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SLEIGH, BURROWS WILLCOCKS ARTHUR, soldat et auteur, né en 1821 dans le Bas-Canada, fils du docteur William Willcocks Sleigh et de Sarah Campbell ; il se maria deux fois (sa première femme était une demoiselle Franklin, fille d’un membre de la Royal Academy de Londres) et des enfants naquirent des deux mariages ; il mourut le 22 mars 1869 à Chelsea, Angleterre.

Burrows Willcocks Arthur Sleigh fit d’abord ses études en Angleterre, où ses parents étaient retournés, et, après 1834, dans le Bas-Canada. En 1842, il s’enrôla comme enseigne dans le 2e régiment West India ; puis, en Jamaïque, en novembre 1844, il obtint sa lieutenance, en l’achetant. En 1845, le 77e régiment d’infanterie arrivait en Jamaïque et Sleigh, de nouveau par le moyen d’un achat, fut muté à ce régiment. Le 77e fut transféré à Halifax, en Nouvelle-Écosse, au printemps de 1846, et, quelques mois plus tard, à Québec ; le 25 juin 1848, on annonçait officiellement son retour en Angleterre. Même s’il rentra lui-même en Angleterre, Sleigh vendit probablement sa commission de lieutenant à cette époque, mettant ainsi fin à son association avec l’armée.

Pendant son séjour en Angleterre, Sleigh acheta, au prix de £20 000, d’un propriétaire absentéiste 100 000 acres de terre dans le comté de Kings, à l’est de l’Île-du-Prince-Édouard, et, vers 1850, revint en Amérique du Nord en rentier. Il acquit bientôt quelques-uns des attributs habituels du propriétaire terrien, devenant juge de paix et lieutenant-colonel de l’un des régiments de la milice de l’île. Mais il ne paraît pas avoir beaucoup vécu à l’Île-du-Prince-Édouard ; il préférait Halifax, laquelle, selon lui, « à cause de la petite noblesse qui y fait sa résidence, du caractère général de sa société et de ses alentours délicieux [...], est l’un des endroits les plus agréables où résider dans les provinces Maritimes ». En 1851, il passa quelque temps à voyager aux États-Unis, et, bien qu’il eut une pauvre opinion de ce pays, il le préférait encore à l’Île-du-Prince-Édouard. Les lumières de Charlottetown dans le domaine du droit, il les appelait les « quarante voleurs » ; quant au gouvernement responsable de l’île, il le considérait comme un objet de dérision, disant que, lorsqu’on voit le premier ministre « sortir de sa taverne [...], l’illusion se dissipe », comme il arrive aussi quand « un honorable conseiller exécutif [...] descend de ses ballots de morue séchée » pour assister à une réunion du Conseil de l’île. Les opinions de Sleigh étaient également mordantes au sujet des locataires à bail de l’île, qu’il croyait largement animés par une friponnerie généralisée et une fourberie digne du monde animal.

Sleigh tenta, en 1852, d’établir un service de bateau à vapeur entre New York et Québec, via Halifax, Charlottetown et Newcastle, Nouveau-Brunswick, au moyen d’un navire de 1 100 tonneaux, l’Albatross. L’entreprise, qui avait été accueillie avec quelque éclat par la presse et qui reçut l’aide des législatures provinciales, avait des chances de réussir commercialement. Mais, à cause du manque de phares et des difficultés de la navigation dans le golfe du Saint-Laurent et sur le fleuve lui-même, le coût des assurances maritimes était ruineux ; le projet fut abandonné et l’Albatross vendu, probablement à la fin de 1852. Il semblerait que ce fût à ce moment, également, que Sleigh retourna en Angleterre et qu’il vendit sa propriété de l’Île-du-Prince-Édouard.

En mai 1853, Sleigh publia à Londres son livre, Pine forests and hacmatack clearings [...]. Vers le même temps, il commença à publier le British Army Dispatch, un journal qui paraît avoir eu quelque succès et qu’il vendit peu après pour la somme de £900, dont il vécut pendant quelque temps. Puis, avec trois associés, il commença à publier le Daily Telegraph, le premier des quotidiens à deux pennies de Londres. Le premier numéro parut le 29 juin 1855. Ayant racheté les intérêts de ses associés au coût de £450, Sleigh se trouva rapidement endetté de £2 400 aux chapitres de l’équipement mécanique et du papier, et il vendit le Telegraph. Il n’eut pas davantage de succès dans ses trois tentatives d’être élu à la chambre des Communes. En 1857, il était devant la Cour des faillites, ayant vécu, de son propre aveu, sur un train de £1 000 par année. Son avoir n’atteignait pas £50, et il devait £523. On ne connaît rien de ses activités pendant les 12 dernières années de sa vie.

Ambitieux, énergique et imprévoyant, Sleigh est un exemple, entre plusieurs, de ces hommes dont les, idées dépassent les moyens financiers. Ses liens avec le Canada sont surtout rappelés dans son livre, Pine forests, qui est un reflet de son tempérament par la manière vigoureuse et vraiment gaillarde dont il rend compte de la vie dans ces colonies nord-américaines, et par ses nombreux portraits, piquants et irrévérencieux, des hommes politiques coloniaux. Ses révélations sur les dessous de la politique coloniale ont l’air vraisemblables, hélas ! La victoire de Joseph Howe* dans le comté de Cumberland, en Nouvelle-Écosse, lors des élections de 1851, fut, d’après Sleigh, remportée surtout grâce au rhum. Le jour précédent l’élection, Sleigh voyageait vers Amherst dans la diligence même qui portait les barils de rhum expédiés à l’adresse de Howe.

P. B. Waite

Il n’existe pas de collection connue des papiers de Sleigh en Amérique du Nord, et l’auteur n’a pu faire des recherches en Angleterre, ce qui, sans doute, aurait permis de combler certaines lacunes. Le Law Times de Londres, du 26 déc. 1857, contient un compte rendu rigoureux de ses activités financières. On trouve quelques brèves mentions de Sleigh dans l’histoire du journalisme en Grande-Bretagne. Concernant ses relations avec le Daily Telegraph en 1855, voir [E. F. Lawson], Peterborough court ; the story of the Daily Telegraph (Londres, 1955), pp.1, 4. P. B. Waite a présenté dans la Dal. Rev., XLIII (1962–1963) : 55–67, sous le titre de Crossing Northumberland straits in March, 1852, une version abrégée de sa fascinante aventure sur un brise-glaces.  [p. b. w.]

B. W. A. Sleigh, Pine forests and hacmatack clearings ; or, travel, life, and adventure, in the British North American provinces (Londres, 1853).— Boase, Modern English biog., III : 604s.— Hart’s army list, 1842–1848.

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P. B. Waite, « SLEIGH, BURROWS WILLCOCKS ARTHUR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/sleigh_burrows_willcocks_arthur_9F.html.

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Auteur de l'article:    P. B. Waite
Titre de l'article:    SLEIGH, BURROWS WILLCOCKS ARTHUR
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    21 nov. 2024