POTOT DE MONTBEILLARD, FIACRE-FRANÇOIS, officier d’artillerie, né le 23 décembre 1723 à Semur-en-Auxois, France, fils de François-Augustin Potot de Montbeillard et de Claude d’Orbigny ; il épousa en 1763 Marie-Claude Carlet de La Rozière ; décédé le 31 décembre 1778 à Semur-en-Auxois.

Fiacre-François Potot de Montbeillard entra dans l’armée française en 1741 et, en 1756, parvint au grade de capitaine en second dans le corps royal d’artillerie et de génie. En 1757, la cour de Versailles approuva une recommandation du gouverneur de la Nouvelle-France, Vaudreuil [Rigaud], suivant laquelle l’artillerie des troupes de la Marine passerait d’une à deux compagnies. Afin de contribuer à cette expansion, on envoya un détachement de six officiers et de 20 hommes de l’artillerie régulière au Canada. Montbeillard était l’officier le plus élevé en grade de ce groupe qui y parvint à l’été de 1757. Il devint le commandant de la seconde compagnie d’artillerie. Le commandant des deux compagnies était le capitaine François-Marc-Antoine Le Mercier, officier aux qualités professionnelles limitées qui se trouvait dans le pays depuis de nombreuses années et que Montcalm*, commandant des troupes régulières françaises au Canada, considérait comme l’un des principaux concussionnaires de la colonie.

Montbeillard se vit immédiatement mêlé aux rivalités et aux tensions qui, dans le Canada de l’époque, séparaient le Français du Canadien, le soldat professionnel de l’irrégulier et Montcalm de Vaudreuil. On l’avait fortement recommandé à Montcalm qui, de plus, voyait clairement en lui un officier de haute compétence et de grandes connaissances professionnelles. Montcalm en fit son auxiliaire et son conseiller lorsqu’il dressa des plans pour la défense de Québec. Nul doute que cette association déplaisait à Vaudreuil. En tant qu’officier régulier affecté aux troupes de la Marine qui se trouvaient sous le commandement de Vaudreuil, Montbeillard était dans une situation équivoque. En 1758, le gouverneur tenta de subordonner Montbeillard à l’autre commandant de batterie, Louis-Thomas Jacau de Fiedmont, qui, selon Montbeillard, était moins ancien que lui. Montcalm appuya fortement Montbeillard et le différend semble avoir été réglé sans que la position de ce dernier en eût subi préjudice. Au début de 1759, il fut décoré de la croix de Saint-Louis. Cette année-là, son statut s’améliora beaucoup. En août, pendant que Wolfe* assiégeait Québec, on apprit que les Britanniques avaient pris le fort Niagara (près de Youngstown, New York) ; Lévis fut envoyé vers l’ouest avec un fort détachement des troupes de Montcalm à Québec pour se prémunir contre toute attaque provenant de cette direction. Le Mercier l’accompagnait, manifestement en qualité d’officier d’état-major, à la grande satisfaction de Montcalm. À partir de ce moment jusqu’à la capitulation l’année suivante, Montbeillard est mentionné comme commandant d’artillerie et en occupe la charge dans la région de Québec et dans toute la colonie.

Montbeillard dirigea l’artillerie française (cinq ou six canons) à la bataille des plaines d’Abraham. À ce moment-là, il était en relations étroites avec Montcalm et tenait le journal du général. C’est à lui que nous devons le seul compte rendu direct de l’appréciation par Montcalm de la situation avant la bataille, qui l’amena à effectuer l’attaque tragiquement prématurée de l’armée de Wolfe : « Si nous lui [l’ennemi] donnons le temps de s’établir, nous ne pourrons jamais l’attaquer avec l’espèce de troupes que nous avons. » Lors de l’attaque, Montbeillard se trouvait avec son détachement d’artillerie sur le flanc gauche des Français. Il le fit avancer avec circonspection ; la prudence de cette manœuvre se reflète dans le fait que, malgré la déroute complète de l’infanterie française, il ne perdit que deux de ses canons. Au printemps de 1760, il dirigea le bombardement pendant le siège de Québec par les Français et, plus tard dans la saison, il se trouva mêlé à la tentative infructueuse de contenir, ou du moins de retarder, l’avance de Murray qui remontait le Saint-Laurent sur Montréal. Il était membre du conseil de guerre qui, le 6 septembre 1760, conseilla à Vaudreuil d’entreprendre des pourparlers de capitulation. Cet automne-là, il retourna en France sur le même navire que Lévis.

Ayant repris du service dans le corps royal d’artillerie et de génie, Montbeillard se vit attribuer, en 1761, une pension de 400# pour avoir commandé l’artillerie au Canada. En 1766, il fut promu chef de brigade par brevet (confirmé en 1767) et, en 1769, atteignit son grade final de lieutenant-colonel. Il avait manifestement été nommé en 1761 (probablement en qualité d’inspecteur) à la manufacture royale de Charleville (Charleville-Mézières). On ne sait pas combien de temps il y resta mais ce fut apparemment une dame de Charleville qu’il épousa en 1763. En 1779, peu après sa mort, des pensions du Trésor royal furent accordées à sa veuve ainsi qu’à leurs deux enfants, Jean et Louise.

C. P. Stacey

AMA, SHA, A1, 3 498–3 499 ; Yd (dossier Montbeillard).-AN, Col., B, 105, ff.50–52 ; 109, ff.30–33, 125 ; F3, 16, ff.229–234 ; Marine, C7, 216 (dossier Montbeillard).— APC, MG 18, K10, 2.— Coll. des manuscrits de Lévis (Casgrain), I : 192, 274 ; II : 386 ; III : 110 ; IV : 43, 212 ; VI : 44s., 66s., 107, 188, 227 ; VII : 243, 307 ; VIII : 115 ; X :107, 172, 175 ; XI : 192, 240, 250.— Æ. Fauteux, Les chevaliers de Saint-Louis, 171.— Thomas Chapais, Le marquis de Montcalm (1712–1759) (Québec, 1911), 572–575.— Kennett, French armies in Seven Years’ War.— Stacey, Quebec, 1759.

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C. P. Stacey, « POTOT DE MONTBEILLARD, FIACRE-FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/potot_de_montbeillard_fiacre_francois_4F.html.

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Auteur de l'article:    C. P. Stacey
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    21 déc. 2024