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MACKENZIE (McKenzie), IAN ALISTAIR (il reçut à la naissance les prénoms John Alexander), traducteur, auteur, avocat, officier dans la milice et dans l’armée, et homme politique, né le 27 juillet 1890 à Culkein Stoer, comté de Sutherland, Écosse, fils de George Mckenzie et d’Anne MacRae ; le 10 septembre 1947, il épousa à Ottawa Helen Mary MacRae, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 2 septembre 1949 à Banff, Alberta.
Ian Alistair Mackenzie descendait de petits fermiers des Highlands, origines dont il fit grand cas tout au long de sa vie. Son père s’adonnait à la pêche et à l’élevage du bétail à Assynt, paroisse isolée du nord-ouest de l’Écosse. La famille parlait gaélique, et Ian Alistair, ses parents et ses 11 frères et sœurs, dont 10 atteignirent l’âge adulte, se nourrissaient principalement de porridge, de harengs et de pommes de terre ; on ne servait de la viande que le dimanche, après l’office religieux. Mackenzie se souvenait bien des récits sur la cruelle éviction de l’une de ses grands-mères. Il racontait qu’il avait été élevé dans « la tempérance, le presbytérianisme et le libéralisme ». Sa prédilection pour l’alcool finirait cependant par miner sa carrière, tandis que l’influence de la religion et du radicalisme resta forte.
Bénéficiaire du rigoureux système éducatif de l’Écosse, Ian Alistair poursuivit ses études secondaires à Kingussie, dans l’Inverness-shire, grâce à une bourse. Il s’inscrivit ensuite à la University of Edinburgh, où il obtint une maîtrise ès arts en 1911. Cette année-là, il participa à la campagne pour le National Insurance Act, proposé par David Lloyd George, chancelier de l’Échiquier dans le gouvernement libéral de Herbert Henry Asquith. Sanctionnée ultérieurement, cette importante loi de réforme sociale mettait en place des prestations médicales et d’assurance-chômage. Mackenzie se rappellerait que cette expérience confirma sa conviction de la nécessité « d’un Parti libéral fort et militant ». Doté d’une bourse de recherche, il s’inscrivit à la School of Irish Learning de Dublin. Il y traduisit des documents gaéliques, écrivit des articles sur divers sujets celtiques et aida le révérend Donald Maclean dans la préparation de l’ouvrage The spiritual songs of Dugald Buchanan, publié à Édimbourg en 1913. Mackenzie développa un goût pour la poésie, qu’il garderait toute sa vie, et était lui-même un assez bon versificateur. Il étudia ensuite le droit à la University of Edinburgh ; au cours de sa carrière universitaire, il s’enrôla également dans le University Officers’ Training Corps. En 1914, on lui décerna un baccalauréat en droit ; il ne put toutefois s’acquitter des droits d’admission au barreau de l’Écosse et émigra à Vancouver la même année. Mackenzie s’adapta facilement à sa ville adoptive, où il travailla comme apprenti au cabinet Bodwell, Lawson and Lane. Au Canada, on le nommait Ian Alistair, ce qui mettait son ascendance écossaise en valeur.
Au déclenchement de la guerre, en août 1914, le Canada combattit en Europe à titre de partie intégrante de l’Empire britannique. Au mois de juillet suivant, le ministre de la Milice et de la Défense, Samuel Hughes*, autorisa le 72nd Regiment (Seaforth Highlanders of Canada), basé à Vancouver, à prendre l’appellation de 72nd Battalion (Seaforth Highlanders of Canada). Le 28 décembre 1915, on nomma Mackenzie lieutenant dans cette unité commandée par John Arthur Clark*. De stature imposante, Mackenzie mesurait six pieds deux pouces et trois quarts, pesait 174 livres et arborait une cicatrice au front. Selon le journaliste Austin Fletcher Cross, il s’exprimait avec « un accent écossais typique des Highlands ». Mackenzie s’embarqua pour l’Angleterre le 19 mai 1916 et apprit le maniement des grenades avant de se rendre en France au mois d’août. Le 26 décembre, on le muta au centre d’entraînement canadien de Shorncliffe, en Angleterre, pour servir dans les Canadian Railway Troops (CRT), formation dirigée par le brigadier général John William Stewart*, lui aussi Écossais du comté de Sutherland établi à Vancouver. On porta Mackenzie à l’effectif du dépôt de base des CRT le 16 janvier 1917. Il retourna en France le 22 mars avec le 3e bataillon des CRT. En juillet, on l’affecta au quartier général des CRT, poste qu’il occupa pendant cinq mois au cours desquels il aida à tenir le journal de guerre de l’unité. Il nota avoir entendu un « feu nourri », mais ne mentionna jamais avoir lui-même subi une attaque pendant cette période, même s’il s’était probablement trouvé au cœur de l’action durant son service dans le 72nd Battalion (Seaforth Highlanders of Canada). Promu capitaine provisoire le 29 mars 1918, on l’envoya en Angleterre en novembre pour remplir une mission spéciale et, l’année suivante, son nom figura dans les dépêches. Mackenzie prit le bateau pour rentrer au Canada en février 1919 et reçut son congé le 25 mars sans « aucune invalidité causée ou aggravée par le service ». Son journal intime laisse penser que, somme toute, il s’était tiré de la guerre à bon compte.
Moins d’un mois après son arrivée, Mackenzie fut admis au barreau de la Colombie-Britannique et ouvrit un cabinet avec James Bruce Boyd ; en 1922, Douglas Armour se joignit à eux, et l’étude porta le nom d’Armour, Mackenzie and Boyd jusqu’en 1924. Peu de temps après son retour, Mackenzie joua un rôle actif dans la Great War Veterans’ Association of Canada (GWVA), organisation dynamique d’anciens combattants fondée à Winnipeg en 1917. Il réclama une augmentation de la prime accordée à ceux qui avaient servi et invoqua « l’égalité de sacrifice » entre « les hommes de la nation et la richesse de la nation », message qui trouva écho dans la population où grondait la colère au sujet des profiteurs de la guerre. Exhortant la solidarité entre anciens combattants, il mit en garde contre le genre de lutte de classes qui se manifesta pendant la grève générale de Winnipeg [V. Mike Sokolowiski*] et la grève de sympathie de Vancouver en 1919. À titre de défenseur des soldats représentant la Colombie-Britannique continentale, il aida plusieurs anciens combattants à demander une pension. En janvier 1920, Mackenzie fut élu président de la section de Vancouver de la GWVA et siégeait au conseil provincial. L’année suivante, il devint membre du conseil exécutif national et encouragea l’unité entre les organismes d’anciens combattants ; cette initiative mènerait à la formation, en 1925, de la Légion canadienne de la Ligue des anciens combattants de l’Empire britannique.
Vers la même époque, Mackenzie devint un important porte-parole de la Moderation League de la Colombie-Britannique, qui, sous la présidence de Henry Ogle Bell-Irving*, avait pour but de mettre fin à la prohibition. Dans un plébiscite tenu le 20 octobre 1920, 92 095 Britanno-Colombiens se prononcèrent en faveur de la mise en marché de spiritueux et de bière en bouteilles sous l’autorité de l’État, et 55 448 se déclarèrent contre. Le premier ministre libéral, John Oliver*, prohibitionniste, annonça pour le 1er décembre des élections générales, avec la réglementation des alcools comme enjeu principal. John Wallace de Beque Farris, procureur général, recruta Mackenzie comme candidat. Les libéraux remportèrent 25 des 47 sièges. Arrivé deuxième parmi les six membres élus dans la circonscription de Vancouver City, Mackenzie fut élu député. Dans ses nouvelles fonctions, il continua de parler au nom des anciens combattants, déclarant qu’une société des alcools indépendante devrait inclure au moins un soldat rentré au pays, que les magasins d’alcool du gouvernement devraient embaucher d’anciens combattants invalides, et que les hôtels et clubs privés exploités par d’anciens combattants devraient pouvoir vendre de la bière au verre.
Mackenzie appuya d’autres mesures de réforme sociale, notamment l’instauration d’une semaine de travail de 48 heures et d’une journée de travail de 8 heures. Il recommanda fortement la construction d’un campus adéquat pour la University of British Columbia, pendant que s’empilaient de façon spectaculaire sur son bureau au Parlement les 50 000 signatures d’une pétition organisée par des étudiants. En sa qualité de président de la section de Vancouver de la GWVA, il avait défendu le droit de vote des anciens combattants canado-japonais du Corps expéditionnaire canadien, qui leur serait accordé en 1931. Il n’hésitait toutefois aucunement à exprimer ses opinions tranchées sur l’expulsion des Asiatiques à d’autres égards. À titre de député, il reçut une approbation unanime quand il présenta une motion de modification de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique afin de permettre à la province de refuser aux Asiatiques le droit d’acheter une propriété ou de travailler dans les industries de la province. « Sur le plan économique, nous ne pouvons les concurrencer ; sur le plan racial, nous ne pouvons les assimiler ; nous devons donc les exclure de nos milieux et leur interdire de posséder des terres », déclara-t-il, selon le Daily Colonist du 22 novembre 1922. Sa conviction se transforma en idée fixe. Réélu en 1924, Mackenzie pressa Ottawa d’interrompre l’immigration japonaise de façon « à garantir un Canada blanc vigoureux », comme le publia le Vancouver Daily Province le 12 juin de cette année-là. Il fit aussi campagne pour diminuer le fret dans la province. Pendant son deuxième mandat, il appuya l’adoption par la province, en 1927, du programme fédéral de pensions de vieillesse qui, espérait-il, préparerait le terrain à des programmes d’assurance pour les congés de maternité, l’invalidité, les accidents et le chômage.
Après le décès d’Oliver, John Duncan MacLean devint premier ministre le 20 août 1927. Mackenzie fut nommé secrétaire provincial le 5 juin 1928, la veille du déclenchement d’élections générales. Le 18 juillet, les conservateurs accédèrent facilement au pouvoir sous la direction de Simon Fraser Tolmie*, mais Mackenzie remporta la victoire, cette fois dans North Vancouver. Membre de l’opposition fougueux, il attaqua le nouveau gouvernement sur ses politiques fiscales, l’accusa d’écarter les anciens combattants de la fonction publique et demanda l’achèvement du Pacific Great Eastern Railway [V. sir Richard McBride*] jusqu’à la rivière de la Paix, débat qu’il poursuivrait à titre de membre du Parlement. En 1930, quand il accusa Harold Despard Twigg, président du comité des comptes publics, d’agir comme le leader fasciste Benito Mussolini, Twigg le somma de sortir de la salle avec lui, ce que Mackenzie accepta ; des personnes intervinrent avant que les deux hommes n’en viennent aux coups.
Au terme de la session parlementaire, Mackenzie se rendit en Écosse pour rendre visite à sa mère, veuve depuis l’année précédente. À son retour, il s’arrêta à Ottawa, où il dîna avec le premier ministre libéral William Lyon Mackenzie King. Les deux hommes avaient beaucoup de choses en commun : tous deux avaient à cœur de maintenir l’unité au sein de l’Empire britannique et, en même temps, d’accroître l’autonomie du Canada dans les relations impériales. Le 30 mai 1930, le gouverneur général, lord Willingdon [Freeman-Thomas], répondant à une demande de King, procéda à la dissolution du Parlement et annonça des élections. Le premier ministre avait besoin de remplacer James Horace King*, nommé récemment au Sénat, comme représentant de la Colombie-Britannique dans son cabinet. Il choisit « l’alerte et actif » Mackenzie, comme il le nota dans son journal, en pensant que ce dernier ferait un « bon candidat » dans Vancouver Centre. Le 27 juin, Mackenzie devint ministre de l’Immigration et de la Colonisation, ainsi que surintendant général des Affaires indiennes, et démissionna de l’Assemblée législative provinciale.
Mackenzie mena une campagne énergique pendant les semaines précédant les élections fédérales du 28 juillet. Il s’aventura dans la circonscription de Calgary, bastion du chef conservateur Richard Bedford Bennett, où il défendit avec ardeur la politique gouvernementale en matière d’économie et de commerce devant un auditoire de 3 000 personnes. Dans sa propre circonscription, où il affrontait Henry Herbert Stevens*, député sortant, il répéta qu’il soutenait le « travail blanc », comme l’indiqua, le 26 juillet 1930, le Vancouver Daily Province, et promit de congédier les cuisiniers chinois en service sur le navire Prince Henry de la Canadian National Railway Company. Le jour du scrutin, il battit Stevens par un vote de 12 064 contre 10 023. À l’échelle nationale, les conservateurs remportèrent toutefois la majorité sous la direction de Bennett, mettant fin à la carrière à peine éclose de Mackenzie au cabinet. Encore novice au Parlement, Mackenzie recherchait les bonnes grâces de King, désormais à la tête de l’opposition, et lui donnait du « chef ». Il effectua des tournées pour le Parti libéral national, défendit les intérêts de la Colombie-Britannique, rehaussa son image de réformateur gauchisant et se fit connaître comme habile débatteur parlementaire. Il commença également à se tailler une réputation de buveur. Au caucus, il trouva un compagnon de virées en la personne de Charles Gavan Power*, surnommé Chubby, originaire de la province de Québec ; comme lui, il avait participé à la Grande Guerre et aimait bien lever son verre. En outre, Mackenzie se lia d’amitié avec l’exubérant Mitchell Frederick Hepburn*, qui deviendrait en 1934 premier ministre de l’Ontario sous l’étiquette libérale.
Bennett était arrivé au pouvoir en promettant de parer le ralentissement économique qui dégénérerait en dépression. Au cours de la séance parlementaire extraordinaire de septembre 1930, Mackenzie attaqua la proposition du premier ministre de hausser les tarifs en la qualifiant d’« expérience fiscale géante » et déclara que les nouvelles lois sur les douanes pourraient créer au Canada une administration à la soviétique. Le 27 mars 1931, dans son premier discours parlementaire complet, Mackenzie admit que la crise financière croissante était attribuable à des causes internationales. Il accusa tout de même le gouvernement d’avoir échoué « absolument et totalement non seulement à mettre fin au chômage, mais même à y remédier ». En janvier 1932, il critiqua Bennett d’avoir adopté une politique de « nationalisme économique suicidaire ». Après une visite au Royaume-Uni, il s’arrêta à Ottawa, pendant l’été de cette année-là, pour assister à la Conférence économique impériale qui ne l’impressionna guère. Le 26 septembre, des journaux de Vancouver relevèrent ses propos selon lesquels les ententes commerciales négociées aux rencontres d’Ottawa étaient « un saut dans l’inconnu ». Le même jour, dans une allocution au Club Laurier de Vancouver, il réclama la création d’une banque centrale pour que « la politique financière [soit séparée] des intérêts privés du crédit » et conseilla aux libéraux d’adopter une « perspective radicalement progressiste et constructive ». En s’adressant à la Chambre un mois plus tard, il décrivit en détail 14 objections aux accords d’Ottawa et accusa le gouvernement Bennett de tenir compte « exclusivement des intérêts des chasseurs de coupons » tout en négligeant le besoin urgent de réforme financière et monétaire. Mackenzie demanda par la suite la mise sur pied d’un comité national de révision du système financier. Il maintenait que le problème du chômage relevait du fédéral et qu’Ottawa faisait fausse route en tentant de le régler par l’intermédiaire des ordres de gouvernement provincial et municipal. Au mois de mai suivant, pendant un séjour en Grande-Bretagne pour voir sa mère, dont la santé déclinait, il assista à la Conférence monétaire et économique internationale de Londres. Il dénigra les prestations de Bennett pendant les séances, mais accueillit favorablement sa décision de recruter lord Macmillan comme président d’une commission royale d’enquête sur la banque et la monnaie au Canada. À son retour, il prononça des conférences à la radio nationale, dans lesquelles il affirma que les monopoles devaient « se faire mettre à la porte » et préconisa un « collectivisme libre » où l’État interviendrait pour empêcher des « cycles de croissance et de dépression ». Selon lui, il fallait instaurer « un capitalisme tempéré par une régulation démocratique ».
Mackenzie partageait des affinités avec Thomas Dufferin Pattullo*, chef gauchisant du Parti libéral provincial en Colombie-Britannique. Après que le premier ministre Tolmie eut convoqué des élections pour le 2 novembre 1933, Mackenzie entreprit une tournée dans la province. Dans un discours prononcé à Revelstoke le 3 octobre, il qualifia l’infortuné gouvernement conservateur de « gouvernement le plus incompétent » de l’histoire de la province et accusa la Fédération du Commonwealth coopératif (CCF), nouvelle formation politique dirigée par James Shaver Woodsworth, de n’avoir aucun chef dans la province et de présenter une plateforme qui était « du libéralisme révisé à 80 pour cent et de la dynamite socialiste à 20 pour cent ». Pattullo, qui utilisait le slogan Travail contre salaire, triompha à Victoria. Après l’élection, Mackenzie conseilla toutefois au nouveau premier ministre de donner la priorité au redressement des finances du gouvernement.
Au milieu des années 1930, Mackenzie était une figure bien en vue du Parti libéral national. En avril 1935, il prit la parole dans un rassemblement à Montréal et promit une plateforme basée sur « la reconstruction nationale » (selon le Vancouver Daily Province du 6 avril) sous l’impulsion d’une conférence fédérale-provinciale qui examinerait les modifications nécessaires à l’Acte de l’Amérique du Nord britannique. Il demanda également instamment que la Banque du Canada, récemment créée sur la recommandation de la commission Macmillan, passe de la propriété privée à la régie publique, changement qui se concrétiserait peu après. Ces plans reflétaient la réponse libérale aux obstacles constitutionnels auxquels s’était heurté le New Deal à la Roosevelt que Bennett avait proposé en janvier et que les tribunaux rejetteraient en grande partie. Lorsque ce dernier, en difficulté, finit par convoquer des élections pour le 14 octobre, Mackenzie livra une rude bataille dans Vancouver Centre, où la CCF représentait une menace très réelle. Même s’il se disait favorable à certains éléments de la plateforme de la CCF, il soutenait que « la socialisation de l’industrie et de la finance cause[rait] des ravages », propos cités dans le Vancouver Daily Province du 2 octobre. Une semaine plus tard, le même journal indiquait que Mackenzie qualifiait les partisans de la CCF de « libéraux avancés » qui se seraient « écartés du droit chemin ». Le jour du scrutin, il gagna de justesse en remportant 7 658 votes contre 7 522 pour son adversaire de la CCF. King, qui avait mené les troupes libérales à une victoire retentissante sous le slogan C’est King ou le chaos, le nomma ministre de la Défense nationale le 23 octobre. Charles Norman Senior, journaliste du Vancouver Sun, le suivit à Ottawa comme secrétaire de confiance. Moins de deux ans plus tard, le journaliste Cecil Scott fit remarquer que le tour de taille de Mackenzie « devenait plus évident » et que « son menton […] se divisait horizontalement », mais qu’il avait toujours « fière allure en kilt » et exécutait avec enthousiasme le « Highland fling [danse écossaise] » (selon le Vancouver Daily Province du 9 janvier 1937).
Après des années de restrictions budgétaires, le ministère de la Défense nationale était, comme Mackenzie le présenta au premier ministre, dans une « condition ahurissante et épouvantable », opinion que partageaient des militaires de haut rang, tel Henry Duncan Graham Crerar*. Mackenzie affecta les fonds nécessaires, apporta des changements administratifs et lança des études d’experts. Conformément à la politique gouvernementale sur les relations impériales, il veilla tout spécialement à la défense intérieure : si, comme il le dit en Chambre, les « gars du Canada » devaient défendre leur pays, il fallait les « armer et les équiper du matériel le plus moderne et le plus efficace » que le dominion pouvait fournir. Le 26 juillet 1936, il représenta le gouvernement au dévoilement, par le roi Édouard VIII, du monument commémoratif sur la crête de Vimy, conçu par Walter Seymour Allward* pour rendre hommage aux Canadiens tombés au champ d’honneur pendant la Grande Guerre. Environ 6 500 anciens combattants canadiens assistèrent à ce que Mackenzie appela dans son discours « un pèlerinage de paix ». Plus tard cette année-là, Mackenzie reprocha au vicomte Elibank, président de la Federation of Chambers of Commerce of the British Empire, de remettre en question le bien-fondé de la politique du Canada en matière de défense. En privé, il prit à partie le gouverneur général, lord Tweedsmuir [Buchan*], pour avoir exprimé publiquement des commentaires en ce sens.
Au printemps de 1937, Mackenzie commit un impair pendant la grève des travailleurs de la General Motors of Canada à Oshawa, en Ontario. Son copain Mitch Hepburn, alors premier ministre de l’Ontario, croyait que la grève, organisée par le Committee for Industrial Organization, était d’inspiration communiste et, dans sa détermination à y mettre fin, il demanda à Ottawa des renforts de la Gendarmerie royale à cheval du Canada. King s’opposa à la requête. Par coïncidence, le 14 avril, pendant que le cabinet se penchait sur la question, Mackenzie assistait à un lunch de trois heures à Toronto avec Hepburn et Clement George McCullagh*, propriétaire du Globe and Mail. Dans son éditorial à la une du numéro suivant, le journal torontois annonçait que le gouvernement fédéral appuyait Hepburn « à 100 pour cent » et que le message avait été « apporté d’Ottawa par l’honorable Ian Mackenzie, ministre de la Défense ». On y citait les propos de Hepburn selon lesquels le ministre avait promis d’accorder tout ce qui avait été demandé. Embarrassé, Mackenzie s’empressa d’envoyer un télégramme à King pour insister sur le fait qu’il « n’oserait même imaginer suggérer une politique gouvernementale », donnant comme explication que « l’amitié personnelle avait été délibérément interprétée comme une position du gouvernement ». King ordonna au ministre pris en défaut de diffuser immédiatement un démenti. Refusant de faire marche arrière, même pour un ami dont le jugement avait probablement été obscurci par l’alcool, Hepburn soutint que Mackenzie avait bel et bien prononcé les paroles rapportées.
Mackenzie se trouvait parmi les Canadiens présents au couronnement du roi George VI le 12 mai 1937. Il assista ensuite à la Conférence impériale à Londres. Dans l’hypothèse d’une guerre impliquant la Grande-Bretagne, le premier ministre souhaitait éviter des engagements qui limiteraient l’autonomie du Canada ou diviseraient le pays. Par loyauté envers cette idée, Mackenzie avait informé son sous-ministre pendant les préparatifs de la conférence que l’aide la plus précieuse que pourrait offrir le Canada était de l’information sur ses ressources en matières premières et en vivres, et sur sa capacité à fournir des provisions, de l’équipement et des munitions. Dans le budget de 1938, il fit valoir que toute action militaire canadienne résulterait d’une décision prise par le pays, et non pas d’un engagement envers l’Empire britannique.
La session parlementaire de 1938 mit à l’épreuve la rhétorique anti-asiatique de Mackenzie. Un sentiment antijaponais grandissait en Colombie-Britannique, et Alan Webster Neill*, député indépendant de Comox-Alberni, présenta trois projets de loi pour bannir l’immigration japonaise. Après le dépôt du premier, Mackenzie écrivit au premier ministre pour lui proposer d’écarter Neill en déclarant que le gouvernement négocierait les questions d’immigration avec le Japon, examinerait « l’ensemble du problème oriental en Colombie-Britannique » et expulserait les immigrants illégaux. King ne l’autorisa toutefois qu’à annoncer un examen approfondi de l’immigration illégale et l’éviction subséquente des éventuels contrevenants. Ni cette position ni la déclaration de Mackenzie selon laquelle la responsabilité primordiale du gouvernement était de préserver la paix et de maintenir de bonnes relations avec le Japon ne dissuadèrent Neill. Une poursuite judiciaire coula le deuxième projet de loi de Neill et évita à Mackenzie de devoir s’absenter ; étant donné ses propres opinions, il n’aurait pas pu s’opposer à la mesure, tout en se trouvant dans l’impossibilité de rompre la solidarité du cabinet. Durant le débat du 24 mai sur le troisième projet de loi de Neill, qui comportait une exigence pour les immigrants de réussir un test linguistique, Mackenzie affirma qu’une « nation orientale » pouvait simplement enseigner l’anglais ou le français aux futurs émigrants, et ainsi envoyer facilement « des milliers et des milliers » d’Asiatiques en Colombie-Britannique. La simple expulsion, soutenait-il, ne résoudrait pas les problèmes soulevés par l’immigration asiatique, et il accepta l’argument de King selon lequel une loi qui refuserait l’accueil des Japonais embarrasserait grandement la Grande-Bretagne. D’autres tactiques s’imposaient. À titre de ministre, Mackenzie concentra sur la côte du Pacifique des dépenses relatives à la défense pour ce qu’il appela des « raisons stratégiques ».
À compter de septembre 1938, Mackenzie se trouva mêlé à la plus grande controverse de sa carrière, qui minerait irrévocablement sa réputation et finirait par lui coûter son poste à la tête de la Défense nationale. Deux ans auparavant, il avait reçu une demande officieuse sur la possibilité, pour le gouvernement britannique, de faire fabriquer des munitions au Canada. Cette proposition l’amena à faciliter une entente par laquelle la John Inglis Company de Toronto produirait 7 000 mitrailleuses Bren pour le Canada et 5 000 pour le Royaume-Uni. Mackenzie se vanta que l’accord apporterait des profits de 2 millions de dollars. William Arthur Irwin*, rédacteur en chef adjoint de la revue Maclean’s de Toronto, mit la main sur une copie du contrat. Ayant remarqué des incohérences entre le document et les déclarations de Mackenzie à la Chambre des communes, il demanda à George Alexander Drew*, journaliste et ancien combattant distingué qui deviendrait peu après chef du Parti conservateur de l’Ontario, d’écrire un article d’enquête. Intitulé « Canada’s armament mystery ! », le texte souleva un tollé après sa parution le 1er septembre. Dans le Financial Post de Toronto, qui appartenait également à la maison d’édition de John Bayne Maclean, Drew avait auparavant attaqué le gouvernement, et Mackenzie en particulier, pour ne pas avoir fourni aux forces armées l’équipement nécessaire. Il remettait maintenant en question les clauses du contrat à prix coûtant majoré, conclu sans appel d’offres. Même s’il n’accusait personne de malversations, Drew laissait entendre que certains en avaient retiré des bénéfices inhabituels et montrait du doigt Mackenzie en tant que cerveau de cet arrangement discutable. En réaction, le gouvernement nomma Henry Hague Davis de la Cour suprême du Canada comme seul responsable d’une commission royale d’enquête chargée de se pencher sur ce contrat. Mackenzie ne fit pas bonne figure lors de son témoignage : il semblait ignorer des détails des événements et, de toute évidence, dépendait entièrement de son personnel. Même son ami Chubby Power écrirait que Mackenzie voyait son rôle au sein du ministère comme celui de figure de proue ; sa présence en Chambre avait toujours été louable, mais il passait peu de temps à son bureau.
Dans son rapport, Davis ne blâma personne ; il critiqua cependant les pratiques d’approvisionnement du ministère de la Défense. Il recommanda la création d’un conseil des achats qui relèverait du ministre des Finances. King déposa le rapport à la Chambre des communes le 16 janvier 1939. Au cours du débat subséquent, l’opposition attaqua violemment Mackenzie sur les incohérences entre les observations de la commission et certaines de ses déclarations antérieures. Mackenzie répondit avec véhémence, alléguant être victime de « l’attaque la plus injuste de l’histoire du parlementarisme britannique », selon le Daily Colonist du 10 février 1939 ; il perdit toutefois du terrain pendant le tollé qui s’ensuivit. Même le Winnipeg Free Press, d’obédience résolument libérale, qualifia la défense de Mackenzie de « faible et inadéquate » dans son édition du lendemain et insinua qu’il devait démissionner. Chose plus importante, King était mécontent que son ministre ait parlé sous l’influence de l’alcool. Même si King croyait que Mackenzie avait été « tout à fait honnête en tout et partout » et qu’il n’avait « jamais été question de favoritisme », il sentait que son collègue avait tenu des propos « beaucoup trop provocateurs » en Chambre et qu’il avait « soulevé une hostilité » qui « le poursuivrait sans relâche et pourrait finir par le détruire ».
Sans manifester le moindre repentir, Mackenzie avoua, à la réunion de 1939 de l’Association des manufacturiers canadiens tenue à Vancouver, que les contrats de la Défense étaient par définition controversés sur le plan politique. Il promit que dorénavant le conseil des achats de la Défense limiterait les profits et assumerait une « grande responsabilité ». Il formula également une mise en garde : la sécurité du Canada dépendait de sa capacité à satisfaire aux besoins variés et complexes des guerres modernes. Malgré ces affirmations, l’affaire ne s’arrêta pas là. Le Financial Post envoya Irwin recueillir des faits dans tout le pays « sans aucune autre instruction que de se débarrasser de Mackenzie ». Parmi les informateurs figurait le major général Andrew George Latta McNaughton*, ancien chef de l’état-major de l’armée canadienne. Il décrivit le ministre visé comme un « gredin paresseux », stupide à un point tel qu’il ne se rendait pas compte de son incapacité à gérer son propre ministère. Le 26 août, le Financial Post lança une série d’articles hebdomadaires évoquant d’autres cas de mauvaise gestion au ministère de la Défense ; le 9 septembre, le jour précédant l’entrée en guerre du Canada contre l’Allemagne nazie, le journal exigeait le remplacement de Mackenzie « par un administrateur plus solide, plus expérimenté, plus efficace ».
Le 19 septembre, Norman McLeod Rogers* remplaça Mackenzie comme ministre de la Défense nationale. Assez curieusement, King envisagea d’envoyer Mackenzie au Japon à titre de représentant du Canada ou en Irlande comme haut-commissaire. À la faveur d’un remaniement ministériel plus vaste, il le nomma plutôt ministre des Pensions et de la Santé nationale, poste qui comportait la responsabilité des mesures de sécurité contre les raids aériens. King en était venu à se méfier de Mackenzie, dont l’alcoolisme devenait de plus en plus handicapant. La veille du remaniement, le premier ministre avait écrit : « À dire vrai, Mackenzie n’est pas un administrateur. Sa force réside dans [son] talent oratoire, etc. […] S’il s’était abstenu de boire, il aurait pu aspirer à la direction du Parti. » Il dit à Mackenzie personnellement qu’il « avait besoin d’un changement […] pour préserver son avenir ». Mackenzie reprocha au sous-ministre Léo Richer La Flèche* de ne pas l’avoir tenu au courant. Cette affirmation pouvait avoir constitué la revanche d’un affront antérieur : en 1930, en qualité de président national de la Légion canadienne de la Ligue des anciens combattants de l’Empire britannique, La Flèche avait exercé des pressions pour empêcher la nomination de Mackenzie comme ministre des Pensions et de la Santé nationale sous prétexte qu’il avait de piètres antécédents comme conseiller officiel des soldats à Vancouver. King vit que les torts étaient partagés et se sentit soulagé quand Mackenzie, physiquement épuisé, annonça qu’il partait pour le Homestead resort de Hot Springs, en Virginie, « pour se reposer et changer d’air ».
Au retour de son séjour dans le Sud, Mackenzie s’engagea bientôt dans un travail constructif sur les politiques de son nouveau ministère, établi en 1928 pour succéder au ministère du Rétablissement civil des soldats créé 10 ans auparavant [V. Frederick McKelvey Bell* ; sir James Alexander Lougheed*]. Il était entré en politique comme défenseur des anciens combattants et maintenant qu’il assumait la politique fédérale à leur égard, il saisit l’occasion de redresser les injustices et de planifier de manière efficace l’aide à la nouvelle génération d’anciens militaires. À sa demande expresse, on mit sur pied le 8 décembre 1939 un comité ministériel sur la démobilisation dont on le nomma président. Ayant connu les bouleversements sociaux et économiques subséquents à la Grande Guerre et le désenchantement de nombreux anciens combattants, il comprenait le besoin de planification pour l’après-guerre. Grâce à ses efforts soutenus, à mesure que la mobilisation prenait de l’ampleur, le Canada planifiait déjà le retour à la paix.
Pendant la campagne précédant les élections générales du 26 mars 1940, quand on interrogeait Mackenzie sur sa longue absence de la Colombie-Britannique, il invoquait les pressions du temps de guerre. Il nia toute irrégularité dans l’affaire des mitrailleuses Bren et se glorifia du fait que le contrat de fabrication serait honoré avant l’échéance. Il accusa les conservateurs (qui menaient leur campagne sous l’étiquette du National Government Party) de saper l’unité nationale. Tout en faisant valoir son opposition à la conscription pour le service militaire outre-mer, il condamna la CCF pour sa position contre l’envoi de volontaires canadiens au combat en Europe. Dans des discours prononcés au début de mars et rapportés dans les journaux de Vancouver, il en avait long à dire sur sa vision du Canada d’après-guerre. « Nous devons gagner la guerre, prévint-il, mais avec un objectif. Et cet objectif est l’amélioration du niveau de vie de la population canadienne. » Il soutenait que, une fois le conflit terminé, il devrait se produire un changement fondamental dans le système financier du pays. Dans une allocution en Colombie-Britannique, il louangea King d’être un « libéral de gauche », comme en témoignait son engagement envers le régime d’assurance-chômage alors en préparation. Selon le Vancouver Sun du 11 mars 1940, quand un perturbateur lui cria qu’il ne devait pas désigner George Alexander Drew seulement par son nom de famille, mais le nommer M. Drew ou colonel Drew, Mackenzie, à l’esprit vif, se mit à appeler son ennemi ontarien le général Drew et à le décrire comme étant « sans scrupules ». Le jour du scrutin, les libéraux obtinrent la plus forte majorité jamais réalisée au Canada. Mackenzie lui-même remporta une victoire confortable dans Vancouver Centre : 12 100 votes contre 9 338 pour le candidat du National Government Party et 8 427 pour celui de la CCF. Cependant, avec le Financial Post et Maclean’s toujours à ses trousses, il semblait impossible qu’il gagne « la bataille des mitrailleuses Bren », selon l’expression employée par le Vancouver Daily Province le lendemain des élections. Au début de 1941, en l’absence de Mackenzie, le cabinet annulerait le contrat d’origine et en approuverait deux autres pour satisfaire à une production accrue. Mackenzie craignit une résurgence de la controverse et, pour sauver la face, diffusa une déclaration soulignant la gestion « hautement efficace » du premier contrat et alléguant que les deux nouveaux contrats n’avaient fait que simplifier la comptabilité et l’administration. Pourtant, il confia avec amertume à Clarence Decatur Howe*, dont le ministère des Munitions et des Approvisionnements avait organisé les transactions, que les mots « annuler » et « annulation » représentaient un affront personnel.
L’engagement de Mackenzie dans la politique de la Colombie-Britannique changea de façon radicale en 1941. En janvier, les premiers ministres Pattullo, Hepburn et William Aberhart de l’Alberta quittèrent la conférence fédérale-provinciale convoquée pour discuter du rapport de la commission royale des relations entre le dominion et les provinces [V. Newton Wesley Rowell ; Joseph Sirois]. Mackenzie défendit vigoureusement le document. Il croyait qu’il était essentiel de répondre à la recommandation de la commission de restructurer la Confédération afin de concilier les responsabilités constitutionnelles et la capacité fiscale, et ainsi créer un État-providence. De leur côté, les premiers ministres dissidents s’opposaient à la recommandation qu’Ottawa nivelle les services dans tout le pays, ce qui, selon eux, obligerait les provinces « bien nanties » à subventionner les « moins bien nanties ». Aux élections du 11 octobre 1941, les libéraux de Pattullo ne remportèrent que 21 des 48 sièges. Mackenzie ne participa ni à la campagne ni au congrès libéral provincial subséquent où les délégués destituèrent Pattullo comme chef du parti, puis votèrent pour un gouvernement de coalition avec les conservateurs, qui avaient obtenu 12 sièges. Mackenzie détestait les coalitions ; il préférait cependant cette option plutôt que la possibilité de voir la CCF socialiste, qui formait l’opposition officielle avec 14 sièges, prendre le pouvoir. Une fois le nouveau gouvernement bien en place sous la direction de John Hart*, Mackenzie s’éloigna un peu de la politique de la Colombie-Britannique, tout en gardant un œil vigilant sur les intérêts de la province.
Occasionnellement, la focalisation de Mackenzie sur les responsabilités ministérielles touchait directement sa circonscription. Par exemple, il reprocha à l’administration municipale de Vancouver de ne pas suivre suffisamment les mesures de sécurité contre les raids aériens. La pire controverse vint toutefois d’une directive de son ministère qui obligeait le Greater Vancouver Water District à chlorer son eau parce que sa teneur en éléments indésirables excédait les normes exigées par des navires étrangers qui faisaient escale au port. Mackenzie s’attribua le mérite d’avoir obtenu des contrats de construction navale et d’approvisionnement en munitions pour la province, mais ne put convaincre Howe, son collègue au cabinet, ni des investisseurs privés que la fabrication d’acier sur la côte ouest était réalisable. Il ne réussit pas non plus à persuader Howe que le gouvernement fédéral devait s’engager dans la marine marchande pour que les producteurs britanno-colombiens puissent exporter du bois d’œuvre en Grande-Bretagne à des prix compétitifs. Ravivant son vieil intérêt pour l’expansion des chemins de fer, il encouragea le premier ministre Hart à présenter à Ottawa un dossier qui mettrait en rapport les coûts de transport prohibitifs avec le besoin d’une liaison entre les centres populeux du sud et le district de la rivière de la Paix.
Inévitablement, à titre de représentant de la Colombie-Britannique au cabinet, Mackenzie joua un rôle de premier plan dans les décisions relatives aux Canadiens d’origine japonaise à la suite de l’attaque-surprise de la base américaine de Pearl Harbor et de la déclaration de guerre du Canada au Japon le 7 décembre 1941. À l’époque, les 817 861 résidents de la Colombie-Britannique comptaient 22 096 Japonais. À la mi-janvier 1942, Mackenzie présida une réunion de fonctionnaires fédéraux et provinciaux pour discuter de la situation des Japonais au Canada, en particulier de celle des quelque 3 000 hommes en âge de servir dans l’armée. Pour éviter ce qu’il appelait des « stratégies malavisées » envisagées par la majorité blanche, Mackenzie recommanda le transfert immédiat de tous les hommes japonais, y compris ceux nés au Canada ou naturalisés, au centre de la province pour travailler à la construction de routes. King accepta en gros le conseil et annonça que les hommes japonais seraient déplacés à l’intérieur des terres et pourraient s’engager comme volontaires dans un contingent de travailleurs civils. Cette mesure arrangea la situation temporairement, mais comme les forces armées japonaises avançaient rapidement vers Singapour, les Britanno-Colombiens exigèrent de plus en plus le retrait de la zone côtière de toutes les personnes d’ascendance japonaise. Le 23 février 1942, Mackenzie transmit aux membres du cabinet la déclaration du premier ministre Hart sur l’atmosphère dans la province, qu’il considérait « tout simplement [comme] enflammée » ; il leur apprit de plus que les représentants des milieux d’affaires influents de Vancouver organisaient un comité de défense des citoyens. Mackenzie craignait des « débordements ». Le lendemain, dans le but de maintenir la loi et l’ordre, le cabinet accepta de déplacer tous les Japonais dans l’arrière-pays. La décision reçut un accueil très favorable en Colombie-Britannique et valut des éloges à Mackenzie. La semaine précédente, William Bruce Hutchison* avait écrit, dans le Victoria Daily Times du 16 février 1942, que Mackenzie avait, presque seul, « mené le combat de la Colombie-Britannique pour régler le problème japonais ». De nombreux historiens, à l’instar de Hutchison, minimisèrent l’importance du fait que Mackenzie réagissait aux pressions des conseils municipaux, des clubs de bienfaisance, des organisations politiques, des électeurs, de la plupart des députés de la province, de même que des collègues plus anciens du cabinet. En effet, comme le rapporta le Toronto Daily Star le 23 février, le ministre de la Justice, Louis-Stephen St-Laurent*, avait récemment confié aux membres de la section ontarienne de l’Association du barreau canadien de l’Ontario que la présence en Colombie-Britannique d’un grand nombre de Japonais nés au Canada et naturalisés nécessitait « quelque chose de plus radical et de plus étendu que ce qui [avait] été fait jusqu’alors ».
Des retards dans l’envoi des Japonais vers l’arrière-pays entraînèrent davantage de mécontentement dans la province, surtout à Vancouver, où nombre d’entre eux devaient temporairement loger sur les lieux de la Pacific National Exhibition. Mackenzie promit que, tant qu’il serait dans la vie publique, il veillerait à ce que les Japonais ne reviennent jamais sur la côte. Il répéterait cette déclaration à maintes occasions, particulièrement au congrès national de la Légion canadienne en 1944. À la grande consternation de King, Mackenzie et de nombreux autres députés de la Colombie-Britannique refusèrent de remettre en cause leur position sur la question, qui demeurait populaire dans la région côtière de la province et empêcherait le retour des Japonais jusqu’au 31 mars 1949. Dans le cadre de son programme d’exclusion à long terme, Mackenzie encouragea fortement la vente de toutes les propriétés japonaises par le Bureau du séquestre des biens ennemis, l’organisme fédéral responsable de la gestion des biens des personnes déplacées dans l’arrière-pays. En particulier, il souhaitait vivement l’achat des fermes des Japonais de la vallée du Fraser dans le but de les revendre aux anciens combattants. Le Globe and Mail et d’autres publications critiquèrent les administrateurs gouvernementaux pour avoir fait payer aux anciens combattants des sommes considérablement supérieures à celles qu’Ottawa avait déboursées pour acquérir ces fermes. Ces allégations irritèrent Mackenzie ; il accepta tout de même l’explication du Globe and Mail, selon laquelle l’attaque était dirigée contre la politique et non contre lui personnellement. Après la guerre, l’injustice subie par les ex-propriétaires japonais suscita de l’inquiétude, et Henry Irvine Bird, qui siégeait à la Cour d’appel de la Colombie-Britannique, fut désigné seul responsable d’une commission royale d’enquête fédérale pour examiner les revendications et recommander des rectifications dans les cas où le Bureau du séquestre n’aurait pas acheté les propriétés à leur juste valeur marchande. Le gouvernement paya bel et bien quelques indemnités. De plus, en réaction aux pressions de groupes des droits civils et d’autres associations, Ottawa finit par abandonner le « rapatriement volontaire » au Japon, c’est-à-dire la déportation, mesure préconisée par Mackenzie, mais pas avant que près de 4 000 personnes aient été envoyées au Japon.
Sur la question nationale la plus conflictuelle pendant la guerre, la conscription des hommes pour le service outre-mer, Mackenzie resta loyal au premier ministre. Toujours réserviste, il avait tenté de s’enrôler en juin 1940, à l’âge de 49 ans, mais une pression sanguine élevée le rendit inadmissible au service actif. Dans un discours à la Chambre le 6 février 1942, il appuya la décision du gouvernement de tenir un plébiscite pour le délier de sa promesse de ne pas recruter des hommes pour servir à l’étranger. Se décrivant lui-même comme « un Canado-Écossais », il loua « le courage et le patriotisme » de ses collègues canadiens-français ; il affirma cependant clairement que le gouvernement devait avoir une liberté d’action devant les exigences de la guerre. Il soutint que le plébiscite annoncé constituait une démarche non partisane et demanda à un organisateur local de travailler de concert avec les conservateurs et la CCF pour inciter les gens à voter. Tenu le 27 avril, le plébiscite ne régla pas le problème. Les Canadiens anglais votèrent en très grande majorité pour libérer le gouvernement de sa promesse, contrairement aux Canadiens français. Un mois plus tard, devant un auditoire de la Légion canadienne, Mackenzie affirma à titre personnel que, s’il n’en tenait qu’à lui, « le premier conscrit au Canada serait l’argent ». À la suite du débarquement du jour J en Normandie, le 6 juin 1944, la pénurie de soldats s’aggraverait. Mackenzie soutint la position du ministre de la Défense nationale, James Layton Ralston, selon laquelle des soldats devaient être envoyés outre-mer pour répondre aux impératifs de l’armée canadienne sur le front.
Tout au long de la guerre, Mackenzie exerça aussi d’énormes pressions pour faire adopter des mesures de sécurité sociale, en particulier l’assurance-maladie, pour tous les Canadiens. En juillet 1941, un mois après qu’on l’eut fait commandeur de l’ordre très vénérable de l’hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, la revue torontoise Saturday Night fit l’éloge de ses discours sur la politique sociale, en soulignant qu’il avait fait résonner « une note tout à fait nouvelle ». À l’initiative de Mackenzie, le gouvernement créa le 2 septembre un comité consultatif de reconstruction et de réinsertion, formé d’experts de l’extérieur du gouvernement et présidé par le recteur de la McGill University, Frank Cyril James*. À son tour, le comité James nomma Leonard Charles Marsh*, qui avait étudié avec William Henry Beveridge à la London School of Economics and Political Science, afin d’examiner la question de la sécurité sociale pour le Canada. Dans une émission radiophonique diffusée à l’échelle nationale le 16 septembre, Mackenzie réaffirma que le pays « ne tolérerait pas un retour aux conditions de la période de dépression » ; les Canadiens en service outre-mer devaient retrouver une « patrie meilleure, plus belle, plus forte, plus saine ». Le 24 mars 1942, sur la motion de Mackenzie, la Chambre des communes mit sur pied un comité spécial sur la reconstruction et la réinsertion, où il siégea. Dirigé par le député James Gray Turgeon, le comité avait pour mission de superviser des plans de transition pour le retour à la paix.
Mackenzie chargea ses fonctionnaires d’étudier à la fois le rapport de Beveridge sur la sécurité sociale en Grande-Bretagne, qui avait fait l’objet d’éloges à sa parution en 1942, et le programme de bien-être social de la Nouvelle-Zélande, puis de formuler des recommandations sur leur adaptation au Canada. Le 4 décembre, à Ottawa, il inaugura un congrès général sur la reconstruction, parrainé par le comité consultatif que présidait James, et, au mois de mars suivant, il soumit au comité spécial un énoncé de politique global. De plus, il présenta au comité spécial sur la sécurité sociale nouvellement créé, auquel il appartenait également, le rapport de Marsh sur la sécurité sociale et un avant-projet de loi – œuvre du médecin John Joseph Heagerty – pour établir un régime national d’assurance-maladie. Mackenzie insista sur l’idée selon laquelle, tout en offrant une protection universelle, des primes obligatoires empêcheraient l’instauration d’une « mentalité de pauvre » et neutraliseraient la croyance que les fonds publics étaient inépuisables. Il accueillit chaleureusement les recommandations de Marsh pour implanter au Canada un État-providence complet, mais prévint que la sécurité sociale « ne devait jamais être considérée comme un anesthésique contre l’assiduité, l’action, l’initiative et l’ardeur au travail ». Ce mélange de radicalisme et de conservatisme était bien de lui. Devant la menace politique grandissante de la CCF, il déclara à un congrès libéral en Ontario : « Notre nouveau monde reposera sur l’entreprise contrôlée plutôt que sur l’entreprise sans restrictions […] Souvenez-vous que socialisme signifie collectivisme, bureaucratie et fin de la liberté ou de l’entreprise personnelle. » En revanche, le Parti libéral « avançait inexorablement de réforme en réforme et abattait les murs du privilège », comme le cita le Globe and Mail le 30 avril 1943. Selon Mackenzie, l’avenir résidait dans un État-providence à l’intérieur du cadre de l’économie de marché.
À l’invitation de Mackenzie, Beveridge vint à Ottawa en mai 1943 pour témoigner devant le comité spécial de la Chambre des communes sur la sécurité sociale. Mackenzie réussit à convaincre le comité de donner son approbation générale au programme d’assurance-maladie. Il se révéla toutefois incapable de dissiper les inquiétudes de ses collègues du cabinet au sujet des coûts, et échoua dans sa tentative d’organiser une conférence fédérale-provinciale pour régler les aspects constitutionnels et financiers d’une législation sur les soins de santé. En 1944, une réunion des ministres provinciaux de la santé lui offrit la deuxième meilleure option. La responsabilité de la santé passa peu après à d’autres mains, quand Mackenzie accepta son nouveau portefeuille. Même si l’assurance-maladie subventionnée par les fonds publics ne se réaliserait que dans les années 1960, Mackenzie et ses fonctionnaires avaient, selon le politologue Malcolm Gordon Taylor, produit « un cadre conceptuel de coopération fédérale-provinciale, un avant-projet de loi, [fourni] des estimations de coûts, des garanties de collaboration professionnelle, [suscité] l’intérêt et des études des gouvernements provinciaux, et [contribué à la formation d’]une opinion publique bien mieux informée ».
De façon similaire, le travail du comité ministériel sur la démobilisation avait rapidement permis des progrès dans la planification de l’après-guerre pour les anciens combattants. Le Post-Discharge Re-Establishment Order (P.C. 7633) était entré en vigueur le 1er octobre 1941, étape marquante dans la mise sur pied d’un programme global de réadaptation pour les hommes et femmes en uniforme. Selon ce décret, le service en temps de guerre donnait droit à l’assurance-chômage, à des avantages dans la recherche d’emploi ou à des allocations en attendant de récolter le fruit d’un travail dans l’agriculture ou d’autres entreprises, et à une gamme de subventions pour les études et la formation technique. Mackenzie tirait fierté du fait que le Canada était le premier pays au monde à adopter un plan de démobilisation aussi complet. En 1942, la Loi sur les terres destinées aux anciens combattants et la Loi sur la réintégration dans les emplois civils s’ajoutèrent au décret. Deux ans plus tard, le ministère de Mackenzie publierait la première de plusieurs éditions de la brochure format poche le Retour à la vie civile […], qui expliquait aux anciens combattants le programme gouvernemental évolutif. Dans la préface, Mackenzie en résumait brièvement l’objectif : « En ce qui concerne la réadaptation, le Canada est d’avis que la clé de la réinsertion civile est un emploi, et que pour trouver un emploi, il faut être apte au travail et être formé pour cet emploi. » Le ministère des Finances tenait absolument à ce qu’on redouble d’efforts pour s’assurer que tous ceux qui avaient servi recevraient de l’aide et recommanda qu’on regroupe tous les avantages sociaux sous le nom de Charte des anciens combattants, semblable au modèle du Servicemen’s Readjustment Act de 1944 (connu comme le G.I. Bill of Rights) aux États-Unis. En réponse, le gouvernement canadien conçut, en août 1944, la Loi sur les indemnités de service de guerre, qui prévoyait des droits plutôt que des prestations discrétionnaires : une prime (subvention en espèces basée sur la durée et le lieu du service) et un crédit de réadaptation (accessible aux anciens combattants moyennant des factures correspondant à des fins précises de réadaptation). Mackenzie et Ralston menèrent le projet de loi, dont le coût de l’application était estimé à 750 millions de dollars, à la Chambre des communes et, le 18 octobre, Mackenzie devint le premier des ministres des Anciens Combattants. Walter Sainsbury Woods*, autre ancien combattant de la Grande Guerre et personnalité de premier plan dans la gestion des avantages, accéda au poste de sous-ministre.
Plus tôt ce mois-là, Mackenzie était également devenu premier leader du gouvernement à la Chambre des communes, fonction créée pour gérer le flux des affaires législatives. À deux reprises, en l’absence de King, parti outre-mer, il servit de président par intérim du Conseil privé, sans toutefois réussir complètement dans cette tâche. À une occasion, sous l’influence de l’alcool, il jeta dans l’embarras Paul Joseph James Martin*, ministre néophyte du cabinet, en se joignant à l’opposition pour critiquer les explications de ce dernier sur le budget de l’imprimeur du roi.
Pendant la campagne précédant les élections générales du 11 juin 1945, Mackenzie limita ses apparitions à la région de Vancouver. Il s’attira des éloges pour sa position sur les Canado-Japonais et claironna les réalisations du gouvernement en matière de sécurité sociale – l’assurance-chômage et les allocations familiales (qui firent l’objet de lois en 1944) – en disant qu’elles correspondaient au « principal objectif de toute sa vie dans la fonction publique ». Le 23 mai, le Vancouver Sun cita ses propos sur le Parti conservateur qu’il ridiculisait en le qualifiant de parti des « majors généraux mécontents ». Dans une intervention à la Canadian Broadcasting Corporation de Vancouver, il réfuta une allégation de la CCF selon laquelle les libéraux mettraient fin aux primes de service de guerre et rappela que, quand King avait exhorté les Canadiens à se ranger du côté de la Grande-Bretagne, la CCF avait déclaré que le Canada ne devait pas envoyer de corps expéditionnaire, puis avait affirmé le contraire quand l’Allemagne avait attaqué l’Union soviétique. Mackenzie se réjouit des mauvais résultats de la CCF aux élections du 4 juin 1945 en Ontario, qui annonçait selon lui la fin de « la menace socialiste » au Canada (cité dans le Vancouver Sun du 5 juin 1945). Il somma Drew, premier ministre de l’Ontario depuis 1943, d’expliquer l’alliance conclue entre le Parti progressiste-conservateur et la faction antiguerre dans la province de Québec, son attitude contre l’Ouest canadien sur la question du fret et son opposition aux allocations familiales. De même, il voulait que Drew admette clairement que le contrat des mitrailleuses Bren, que ce dernier avait descendu en flammes en tant que journaliste, s’était soldé par un succès. À son tour, dans une allocution prononcée à Vancouver, Drew qualifia Mackenzie de « méprisable menteur » et de « raté total » comme ministre, selon le Vancouver Sun et le Vancouver Daily Province du 7 juin. Mackenzie désigna la campagne de 1945 comme la « bataille la plus dure de sa carrière » (propos rapportés dans le Vancouver Sun le 12 juin) ; au bout du compte, il survécut à une chaude lutte à trois avec la CCF et les conservateurs. À l’échelle nationale, les libéraux s’assurèrent une faible majorité en remportant 125 sièges sur 245.
La fin de la guerre en Europe, au mois de mai 1945, avait déclenché la mise en place intégrale des programmes gouvernementaux de réadaptation. En juillet, Mackenzie se rendit outre-mer pour rendre visite à des membres des forces armées canadiennes et expliquer les programmes d’avantages sociaux adoptés à leur intention. Woods et des représentants de la Commission du service civil entreprirent une mission séparée dans le but de recruter du personnel pour doter le ministère des Anciens Combattants en plein essor. À la conférence fédérale-provinciale sur la reconstruction au mois d’août, Mackenzie présenta les programmes fédéraux destinés aux anciens combattants, accompagnés d’un régime complet de sécurité sociale, notamment l’assurance-maladie, financés conjointement par les deux ordres de gouvernement. Quand les provinces, à l’instigation du premier ministre Drew, décideraient de ne pas abandonner certaines de leurs prérogatives fiscales, les plans ambitieux d’Ottawa échouèrent. Mackenzie avait néanmoins bon espoir que les finances publiques finiraient pas être réorganisées selon les principes préconisés par la commission Rowell-Sirois et qu’un jour son objectif de mettre en vigueur un programme complet de sécurité sociale se concrétiserait.
