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PAUPANEKIS (Papanekis, Paupanakiss, Paupanikas, Paupaunakis),
Le père d’Edward Paupanekis, connu à une certaine époque sous le nom de Papathekis, était un chasseur cri des Marécages qui avait déjà fait partie des chasseurs qui traitaient avec la Hudson’s Bay Company et vivaient près de ses postes (Home Guard) à York Factory. Dès 1813, il s’était établi à l’intérieur des terres, aux environs de Norway House, et, à l’été de 1840, il y était un chasseur important. Au cours de cette saison, James Evans* fonda une mission méthodiste à Norway House. Moins de deux ans plus tard, Papathekis, connu à ce moment-là sous le nom de William Papanekis, sa femme, Ann, et leurs neuf enfants reçurent le baptême. Après avoir installé sa famille à Rossville, village proche de la mission, il commença à occuper une place importante dans l’église de l’endroit, comme plusieurs de ses enfants. Cependant, Edward fut lent à répondre à l’appel. Grand et bien bâti comme son père et ses frères, il parlait couramment l’anglais, ce qui le destinait à travailler pour la Hudson’s Bay Company. Celle-ci l’employa comme ouvrier de 1861 à 1863, comme courrier et intermédiaire de 1867 à 1871 et comme courrier de 1873 à 1875.
Paupanekis travaillait sur les bateaux York l’été et se rendait dans les campements autochtones l’hiver, soit pour apporter des vivres ou rapporter des fourrures. En janvier 1865, il faillit ne pas faire l’un de ces voyages parce qu’« il se bagarra au village [Rossville] avec l’un des trafiquants indépendants ». Pendant qu’il était employé de la compagnie, il prit aussi goût au whisky, habitude que ni son mariage en 1863 ni la mort de son premier-né en 1865 ne lui firent perdre. En 1873, sous l’influence de l’alcool, il fit du chahut chez le révérend Egerton Ryerson Young*, le missionnaire méthodiste de Rossville. Cet incident marqua un point tournant dans son existence. Young commença à travailler plus étroitement avec Paupanekis, qui se mit à éprouver un vif remords pour ce qu’il avait fait. La femme de Young, Elizabeth, a noté : « Bientôt, la vérité bénie entra dans son cœur et M. Young eut la joie de le voir prier humblement devant la croix. »
Un autre événement marquant survint en 1874. En se rendant fonder une mission à Nelson House, le révérend John Semmens* s’arrêta à Norway House. Paupanekis accepta de lui servir d’interprète et d’instituteur, mais il ne le rejoignit pas avant mars 1875 à cause de ses engagements envers la Hudson’s Bay Company. Selon Semmens, qui ne parlait pas la langue crie, ce fut à l’arrivée de Paupanekis et de sa famille que l’« effort d’évangélisation commença pour de bon ». Semmens fut muté à Berens River en 1876. Comme il n’y avait aucun missionnaire ordonné pour le remplacer, Paupanekis resta à Nelson House à titre de missionnaire laïque jusque vers 1880. Il retourna alors à Norway House, où il prêcha durant huit ans. Notamment en raison de ses années de service et de la pénurie de ministres du culte pour les missions du Nord, le district de Winnipeg de l’Église méthodiste du Canada recommanda en 1889 qu’il soit mis à l’essai comme candidat à la fonction de ministre. Paupanekis était le premier Amérindien cri d’une communauté du nord du Manitoba à se voir conférer un tel honneur. Il reçut une ordination spéciale à l’église Grace de Winnipeg le 23 juin 1889, au cours de l’assemblée annuelle de la Conférence du Manitoba et du Nord-Ouest. Il exerça son ministère à Oxford House de 1889 à 1895, à Cross Lake de 1895 à 1903 et à Norway House de 1903 à 1911.
On peut se faire une idée de la personnalité d’Edward Paupanekis en glanant dans les souvenirs de personnes qui le connurent. En 1904, donc à une époque où il était d’un âge assez avancé, le révérend John Chantler McDougall écrivit : « Frère Papanakis est débordant de vie ; pagaie et muscles, nerfs et regard, tout est bien alerte, de sorte que nous volons sur les vastes eaux du lac intérieur. » Semmens disait quant à lui : « [Paupanekis était] très respecté de ceux qui le connaissaient. Il avait une bonne connaissance de la parole de Dieu et le don d’exprimer ses idées de façon claire et convaincante. » Le révérend Joseph Jones l’a qualifié de « parfait gentleman chrétien [... et de] prédicateur d’une éloquence remarquable ». D’où venait cette éloquence, et en fait dans quoi s’enracinait son ministère, nul peut-être n’a su mieux le dire que l’auteur d’une nécrologie qui évoquait son « intense désir de voir progresser ses frères [...] et sa foi illimitée dans les possibilités que leur offrait la puissance salvatrice de l’Évangile du Christ, avec l’instruction et une juste chance de faire leur chemin dans la vie ».
AN, RG 15, DII, 8, 1580.— Arch. privées, R. M. Beaumont (Winnipeg), Hudson’s Bay Company Cemetery (Norway House, Manitoba), Inscriptions de pierres tombales (transcrites par l’auteur le 17 mai 1987) ; J. S. H. Brown (Winnipeg), dossier biographique sur Edward Paupanekis et sa famille ; Kenneth Paupanekis (Winnipeg), bible de la famille Paupanekis.— EUC, Manitoba and Northwestern Ontario Conference Arch. (Winnipeg), Biog. file, Edward Paupanikis ; Methodist Church, Winnipeg District, minutes, 12 juin 1889.— PAM, GR 1212 ; HBCA, B.154/a/66 ; B.239/u/2, 3.— Manitoba Sun (Winnipeg), 22 juin 1889.— Manitoba Weekly Free Press (Winnipeg), 27 juin 1889.— Église méthodiste (Canada, Terre-Neuve, Bermudes), Manitoba Conference, Minutes (Toronto), 1912.— Missionary Bull. (Toronto), 3 (1905–1907) : 87–94.— E. R. Young, By canoe and dog-train among the Cree and Salteaux Indians, introd. de M. G. Pearse (Londres, 1890).
Raymond M. Beaumont, « PAUPANEKIS (Papanekis, Paupanakiss, Paupanikas, Paupaunakis), EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/paupanekis_edward_14F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/paupanekis_edward_14F.html |
Auteur de l'article: | Raymond M. Beaumont |
Titre de l'article: | PAUPANEKIS (Papanekis, Paupanakiss, Paupanikas, Paupaunakis), EDWARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |