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McLEAN, JOHN, trafiquant de fourrures de la Hudson’s Bay Company, explorateur, fonctionnaire et auteur, né soit le 24 juillet 1798, soit le 14 décembre 1800, à Dervaig, île de Mull (région de Strathclyde, Écosse) ; en 1837, à Norway House (Manitoba), il épousa Margaret Charles, et ils eurent un enfant, puis, en 1845, à Rossville (Manitoba), Clarissa, fille du révérend James Evans*, et de ce mariage naquirent cinq enfants ; décédé le 8 mars 1890 à Victoria.
John McLean fut engagé par la North West Company à Montréal en 1820, probablement en qualité d’apprenti commis, puis il entra au service de la Hudson’s Bay Company lorsque les deux compagnies fusionnèrent l’année suivante. Il travailla dans la région de la rivière Outaouais jusqu’au moment où, en 1833, il fut affecté au département de Columbia (ou Western), sur la côte du Pacifique. Après la saison de traite de 1836–1837, on envoya McLean au département de Northern. Il arriva à Norway House en juin, au moment où le conseil de ce département, sous la présidence du gouverneur George Simpson*, tenait sa réunion annuelle afin de prendre les dispositions nécessaires pour la traite de la saison suivante. Avec ses 16 années de service à la Hudson’s Bay Company, McLean était susceptible d’accéder au rang de chef de poste ; à sa grande déception, toutefois, le gouverneur et le conseil formé des fonctionnaires de la compagnie lui préférèrent deux candidats jouissant de plus d’ancienneté. Il prétendit qu’on avait rejeté sa candidature à la suite d’une intervention personnelle du gouverneur Simpson, mais rien ne semble appuyer une telle affirmation. S’il faut en croire son « Character book » (carnet dans lequel il prenait des notes sur ses employés), Simpson voyait en McLean un habile trafiquant de fourrures et croyait qu’il était « probable qu’il obtienne de l’avancement, le moment venu ».
McLean passa les cinq années suivantes à la tête du district d’Ungava, dont le quartier général était situé au fort Chimo (Fort-Chimo, Québec) ; il fit des efforts incessants pour établir une voie de communication par terre économiquement rentable entre ce poste, établi en 1830, et le fort Smith (North West River, Labrador), sur l’inlet Hamilton. Persuadé qu’il allait être rapidement promu s’il obtenait du succès dans la région, il effectua, entre 1838 et 1841, plusieurs voyages d’exploration dans l’intérieur des terres. Partis le 2 janvier 1838, McLean et ses compagnons suivirent une route qui avait déjà été explorée en 1834 par Erland Erlandson*, prédécesseur de McLean au fort Chimo, et ils parcoururent quelque 533 milles en 47 jours, atteignant le fort Smith à l’embouchure de la rivière Naskaupi. En juin 1839, accompagné d’un « robuste équipage » qui comprenait Erlandson, McLean fit une expédition en canot le long de la côte de la baie d’Ungava et il se rendit à la rivière George qu’il remonta jusqu’au point où elle n’était plus navigable. Par voie de terre, il gagna ensuite le fort Nascopie, sur le lac Petitsikapau, au Labrador, puis il se dirigea vers le sud-est en empruntant l’actuel fleuve Churchill, devenant ainsi le premier Européen à voir les chutes Grand (Churchill). Forcé de rebrousser chemin à cet endroit, il revint au fort Chimo le 20 septembre. L’année suivante, il se rendit en canot au fort Smith par une route différente de celle empruntée deux ans plus tôt. En 1841, grâce à des renseignements fournis par William Henry Allan Davies, fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company et responsable du district de la baie des Esquimaux, qui avait remonté le Churchill, l’année précédente, depuis son embouchure jusque près des chutes, McLean découvrit un passage contournant celles-ci et menant vers l’intérieur ; la compagnie utilisa dès lors cette route.
Malgré les efforts de McLean, les profits rapportés dans cette région demeuraient faibles tandis que les dépenses étaient élevées ; en 1841, le gouverneur Simpson ordonna la réduction des communications par mer avec le district d’une fois l’an à une fois tous les deux ans. Cette directive eut pour effet d’accentuer l’impression d’isolement et de délaissement que McLean éprouvait depuis quatre ans ; même une promotion au rang de chef de poste, obtenue en 1841, ne parvint guère à le rassurer. En 1842, il prit le bateau, bénéficiant d’un congé pour la première fois en 22 ans, et le district d’Ungava, que l’on ne pouvait exploiter avec profit, fut fermé au cours de l’année suivante.
McLean revint des îles Britanniques au début de 1843 et, en mai, il mena un convoi de la Hudson’s Bay Company depuis Lachine, dans le Bas-Canada, jusqu’à Norway House. Le lieutenant John Henry Lefroy, officier du Royal Regiment of Artillery, qui effectuait le levé magnétique de l’Amérique du Nord britannique, l’accompagnait. Lefroy trouva McLean « intelligent et renseigné au-delà de ce que l’on s’attendrait chez un homme ayant passé sa vie à ramasser péniblement des peaux de castor dans des postes éloignés » et il nota son habileté à jouer de la flûte.
