DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

ROBINSON, ELIZA ARDEN – Volume XIII (1901-1910)

décédée le 19 mars 1906 à Victoria

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

MÉZIÈRE, HENRY-ANTOINE (il signait Meziere), journaliste, baptisé le 6 décembre 1771 à Montréal, fils de Pierre-François Mézière, avocat et notaire, et de Michel-Archange Campeau ; décédé après 1819, probablement en France.

Membre d’une famille de 15 enfants dont 9 atteignirent leur majorité, Henry-Antoine Mézière manifeste dès l’enfance son indépendance et son goût de l’aventure. À l’âge de sept ans, il fait sa première escapade en traversant le fleuve Saint-Laurent. À 15 ans, seul et sans moyen de subsistance, il s’embarque pour Québec d’où son père le fait revenir à ses frais, exigeant en contrepartie l’obéissance filiale. D’ailleurs, l’autoritarisme paternel semble avoir provoqué maints conflits, et pourrait expliquer les désirs d’évasion d’Henry-Antoine de même que ceux de ses deux frères, Pierre et Simon-André. Malgré tout, de 1782 à 1788, Mézière fait des études au collège Saint-Raphaël à Montréal où il s’avère bon étudiant, car son nom figure chaque année au palmarès de l’institution. Il termine après la rhétorique comme la plupart des jeunes Montréalais de l’époque, le collège des Messieurs n’assurant pas la classe de philosophie avant 1789. Du collège et des sulpiciens, Mézière ne gardera que de la mésestime, voire du mépris : « un collège confié à d’ignares ecclésiastiques fut le tombeau de mes jeunes ans, j’y puisai quelques mots latins et un parfait mépris pour mes professeurs ».

Après ses études, Mézière s’initie aux philosophes et s’intègre au petit cercle des Lumières, groupe d’intellectuels formé autour de Fleury Mesplet*, de son imprimerie et de son hebdomadaire, la Gazette de Montréal. Mézière y publie sa première poésie en janvier 1788 et collabore irrégulièrement au journal pendant cinq ans. Il écrit, tantôt en vers et tantôt en prose, sur l’utilité de la science, l’amour de la patrie, l’amour filial, textes dans lesquels tout le présent se cache sous les oripeaux de l’allégorie mythologique. Mesplet devait être heureux de compter ce jeune turc dans son cénacle d’initiés qui menaient alors un combat contre le despotisme et la superstition, combat suscité et accentué par les progrès de la Révolution française, pour laquelle Mézière se montre enthousiaste même si parfois son engagement peut paraître hésitant. Ainsi, en mai 1791, il renie publiquement un texte antireligieux qu’il a publié dans la Gazette, et ce, en prétextant s’être « égaré en cherchant satisfaction dans la philosophie du siècle ». Il n’en reste pas moins que son intérêt pour la révolution l’emporte et, joint au ressentiment envers l’autorité paternelle, provoque sa fuite aux États-Unis en mai 1793. Il se rend à New York puis à Philadelphie auprès d’Edmond-Charles Genêt, ministre du gouvernement révolutionnaire auprès du Congrès, qui a pour mission de soulever les Canadiens contre la Grande-Bretagne. En juin, Mézière lui soumet son mémoire, « Observations sur l’état actuel du Canada et sur les dispositions politiques de ses habitants », dans lequel il soutient que lui et ses compatriotes, conscients du despotisme et de la tyrannie du gouvernement en place, parce qu’éclairés par la révolution, sont prêts à lutter contre la domination britannique. Genêt tiendra compte de ces renseignements lors de la rédaction de son adresse intitulée « les Français libres à leurs frères du Canada », pamphlet révolutionnaire que Mézière doit porter à la frontière canadienne. De retour à New York, Mézière s’embarque sur l’Éole, navire de la flotte française de Saint-Dominique, à titre d’agent politique de Genêt. La flotte, passant outre sa mission qui était de détruire les pêcheries de Terre-Neuve, de reprendre les îles Saint-Pierre et Miquelon, de brûler Halifax et de remonter le Saint-Laurent, rentre en France et accoste à Brest le 2 novembre 1793.

