STEEVES, WILLIAM HENRY, négociant, marchand de bois et homme politique, né le 20 mai 1814 à Hillsborough dans le comté de Westmorland (comté d’Albert), N.-B., fils de Joseph Steeves et de Martha Cross et arrière-petit-fils de Heinrich Stief (Henry Steeves) qui émigra d’Allemagne au Nouveau-Brunswick en 1765, décédé le 9 décembre 1873 à Saint-Jean, N.-B.

William Henry Steeves fréquenta l’école publique de Hillsborough. Il eut pour maître Duncan Shaw, originaire d’Écosse et diplômé de l’University of Edinburgh, éducateur éminent dans la colonie. Steeves donna toujours l’impression d’être plus instruit que ne l’étaient généralement au Nouveau-Brunswick ceux qui n’allaient qu’à l’école publique et il attribuait cette supériorité à l’enseignement de Shaw. Il épousa Mary Steeves, une autre arrière-petite-fille de Heinrich Stief ; ils eurent six enfants, deux fils et quatre filles.

Steeves commença sa carrière dans les affaires avec un petit magasin puis devint l’associé de James Abel Steeves et de Gilbert Martin Steeves dans la maison des frères Steeves, un commerce d’exportation de bois qui avait son quartier général à Hillsborough. Il alla s’installer plus tard à Saint-Jean où il continua à travailler dans l’exportation du bois et où il joua un rôle de premier plan dans les activités financières et commerciales de cette ville. Son frère Gilbert partit pour Liverpool en Angleterre où il fonda une agence pour gérer les intérêts de la compagnie outre-mer.

Lorsque le comté d’Albert fut créé en 1846, Steeves fut l’un de ses deux premiers représentants élus à l’Assemblée. Il fut réélu aux élections générales de 1850 mais ne siégea que pendant une session. Steeves préconisa la réforme du gouvernement et, en 1851, vota pour un projet de loi, qui fut rejeté, demandant que tous les membres du Conseil législatif fussent élus ; il vota également contre le projet proposant la rémunération des membres du conseil.

Steeves fut nommé au Conseil législatif en décembre 1851. Il semble que le lieutenant-gouverneur sir Edmund Head* lui ait offert en 1852 le poste d’arpenteur général. Head voulait nommer quelqu’un de Saint-Jean dans le gouvernement étant donné que cette ville était la place forte des adversaires de son conseil, dirigé par Edward Barron Chandler. Steeves refusa ce poste qui fut finalement donné à Robert Duncan Wilmot*, lui aussi de Saint-Jean et adversaire du gouvernement. En 1854, le gouvernement « compact » fut renversé et Charles Fisher prit la tête d’une nouvelle administration libérale et réformiste, dite administration « smasher ». Le gouverneur John Henry Thomas Manners-Sutton décrivit le gouvernement comme étant « fondé sur le principe que la direction des affaires publiques avait été trop longtemps confiée à des propriétaires et à des hommes de la classe libérale ». On proposa de nouveau le poste d’arpenteur général à Steeves qui, cette fois, l’accepta. Beaucoup de membres de l’Assemblée étaient d’avis que l’arpenteur général devait être choisi parmi les représentants élus et s’opposèrent à sa nomination. Steeves tint compte de cette critique et démissionna le 4 décembre 1854.

En mars 1855, il fut le premier à être nommé à la tête du département des Travaux publics récemment créé ; il assuma cette charge jusqu’au 30 mai 1856 ; ensuite, il resta pendant quelque temps sans portefeuille lorsque le gouvernement de Fisher et de Samuel Leonard Tilley* fut mis en échec à cause de l’impopularité de la loi sur la prohibition. Lorsque le gouvernement « smasher » revint au pouvoir en 1857, Steeves retrouva son poste de commissaire principal au département des Travaux publics et il le conserva jusqu’en 1861. Il fut le seul membre du Conseil législatif à avoir occupé ces fonctions. Il resta ministre sans portefeuille dans le gouvernement Tilley de 1861 jusqu’en avril 1865, date à laquelle Tilley et ses partisans furent battus à l’occasion du débat sur la Confédération.

Steeves était partisan des communications ferroviaires et s’appliqua à encourager les projets susceptibles de profiter à Saint-Jean. C’est pour cette raison qu’il s’intéressa au chemin de fer Intercolonial et au trajet qu’il devait suivre au Nouveau-Brunswick. Il fit partie de la délégation qui alla à Québec en septembre 1862 discuter des propositions du duc de Newcastle [Clinton] concernant l’aide impériale à la construction du chemin de fer Intercolonial.

Partisan de l’union des provinces maritimes et de la Confédération, Steeves représenta le Nouveau-Brunswick à la conférence de Charlottetown en septembre 1864. Il fut également délégué à la conférence de Québec en octobre 1864, lorsque furent discutées les clauses de la Confédération. Au cours de ces réunions, il se montra partisan de sir Leonard Tilley mais rien n’indique qu’il ait prononcé aucun discours d’importance. Pour avoir défendu la cause de la Confédération, Steeves fut l’un des 12 premiers sénateurs du Nouveau-Brunswick appelés à siéger au Sénat canadien en juillet 1867.

Pendant les dernières années de sa vie, Steeves s’intéressa au traitement des aliénés. Probablement encouragé par son frère, le docteur James Thomas Steeves, médecin éminent de Saint-Jean, qui succéda en 1876 à John Waddell comme surintendant du New Brunswick Lunatic Asylum de Saint-Jean, il préconisa des réformes et contribua à l’amélioration des conditions dans cet établissement. Une notice nécrologique lui attribue en partie la législation assurant un meilleur traitement aux malades mentaux.

Quoique sa carrière n’ait pas été spectaculaire, Steeves servit avec compétence dans le gouvernement du Nouveau-Brunswick pendant de nombreuses années. Il ne cessa de préconiser la réforme et son appui fidèle à sir Leonard Tilley fut d’un grand secours dans la lutte qui amena le Nouveau-Brunswick à faire partie de la Confédération.

W. A. Spray

N.B. Museum, Hazen papers, brouillon d’une protestation au sujet du département des Travaux publics, dirigé par W. H. Steeves ; Steeves family, diverses notes généalogiques ; Tilley family papers, W. H. Steeves à S. L. Tilley, 13 janv. 1863 ; Webster Coll., W. H. Steeves à A. R. McClelan, 10 déc. 1852, 2 mai 1855.— U. of New Brunswick, Graves (Nouveau-Brunswick), mss, comté d’Albert, 32.— Fenety, Political notes and observations, 307–338, 405.— Daily Telegraph (Saint-Jean, N.-B.), 10 déc. 1873.— Morning Freeman (Saint-Jean, N.-B.), 11 déc. 1873.— New Brunswick Reporter (Fredericton), 10 déc. 1873.— Can. parl. comp., 1872.— E. C. Wright, The Steeves descendants (Wolfville, N.-É., [1965]), 667s.— Hannay, History of New Brunswick, II : 170s., 185, 201, 221, 225.— MacNutt, New Brunswick, 353–388.— E. C. Wright, Samphire Greens : the story of the Steeves (Kingsport, N.-É., [1961]).

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W. A. Spray, « STEEVES, WILLIAM HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/steeves_william_henry_10F.html.

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Auteur de l'article:    W. A. Spray
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    21 déc. 2024