PONCIN, CLAUDE, prêtre et sulpicien, né le 24 février 1725 à Jarcieu, France, fils de Jean Poncin, marchand, et de Marie Clameron ; décédé le 10 mai 1811 à Montréal.
Claude Poncin termine sa rhétorique chez les jésuites de Vienne, en France, en 1744. Il poursuivit alors ses études en philosophie à Bourg-Saint-Andéol sous la direction du brillant professeur Louis-Alexandre Crénier. De 1746 à 1749, Poncin étudia la théologie au séminaire sulpicien de Viviers. Il y fit de solides études en morale avec Simon Guichard et en dogme avec Jean-Baptiste Ravel. Son résumé latin des cours, comprenant plus de 1000 pages d’une écriture fine et claire, témoigne de l’application et du soin qui caractérisaient Poncin. Pendant ses études, il franchit les étapes vers le sacerdoce : tonsure, ordres mineurs, sous-diaconat et diaconat. Avant son ordination comme sous-diacre, son père lui assigna, le 3 mai 1748, selon la coutume, une rente viagère de 100# par année pour assurer sa subsistance. Le 20 décembre 1749, Mgr Bonaventure Baüyn, évêque d’Uzès, l’ordonna prêtre à Bagnols-sur-Cèze. Agrégé au séminaire de Saint-Sulpice à Paris, Poncin partit le 3 avril 1750 pour Brest et le Canada ; il arriva à Montréal le 23 août.
Poncin fut d’abord nommé professeur de latin à l’école que le séminaire de Saint-Sulpice de Montréal maintenait dans la ville ; il enseigna, entre autres, au futur évêque de Québec, Denaut. De plus, Poncin exerça son ministère à la paroisse Notre-Dame, s’occupa du soin de la sacristie et de l’enseignement du catéchisme aux enfants de la ville et de la campagne. En’ 1755, il devint assistant de Jean-François Pélissier de Féligonde, aumônier de l’Hôpital Général de Montréal, dirigé par Mme d’Youville [Dufrost*]. Il succéda à Pélissier comme aumônier en 1777 et remplit cette fonction pendant 34 ans.
Cependant, Poncin ne se limita pas à l’animation spirituelle. Doué d’une habileté manuelle remarquable, il se fit professeur auprès des religieuses de l’Hôpital Général, après s’être adonné à l’étude de certaines techniques de son temps. Il leur apprit la confection de chaînes et de chapelets, celle des tuyaux et ressorts en cuivre destinés aux souches d’autel, de même que la fabrication des bougies et des cierges ; de 1792 à 1797, la fabrication de lampes rapporta aux religieuses 3 547#. De plus, il initia les sœurs à l’art d’imprimer ; il fit même importer du matériel d’imprimerie et put ainsi reproduire et diffuser de la musique ou réparer les livres de plain-chant. De fait, Poncin était aussi un amateur de bonne musique. Il avait apporté de Bourg-Saint-Andéol une messe qu’il popularisa à Montréal, et il apprit à jouer de l’orgue. La liste des volumes de la bibliothèque de Poncin, dressée vers 1800, témoigne de ses intérêts. On y relève, en plus des livres de spiritualité, de prédication, de catéchisme et de littérature, 16 volumes sur la musique, 4 sur des techniques et un volume d’algèbre et de géométrie.
En 1799, les religieuses et leurs protégés fêtèrent le 50e anniversaire de prêtrise de Poncin ; des poèmes et des pièces de circonstance vantaient les qualités de l’aumônier. L’année suivante, Poncin, alors âgé de 75 ans, subit une attaque de paralysie qui l’affligea de surdité, rendant ainsi plus difficile son ministère de la confession. Aussi le séminaire lui donna-t-il, en 1806, un assistant, Jean-Baptiste-Jacques Chicoisneau, mais Poncin en fut mortifié. Plus tard, se reprochant de n’avoir jamais prêché à la paroisse ou chez les religieuses, il commença à composer des sermons qu’il prononçait à l’Hôpital Général.
En 1786, Poncin était devenu le premier assistant du supérieur de Saint-Sulpice, Étienne Montgolfier*, et il garda ce poste sous les supérieurs Gabriel-Jean Brassier* et Jean-Henri-Auguste Roux*. En 1794, l’arrivée de 11 sulpiciens français chassés par la révolution assurait l’œuvre de Saint-Sulpice au Canada. Il s’agissait du plus grand réconfort de la paisible vieillesse de Poncin.
Bien que malade, Claude Poncin continua d’édifier ses confrères en acceptant courageusement ses souffrances ; il mourut, âgé de 86 ans, le 10 mai 1811. Il fut inhumé deux jours plus tard sous le chœur de l’église Notre-Dame, à Montréal. En 1784, Montgolfier, qui en général émettait des jugements peu tendres sur ses confrères, avait écrit au sujet de Poncin : « Sans avoir de grands talents, il nous est infiniment utile par ses services domestiques et par sa régularité. » Les 61 années de résidence de Poncin au Canada sont résumées dans cette phrase. Bien souvent, dans une communauté, les tâches obscures sont celles qui rendent le plus service au groupe. C’est dans cette optique que l’on peut comprendre tout le bien qu’a fait Claude Poncin.
ANQ-M, CE1-51, 12 mai 1811.— Arch. municipales, Jarcieu, France, État civil, Jarcieu, 24 févr. 1725.— Arch. des sœurs grises (Montréal), Dossier Claude Poncin.— ASSM, 14, Dossier 9 ; 15 ; 24, Dossiers 2 ; 6.— Louis Bertrand, Bibliothèque sulpicienne, ou histoire littéraire de la Compagnie de Saint-Sulpice (3 vol., Paris, 1900), 2 ; 579s.— [É.-M. Faillon], Vie de Mme d’Youville fondatrice des Sœurs de la charité de Villemarie dans l’île de Montréal, en Canada (Villemarie [Montréal], 1852).— [Albina Fauteux et Clémentine Drouin], L’Hôpital Général des Sœurs de la charité (sœurs grises) depuis sa fondation jusqu’à nos jours (3 vol. parus, Montréal, 1916– ), 1 : 574–587.
Bruno Harel, « PONCIN, CLAUDE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/poncin_claude_5F.html.
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Auteur de l'article: | Bruno Harel |
Titre de l'article: | PONCIN, CLAUDE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |