ERLANDSON, ERLAND, commis de la Hudson’s Bay Company et premier Européen à se rendre par voie de terre du détroit d’Hudson à la côte atlantique, né vers 1790 au Danemark, décédé à Port Hope, Ont., le 23 janvier 1875.

Erland Erlandson « apprit le métier de charpentier de navires dans les chantiers navals de Copenhague ». En décembre 1813, alors qu’il servait apparemment sur un navire danois, il fut fait prisonnier par les Anglais dans le détroit de Kattégat et envoyé en prison sur un navire à Chatham, dans le Kent. Au début de l’année suivante, la guerre entre la Grande-Bretagne et le Danemark étant terminée, la Hudson’s Bay Company recruta plusieurs Scandinaves et, parmi eux, Erlandson pour travailler à la baie d’Hudson. Les documents de cette époque le décrivent comme un homme solidement bâti, cinq pieds neuf pouces et demi, au visage ovale, pâle et grêlé, aux yeux noisette et aux cheveux châtain clair.

Erlandson commença à travailler en 1814 comme marin attaché à Eastmain House, sur la côte est de la baie de James. Au début, il n’avait qu’une faible connaissance de l’anglais mais sa correspondance et ses journaux ultérieurs montrent qu’il acquit une bonne maîtrise de cette langue. Il eut très vite la réputation d’être « un excellent employé [...] rigoureusement honnête, sobre, actif et très intelligent ». En récompense, il obtint de l’avancement. En 1817, on l’envoya dans le district de Moose Factory pour surveiller les ouvriers employés à des travaux de menuiserie et à diverses besognes courantes. Deux ans plus tard, il devint commis, et fut chargé d’Eastmain House en 1822. Il y resta jusqu’en 1830, alors qu’il accompagna Nicol Finlayson, comme commandant en second, lors « d’une mission périlleuse » dans l’Ungava.

Après s’être rendus du golfe de Richmond (lac Guillaume-Delisle) à la baie d’Ungava par voie de terre, ils construisirent le fort Chimo à environ 27 milles de l’embouchure de la rivière South (Koksoak) et près d’un ancrage pour les vaisseaux qui devaient ravitailler ce poste de la compagnie, le plus isolé de tous. Mais, très tôt, les communications entre la mer et la baie d’Hudson furent coupées, ce qui rendit plus périlleuse encore leur situation dans une région peu hospitalière ; de plus, les deux hommes s’inquiétaient de ce que la traite était maigre. Cette situation poussa Finlayson, en février 1831, à envoyer Erlandson par voie de terre porter des lettres au gouverneur George Simpson*. Erlandson perdit ces lettres lors du naufrage de son canot, près de la source de la rivière Michipicoton. Mais ayant atteint York Factory, il fit personnellement à Simpson un rapport détaillé de l’expédition et regagna le fort Chimo sur un sloop, le Beaver, au mois de septembre suivant.

