TACHÉ (Tachêt), JEAN (Jean-Pascal), marchand et négociant, membre du grand jury d’accusation du district de Québec, notaire, né en 1698 à Garganvilar (dép. de Tarn-et-Garonne, France), fils d’Étienne Taché, commissaire des vivres à Saint-Malo, et de Marguerite Dauzet, décédé à Québec le 18 avril 1768.
Jean Taché en était probablement à son premier voyage au Canada lorsqu’il s’embarqua à La Rochelle le 5 juin 1727 pour Québec. Il venait dans la colonie pour faire le commerce des fourrures, comme associé du négociant rochellois Jean-Pierre Lapeyre, fils, avec qui il était en association d’affaires depuis 1724. Taché était de retour en France le 15 décembre 1727. Vers la fin de l’année 1730, il s’établissait en permanence dans la colonie tout en continuant son commerce avec la métropole.
Taché, semble-t-il, réussit rapidement en affaires et amassa des capitaux assez considérables. Ses activités sont difficiles à déterminer car, à l’exemple de plusieurs négociants de la colonie, il diversifia énormément ses investissements. En 1741, il était au nombre des créanciers de François-Étienne Cugnet et, durant les années suivantes, il fut propriétaire d’au moins trois bâtiments, la Trinité, l’Émérillon, et le Saint-Roch, qui se rendaient régulièrement sur la côte du Labrador chercher des cargaisons de sel. Il était en même temps en relations avec des négociants de Montauban, tels les frères Mariette, et d’autres négociants de La Rochelle, tel Denis Goguet. C’est d’ailleurs chez ce dernier que Taché demeura lorsqu’il se rendit en France en 1753. Cette même année il apprenait que le roi le dédommageait en entier pour la perte d’un de ses bâtiments affrété pour le transport de munitions aux postes de la frontière acadienne.
Taché ne se limita pas à ces activités et s’occupa aussi de pêche. En 1750, le ministre Rouillé lui avait refusé la permission d’exploiter la concession des îles de la Madeleine pour la pêche de « la vache marine », mais en 1756 il obtenait, sur la côte du Labrador, le poste de Saint-Modet au lieu de celui de Gros Mécatina, accordé de préférence à l’ancien intendant Gilles Hocquart*. Par son mariage avec Marie-Anne Jolliet de Mingan, Taché jouissait de rentes payées pour les droits de pêche aux concessions de Mingan et du Gros Mécatina [V. Pierre Révol]. De plus, il exploitait par bail le poste de la rivière Nontagamion (Nétagamiou), appartenant à Jacques de Lafontaine de Belcour, lequel poste pouvait produire annuellement environ 800 peaux et 100 barriques d’huile.
Jean Taché occupa, de 1750 à 1753, la charge de capitaine de milice du gouvernement de Québec. Ayant acquis la confiance de ses concitoyens, il joua à plusieurs reprises le rôle de procureur ou d’arbitre dans les conflits opposant des marchands. Dès 1748, il agissait à titre de secrétaire des négociants de Québec et, à partir de 1753, il devenait leur syndic. Il exerçait toujours cette charge au moment de la chute de Québec et c’est à ce titre qu’il signa, peu après le 13 septembre 1759, en compagnie de François Daine, Jean-Claude Panet* et d’autres bourgeois et marchands, la pétition adressée à Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay*, lieutenant de roi, lui demandant de capituler pour éviter aux citoyens de Québec de subir des pertes plus lourdes encore si les Britanniques décidaient de reprendre le bombardement de la ville.
La capitulation de Québec et, par la suite, l’abandon de la colonie par la France en 1763 modifièrent sensiblement les activités commerciales de Taché. S’il conserva ses intérêts dans les concessions de Mingan et de Saint-Modet, il ne semble pas les avoir exploitées lui-même. En effet, le 30 avril 1762, il avait loué le poste de Saint-Modet à John Ord, même si la confirmation de ses droits de propriété sur ce poste ne lui fut accordée par James Murray* que le 16 mai 1763.
Après l’ordonnance du 17 septembre 1764, créant le système judiciaire de la nouvelle colonie britannique, Jean Taché fut parmi les premiers Canadiens à être appelés comme membres du grand jury d’accusation du district de Québec. C’est à ce titre qu’un mois plus tard, en compagnie d’autres membres de ce jury, canadiens ou britanniques, il signait le rapport critiquant certaines dispositions de l’ordonnance du 17 septembre. Le 4 février 1768, le gouverneur Guy Carleton* lui octroya une commission de notaire. Taché n’exerça sa nouvelle profession qu’environ deux mois car il mourut le 18 avril suivant.
L’inventaire de ses biens, dressé le 2 mai 1768, montre que Taché laissait peu de choses ; seules les pièces de son mobilier témoignent de la grande aisance dans laquelle il avait vécu à un certain moment. Jean Taché avait épousé à Québec le 27 août 1742 Marie-Anne, fille de Jean-Baptiste Jolliet* de Mingan et petite-fille de Louis Jolliet* ; de cette union naquirent au moins dix enfants. Les descendants de Taché, parmi lesquels Jean-Baptiste* et sir Étienne-Paschal*, hommes politiques, Joseph-Charles*, écrivain, et Alexandre-Antonin*, archevêque de Saint-Boniface au Manitoba, perpétuèrent de façon honorable le nom de leur ancêtre et participèrent activement au développement de la société canadienne-française durant le xixe siècle.
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Michel Paquin, « TACHÉ (Tachêt), JEAN (Jean-Pascal) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/tache_jean_3F.html.
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Auteur de l'article: | Michel Paquin |
Titre de l'article: | TACHÉ (Tachêt), JEAN (Jean-Pascal) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |