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MASKEPETOON (Bras Croche, baptisé Abraham), chef indien de la tribu des Cris, né probablement en 1807 dans la région de la rivière Saskatchewan, décédé en 1869 dans un camp de Pieds-Noirs du centre de l’Alberta.
Maskepetoon était le chef d’une petite bande de Cris de la Plaine qui chassaient habituellement au sud du fort Edmonton, mais à l’occasion s’aventuraient jusque dans la région qui forme aujourd’hui le sud de la Saskatchewan et le nord du Montana. Tout jeune encore, il était déjà réputé comme guerrier, et ses ennemis, les Pieds-Noirs, le désignaient sous le nom de Mon-e-guh-ba-now, ou encore Mani-kap-ina, c’est-à-dire jeune chef. Selon un missionnaire méthodiste, Egerton Ryerson Young*, Maskepetoon « était un homme au physique magnifique, ardent et intelligent » ; John Palliser*, pour sa part, dans le journal qu’il a tenu de son expédition de 1857, écrit qu’il n’était ni physiquement imposant, ni beau. Maskepetoon était violent de caractère, et on dit qu’étant jeune homme, il avait scalpé vive sa femme Susewisk et avait failli tuer un Métis au cours d’une beuverie près du fort Edmonton.
Vers la fin de 1831, au cours d’un voyage de traite au fort Union, sur la rivière Missouri, Maskepetoon fut invité à se joindre aux chefs des Assiniboines, des Sauteux et des Sioux pour aller à Washington, D.C., y rencontrer le président, Andrew Jackson, qui souhaitait établir des relations harmonieuses avec les tribus de l’Ouest et voulait également les impressionner par la puissance de son gouvernement. Tandis que Maskepetoon était à St Louis, en route vers l’est, le célèbre artiste George Catlin peignit son portrait. À son retour dans l’Ouest, Maskepetoon rencontra au fort Union, en 1833, Maximilien, prince suisse du Wied-Neuwied, qui nota que « le chef des Cris [...] Maschkepiton (le bras croche) [...] portait à son cou une médaille à l’effigie du Président ». En janvier 1848, le peintre Paul Kane* rencontra Maskepetoon près du fort Edmonton et consigna dans ses notes l’opinion qu’entretenait le chef sur le peu d’entente qui existait entre les différents missionnaires chrétiens et aussi sur la supériorité des croyances indigènes.
Au cours des années 40, Maskepetoon subit l’influence d’un missionnaire de l’Église méthodiste wesleyenne, le révérend Robert Terrill Rundle* ; plus tard, le révérend Thomas Woolsey lui enseigna la lecture et l’écriture syllabiques crises. Comme conséquence de son association avec ces hommes, Maskepetoon se transforma en fervent apôtre de la paix. À chaque fois qu’il en eut l’occasion, il fit la paix avec les tribus ennemies et chercha à empêcher les jeunes hommes de sa bande de se livrer à la guerre. Vers la même époque, un Pied-Noir tua le père de Maskepetoon ; lorsque, par la suite, le chef cri rencontra l’auteur de l’attentat, il l’invita dans sa cabane, lui pardonna et lui fit présent d’un costume de chef. En avril 1865, Woolsey conféra le baptême à Maskepetoon et lui donna le nom d’Abraham et sa femme reçut celui de Sarah.
En 1841, James Sinclair* de la Hudson’s Bay Company avait engagé Maskepetoon pour guider un groupe d’émigrants du fort Edmonton jusque dans la région de l’Oregon. Celui-ci les mena par une route jusque-là inexplorée, empruntant un passage qu’on nommera par la suite le col Sinclair, et les amena jusqu’au fort Vancouver (Vancouver, Washington). À cet endroit, il navigua sur le Beaver appartenant à la compagnie et déclara qu’il ne pourrait jamais réussir à faire croire aux gens de sa bande qu’un navire aussi gros puisse arriver à voguer sur l’océan par son propre pouvoir. Maskepetoon fit d’autres voyages qui l’amenèrent à traverser les montagnes en 1850 et en 1854 mais il ne guida pas Sinclair au delà du versant occidental des Rocheuses. En 1857, l’expédition de John Palliser l’engagea en qualité de guide pour la conduire des lacs Qu’Appelle (près du fort Qu’Appelle) jusqu’au coude de la rivière Saskatchewan-Sud (près d’Elbow) ; les membres de l’expédition lui donnèrent le nom de Nichiwa, mot de la langue crise qui signifie « ami ».
Lorsque les hostilités éclatèrent entre les Cris et les tribus des Gens-du-Sang, des Pieds-Noirs et des Piegans, en 1869, Maskepetoon pénétra dans un camp des Pieds-Noirs, seul et sans armes, afin d’engager des pourparlers de paix. Le chef guerrier, Big Swan, vint à sa rencontre et l’abattit. Le chef assassiné devint aux yeux des méthodistes « un martyr de la paix » et on le tint pour un exemple d’homme mort à cause de sa foi chrétienne. Néanmoins, certains Cris étaient d’avis que sa conduite n’avait pas été celle d’un pacificateur mais bien celle d’un guerrier qui fit montre de bravade et d’arrogance en pénétrant sans armes dans le camp ennemi.
Maskepetoon a pris figure de héros dans bon nombre d’ouvrages. En 1957, on a dédié à la mémoire de l’Indien pacificateur le parc Maskepetoon, sanctuaire de la faune situé près de Red Deer en Alberta.
Glenbow-Alberta Institute Archives (Calgary), Reverend John McDougall papers, file A/M137B/f.58 ; Reverend Robert Terrill Rundle papers, file A/R941.— Early western travels, 1748–1846 ; a series of annotated reprints of some of the best and rarest contemporary volumes of travel [...], R. G. Thwaites, édit. (32 vol., Cleveland, Ohio, 1904–1907), XXIII : 13.— [Charles Larpenteur], Forty years a fur trader on the Upper Missouri ; the personal narrative of Charles Larpenteur, 1833–1872, Elliot Coues, édit. (Chicago, 1933), 160.— Papers of Palliser expedition (Spry), 138–140, 143s., 602.— Paul Kane’s frontier ; including Wanderings of an artist among the Indians of North America by Paul Kane, J. R. Harper, édit. (Toronto, 1971), 142.— George Simpson, Narrative of a journey round the world, during the years 1841 and 1842 (2 vol., Londres, 1847), I : 241s.— J. P. Berry, Maskepetoon, Alberta’s first martyr to peace (Toronto, [1945]).— D. G. Lent, West of the mountains : James Sinclair and the Hudson’s Bay Company (Seattle, Wash., 1963), 132–153, 246–261.— J. [C.] McDougall, Saddle, Bled and snowshoe ; pioneering on the Saskatchewan in the sixties (Toronto, 1896), 197.— John Maclean, Vanguards of Canada (Toronto, 1918).— E. R. Young, The apostle of the north, Rev. James Evans (New York et Toronto, 1899), 139.— J. C. Ewers, When the light shone in Washington, Montana ; the Magazine of Western History (Helena), 6 (1956) : 2–11.— Allen Ronaghan, The problem of Maskipiton, Alberta History (Calgary), 24 (printemps 1976) : 14–19.
Hugh A. Dempsey, « MASKEPETOON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/maskepetoon_9F.html.
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Auteur de l'article: | Hugh A. Dempsey |
Titre de l'article: | MASKEPETOON |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |