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Titre original :  LOUISE DE RAMEZAY

Provenance : Lien

RAMEZAY, LOUISE DE, seigneur, née à Montréal le 6 juillet 1705, fille de Claude de Ramezay*, gouverneur de Montréal, et de Marie-Charlotte Denys de La Ronde, décédée à Chambly (Québec) le 22 octobre 1776.

Louise de Ramezay reçut son éducation au couvent des ursulines de Québec. Demeurée célibataire, comme sa sœur Marie-Charlotte*, dite de Saint-Claude de la Croix, elle fut amenée, vers l’âge de 30 ans, à s’intéresser à l’administration d’une partie des biens de sa famille, plus précisément de la scierie que son père avait fait construire, au début du siècle, au bord de la rivière des Hurons, sur une terre relevant de la seigneurie de Chambly, non loin de sa propre seigneurie de Monnoir. Après la mort de Claude de Ramezay, survenue en 1724, Mme de Ramezay s’était d’abord associée avec Clément de Sabrevois de Bleury pour l’exploitation de la scierie. Cependant, dès 1732 et jusqu’en 1737, un long procès, dont Louise de Ramezay suivit de près l’évolution, opposa les deux anciens associés. À cette époque, Mlle de Ramezay acquit sans doute les connaissances nécessaires à la gestion de la scierie familiale, ainsi que des autres entreprises dont elle devint plus tard propriétaire.

À compter de 1739 et pendant plus de 30 ans, Louise de Ramezay veilla constamment à ce que la scierie de la rivière des Hurons ne chôme pas, car l’entreprise devait verser, chaque année, 112# de rente aux seigneurs de Chambly et 600# aux sœurs de la jeune femme et à son frère Jean-Baptiste-Nicolas-Roch, héritiers comme elle des biens paternels. Cette scierie était d’ailleurs fort bien située pour débiter le bois en provenance du haut Richelieu et du lac Champlain et fournir ainsi madriers, planches et bordages aux chantiers maritimes de Québec. Louise de Ramezay n’administra pas toujours personnellement la scierie ; à certains moments, elle surveillait de près la production, s’associant avec le contremaître et se rendant à Québec pour y vendre le bois ; à d’autres moments, elle se souciait avant tout de toucher sa part des revenus, après avoir affermé, avec la scierie, jusqu’au droit de concéder des terres et de percevoir des rentes dans la seigneurie de Monnoir. Lorsqu’elle confiait la scierie à un contremaître, elle préférait qu’il sache tenir les comptes ; un de ses contremaîtres étant analphabète, elle l’autorisa, dans son contrat, à « prendre chaque jour une heure pour apprendre à lire et à écrire, et se faire montrer par quelqu’un des engagés du moulin qui prendrait le même temps pour lui montrer ». Une telle clause n’était pas très courante mais, de cette façon, Louise de Ramezay pouvait espérer que les comptes seraient bien tenus.

Les contrats concernant la prise en charge de la scierie se succédèrent de cinq ans en cinq ans environ, jusqu’en 1765, preuve de réussite et d’un fonctionnement quasi ininterrompu. Toutefois, au cours de ses années de gestion, Louise de Ramezay dut faire face à quelques problèmes. Les deux fois où elle afferma la scierie, elle éprouva des difficultés à faire respecter les conditions du bail. En 1756, d’abord, un marchand de bois de Chambly, François Bouthier, lui devait plus de 12 000#, représentant deux ans de loyer et des marchandises avancées depuis longtemps. En 1765, elle tentait de nouveau l’expérience avec Louis Boucher de Niverville de Montisambert ; mais au bout de quelques années, les comptes n’étant pas réglés, des poursuites judiciaires furent entamées. Louise de Ramezay craignit sans doute, un moment, de se voir entraîner dans un long procès, à l’instar de sa mère, 40 ans auparavant. Elle convint bientôt avec Montisambert que, pour éviter les lenteurs et les frais d’un procès, il valait mieux faire arbitrer le différend par le curé de Chambly, Médard Petrimoulx ; en août 1771, celui-ci donna gain de cause à Louise de Ramezay et conclut que Montisambert devait lui payer 3 284#.

Louise de Ramezay s’occupa également de deux autres scieries, qui ne nous sont cependant connues que par des documents où se manifeste son intention de faire tourner des scieries, notamment des contrats de société et des marchés de construction. En 1745, elle entrait en société avec Marie-Anne Legras, épouse de Jean-Baptiste-François Hertel de Rouville, et les deux associées faisaient construire une scierie et un moulin à farine « sur la seigneurie de Rouville, sur le ruisseau nommé de Notre-Dame de Bonsecours, sur une terre appartenant à mondit sieur de Rouville ». Cette scierie et ce moulin eurent sans doute un rendement satisfaisant puisque l’association des deux femmes ne fut dissoute qu’en 1761, six ans avant l’échéance prévue. La deuxième scierie devait être située beaucoup plus au sud, dans la seigneurie de La Livaudière, à l’ouest du lac Champlain. Cette seigneurie, d’abord concédée à Jacques-Hugues Péan* de Livaudière, lui avait été retirée en 1741 et avait été rattachée au Domaine du roi. Toutefois, alors que la seigneurie lui appartenait, Péan avait concédé une terre à un habitant de Saint-Antoine-sur-Richelieu, Jean Chartier, avec l’autorisation de « prendre des bois de sciage sur toute l’étendue de ladite seigneurie où les terres n’étaient pas concédées ». De plus, un ruisseau, qui traversait la terre de Chartier et se jetait dans la rivière Chazy (probablement la Great Chazy River, New York) alimentant le lac Champlain, pouvait fournir l’énergie nécessaire au fonctionnement d’une scierie. Cet ensemble de circonstances favorables incita sans doute Louise de Ramezay à s’associer, en août 1746, avec Chartier et à faire aussitôt construire une scierie sur la terre de celui-ci, à proximité de la rivière Chazy. Par ailleurs, en 1749, elle obtenait des autorités coloniales la concession d’un domaine au lac Champlain, la seigneurie de Ramezay-La-Gesse, qui s’étendait de part et d’autre de la rivière aux Sables (probablement Ausable River, New York). Bien qu’aucune scierie ne semble y avoir été construite, l’intérêt de ce domaine résidait manifestement dans son abondance de ressources forestières.

Louise de Ramezay ne limita pas ses activités à la seule industrie du bois. En 1749, elle achetait de Charles Plessy, dit Bélair, la tannerie ayant appartenu à son père Jean-Louis* et située sur le coteau Saint-Louis, dans l’île de Montréal. En 1753, elle s’associa avec un maître tanneur, Pierre Robereau, dit Duplessis, auquel elle confia l’exploitation de la tannerie. Jusqu’à l’âge de 60 ans, semble-t-il, Louise de Ramezay vécut principalement à Montréal, tout en se rendant souvent à Chambly et Québec.

La documentation disponible ne nous permet pas d’évaluer avec précision l’importance de l’activité économique de Louise de Ramezay. Cependant, dans ses transactions relatives à l’industrie du bois ou à celle du cuir, elle semblait toujours en mesure d’avancer l’argent nécessaire aux travaux de construction, d’aménagement ou de réparation, aux gages du contremaître et des ouvriers, à l’acquisition de terrains, de pièces d’équipement, de marchandises, ou encore au remboursement de dettes contractées par tel associé ou tel « engagé ». Il s’agit là d’un indice additionnel du bon fonctionnement et du succès de ses entreprises. Ce succès, Louise de Ramezay le dut, pour une part, à ses propres capacités administratives, mais sans doute davantage encore à son appartenance sociale : descendante d’une grande famille, fille de gouverneur, la « très noble demoiselle », comme la désignent les documents de l’époque, jouissait de privilèges non négligeables. Outre son éducation, qui l’avait préparée aux réalités de sa condition, ses relations au sein de l’aristocratie coloniale lui ont certainement valu plus d’un conseil, renseignement ou recommandation utiles, voire quelques faveurs touchant l’industrie du bois, l’exploitation de réserves forestières, l’acquisition de domaines, ou encore ses propres ressources financières. Par exemple, après la mort de sa mère, survenue en 1742, elle bénéficia d’une pension annuelle, fort confortable, de 1000#, car les autorités métropolitaines avaient décidé de continuer en sa faveur la pension versée à Mme de Ramezay, à titre de veuve de l’ancien gouverneur de Montréal. En outre, Mgr Dosquet lui donna, en 1746, la moitié de la seigneurie de Bourchemin, enclavée dans celle de Ramezay, qu’elle réclamait au nom des prétentions de sa famille sur ce domaine ; à cette occasion, l’évêque lui écrivit : « Je suis charmé d’avoir cette petite occasion de témoigner mon attachement pour votre famille. » Ainsi, Louise de Ramezay possédait en propre la moitié de la seigneurie de Bourchemin de même que la seigneurie de Ramezay-La-Gesse ; en outre, conjointement avec ses frères et sœurs, elle avait hérité de son père, en 1724, les seigneuries de Ramezay, Monnoir et Sorel. Tout compte fait, les activités économiques de Louise de Ramezay pouvaient prendre appui sur une fortune foncière considérable, dont la colonie, au milieu du xviiie siècle, offrait peu d’exemples.

Avec la Conquête et le tracé de la frontière méridionale du Canada, Louise de Ramezay perdait sa seigneurie de Ramezay-La-Gesse et le moulin à scier de la rivière Chazy, si tant est qu’il lui appartînt encore. À la même époque, elle se départit également d’autres domaines. En 1761, elle céda à sa sœur Louise-Geneviève, veuve de Henri-Louis Deschamps* de Boishébert, ses droits sur la seigneurie de Sorel pour le prix de 3 580#. Cette seigneurie devait être vendue, trois ans plus tard, à un marchand de Québec, John Taylor Bondfield, en même temps que la seigneurie de Ramezay, sur la rivière Yamaska, dont Louise avait, jusque-là, conservé sa part. En 1774, deux ans avant sa mort, elle vendait également sa moitié de la seigneurie de Bourchemin. Enfin, la seigneurie de Monnoir est apparemment demeurée dans la famille jusqu’à la fin du siècle ; d’ailleurs, vers la fin de sa vie, Louise de Ramezay y concéda un bon nombre de terres, à la demande d’habitants de la vallée du Richelieu.

En somme, la vie de Louise de Ramezay fut celle d’une aristocrate célibataire administrant consciencieusement et avec une remarquable constance les biens dont elle avait la responsabilité, tout en tirant le meilleur parti possible de ses privilèges de classe.

Hélène Paré

Les sources imprimées traitant des activités économiques de Louise de Ramezay ont répandu certaines inexactitudes, fondées, semble-t-il, sur une interprétation un peu libre des documents d’archives. Ainsi, à la suite de Ovide-Michel-Hengard Lapalice, Histoire de la seigneurie Massue et de la paroisse de Saint-Aimé (s.l., 1930), 34, divers auteurs ont situé à tort la scierie de la rivière des Hurons, et même celle du ruisseau Notre-Dame de Bonsecours, dans la seigneurie de Monnoir. Par ailleurs, Édouard-Zotique Massicotte*, « Les Sabrevois, Sabrevois de Sermonville et Sabrevois de Bleury », BRH, XXXI (1925) : 79s., prête à Mlle de Ramezay « une couple de boutiques » de tanneur, alors que les documents n’en indiquent qu’une seule ; en outre, Lapalice nous induit en erreur lorsqu’il affirme qu’« en 1735 Louise de Ramezay transportait tout le matériel de la tannerie à Chambly ». En ce qui a trait aux obligations contractées par diverses personnes en faveur de Louise de Ramezay, en 1751 et en 1756, Massicotte, « Une femme d’affaires du Régime français », BRH, XXXVII (1931) : 530, a multiplié par cinq les montants inscrits dans les documents (peut-être a-t-il songé à convertir ces montants en dollars, négligeant par la suite de le préciser ?), permettant ainsi à plusieurs auteurs de surestimer l’importance des transactions de Louise de Ramezay. Enfin, le titre de « femme d’affaires » que Lapalice et Massicotte attribuent à Mlle de Ramezay est tout à fait anachronique en ce qui a trait à cette aristocrate du xviie siècle. Notons que les passages relatifs à Louise de Ramezay dans la biographie de son père (DBC, II : 572) reprennent certaines de ces inexactitudes.  [h. p.]

ANQ-M, État civil, Catholiques, Saint-Joseph (Chambly), 1776 ; Greffe d’Antoine Grisé, 6 août 1765, 8, 26 juill. 1768, 1er, 15 juill. 1769, 16 nov. 1770, 23 mai, 16, 30 août 1771, 24 oct. 1772, 25 août 1774 ; Greffe de Gervais Hodiesne, 14, 17 juin, 20 déc. 1745, 18 mars, 19 avril, 30 juin, 29 août 1746, 1er, févr. 1749, 19 sept. 1751, 16, 30 avril 1753, 6 juill., 6 sept. 1754, 26 sept. 1756, 8 oct. 1758, 17 mars 1760, 5 mai, 1er déc. 1761 ; Greffe d’Antoine Loiseau, 2 sept. 1739 ; Greffe de François Simonnet, 26 mars 1746.— Archives paroissiales, Notre-Dame (Montréal), Registre des baptêmes, mariages et sépultures, 1705.— P.-G. Roy, Inv. concessions, II ; IV ; V.— J.-N. Fauteux, Essai sur l’industrie, I : 204210.— Mathieu, La construction navale, 75s., 87–90.

Bibliographie générale

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Hélène Paré, « RAMEZAY, LOUISE DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ramezay_louise_de_4F.html.

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Auteur de l'article:    Hélène Paré
Titre de l'article:    RAMEZAY, LOUISE DE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    19 mars 2024