MENZIES, ARCHIBALD, officier de marine, chirurgien, botaniste et peintre, né à Weem, Écosse, et baptisé le 15 mars 1754, fils de James Menzies et de sa femme Ann ; il épousa une prénommée Janet, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 15 février 1842 à Notting Hill (Londres).

Après avoir acquis, à l’école paroissiale de Weem, la formation de base qui donnait si souvent aux jardiniers écossais un avantage sur leurs collègues anglais, le jeune Archibald Menzies travailla comme jardinier pour le chef de son clan, sir Robert Menzies of Menzies, grand amateur de plantes nouvelles. Ses quatre frères exerçaient le même métier que lui ; il rejoignit l’un d’eux, William, qui travaillait à Édimbourg au jardin botanique ouvert en 1763 par le professeur John Hope. Frappé par l’intelligence de Menzies, Hope l’encouragea à étudier à l’University of Edinburgh, où de 1771 à 1780 il suivit des cours de médecine, de chirurgie, de chimie et de botanique. En 1778, Menzies fit une excursion dans l’ouest des Highlands afin de recueillir des plantes rares pour deux médecins de Londres. Au terme de ses études à Édimbourg, il devint l’assistant d’un chirurgien à Carnarvon, au pays de Galles. En 1782, il s’enrôla dans la marine royale en qualité d’adjoint au chirurgien et servit à la bataille des Saintes, aux Antilles. Affecté en 1784 à Halifax, il y amassa des spécimens végétaux et envoya à sir Joseph Banks*, alors le plus influent protecteur des sciences en Grande-Bretagne, des graines pour les Royal Botanic Gardens de Kew (Londres). À son retour en Angleterre, en 1786, il se plongea dans la riche bibliothèque et l’imposant herbier de Banks. Parmi les plantes qu’il avait recueillies en Nouvelle-Écosse se trouvaient des lichens et des algues dont un spécimen fut représenté dans l’étude botanique de Dawson Turner, Fuci [...] (1809) ; en outre, on cultivait à Kew les semences qu’il avait envoyées de Nouvelle-Écosse.

Sur la recommandation de Banks, on nomma Menzies chirurgien du Prince of Wales qui, sous le commandement de James Colnett*, allait faire une expédition de traite des fourrures sur la côte ouest de l’Amérique du Nord et en Chine. Parti en octobre 1786, le vaisseau atteignit l’année suivante la baie Nootka (Colombie-Britannique) où Menzies passa un mois à herboriser, puis rentra en Angleterre en 1789. Toujours sur la recommandation de Banks, on l’affecta en 1790 au Discovery à titre de naturaliste. Le commander George Vancouver* avait reçu l’ordre d’aller reprendre aux officiers espagnols le droit de propriété de la baie Nootka, que revendiquait la Grande-Bretagne, et de lever le littoral nord-ouest. Le Discovery et son compagnon, le Chatham, quittèrent l’Angleterre en 1791. Quand, en 1834, David Douglas* se rendit dans les îles Sandwich (Hawaï), où Vancouver avait séjourné en 1792 et 1794, il constata que les Hawaïens avaient gardé de Menzies le souvenir d’un « homme au visage rouge qui amputait les membres des hommes et ramassait de l’herbe ». Menzies herborisa aussi à la baie Nootka en 1792 pendant que Vancouver et Juan Francisco de la Bodega* y Quadra négociaient le transfert de propriété.

En 1794, tout en parcourant le littoral avant d’entreprendre le long voyage de retour, Vancouver fit des levés à partir de l’inlet de Cook (Alaska), et Menzies recueillit des spécimens chaque fois qu’il en eut l’occasion. À Santiago (Chili), des graines que le gouverneur servit pour dessert piquèrent sa curiosité. Il en mit quelques-unes dans sa poche et les sema à bord du Discovery : c’est ainsi que l’araucaria, ou pin du Chili, fit son chemin jusque dans les jardins britanniques. Le Discovery toucha l’Angleterre en octobre 1795. À cette époque, les relations entre Menzies et Vancouver, que la maladie avait rendu irascible, s’étaient détériorées. Menzies avait dû remplacer le chirurgien du navire tout en continuant de veiller sur les plantes destinées aux jardins de Kew. Comme une pluie torrentielle avait détruit plusieurs d’entre elles, les deux hommes s’étaient disputés au point que Vancouver avait recommandé de traduire Menzies devant un conseil de guerre ; par la suite celui-ci s’excusa et Vancouver retira ses accusations.

Menzies servit dans la marine royale, aux Antilles surtout, jusqu’en 1802, puis dut la quitter pour cause d’asthme. Il exerça ensuite la médecine à Londres : sa clientèle y était nombreuse, et il était très estimé des naturalistes, particulièrement en raison de sa connaissance des mousses et des fougères. En 1799, le King’s College d’Aberdeen lui avait décerné un doctorat en médecine. Retraité en 1826, il mourut en 1842 à l’âge de 88 ans. Son portrait, œuvre d’Eden Upton Eddis, se trouve à la Burlington House de Londres, dans les locaux de la Linnean Society, dont il était membre depuis 1790.

Archibald Menzies a laissé peu de publications scientifiques. En revanche, de 1783 à 1795, il recueillit des spécimens d’au moins 400 espèces jusque-là non répertoriées, dont plusieurs sur la côte ouest de l’Amérique du Nord, en particulier dans l’île de Vancouver. Son travail dans cette région dont la flore était très peu connue enrichit beaucoup la botanique. Ses spécimens, à l’instar de ceux de John Scouler, John Richardson*, Thomas Drummond* et David Douglas, furent d’une grande utilité à l’éminent botaniste sir William Jackson Hooker lorsqu’il réalisa Flora Boreali-Americana, publié en deux volumes à Londres en 1840. De plus, Hooker baptisa le Silene menziesii en son honneur et reproduisit plusieurs de ses illustrations, qui témoignent d’un grand souci du détail et d’une belle sensibilité artistique. Parmi les autres découvertes de Menzies figurent le madroño (Arbutus menziesii), l’un des plus beaux arbres du Canada, et le sapin de Douglas (Pseudotsuga menziesii), l’un des plus grands arbres du pays, dont le nom vernaculaire provient de celui de David Douglas. Des espèces occidentales de delphiniums, de ribes et de spirées, notamment, portent aussi l’épithète botanique de menziesii. D’autres espèces baptisées en son honneur croissent à Hawaï, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Aujourd’hui, plusieurs toponymes de la Colombie-Britannique rappellent son souvenir, notamment la baie Menzies et le mont Menzies. On peut voir son herbier personnel au Royal Botanical Garden d’Édimbourg, et nombre de spécimens qu’il a amassés sont conservés dans les herbiers du British Museum (histoire naturelle) et des Royal Botanic Gardens de Kew.

William Thomas Stearn

Du petit nombre de recherches publiées d’Archibald Menzies, une seule concerne le Canada ; il s’agit de « A description of the anatomy of the sea otter, from a dissection made November 15th, 1795 », écrite en collaboration avec Everard Home et publiée dans Royal Soc. of London, Philosophical Trans. (Londres), 86 (1796) : 385–394. Plusieurs autres travaux scientifiques sont mentionnés dans sa biographie parue dans le DNB. Menzies a tenu un journal complet durant le voyage du Discovery, dont des extraits ont été publiés sous les titres de Hawaii Nei 128 years ago, [W. F. Wilson, édit.] (Honolulu, 1920) ; Menzies’ journal of Vancouver’s voyage, April to October, 1792, C. F. Newcombe et John Forsyth, édit. (Victoria, 1923) ; « Archibald Menzies’ journal of the Vancouver expedition : extracts covering the visit to California », Alice Eastwood, édit., Calif. Hist. Soc., Quarterly (San Francisco), 2 (1924) : 265–340 ; et « Le Discovery à Rapa et à Tahiti, 1791–1792 ; journal d’Archibald Menzies », Dorothy Shineberg, édit., Soc. d’études océaniennes (Polynésie-Orientale), Bull. (Papeete, Tahiti), 18 (1981) : 789–826.

GRO (Édimbourg), Weem, reg. of births and baptisms, 15 mars 1754.— Univ. of Aberdeen Library, ms and Arch. sect. (Aberdeen, Écosse), King’s College and Univ., record of md degree, 22 juill. 1799.— Univ. of Edinburgh Library, Special Coll. Dept., Medical matriculation index, 1771–1780.— « Archibald Menzies », Linnean Soc. of London, Proc. (Londres), 1 (1842) : 139–141.— The Banks letters : a calendar of the manuscript correspondence of Sir Joseph Banks [...], W. R. Dawson, édit. (Londres, 1958).— Gentleman’s Magazine, janv.–juin 1842 : 668–669.— George Vancouver, A voyage of discovery to the North Pacific Ocean and round the world, 1791–1795, W. K. Lamb, édit. (4 vol., Londres, 1984).— Dictionary of British and Irish botanists and horticulturists, including plant collectors and botanical artists, Ray Desmond, compil., introd. de W. T. Stearn (Londres, 1977).— G. [S.] Godwin, Vancouver ; a life, 1757–1798 (Londres, 1930 ; réimpr., New York, 1931).— F. R. S. Balfour, « Archibald Menzies, 1754–1842, botanist, zoologist, medico and explorer », Linnean Soc. of London, Proc., 156 (1943–1944) : 170–183.— D. J. Galloway et E. W. Groves, « Archibald Menzies, MD, FLS (1754–1842), aspects of his life, travels and collections », Arch. of Natural Hist. (Londres), 14 (oct. 1987) : 3–43.— W. L. Jepson, « The botanical explorers of California, 6 : Archibald Menzies », Madroño (San Francisco et Oakland, Calif.), 1 (1929) : 262–266.— J. J. Keevil, « Archibald Menzies, 1754–1842 », Bull. of the Hist. of Medicine (Baltimore, Md.), 22 (1948) : 796–811.

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William Thomas Stearn, « MENZIES, ARCHIBALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/menzies_archibald_7F.html.

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Auteur de l'article:    William Thomas Stearn
Titre de l'article:    MENZIES, ARCHIBALD
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    17 déc. 2024