En raison de son mauvais état de santé, toutefois, McLean fit savoir à Simpson, en juin 1843, qu’il avait l’intention de se retirer si on lui donnait la responsabilité d’un « second Ungava ». Voulant s’assurer des ressources personnelles suffisantes, il offrit à la compagnie les actions qu’il possédait en qualité de fonctionnaire, mais elle refusa de les lui racheter et il dut continuer de travailler quelle que fût son affectation. Nommé au fort Simpson (Fort Simpson, Territoires du Nord-Ouest), McLean s’y rendit en croyant obtenir la direction du district du fleuve Mackenzie. Il dirigea, en effet, les opérations du district pendant un an, mais Simpson lui notifia en juin 1844 qu’il avait mal compris ses instructions de l’année précédente et que le chef de poste Murdoch McPherson, fonctionnaire plus ancien, devait exercer le commandement. Ce fut, pour McLean, le dernier outrage. Non seulement déchargea-t-il son indignation sur Simpson, mais encore il tenta d’obtenir justice en s’adressant au gouverneur de la Hudson’s Bay Company et au comité de Londres, lesquels, jugeant que McLean n’avait pas été plus éprouvé que les autres fonctionnaires de la compagnie, appuyèrent sans réserve les décisions de Simpson. Ayant perdu toute illusion à l’égard de la compagnie, McLean quitta celle-ci le 1er juin 1846.
McLean passa les neuf années suivantes à Guelph, dans le Haut-Canada, en qualité de directeur de la succursale de la Banque de Montréal. En novembre 1855, un scandale causé par la disparition de £1 300 éclata à la succursale qu’il administrait ; il assuma la responsabilité de la perte et versa la plus grande partie de ses épargnes en guise de restitution, ce qui entraîna sa ruine financière et la fin de sa carrière de banquier. Erland Erlandson, qu’il avait engagé comme assistant à la banque, fut soupçonné plus tard d’être l’auteur du vol, principalement en raison du fait qu’il laissait des biens considérables à sa mort en 1875. Toutefois, aucune preuve n’a été avancée à cet égard et McLean lui-même rejeta une telle possibilité. En 1857, McLean s’était établi à Elora, dans le Haut-Canada, où il devint greffier de la Cour de division, poste qu’il occupa durant plus de 25 ans.
McLean n’avait pas cessé de s’intéresser aux affaires de la Hudson’s Bay Company, et, en 1849, il avait fait paraître ses Notes of a twenty-five years’ service in the Hudson’s Bay territory, ouvrage qui reste l’un des rares comptes rendus de première main sur la traite des fourrures et l’administration du gouverneur Simpson. En 1869, il rédigea pour le Lightning Express d’Elora plusieurs articles portant sur ses 25 années passées dans l’Ouest, afin d’inciter le gouvernement canadien à faire l’acquisition de ce territoire. En 1883, il quitta Elora pour s’installer à Victoria, où il mourut chez sa fille plusieurs années plus tard, sans avoir été vraiment reconnu, de son vivant, pour ses explorations ou ses publications. On lui accorde, toutefois, une plus grande importance dans les études contemporaines qui s’intéressent à l’histoire de la traite des fourrures.
John McLean est l’auteur de Notes of a twenty-five years’ service in the Hudson’s Bay territory (2 vol., Londres, 1849), réédité sous le titre John McLean’s notes of a twenty-five year’s service in the Hudson’s Bay territory, W. S. Wallace, édit. (Toronto, 1932). En 1869, il fit paraître dans le Lightning Express (Elora, Ontario) une série d’articles sur ses 25 années passées dans l’Ouest.
PAM, HBCA, A.6/25 : ff.118–118d ; A.6/26 : ff.145–145d ; A.10/18 : ff.490–493 ; B.134/c/1 : f.422 ; B.134/c/15 : f.180 ; B.134/g/2–8 ; B154/z/1 : f.421 ; B.188/d/15 : ff.9d–10 ; B.223/b/10 ; B.239/g/12–14 ; B.239/g/16 ; B.239/k/2 : ff.38, 70d, 124 ; D.4/23 : ff.45, 136d ; D.4/26 : f.8 ; D.4/28 : f.78 ; D.4/31 : f.49d ; D.4/32 : f.97d ; D.4/62 : ff.55d–62 ; D.5/5 : ff.164–164d ; D.5/8 : ff.311, 366 ; D.5/18 : ff.52–53d ; mfm no 384.— HBRS, XXX (Williams).— J. H. Lefroy, In search of the magnetic north : a soldier-surveyor’s letters from the north-west, 1843–1844, G. F. G. Stanley, édit. (Toronto, 1955).— Mactavish, Letters of Letitia Hargrave (MacLeod).— Daily Colonist, 9 mars 1890.— J. R. Connon, « Elora » (s.l., 1930 ; réédité sous le titre The early history of Elora, Ontario, and vicinity, introd. par Gerald Noonan (Waterloo, Ontario, 1974).— A. S. Morton, Sir George Simpson, overseas governor of the Hudson’s Bay Company : a pen picture of a man of action (Toronto et Vancouver, 1944).
Garron Wells, « McLEAN, JOHN (mort en 1890) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mclean_john_1890_11F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/mclean_john_1890_11F.html |
Auteur de l'article: | Garron Wells |
Titre de l'article: | McLEAN, JOHN (mort en 1890) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |