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MANN, GOTHER, officier et ingénieur militaire, né le 21 décembre 1747 à Plumstead (Londres), deuxième fils de Cornelius Mann et d’Elizabeth Gother ; en 1767, il épousa Anne Wade, et ils eurent huit enfants ; décédé le 27 mars 1830 à Lewisham (Londres).
Diplômé de la Royal Military Academy de Woolwich (Londres) en 1763, l’enseigne Gother Mann fut affecté pour les 12 années suivantes aux dispositifs de défense du littoral de l’Angleterre. En 1771, il fut nommé lieutenant et, vers la fin de 1775, on l’envoya à la Dominique, dans les Antilles, où il reçut le grade de capitaine en 1777. Il servit ensuite en Grande-Bretagne de 1779 à 1785 et, à la demande de Jeffery Amherst*, commandant en chef de l’armée britannique, il fit rapport en 1781 sur les préparatifs de défense le long de la côte est de l’Angleterre.
En 1785, Mann, alors âgé de 38 ans, fut envoyé dans la province de Québec à titre de capitaine et d’ingénieur en chef. À l’instar de son prédécesseur, William Twiss, et de son successeur, Ralph Henry Bruyères*, venu avec lui à Québec, Mann avait cinq grands sujets de préoccupation : les canaux du Saint-Laurent, les fortifications de Québec, la défense des routes de la province qui passaient par les vallées du Saint-Laurent et du Richelieu, la possibilité d’un conflit avec les États-Unis et, enfin, les travaux plus ordinaires que devaient accomplir quotidiennement les ingénieurs. En 1788, le gouverneur, lord Dorchester [Carleton*], chargea Mann de faire une inspection approfondie des postes militaires entre Kingston (Ontario) et St Mary’s (Sault Ste Marie). À la suite de cet examen, on prépara un document circonstancié et pratique de 34 pages dans lequel était décrit l’état des établissements militaires, des ports et des voies navigables. Même s’il portait la signature de John Collins*, arpenteur général adjoint de la province de Québec, ce rapport est reconnu comme l’œuvre de l’ingénieur en chef. Mann y dépeignait le délabrement qui s’était produit depuis la fin de la Révolution américaine et se plaignait que certains postes étaient « mal situés » et mal construits. Il émaillait son rapport d’expressions telles que « tombé en poussière », « effondré », « complètement pourri » et « tout en ruine ». La plupart des postes qu’il avait eu l’ordre d’inspecter étaient à vrai dire du côté américain de la frontière fixée par les traités de Versailles de 1783 ; les Britanniques continuèrent à occuper les postes de l’Ouest jusqu’en 1796, deux ans après la signature du traité Jay.
Mann passa les années 1792 et 1793 dans les Pays-Bas, où il participa à divers sièges entrepris contre les forces armées françaises. Promu lieutenant-colonel à la fin de 1793, il reçut instructions de retourner au Bas-Canada afin de préparer les installations de défense de Québec, puisqu’un conflit avec les États-Unis semblait possible. Quatre ans plus tard, il reçut le grade de colonel. En 1800, Mann rédigea un rapport sur l’état des canaux du Saint-Laurent, dans lequel il affirmait que les écluses étaient « très défectueuses » et « bien délabrées ». Parce qu’il comprenait l’importance vitale des canaux pour le transport des marchandises et les déplacements des militaires, il suggéra que l’on y effectue des réparations et que l’on y apporte les modifications rendues nécessaires par l’avènement de navires plus gros et par la baisse du niveau de l’eau depuis le début de la construction des écluses en 1779. Au tournant du siècle, les hauts fonctionnaires britanniques s’inquiétaient aussi de l’impact que pourrait avoir le canal que les Américains projetaient de construire entre le lac Ontario et Albany, dans l’état de New York. Lord Hobart, secrétaire d’État aux Colonies, suggéra au lieutenant général Peter Hunter*, commandant des forces armées du Canada, de trouver quelqu’un pour étudier cette question. Mann fut choisi sur la recommandation de Hobart, qui disait de lui qu’il était « un officier d’un tel mérite et d’une telle expérience [...] qu’il apport[erait] sans aucun doute [à Hunter] toute l’aide possible grâce à ses capacités professionnelles ». Promu major général en 1803, Mann obtint la permission de retourner en Angleterre où sa famille était restée. Il quitta l’Amérique du Nord britannique au printemps de 1804.
