept. 1808, 22 juin 1809, 4 juin 1827, 21 oct. 1830.— F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. » ; « Procureurs généraux du Bas-Canada », BRH, 39 (1933) : 276.— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », ANQ Rapport, 1932–1933 : 208.— Desjardins, Guide parl.Directory of N.S. MLAs.— Lucien Lemieux, « Juges de la province du Bas-Canada de 1791 à 1840 », BRH, 23 (1917) : 88.— Ouellet, « Inv. de la saberdache », ANQ Rapport, 1955–1957 : 131.— « Papiers d’État – B.-C. », APC Rapport, 1893 : 16, 29, 32, 40–44, 49, 56, 62.— P.-G. Roy, les Juges de la prov. de Québec.— F.-J. Audet, les Juges en chef de la province de Québec, 1764–1924 (Québec, 1927).— Buchanan, Bench and bar of L.C., 62–64.— F.-X. Garneau, Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours, Alfred Garneau, édit. (4e éd., 4 vol., Montréal, 1882–1883), 3 : 111, 211.— F.-J. Audet, « les Juges de Trois-Rivières », BRH, 6 (1900) : 246.— N.-E. Dionne, « le Juge Bédard », BRH, 5 (1899) : 250–252.— Mary Liguori, « Haliburton and the Uniackes : Protestant champions of Catholic liberty (a study in Catholic emancipation in Nova Scotia) », SCHEC Report, 20 (1953) : 37–48.— L. G. Power, « Richard John Uniacke : a sketch », N.S. Hist. Soc., Coll., 9 (1895) : 82–83.

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Christine Veilleux, « UNIACKE, NORMAN FITZGERALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/uniacke_norman_fitzgerald_7F.html.

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Auteur de l'article:    Christine Veilleux
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    22 nov. 2024