MILLER, JOHN, fermier, éleveur et importateur de bétail, et homme politique, né le 12 mai 1817 à Cummertrees, Écosse, fils de William Miller et de Helen Farrish ; le 8 mars 1848, il épousa Margaret Whiteside (1823−1866) du canton de Pickering, Haut-Canada, et ils eurent quatre fils et quatre filles, puis, le 19 février 1868, dans le canton de Pickering, Ontario, Elizabeth Boyer (Byer) (1838–1926), et ils eurent trois fils et une fille ; décédé le 29 août 1904 dans sa ferme près de Brougham (Pickering).

John Miller fréquenta l’école dans les paroisses de Cummertrees et de Dalton, et fut engagé comme arpenteur avant d’émigrer dans le Haut-Canada en 1835. Il demeura dans le canton de Markham avec son oncle, George Miller, à qui il avait amené des moutons leicesters et des porcs de race. Même s’il avait d’abord eu l’intention de travailler au Canada comme arpenteur, il fut attiré par l’agriculture. En 1836, il exposait déjà des bovins shorthorns ; cette année-là, il présenta notamment un taureau américain à la foire provinciale à Toronto. De nombreuses générations de sa famille s’occuperaient d’achat et de vente de bétail importé.

Les parents de John Miller arrivèrent d’Écosse en 1839 et, l’année suivante, devinrent propriétaires de la ferme Atha dans le canton de Pickering. William Miller avait été agriculteur et éleveur de chevaux clydesdales en Écosse. Ami de Thomas Carlyle et lecteur assidu, il avait apporté beaucoup de livres au Canada. John vécut avec ses parents jusqu’en 1848, année où il acquit le titre d’une ferme située non loin de là, Thistle Ha’ – nommée ainsi en raison de l’abondance de mauvaises herbes –, et s’y installa en mars avec sa femme. En 1855, il amorça la construction d’une spacieuse maison en pierre (inscrite au patrimoine de l’Ontario en 1977 et déclarée site historique national du Canada en 1979). La demeure fut agrandie en 1875 et abrita ultérieurement une salle de bal. D’une superficie de 165 acres au début, la ferme de Miller en comptait 660 en 1889. À sa mort, Miller possédait 1 200 acres de terre.

En 1852, l’oncle et le père de John Miller avaient effectué par correspondance leur premier achat de bétail en Écosse. John établit le noyau de son cheptel de shorthorns avec des animaux importés du Kentucky par son père cette année-là. Dans les années 1990, quand le troupeau serait dispersé, la famille alléguerait qu’il était le plus ancien du monde à n’avoir connu aucune interruption. En 1854, Miller lui-même importa des clydesdales et des shorthorns. Commerçant astucieux, il comprit l’importance d’exposer ses bestiaux, qui remporteraient de nombreux prix. Il était prêt à déployer des efforts considérables pour promouvoir ses animaux ; il les présenta, par exemple, à la Provincial Exhibition à London en 1854, opération qui nécessita un voyage en bateau à vapeur jusqu’à Hamilton, puis en chemin de fer pour atteindre London. Tout au long des années 1860, Miller fut l’un des éleveurs, importateurs, exposants et commerçants de bétail les plus dynamiques en Amérique du Nord. Les premières années, il compta, pour ses importations, sur l’aide de son frère cadet, William fils, retourné en Écosse pour poursuivre ses études et donc capable d’examiner et de choisir les animaux. Au cours des années 1860 également, les activités de John Miller suscitèrent l’intérêt du futur sénateur Matthew Henry Cochrane, originaire du Bas-Canada, qui se concentra sur les shorthorns en 1866 par l’entremise de Miller. Les importations de ce dernier augmentèrent considérablement au fil des ans, malgré les dépenses et les dangers inhérents à la traversée de l’Atlantique. Même si les clydesdales et les moutons (d’abord des leicesters, auxquels s’ajoutèrent des cotswolds de 1860 à 1880, suivis par des shropshires après 1880) jouaient un rôle dans les affaires des Miller, les bovins shorthorns demeuraient le pivot des opérations familiales. Jusque dans les années 1920, les shorthorns constitueraient la pierre d’assise de toutes les activités d’importation de bétail en Ontario.

Miller se rendit pour la première fois en Écosse pour acheter des animaux en 1869. (Il effectuerait ce voyage six fois.) Dès les années 1870, cependant, une grande partie de son entreprise était gérée par son premier et son troisième fils, William M. et Robert* (son deuxième, James, était devenu avocat). Le quatrième fils, John, se joindrait ultérieurement à ses frères au sein de la société John Miller and Sons. John Miller père tenait minutieusement un registre des transactions de la firme, pour suivre les revenus et les dépenses de la famille. Auparavant, il avait privilégié les shorthorns anglais de grande taille, exploités antérieurement par des éleveurs comme Thomas Bates parce qu’ils représentaient une meilleure valeur sur le marché. Vers la fin des années 1870, l’intérêt de la famille passa toutefois aux bovins écossais, de plus petite taille et plus robustes, qui gagnaient alors en popularité. Les Miller achetèrent des shorthorns de grands éleveurs écossais tels que Sylvester Campbell, Amos Cruickshank, William Duthie et William Smith Marr. Leur voisin, James Ironside Davidson, s’associait souvent à ces achats. Les deux familles étaient apparentées par alliance. William M. Miller fut importateur-acheteur en chef pour la John Miller and Sons jusqu’à son décès prématuré, en 1886, puis Robert lui succéda. Les ventes importantes se déroulaient à Thistle Ha’, et les Américains venaient d’aussi loin que la côte ouest pour acheter du bétail de la société des Miller.

John Miller fut élu au conseil municipal du canton de Pickering en 1867 et siégea aux conseils du canton et du comté de façon presque continue de 1867 à 1890. Vice-président du conseil de canton pendant six ans, président pendant neuf ans et préfet du comté d’Ontario en 1876, il fut vérificateur des livres de compte au criminel pendant une bonne partie des années 1880. Membre de la Dominion Short-horn Breeders’ Association, Miller fut aussi pendant longtemps président des sociétés agricoles du canton et du comté. En 1880, il avait témoigné devant l’Ontario agricultural commission [V. John McMillan]. En 1883, il se présenta pour le Parti conservateur dans Ontario South aux élections provinciales, contre son collègue fermier et éleveur John Dryden, mais fut défait dans cette circonscription d’allégeance fortement libérale. Quatre ans plus tard, il se porta candidat contre James David Edgar* dans la circonscription fédérale d’Ontario West et perdit de nouveau. En 1902, il fut choisi comme président de la St Andrew’s Society pour Whitby et Pickering. En matière de religion, il était presbytérien et, à sa mort, le plus ancien membre de l’église St John de Brougham.

John Miller fut actif jusqu’à la fin, ayant « voulu s’user sans rouiller », comme il l’avait confié à sa fille Agnes. En 1904, il mourut d’une crise d’apoplexie et d’artériosclérose, assis sur une chaise dans un champ de maïs près de sa maison. Son portrait, élément de la collection de tableaux rassemblée par le Saddle and Sirloin Club de Chicago, se trouve aujourd’hui dans le Kentucky Exposition Center de Louisville.

Margaret E. Derry

AO, F 1232 (Miller family fonds) ; RG 80-8-0-295, no 20827 ; RG 80-27-1, 12 : 4 ; RG 80-27-2, 47 : 30.— Univ. of Guelph Library, Arch. and Special Coll. (Ontario), XA1 MS A139001–12 (Miller-Davidson family coll.).— Pickering News (Pickering, Ontario), 5 sept. 1904.— Stouffeville Tribune (Stouffeville, Ontario), 20 juin 1935.— Geo[rge] Buckland, « A few days with the Messrs. Miller », Canada Farmer (Toronto), 4 (1867) : 280–281 (lettre à l’éditeur).— M. [E.] Derry, Ontario’s cattle kingdom : purebred breeders and their world, 1870–1920 (Toronto et Buffalo, N.Y., 2001).— Farming (Toronto), 14 (septembre 1896–août 1897) : 21.— [J. W.] G. MacEwan, Highlights of Shorthorn history ([Guelph], 1982).— D. [McL.] Marshall, Shorthorn cattle in Canada ([Toronto], 1932).— Ontario, Legislature, Sessional papers, 1882–1883, no 3, app. B (The herds and flocks of Ontario) : 93–117 ; Sessional papers, 1905, no 24 (rapport du responsable de l’enregistrement du bétail, 1904).— Ontario agricultural commission, Report of the commissioners (4 vol., Toronto, 1881), 4 : 18–24.— A. H. Sanders, Red, white, and roan […] (Chicago, 1936) ; Short-horn cattle […] (Chicago, 1900).— « Thistle Ha’ : a national historic farm » : www.thistleha.com (consulté le 26 janv. 2017).

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Margaret E. Derry, « MILLER, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/miller_john_13F.html.

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Année de la publication:    2019
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