Pendant ses deux séjours au Canada, Mann avait rédigé plusieurs rapports sur la nécessité de doter Québec d’un système de défense approprié et permanent. « Quand on songe jusqu’à quel point la sûreté et la conservation de cette partie des dominions de Sa Majesté dépendent de Québec [...], on ne saurait accorder trop d’importance à son renforcement et à sa sécurité. » Tout en reconnaissant que l’hiver canadien pouvait constituer un obstacle formidable, même pour un « ennemi puissant, actif et entreprenant », Mann constatait que cette seule défense n’était pas suffisante dans le cas d’un poste militaire « de conséquence » comme celui de Québec, « unique source d’espoir en cas d’invasion ». Même si, durant le temps où il fut en poste à Québec, on ne donna pas suite à toutes ses recommandations touchant le système de défense de la ville (parachèvement du mur d’enceinte, construction d’ouvrages défensifs auxiliaires devant le mur, occupation des plaines d’Abraham et érection d’une citadelle au cap Diamant), elles allaient constituer la base de tout programme de constructions militaires à Québec au cours de la première moitié du xixe siècle.
Du mois d’août 1801 jusqu’à son départ en 1804, Mann avait été le deuxième officier le plus élevé en grade au Canada. Fortement appuyé par Hunter, qui lui avait confié le commandement du Bas-Canada pendant des périodes de plusieurs mois, il demanda et obtint la solde de général de brigade, en raison de ses fonctions supplémentaires. Il informa Hunter que cette solde allait lui rendre la vie « très confortable ».
Après son retour en Grande-Bretagne, Mann assuma diverses responsabilités à titre de colonel commandant du génie royal, grade auquel il accéda en 1805. Il fut promu lieutenant général en 1810 et inspecteur général des fortifications l’année suivante. Dans l’exercice de ses fonctions, il continua à s’intéresser aux voies de communication et aux défenses du Canada, faisant part de ses observations sur la construction de la citadelle de Québec et sur les essais faits par le génie royal au cours de la dernière moitié des années 1820 pour trouver une voie navigable entre Penetanguishene, dans le Haut-Canada, et la rivière des Outaouais, via le lac Simcoe. En outre, c’est lui qui désigna l’ingénieur John By* pour diriger la construction du canal Rideau. Nommé général en 1821, Mann était l’officier le plus haut gradé du génie royal lorsqu’il mourut à l’âge de 82 ans.
APC, MG 23, J10 ; MG 25, 6235 ; RG 8, I (C sér.), 30 ; 38–39 ; 54 ; 61 ; 381–384 ; RG 8, II, 8–10.— Gentleman’s Magazine, janv.–juin 1830 : 477.— DNB.— « Papiers d’Etat », APC Rapport, 1890 : 301–303, 322.— « Papiers d’État – B.-C. », APC Rapport, 1891 : 74, 152.— André Charbonneau et al., Québec ville fortifiée, du XVIIe au XIXe siècle (Québec, 1982).— Whitworth Porter et al., History of the Corps of Royal Engineers (9 vol. parus, Londres et Chatham, Angl., 1899– ; réimpr. des vol. 1–3, Chatham, 1951–1954), 1.
John C. Kendall, « MANN, GOTHER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mann_gother_6F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/mann_gother_6F.html |
Auteur de l'article: | John C. Kendall |
Titre de l'article: | MANN, GOTHER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |