McDONALD, ANGUS, fabricant de papier, né à Roslin (région de Lothian, Écosse), vers 1807, fils de Mme Jean McDonald, décédé dans le village de Portneuf, Québec, le 16 novembre 1887.

Angus McDonald n’avait que sept ans lorsqu’il perdit son père. Sa mère convola peu après en justes noces avec le papetier John Smith, fils du propriétaire de la maison bien connue Alex. Pirie and Sons, d’Aberdeen, qui fabriquait du papier depuis 1770. Le jeune McDonald, destiné à apprendre le métier de son beau-père, termina son apprentissage en 1828. Bien décidé à se tailler une place au soleil, il partit en Amérique, probablement la même année, avec William Miller, fils d’un fabricant de papier, et les frères Alexander et John Logan, apprentis finis comme McDonald. Les quatre compagnons se retrouvèrent employés dans un « moulin à papier » près de Philadelphie.

En 1833, l’un d’eux lit dans un journal que le moulin à papier du village de Jacques-Cartier, dans le comté de Portneuf, est à louer. Ce moulin avait été établi en 1817 par Artemas Jackson pour le compte de George Waters Allsopp*. Entre 1804 et 1806, Jackson avait mis sur pied, à Saint-André-d’Argenteuil (Saint-André-Est), le premier moulin à papier qu’on ait connu dans le Bas-Canada. Les Écossais viennent à Jacques-Cartier et louent alors le moulin des Allsopp pour une période allant du 7 mai 1833 au 1er juillet 1841, sous la raison sociale de Miller, McDonald and Logan. Comme on ne fait là de papier qu’à la main, les associés cherchent bientôt un endroit où ils pourraient construire un moulin avec machine. À environ huit milles en amont, la rivière Portneuf offre un site magnifique. C’est ainsi que, tout en conservant le moulin de Jacques-Cartier, les frères Logan et McDonald s’installent à Portneuf vers 1837. Six ans après, sous le nom de McDonald and Logans, ils agrandissent le moulin qu’ils équipent de la première machine Fourdrinier que le Canada ait connue. C’était une machine à cylindres de 72 pouces de largeur, fabriquée par John Brown à Glasgow, qui envoya son propre fils Colin l’installer à Portneuf. Celle-ci fonctionnait sous l’action de la force hydraulique et produisait des feuilles de papier de 24 pouces de largeur. La pâte à papier était déversée sur une toile sans fin qui glissait sur un bâti horizontal. Avant le milieu du siècle, le papier n’aura toujours que les vieux chiffons comme matière première.

En 1845, McDonald acquiert plusieurs terrains rue Saint-Paul, à Québec, où il va désormais habiter et diriger la compagnie. En 1851, ses affaires vont si bien qu’il achète la baronnie de Portneuf des ursulines de Québec pour une somme de plus de £3 350. Le seigneur McDonald est alors propriétaire d’un moulin à farine, d’un moulin à carder, d’une manufacture de clous – la plus importante du Bas-Canada – d’une scierie, d’un « magasin général » et d’une ferme, le tout à Portneuf. À la même époque, il arme encore une flotte de schooners pour le transport entre Terre-Neuve et Québec, de même qu’un vapeur, le New Liverpool, qui fait la navette entre Portneuf et Québec. Suivant le recensement de 1851, le moulin à papier de McDonald and Logans et celui de Peter Smith, demi-frère de McDonald, également installé à Portneuf, emploient plus de 50 personnes, le premier fabriquant du papier à journal, le second du papier d’emballage. Les deux moulins fonctionnent alors à la vapeur. Leur capital est de £1 500 et la valeur annuelle de la production s’élève à £4 500. L’année suivante, McDonald and Logans se porte acquéreur du moulin de Smith. En 1856, l’industrie papetière de Portneuf aurait produit 1 200 000 livres de papier, évaluées à $100 000. Le tiers de la production était vendu à Québec, le reste à Montréal.

Membre du Bureau de commerce de Québec, McDonald est en outre administrateur de la Banque de prévoyance et d’épargnes de Québec en 1847. Actionnaire de la Compagnie du chemin de fer Québec et Richmond, il a des intérêts importants dans le projet du chemin de fer de la rive nord [V. Joseph-Édouard Cauchon], dont il est vice-président en 1854. Ce serait d’ailleurs cette dernière affaire qui l’aurait conduit à la faillite en 1857. George Burns Symes*, le « prince des marchands » de Québec, se porte alors acquéreur de l’ensemble des entreprises de McDonald, tout en gardant celui-ci à la tête des moulins à papier de Portneuf. En 1862, Symes l’envoie en Angleterre étudier un nouveau procédé de fabrication du papier avec de la paille. Quatre ans après, McDonald est à Royersford, en Pennsylvanie, à l’usine de l’American Wood Paper, où il s’informe de la façon de faire de la pâte de bois avec de la soude.

Vers 1869, Alexander Logan, beau-frère et ancien associé de McDonald, fait venir ce dernier à Windsor Mills, dans les Cantons de l’Est, où il sera durant dix ans gérant du moulin de la société Angus, Logan and Company, qui utilise le procédé à la soude. En 1881, le papetier va aider ses neveux William T. et Peter Miller à construire un moulin à papier, cette fois à Glen Miller, en Ontario. Prenant une retraite justement méritée, il fait un voyage dans son Écosse natale. Au retour, il s’arrête dans le comté de Portneuf, où la mort le surprend le 16 novembre 1887. Son corps sera inhumé dans le canton de Thorold en Ontario.

Marié à Québec le 26 octobre 1838 à Margaret Logan, sœur d’Alexander et de John, McDonald eut une fille. Seigneur et juge de paix à Portneuf, entrepreneur et homme d’affaires, il s’est également occupé – bourgeoisie oblige – de politique municipale. Échevin de la ville de Québec durant deux mandats, de 1851 à 1855, il est toujours présent aux séances du conseil et siège aux comités des finances, des incorporations, des marchés, des incendies et des règlements. On le voit aussi s’intéresser aux œuvres de bienfaisance, comme directeur du cimetière Mount Hermon de Sillery, syndic de la Chalmers Free Church (Chalmers-Wesley United Church), située rue Sainte-Ursule, membre fondateur de l’Association de la salle de tempérance et de l’hôpital Victoria de Québec.

Angus McDonald fournit l’un des beaux exemples de ces artisans écossais, arrivés pauvres au Canada au début du xixe siècle pour se livrer au commerce et à l’industrie. Il a donné plus de 70 ans de sa vie à la fabrication du papier en Écosse, aux États-Unis et surtout au Canada. C’est l’un des pionniers de la papeterie, dont on sait toute l’importance au Québec et en Ontario.

Claude Galarneau

ANQ-Q, État civil, Presbytériens, St John’s Church (Québec), 26 oct. 1838, 5 janv. 1843.— ASQ, C 43 : 27.— AVQ, Procès-verbaux du conseil, 1850–1855.— BE, Québec, Reg. B, 13, nos 5 271, 5 282 ; 16, nos 6 216, 6 423.— Canada, prov. du, Statuts, 1852–1853, c.62 ; 1854–1855, c.224.— L’Abeille (Québec), 19 déc. 1850.— Le Canadien, 20 juill. 1834, 24 juill. 1857.— Le Journal de Québec, 31 juill. 1852.— Morning Chronicle (Québec), 17 nov. 1887.— Canada directory, 1851 ; 18571858 ; 1871.— Quebec directory, 18471856.— George Carruthers, Paper-making (Toronto, 1947).— [Lucien Gauthier], Album souvenir : 1861–1961 ; centenaire de Portneuf, 8, 9, 10, 11, 12 juillet 1961 (s.l.n.d.).— J. Hamelin et Roby, Hist. économique.— François Hardy, « Étude d’une papeterie de type familial et de son impact économique local » (thèse de m.a., univ. Laval, 1972).— Ouellet, Hist. économique.— Robert [Philippe] Sylvain, Clerc, garibaldien, prédicant des deux mondes : Alessandro Gavazzi (1809–1889) (2 vol., Québec, 1962), II : 344–383.

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Claude Galarneau, « McDONALD, ANGUS (mort en 1887) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcdonald_angus_1887_11F.html.

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Auteur de l'article:    Claude Galarneau
Titre de l'article:    McDONALD, ANGUS (mort en 1887)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    21 déc. 2024