Titre original :  “Miss K McIntosh, teacher” (Notman 66499). Image courtesy of the Nova Scotia Archives, used with permission.

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MACKINTOSH, KATE, institutrice et musicienne, née le 24 février 1853 à Halifax, fille de John Mackintosh et de Mary Catherine Crosskill ; décédée célibataire le 8 septembre 1923 dans la même ville.

On ne sait rien des années de formation de Kate Mackintosh, sinon que son père mourut quand elle avait quatre ans, laissant une nombreuse famille dans une situation assez difficile. En 1870, elle sortit de l’école normale de Truro avec la mention « supérieur » et un brevet d’enseignement de première classe de niveau B. Le Conseil des commissaires d’écoles de Halifax l’engagea à 280 $ par an et l’affecta à l’école de filles de la rue Brunswick. Ainsi commença sa carrière de 46 ans dans l’enseignement.

Mlle Mackintosh ne tarda pas à se faire remarquer par sa grande compétence. Dès 1876, elle recevait des éloges pour avoir produit avec la directrice de son école, Catherine Miller, « plus de 100 filles […] notablement avancées en géométrie et en algèbre ». En 1881, le superviseur Benjamin Curren, fervent humaniste, jugeait « le très satisfaisant examen de [sa] classe en latin […] digne d’une mention spéciale ». Dès le début des années 1880, à une époque où les filles n’avaient pas accès aux rares programmes d’études secondaires offerts à Halifax, Mlles Miller et Mackintosh avaient élaboré un programme avancé à l’intention des grandes élèves de l’école de la rue Brunswick. Selon le rapport annuel du conseil, « le point fort [de cette école était] la préparation de jeunes dames désireuses d’obtenir un brevet d’enseignement. Elles échouaient rarement à leurs examens et, une fois devenues institutrices, elles s’acquittaient de leur tâche en suivant l’exemple de la consciencieuse, infatigable et bienveillante Mlle Miller stimulée par l’enthousiasme de Mlle Mackintosh ». Ce que le rapport ne dit pas, c’est qu’engager ces femmes représentait une économie : comme elles avaient une qualification minimale, elles ne touchaient qu’une rémunération minimale.

En 1885, la Halifax Academy, première école secondaire mixte de la ville, ouvrit ses portes. Alors détentrice d’un brevet de niveau A – elle était, dit-on, la première femme en Nouvelle-Écosse à en obtenir un –, Kate Mackintosh fut immédiatement engagée pour enseigner l’histoire, la grammaire, la physiologie et la « pédeutique » (la science de l’éducation). Au milieu des années 1890, chaque classe comptait en moyenne 68 élèves, quoique dans les faits, ils aient été moins nombreux, en raison de problèmes chroniques d’assiduité. On vantait Mlle Mackintosh pour son aptitude à « maîtriser avec une si parfaite aisance […] des classes mixtes nombreuses et à inspirer à tous le plus haut enthousiasme […] le respect de soi et […] de nobles motifs ». Malgré la qualité de son travail et son ancienneté – et en dépit du fait que son frère James Crosskill Mackintosh était maire de Halifax –, Kate Mackintosh ne pouvait plus espérer d’avancement, car le conseil continuait d’avoir un préjugé favorable envers les hommes formés à l’université. Cependant, il y avait des compensations. À compter de 1888, elle fut l’institutrice la mieux payée de la ville ; son salaire culmina à 1 100 $ par an dans la période 1914–1916. Elle fut aussi l’une des rares femmes à accéder aux hautes instances d’organismes professionnels. Dans les années 1880, elle occupa pendant trois mandats un poste au comité directeur de la Provincial Educational Association of Nova Scotia et appartint au comité d’étude de l’enseignement primaire de cette association. En outre, elle fit partie du conseil de gestion du Halifax Teachers’ Pension System à compter de la fondation de ce régime en 1907 jusqu’en 1913 au moins. Elle prit sa retraite de l’enseignement le 30 mars 1916.

L’apport de Kate Mackintosh à la vie de Halifax ne se limita nullement à la salle de classe. Dans le courant de sa jeunesse, elle avait appris à jouer de l’orgue ; au moins à partir de 1887, elle fut organiste à l’église méthodiste de la rue Brunswick. À compter de 1891, elle exerça à la fois la fonction d’organiste et de chef de chœur, avec du nouvel équipement qu’elle avait aidé à choisir au cours d’une visite à New York. Sous sa direction, l’église était renommée pour avoir la meilleure chorale de Halifax. Cette réputation avait son prix. Outre Kate Mackintosh, qui touchait des honoraires de 300 $ par an, il y avait trois solistes rémunérés. Avec le temps, la congrégation cessa de pouvoir assumer ces dépenses ; en 1916, la chorale fut réduite et l’organiste discrètement remplacée.

Dans les années 1890, après avoir reçu une formation spécialisée au Halifax Conservatory of Music [V. Charles Henry Porter], Kate Mackintosh se fit connaître comme compositrice et arrangeuse. On ne connaît pas de Néo-Écossaise qui se soit distinguée à ces titres avant elle. Bien que son talent ait été mineur, ses arrangements pour des hymnes du répertoire courant suscitaient des éloges. Dix-sept d’entre eux furent rassemblés sous le titre Tunes to favorite hymns. Son arrangement de Nearer, my God, to Thee fut inclus dans le recueil de cantiques de l’Église méthodiste du Canada. On dit qu’elle continua de composer jusqu’à sa mort, mais peu d’œuvres subsistent en dehors de pièces patriotiques telles Our Canada et Mother-land beyond the sea, toutes deux publiées en 1897. Sa nécrologie dans l’Evening Echo de Halifax prétendait que la seconde de ces pièces avait été « chantée dans toutes les écoles et jouée par tous les orchestres dans l’Empire pendant les journées du jubilé de diamant de la reine Victoria ». Cette affirmation était tout à fait exagérée, mais la pièce fut effectivement exécutée à Halifax sous la direction de Kate Mackintosh par 6 000 écoliers massés à l’Exhibition Building pendant la visite du gouverneur général lord Aberdeen [Hamilton-Gordon*] et de lady Aberdeen [Marjoribanks*] en mai 1897. Dans la région, on se souvint longtemps de ce concert, « le moment le plus grandiose » des célébrations du jubilé.

Travailler ainsi avec les enfants n’empêchait pas Kate Mackintosh de croire, comme elle l’écrivit en 1912 dans le Halifax Herald, qu’il était « inutile de compter sur les écoles pour donner une bonne formation en musique [… puisque] le programme [était] déjà surchargé ». Précisant que la musique « tend à élever, moralement et socialement, toute la communauté », elle invitait plutôt les églises, les cercles musicaux et les musiciens amateurs à cultiver l’amour de cet art chez les jeunes. Il était donc tout naturel qu’elle participe en 1905 à la fondation du Ladies’ Musical Club of Halifax, dont elle fut présidente pendant six mandats. Elle aida grandement ce groupe à remplir sa mission, à savoir favoriser « une connaissance et une compréhension plus parfaites de la musique vocale et instrumentale ainsi que de la littérature musicale ».

Une fois à la retraite, Mlle Mackintosh se consacra au Halifax Women’s Club, « l’enfant de ses rêves et de sa volonté », selon le Herald. Fondé vers 1920 sous sa présidence, ce cercle avait pour but d’établir une résidence qui se financerait elle-même et abriterait des employées de bureau et paraprofessionnelles célibataires de la ville. La résidence ferma ses portes vers 1926, après quelques années d’existence, car Mlle Mackintosh, qui en était la principale animatrice, n’était plus là pour s’en occuper.

Au moment de son décès, Kate Mackintosh était, dit-on, « la femme la plus connue dans la province de Nouvelle-Écosse ». Elle avait servi de mentor à presque trois générations de jeunes et s’était signalée sur la scène musicale, tant à l’échelle locale que nationale. D’une valeur de moins de 200 $, sa succession était modeste, non pas tant parce que, à l’instar de beaucoup de ses contemporaines engagées dans une profession, elle avait eu peu de moyens, mais plutôt parce que, riche et généreuse d’esprit, elle s’était vouée à la musique et aux arts libéraux, au voyage, aux grandes amitiés et à l’amélioration du sort des femmes.

Lois K. Yorke

Une excellente photographie de Kate Mackintosh est conservée aux NSARM. Le seul article connu de Mlle Mackintosh est « The future of music in Nova Scotia », Halifax Herald, 31 déc. 1912. Parmi ses partitions musicales qui existent encore, on trouve : « The Halifax Herald Mars », dans le Halifax Herald, 1er oct. 1895, supplément pour les lectrices : 13 ; Our Canada : patriotic song, paroles de E. Lawson Fenerty (Toronto, 1897, exemplaire aux NSARM, Oversize vert. file, 23, nº 13) ; Mother-land beyond the sea (Halifax, 1897, exemplaire aux NSARM, MG 31, 26, nº 13) ; et Diamond Jubilee ; the army of the Lord, paroles de J. T. Burgess (s.l., 1897, exemplaire aux NSARM, Vert. file, 98, nº 12). Un livret de compositions de Mlle Mackintosh, Tunes to favorite hymns (Toronto, s.d.), contient 17 pièces et présente l’auteure comme organiste de l’église méthodiste Brunswick Street, à Halifax. [l. k. y.]

AN, RG 31, C1, 1901, Halifax, Ward 2.— Brunswick Street United Church (Halifax), Minutes of trustees, 1885–1949.— Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, file nº 10706.— NSARM, MG 20, 183 ; RG 14, 69, minute-book, 1862–1916.— Acadian Recorder (Halifax), 10 sept. 1923.— Evening Echo (Halifax), 10 sept. 1923.— Evening Mail (Halifax), 10 sept. 1923.— Halifax Herald, 10–11 sept. 1923.— Annuaire, Halifax, 1870–1927.— K. A. Balcom, « From recruitment to retirement : female teachers in the public schools of late nineteenth century Halifax » (mémoire de m.a., Dalhousie Univ., Halifax, 1993).— Board of School Commissioners for the City of Halifax, Report, 1870–1916/1917.— M. I. Campbell, No other foundation : the history of Brunswick Street United Church and Mission with its Methodist inheritance (Hantsport, N.-É., 1984).— Halifax Ladies’ College and Conservatory of Music, [Calendar] ([Halifax]), 1888–1895.— Musical Halifax (Halifax), 1903/1904.

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Lois K. Yorke, « MACKINTOSH, KATE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mackintosh_kate_15F.html.

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Auteur de l'article:    Lois K. Yorke
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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