RYERSON, GEORGE ANSEL STERLING, médecin, professeur, officier dans la milice et dans l’armée, homme politique, auteur et homme d’affaires, né le 21 janvier 1855 à Toronto, fils unique de George Ryerson* et d’Isabella Dorcas Sterling ; le 14 novembre 1882, il épousa à Toronto Mary Amelia Crowther (décédée en 1915), et ils eurent quatre fils et une fille, puis le 8 juin 1916, à Buffalo, New York, Elizabeth Van Hook Mann, née Thomas (décédée en 1924), et aucun enfant ne naquit de ce second mariage ; décédé le 20 mai 1925 à Toronto.

Issu de l’une des familles les plus illustres du Haut-Canada, George Ansel Sterling Ryerson devint le type même du tory torontois. Son grand-père Joseph Ryerson avait été un loyaliste distingué. Membre réputé du clergé, son père, George, frère du plus fameux Egerton*, avait quitté l’Église méthodiste épiscopale en Canada pour une secte millénariste, l’Église catholique apostolique, dont il fut le dirigeant en Amérique du Nord de 1837 à 1872.

George Ansel Sterling afficha à la fois son indépendance et son conservatisme en adhérant à l’Église d’Angleterre. Toutefois, il était reconnaissant à ses parents de lui avoir permis de recevoir une formation extraordinaire pour l’époque. Après avoir étudié auprès de William Tassie* à la grammar school de Galt (Cambridge), il entra à la Trinity Medical School de Toronto, où il obtint une licence de médecine en 1875 (il recevrait son doctorat en 1876). Puis il poursuivit ses études à Édimbourg, à Paris, à Londres, à Vienne et à Heidelberg, en Allemagne.

De retour à Toronto en 1880, Ryerson ouvrit un cabinet et se distingua bientôt comme oculiste. La même année, la Trinity Medical School l’engagea pour qu’il donne des cours sur les maladies de l’œil, de l’oreille et de la gorge. Sa carrière de professeur durerait jusqu’en 1918. Toujours en 1880, il devint chirurgien à l’Andrew Mercer Eye and Ear Infirmary du Toronto General Hospital. La médecine canadienne lui doit plusieurs innovations, dont la reconnaissance des dangers du daltonisme. Néanmoins, il dirait regretter « de n’avoir apporté aucune contribution originale à [sa] profession malgré la belle formation [qu’il] avait reçue en Europe ».

Cette lacune s’explique notamment par l’ampleur des autres engagements de Ryerson. À l’âge de 15 ans, pendant les désordres féniens de 1870, il s’était enrôlé dans la milice. Après ses études de médecine, il porta un intérêt soutenu à ce qu’il appelait les « affaires médicales de l’armée ». Ainsi, il devint adjoint au chirurgien du 10th Battalion of Infantry (Royal Grenadiers) et servit pendant la rébellion du Nord-Ouest en 1885 [V. Darby Bergin*], ce qui lui permit d’être promu chirurgien l’année suivante. En 1892, il lança l’Association of Medical Officers of the Canadian Militia, dont il serait élu président en 1908 et en 1909. Il fut nommé médecin général adjoint en 1895 ; un an plus tard, jour pour jour, il accéda au grade de chirurgien-major et de médecin lieutenant-colonel. Officier de réserve à compter de 1901, il deviendrait médecin général honoraire en 1915 et colonel honoraire du Corps de santé de l’armée canadienne deux ans plus tard.

En 1892, Ryerson avait été nommé, à titre honorifique, membre associé de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem en Angleterre (il deviendrait « chevalier de grâce » en 1901). En 1895, sous les auspices de cet ordre et avec le soutien du lieutenant-gouverneur George Airey Kirkpatrick*, il créa l’Association ambulancière Saint-Jean en Ontario, qu’il dirigerait à titre de secrétaire général durant 15 ans. En outre, il participa à la fondation de la Canadian Red Cross Society en 1896, en devint commissaire auprès des troupes canadiennes en Afrique du Sud en 1900 et succéda à John Morison Gibson à la présidence de l’organisme en 1914. La Canadian Red Cross Society ferait de nouveau appel à ses services pendant la Première Guerre mondiale : en 1915, elle l’envoya outre-mer enquêter sur les besoins des hôpitaux et évaluer le travail de ses membres.

Comme beaucoup d’autres éminents tories de Toronto, Ryerson s’enorgueillissait de ses origines loyalistes. En 1896, il fonda la United Empire Loyalist Association of Ontario, dont il fut le deuxième président. Pour lui, les loyalistes de la Révolution américaine avaient formé une élite naturelle dans laquelle se trouvait, selon l’historien Moses Coit Tyler, une « énorme proportion des gens les plus raffinés, les plus réfléchis et les plus consciencieux des colonies ». En 1893, désireux de faire profiter l’électorat provincial des bienfaits d’un leadership de ce genre, Ryerson se présenta sous la bannière conservatrice à une élection partielle dans la circonscription de Toronto. Bien qu’il ait remporté la victoire à cette occasion puis conquis le siège de Toronto East aux élections générales de l’année suivante, sa carrière politique s’avéra une « déception », et pas seulement pour lui. À l’Assemblée, on n’aimait pas son élitisme ; en 1897 par exemple, le premier ministre Arthur Sturgis Hardy* y dénonça ses « idées très condescendantes » sur la société ontarienne. En 1894, au moment de choisir un chef, le caucus conservateur lui avait préféré George Frederick Marter*. Quatre ans plus tard, pour cause de maladie, Ryerson décida de ne pas solliciter un autre mandat. Il tenta un retour en politique en 1902 mais, situation fort embarrassante pour lui, il subit la défaite à l’assemblée de mise en candidature des conservateurs dans Toronto North.

Les tendances aristocratiques de Ryerson trouvèrent un accueil plus favorable parmi la fine fleur de la société britannique. En 1897, il participa aux cérémonies du soixantième anniversaire du couronnement de la reine Victoria. Selon son propre témoignage, ce fut le plus beau jour de sa vie. Pour lui comme pour bien des tories canadiens, l’« Empire britannique perpétuel » était « le pilier de la liberté et de la civilisation dans le monde entier ». De telles idées l’amenaient souvent à prendre des positions racistes. Ainsi, il considérait les autochtones nord-américains, les Noirs d’Afrique du Sud et les gitans d’Europe comme des « peuples de sauvages ». Il pouvait aussi faire preuve de sectarisme religieux, comme en témoigne clairement l’importance qu’il prit au sein de l’Anti-Catholic Protestant Protective Association.

S’élever jusqu’aux organismes fréquentés par la classe supérieure de la société canadienne était tout naturel pour Ryerson. Il consolida son rang en appartenant à divers cercles fermés : la franc-maçonnerie, le Canadian Military Institute, le Toronto Hunt Club, le Royal Canadian Yacht Club. Il tint à ce que ses fils étudient à l’Upper Canada College. Dans ses années de maturité, il s’engagea dans des affaires commerciales qui lui permirent d’ajouter des succès d’entrepreneur à son palmarès. Lorsqu’il abandonna la pratique de la médecine, en 1920, il était très à l’aise. Il se retira dans un grand domaine, Peaceacres, à Niagara-on-the-Lake, et rédigea ses mémoires, qui parurent en 1924, justement à la Ryerson Press, sous le titre de Looking backward. Réinstallé à Toronto, il y mourut l’année suivante d’une crise cardiaque après une courte maladie.

George Ansel Sterling Ryerson contribua de manière appréciable à l’avancement de la médecine, militaire surtout, au Canada. Ses positions politiques, économiques et sociales – celles d’un authentique tory torontois – lui assurèrent une existence confortable, un statut solide et des occasions de se réaliser. Cependant, ces positions teintées d’élitisme, de racisme et d’intolérance religieuse affaiblirent son autorité morale.

Peter E. Paul Dembski

George Ansel Sterling Ryerson a publié, entre autres, Color blindness in its relation to railway employees and the public (Toronto, [1889 ?]), The after-math of a revolution [...] (Toronto, 1896), The soldier and the surgeon (Toronto, 1899), Medical and surgical experiences in the South African War [...] (s.l., [1900 ?]), et Looking backward (Toronto, 1924). Une allocution prononcée par Ryerson pour commémorer la guerre de 1812 figure dans « A century later – Canadian memories of the war [...] », dans The defended border : Upper Canada and the War of 1812 [...], Morris Zaslow et W. B. Turner, édit. (Toronto, 1964), 321—324.

BAC, MG 27, II, F6 (photocopies).— Globe, 15 nov. 1882, 9 juin 1916, 21 mai 1925.— Canada, dép. de la Milice et de la Défense, Militia list (Ottawa), janv. 1895, oct. 1899, janv. 1901, janv. 1918.— Canada Gazette, janv.–juin 1895 : 1750 ; janv.–juin 1896 : 1655s.— Canadian album (Cochrane et Hopkins), 1 : 115.— Canadian annual rev., 1909, 1911, 1915–1916.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— CPG, 1897.— P. E. P. Dembski, « William Ralph Meredith : leader of the Conservative opposition in Ontario, 1878–1894 » (thèse de ph.d., Univ. of Guelph, Ontario, 1977).— G.-B., War Office, The official army list (Londres), janv. 1882.— C. W. Humphries, « Honest enough to be bold » : the life and times of Sir James Pliny Whitney (Toronto, 1985).— Ontario, Legislature, « Newspaper Hansard », 1894–1898.— Who’s who and why, 1921.

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Peter E. Paul Dembski, « RYERSON, GEORGE ANSEL STERLING », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ryerson_george_ansel_sterling_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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