En 1832, Erlandson construisit South River House sur la rivière Caniapiscau, à environ 130 milles au sud du fort Chimo. Ayant enduré de nombreux maux et acquis une traite médiocre au détriment de Finlayson, il abandonna ce poste en 1833 et revint au fort Chimo. À la suite de cette expérience, Finlayson et lui-même furent convaincus que tout poste à l’intérieur des terres à partir du fort Chimo devrait être situé près de la ligne de partage des eaux et qu’il était essentiel de pouvoir communiquer avec les postes de la compagnie dans le golfe Saint-Laurent. Aussi, Erlandson, selon les directives de Finlayson, se prépara-til à voyager par voie de terre jusqu’à Mingan et, finalement, cinq Indiens consentirent, non sans répugnance, à lui servir de guides. L’expédition quitta le fort Chimo le 6 avril 1834 et se rendit au lac Petitsikapau (près de Schefferville, Qué.) par la Grande rivière de la Baleine. C’est là qu’il comprit vraiment que les Indiens avaient la ferme intention (ainsi qu’il l’avait soupçonné dès le départ) de se diriger vers la côte atlantique. Ils traversèrent le lac Michikamau et poursuivirent leur route vers l’est en suivant un chapelet de petits lacs jusqu’à la rivière Naskaupi et le lac Grand. Le 22 juin, ils atteignirent l’extrémité ouest du lac de Melville (dans la région de l’actuel Goose Bay au Labrador) ; c’est ainsi qu’Erlandson fut le premier Européen à se rendre par voie de terre du détroit d’Hudson jusqu’à la côte atlantique. Au retour, après avoir franchi la ligne de partage des eaux, il passa plus à l’ouest et traversa les lacs Wakuach et Chakonipau pour rejoindre la rivière Caniapiscau et le fort Chimo où il arriva le 17 juillet. Le rapport qu’il fit sur ces régions de l’intérieur pleines de promesses pour le commerce des fourrures incita Simpson à adopter une nouvelle politique au sujet de l’Ungava. Dorénavant, le fort Chimo et les postes de l’intérieur seraient reliés à un dépôt de la baie des Esquimaux (baie de Hamilton) qui serait ravitaillé de Québec par bateau.

Lorsque Finlayson partit en 1836, le fort Chimo fut laissé à la garde d’Erlandson jusqu’à l’arrivée de John McLean*, l’année suivante. En dépit de sa compétence indiscutable, Erlandson n’avait eu aucun avancement et était alors très déçu. Simpson reconnut le bien-fondé de ses réclamations, mais jugea que les officiers qui avaient droit de vote seraient peu disposés à élire comme chef de poste « un étranger qui avait monté en grade ». La santé d’Erlandson commençait à s’altérer mais, en 1838, il construisit le fort Nascopie sur un bras du lac Petitsikapau. C’est de là qu’il accompagna McLean en 1839 dans une expédition jusqu’à la baie des Esquimaux ; ils devinrent alors les premiers Européens à avoir vu les chutes Grand (Churchill) de la rivière Grand (Churchill). Avant de quitter l’Ungava en 1840, Erlandson passa l’hiver au fort Trial, sur la rivière George.

En 1841, après s’être attardé à maintes reprises au cours de son voyage, Erlandson atteignit le district Lake Superior qui appartenait à la compagnie et auquel il avait été affecté. Les postes dont il était en charge, Long Lake (1841 à 1843) et Pic (1843 à 1848), ne lui offrirent pas un champ d’action en rapport avec ses capacités et, par conséquent, ne lui permirent pas d’insister pour une promotion. Son mécontentement ne fit que croître et il prit une retraite anticipée en 1848.

Dans « l’aisance, sans famille », il s’installa à Port Hope„ au Canada-Ouest, près de chez George Gladman*, chef de poste retraité. Il se rendit à Londres et au Danemark en 1853 et 1854 et, apparemment en 1855, résida quelque temps chez John McLean, alors représentant de la Banque de Montréal à Guelph, au Canada-Ouest. Au cours de sa visite, deux sommes d’argent disparurent dans des circonstances mystérieuses. Comme à sa mort, en 1875, il laissa un héritage d’environ $14 000 (dont il légua la plus grande partie au Toronto General Hospital), on l’accusera d’avoir volé l’argent manquant. Aucune accusation n’avait été portée contre Erlandson de son vivant et, dans l’intérêt de la justice, il faudrait procéder à l’examen de ses transactions financières au Canada, à Londres, et peut-être aussi au Danemark, avant de porter un jugement sur cet homme qui a toujours joui d’une bonne réputation.

Alice M. Johnson

HBC Arch. G.1/62, G.1/64, G.1/236 (trois chartes manuscrites).— HBRS, III (Fleming) ; XXIV (Davies et Johnson).— McLean’s notes of twenty-five years’ service (Wallace).

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Alice M. Johnson, « ERLANDSON, ERLAND », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/erlandson_erland_10F.html.

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Auteur de l'article:    Alice M. Johnson
Titre de l'article:    ERLANDSON, ERLAND
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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