Le 4 janvier de l’année suivante, Mézière présente au citoyen Jean d’Albarade, ministre de la Marine, son « Mémoire sur la situation du Canada et des États-Unis », dans lequel il expose le sort de ses malheureux compatriotes et leur enthousiasme envers la révolution. Pour des motifs inconnus, il fera quelques mois de prison avant de s’établir à Bordeaux comme fonctionnaire. À quelques reprises, il écrira à ses sœurs, Charlotte-Archange et Suzanne, leur décrivant son ennui et son désir d’avoir des nouvelles de la famille, mais il ne recevra aucune réponse. En 1816, à la Restauration, il revient aux États-Unis, puis s’installe à New York où il donne des cours de français pour assurer sa subsistance avant de pouvoir rentrer au Canada. Pour ce faire, il prend contact avec ses sœurs et son vieil ami Louis-Charles Foucher, ancien membre du groupe des Lumières, devenu juge. Foucher s’occupe si bien de cette affaire que Mézière est de retour à Montréal le 3 septembre 1816 ; il signe alors une déclaration de repentir et de future loyauté devant le juge de paix Jean-Marie Mondelet*.

Henry-Antoine Mézière manifeste le désir d’ouvrir une maison d’éducation pour inculquer aux jeunes le respect de la constitution et pour réparer les torts de sa folle jeunesse ; le projet n’aura pas de suite. En février 1817, il s’associe à Charles-Bernard Pasteuret devient copropriétaire du journal le Spectateur canadien. Leur collaboration sera de courte durée. Pasteur, ayant appris que Mézière a reçu de l’argent de la North West Company pour prendre la défense de la compagnie dans ses démêlés avec lord Selkirk [Douglas], rompt l’association et Mézière quitte le journal en juin. Son expérience journalistique n’en est pas pour autant terminée. Le 1er août 1818, Mézière lance, à Montréal, un journal bimensuel, l’Abeille canadienne, qui publie surtout des articles extraits de périodiques français, principalement de la Ruche d’Aquitaine de Bordeaux. Mézière n’écrira que le prospectus et trois articles durant les six mois d’existence du journal, qui fermera ses portes le 15 janvier 1819. La famille Mézière rentre définitivement en France cette année-là. Marie-Eugénie de Passy, la deuxième femme de Mézière, venait d’hériter d’un oncle de Bordeaux la propriété de ses biens meubles et l’usufruit de ses biens immobiliers, et les enfants de Mézière la nue-propriété de ces derniers.

Claude Galarneau

Henry-Antoine Mézière est l’auteur d’un mémoire conservé aux AN, Col., C11E, 11 : ff.243–251, 262–264 (mfm aux APC) qui a été publié intégralement sous le titre de « Un mémoire de Henry Meziere » dans BRH, 37 (1931) : 193–201.

ANQ-M, CE1-51, 6 déc. 1771.— Arch. du ministère des Affaires étrangères (Paris), Corr. politique, États-Unis, 37 : ff.419–423.— ASQ, Fonds Viger-Verreau, Carton 13, no 53 ; 17, nos 32–35, 49.— AUM, P 58, U, Mézière à Foucher, 24 mars, 3 juin, 29 juill., 24 août, sept., 10 oct. 1816.— « Le gouverneur Haldimand et les prêtres français », BRH, 12 (1906) : 248–252.— L’Abeille canadienne (Montréal), 1er août 1818–15 janv. 1819.— La Gazette de Montréal, 10, 24 janv., 20, 27 mars, 18 sept. 1788, 8 avril, 1er juill., 25 nov., 30 déc. 1790, 6 janv., 12, 19 mai, 25 août 1791, 26 juill. 1792.— La Gazette de Québec, 2 août 1792.— F.-J. Audet, Les députés de Montréal, 181.— Beaulieu et Hamelin, La presse québécoise, 1 : 30, 37s.— H.-R. Casgrain, Œuvres complètes (3 vol., Québec, 1873–1875), 2 : 225.— Galarneau, La France devant l’opinion canadienne.— Maurault, Le collège de Montréal (Dansereau ; 1967), 186, 190, 192.— Wallot, Un Québec qui bougeait, 304s.— Michel Brunet, « La Révolution française sur les rives du Saint-Laurent », RHAF, 11 (1957–1958) : 155–162.— Ægidius Fauteux, « Henri Méziere ou l’odyssée d’un mouton noir », La Patrie, 18 nov. 1933 : 34s., 37.— É.-Z. Massicotte, « Les tribunaux de police de Montréal », BRH, 26 (1920) : 182.— Mason Wade, « Québec and the French Revolution of 1789 : the missions of Henri Mezière », CHR, 31 (1950) : 345–368.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Claude Galarneau, « MÉZIÈRE, HENRY-ANTOINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/meziere_henry_antoine_5F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/meziere_henry_antoine_5F.html
Auteur de l'article:    Claude Galarneau
Titre de l'article:    MÉZIÈRE, HENRY-ANTOINE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    19 mars 2024