Pour l’heure, la principale préoccupation de Mackenzie était l’énorme tâche administrative que représentait le ministère des Anciens Combattants en raison de la démobilisation massive des forces armées (395 013 personnes en 1945 et 381 031 en 1946). Avec son appui, Wilfred Parsons Warner, directeur général des soins médicaux au ministère, révolutionna le programme d’hospitalisation et fit de l’initiative un modèle. Le 6 septembre 1945, le discours du trône promit la consolidation des offres du gouvernement aux anciens combattants sous une appellation globale, la Charte des anciens combattants. Ultérieurement, Mackenzie dut s’occuper des travaux du comité spécial des anciens combattants. Celui-ci, présidé par Walter Adam Tucker*, député de la Saskatchewan, rendit des rapports qui mèneraient à l’adoption du projet de loi sur la réadaptation des anciens combattants, que Mackenzie amena devant la Chambre, avalisant légalement le programme lancé en 1941 par le décret P.C. 7633. Au début de janvier 1946, Mackenzie se plaignit auprès de King que le ministère des Anciens Combattants menait « une bataille continuelle » contre d’autres ministères, parce que le cabinet n’avait pas précisé « que les exigences de la réadaptation des anciens combattants étaient prioritaires en ce moment » ; néanmoins, l’administration de la Charte des anciens combattants se poursuivit à plein régime. Cette année-là, environ 35 000 anciens combattants reçurent une aide qui leur permit de s’inscrire à l’université et des milliers d’autres suivirent une formation professionnelle ; des primes et crédits de réinsertion prévus par la Loi sur les indemnités de service de guerre furent distribués abondamment. De même, on étendit la Charte des anciens combattants en y ajoutant la Loi sur les pensions et les allocations de guerre pour les civils et la Loi sur les prêts commerciaux et professionnels aux anciens combattants. Mackenzie croyait, comme il l’évoquerait devant le Bureau de commerce de Vancouver en décembre, que le Canada avait « connu la démobilisation d’une grande armée la plus harmonieuse » de tous les temps, en dépit d’un manque de logements. Cette pénurie s’était fait sentir de façon particulièrement aiguë à Vancouver, où, le 26 janvier 1946, des membres de la nouvelle section des anciens combattants de la Légion canadienne avaient occupé le vieil hôtel Vancouver, que le ministère de la Défense nationale avait auparavant utilisé pour y installer bureaux et casernes. Mackenzie réussit à convaincre les parties intéressées de s’entendre pour laisser l’hôtel continuer à abriter des anciens combattants et leurs familles jusqu’à la construction de nouvelles habitations.
Le 8 février 1946 marquait le vingt-cinquième anniversaire de la première élection de Mackenzie en tant que « jeune homme fougueux », comme l’indiqua le lendemain le Vancouver Sun, et on célébra l’événement par un dîner animé parrainé par le Club Laurier de Vancouver. L’exubérant homme politique prenait grand plaisir à ce genre de cordialité, tout en pouvant se montrer impulsif, tapageur et jaloux, défauts qui mettaient certaines de ses relations à rude épreuve. Au début de l’année, il avait explosé de colère à l’annonce de la nomination de St-Laurent, ministre de la Justice, et de James Lorimer Ilsley*, ministre des Finances, au Conseil privé impérial, selon la liste des distinctions du Nouvel An du roi George VI. Ses deux collègues comptant moins d’années de service et d’affectations que lui, il y perçut une offense délibérée et présenta sa démission à King. Le premier ministre sut le tranquilliser ; cependant, un autre accrochage suivit en mai, quand Howe accéda lui aussi au Conseil privé. Cette fois, Mackenzie envoya une lettre de démission à King, qui se trouvait à Londres, et compliqua la situation en proposant d’annoncer sa décision lui-même plutôt que de laisser le premier ministre le faire, conformément à la coutume. King calma le jeu de nouveau, attribuant la dernière crise d’agressivité de Mackenzie à son « état de santé actuel et à des problèmes liés à sa vie [personnelle] ».
Lorsque King assista à la première réunion du caucus après son retour, Mackenzie prononça, selon les mots du premier ministre, « un gentil petit discours » sur la compétence d’Ilsley à titre de premier ministre intérimaire. Il félicita même Howe pour sa nomination au Conseil privé impérial. Ces gestes permirent à Mackenzie d’améliorer ses relations avec King, qui craignit d’autres problèmes s’il nommait St-Laurent premier ministre intérimaire pendant qu’il assisterait à la conférence de paix de Paris. Pour aplanir les difficultés, King laissa entendre à Mackenzie qu’il essaierait de le faire nommer conseiller. King consigna ses réflexions dans son journal le 9 juillet : « Après tout, c’est le plus ancien de mes collègues et il a peut-être fait plus que les autres pour élaborer le programme social qui nous a aidés à remporter les élections. Depuis mon retour, il a assurément montré de très bonnes dispositions. Un homme tout à fait différent. L’alcoolisme, quel fléau. » En décembre, à l’occasion d’un remaniement ministériel, King envisagea de nommer Mackenzie secrétaire d’État, mais au cours d’une conversation téléphonique sur cette possibilité, Mackenzie se mit en furie, déclarant qu’il y verrait une rétrogradation. King lui rappela qu’il avait demandé un changement pour des raisons de santé ; Mackenzie insista alors sur le fait qu’il se sentait beaucoup mieux et que les anciens combattants le voulaient comme ministre. King le laissa exercer ses fonctions et annonça que la nomination au Conseil privé impérial que Mackenzie attendait depuis si longtemps figurerait sur la liste des distinctions royales du Nouvel An de 1947. Le jour précédant celui où King annonça la nouvelle, Mackenzie s’était proposé pour présider la Commission mixte internationale ; l’initiative resta lettre morte.
Pendant l’été de 1947, la vie personnelle de Mackenzie changea de cours subitement quand, à l’âge de 57 ans, il se fiança à Helen Mary MacRae, de Winnipeg, âgée de 26 ans (l’annonce de fiançailles plus de dix ans auparavant s’était avérée non fondée). La sœur de celle-ci, Elizabeth Morton, avait épousé John Kennedy Matheson, membre de la Commission canadienne des pensions et ami de longue date de Mackenzie à Vancouver. Quand le premier ministre fit la connaissance de la fiancée une semaine avant le mariage, il lui confia en privé qu’elle « était bien courageuse d’entreprendre de s’occuper de Ian ». Elle répondit que Mackenzie avait promis de cesser de boire. Malgré cela, King avoua dans son journal qu’il anticipait une imminente « tragédie » ; quelques semaines auparavant, il avait exprimé la crainte que son ministre au tempérament versatile « s’effondre d’ici peu ». Les noces eurent lieu le 10 septembre au domicile des Matheson à Ottawa. Les nouveaux mariés s’installèrent dans l’appartement de Mackenzie, aux Mayfair Apartments, résidence bourgeoise sise au 260, rue Metcalfe. King fit cadeau au couple d’un portrait de lui avec son chien, Pat. En janvier 1948, devant les rumeurs selon lesquelles Mackenzie dépensait et buvait abondamment, King avait déjà décidé de muter le ministre à problèmes au Sénat, malgré le risque de perdre un siège dans une situation parlementaire précaire. St-Laurent, successeur choisi par King, dit clairement qu’il ne voulait pas de Mackenzie dans tout cabinet éventuel. Lors d’une entrevue menée sèchement le 14 janvier, King dit à Mackenzie qu’« une nomination à vie au Sénat était véritablement une sorte de récompense pour de longs états de service dans la fonction publique ». Après l’avoir prévenu du danger de souffrir de dépression ou d’une longue maladie, il incita Mackenzie à saisir l’occasion, en particulier en raison de ses devoirs envers sa jeune femme, et l’exhorta à laisser derrière lui « la politique active en Chambre » avec ses « associations et ses tentations ». Mackenzie réfléchit à la proposition pendant 24 heures, s’activa pour satisfaire aux conditions de propriété requises pour accéder au poste (il n’avait aucune propriété en Colombie-Britannique), puis accepta. Le 19 janvier, il démissionna du cabinet et prit place dans la Chambre rouge. À sa dernière réunion au cabinet, il remercia ses collègues de leur considération et déclara partir à regret. King nota toutefois qu’« aucun membre du conseil n’ajouta mot ».
Le 26 avril 1948, Mackenzie, en qualité de sénateur, présenta son dernier projet de loi qui, par coïncidence, le ramena à ses débuts dans la politique canadienne : il portait sur la constitution de la Légion canadienne. Le 2 juillet, son alma mater, la University of Edinburgh, lui décerna un diplôme honorifique et le louangea pour avoir élaboré un programme de formation à l’intention des anciens combattants, « conçu dans le but d’éviter que les milieux professionnels et la classe dirigeante dans toutes les sphères de la vie canadienne perdent une génération entière ». Au début de 1949, Mackenzie reprit la pratique du droit à Vancouver en partenariat avec Albert Gilbert Duncan Crux (Mackenzie avait été nommé conseiller du roi en 1937). Pendant qu’il se trouvait avec sa femme à Banff pour assister à la réunion annuelle de l’Association du barreau canadien, Mackenzie, qui avait des antécédents de problèmes coronariens, subit une crise cardiaque. Il mourut quelques jours plus tard, le 2 septembre, à l’âge de 59 ans. Dans son dernier testament, rédigé à Ottawa le 28 septembre 1947, il avait demandé « un service [funèbre] très simple […] célébré en partie en gaélique ». King nota dans son journal que Mackenzie aurait souhaité être inhumé dans sa patrie ; après les obsèques tenues le 6 septembre à l’église presbytérienne Central de Vancouver, sa dépouille fut plutôt enterrée à l’Ocean View Burial Park, pendant que le cornemuseur-major des Seaforth Highlanders jouait Lochaber no more. Ultérieurement, son nom (orthographié Ian Alasdair), son âge, et le mois, l’année et le lieu de sa mort seraient gravés sur le monument familial au cimetière de Stoer, en Écosse. Mackenzie laissa à sa femme une succession évaluée à 56 581,40 $ et des dettes de 2 667,59 $, à condition qu’elle donne certains de ses livres à sa sœur cadette à lui. Il ne désigna pas de liquidateur, mais Helen Mary reçut les lettres d’homologation. En décembre, elle déposa une collection des documents de son mari aux Archives publiques du Canada. De plus, elle donna à King une paire de boutons de manchettes en or qui avaient appartenu à Mackenzie, et qui portaient ses initiales et ses armoiries.
Mackenzie était un homme ambitieux et énergique qui, malgré des débuts modestes, mena une grande carrière dans un nouveau pays. Extraverti et galant, ce conteur-né « aimait le son des mots, la musique du langage ». Écossais des Highlands fier et sentimental, « il adorait, en compagnie d’amis, passer au gaélique et captiver ses auditeurs par des passages vibrants tirés de la littérature de son pays natal bien-aimé, jamais oublié » (selon le Vancouver Daily Province du 2 septembre 1949). En 1937, à l’occasion d’une réunion libérale dans la circonscription de Cape Breton North and Victoria, il avait rappelé que nombre des premiers colons de l’endroit provenaient de son propre comté de Sutherland, certains même de sa paroisse d’Assynt, et livré les cinq dernières minutes de son discours en gaélique, langue comprise par plus de la moitié de l’auditoire.
Dans la vie publique, Mackenzie avait des opinions tranchées, qu’il exprimait toujours vigoureusement. Doué pour le style oratoire électoral en vogue durant les années 1930 et 1940, il se révéla un partisan opiniâtre d’une économie de marché réglementée et réformée, et d’un État-providence. Il croyait fermement en l’importance des relations avec la Grande-Bretagne et défendait avec ferveur l’autonomie du Canada. Il conjuguait toutes ces convictions à une vision progressiste du rôle de l’État dans des conditions modernes et vantait le Parti libéral qu’il décrivait comme « le grand parti centriste, qui traçait une voie directe et constante entre les extrêmes de la réaction et de la révolution ».
Par ailleurs, Mackenzie entretenait des idées nettement ethnocentriques. Même s’il était lui-même un immigrant, il croyait au « devoir de préserver le caractère homogène de la population canadienne », comme il l’avait expliqué à un rassemblement de dirigeants presbytériens en octobre 1947. Selon lui, on ne devait pas permettre à des immigrants « de diverses races et nationalités » de « dominer notre culture natale ». Il n’est pas étonnant qu’on se souvienne de lui surtout pour sa politique sévère à l’égard des Canado-Japonais : son entêtement à ne vouloir « aucun Japonais des Rocheuses à l’océan » encouragea des gestes qui outrepassaient de beaucoup les exigences de la guerre, et sa politique reçut un accueil largement favorable en Colombie-Britannique à l’époque. Dans le cas des Canado-Japonais, Mackenzie prôna à la fois l’exclusion et l’expulsion. Ironiquement, en mai 1947, on lui demanda de présenter à la Chambre des communes une résolution sur la création d’un comité mixte avec le Sénat qui se pencherait sur « la question des droits de la personne et des libertés fondamentales » au Canada dans le contexte de la Charte des Nations unies et des travaux de la commission des droits de l’homme mise sur pied par cette organisation.
Selon un article bienveillant du Western Business and Industry paru le même mois, les faiblesses de Ian Alistair Mackenzie avaient été exagérées et ses vertus minimisées. Réputé pour sa joie de vivre et ses « goûts passionnés », il était aussi connu pour sa « conscience morale et [son] bilan d’honnêteté dans la fonction publique ». Son penchant pour l’alcool et son mode de vie débridé nuisirent incontestablement à sa carrière et à sa santé, mais ses réalisations méritent de rester dans les mémoires au même titre que ses erreurs et ses échecs. Sa réussite la plus remarquable demeure la Charte des anciens combattants, qui facilita une transition relativement sans heurt aux conditions du temps de paix après la Deuxième Guerre mondiale. Le contraste avec la démobilisation accompagnée de désordres et de perturbations après la Grande Guerre était frappant. Même si le projet d’assurance-maladie qu’il préconisa resta lettre morte, ses initiatives occupent une place prépondérante dans l’histoire des débuts des soins de santé au Canada, programme qu’il ne put voir de son vivant. King décrivit assez précisément cette personnalité complexe dans les réflexions qu’il nota après avoir appris la mort de Mackenzie : « J’ai passé presque toute la matinée à écrire un hommage à sa mémoire, – en essayant d’être sincère, en passant sous silence, comme on le fait pour ceux qui nous ont quittés, tout ce que je savais et percevais sur ses torts envers lui-même et les autres, et en étant aussi honnêtement élogieux que je le pouvais. »
Bibliothèque et Arch. Canada (Ottawa) conserve, dans le Ian Mackenzie fonds (R4742-0-1), des renseignements sur les jeunes années de Ian Alistair Mackenzie et de l’information détaillée sur sa carrière de 1930 jusqu’à sa mort. On y trouve également la correspondance et le journal personnel de William Lyon Mackenzie King (R10383-0-6), qui contiennent une abondance d’échanges entre les deux hommes, en plus des commentaires du premier ministre et d’autres personnes sur Mackenzie ; le journal personnel de King est accessible à : www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/politique-gouvernement/premier-ministres/william-lyon-mackenzie-king/Pages/journal-mackenzie-king.aspx (consulté le 29 mai 2018). Les papiers de quelques-uns des contemporains de Mackenzie donnent un aperçu de sa carrière, d’abord à titre de membre de l’Assemblée législative provinciale, puis de représentant provincial au cabinet fédéral : les papiers de son secrétaire de longue date se trouvent aux British Columbia Arch. (Victoria), Charles Norman Senior fonds (PR-0211) ; la Univ. of B.C. Library, Rare Books and Special Coll. (Vancouver), possède ceux de deux éminents libéraux, les frères Wendell Burpee Farris (RBSC-ARC-1186) et John Wallace de Beque Farris (RBSC-ARC-1185 et RBSC-ARC-1760, files 1-01 et 1-02). L’Assemblée législative de Colombie-Britannique n’ayant pas publié de compte rendu de ses débats durant les années d’engagement politique de Mackenzie, les principaux journaux métropolitains de la province constituent une source de documentation infiniment précieuse sur ses activités de député provincial. Le Vancouver Daily Province et le Daily Colonist de Victoria, journaux conservateurs, ainsi que le Victoria Daily Times et le Vancouver Sun, journaux libéraux, mettent en contexte et commentent son travail à titre de député fédéral.
Mackenzie n’a fait l’objet d’aucune biographie exhaustive, mais on le mentionne dans des biographies et mémoires publiés de ses contemporains, notamment dans R. MacG. Dawson et H. B. Neatby, William Lyon Mackenzie King : a political biography (3 vol., Toronto, 1958–1976), 3. Mackenzie est évoqué incidemment dans : J. T. Saywell, “Just call me Mitch” : the life of Mitchell F. Hepburn (Toronto, 1991) ; J. W. Pickersgill, My years with Louis St. Laurent : a political memoir (Toronto et Buffalo, N.Y., 1975) ; P. [J. J.] Martin, A very public life (2 vol., Ottawa, 1983–1985), 1 (Far from home, 1983) ; et A party politician : the memoirs of Chubby Power, Norman Ward, édit. (Toronto, 1966).
Des articles et ouvrages font référence à plusieurs incidents et thèmes primordiaux dans la vie professionnelle de Mackenzie. Sur le scandale des mitrailleuses Bren, il faut lire deux textes qui font autorité : David MacKenzie, « The Bren gun scandal and the Maclean Publishing Company’s investigation of Canadian defence contracts, 1938–1940 », Rev. d’études canadiennes (Peterborough, Ontario), 26 (1991), no 3 : 140–162, et Arthur Irwin : a biography (Toronto et Buffalo, 1993). Ann Gomer Sunahara, The politics of racism : the uprooting of Japanese Canadians during the Second World War (Toronto, 1981), traite de façon très critique le rôle de Mackenzie dans les décisions relatives aux Canado-Japonais pendant la guerre. P. E. Roy, The triumph of citizenship : the Japanese and Chinese in Canada, 1941–67 (Vancouver et Toronto, 2007), place son implication dans un contexte plus large. Peter Neary, On to Civvy Street : Canada’s rehabilitation program for veterans of the Second World War (Montréal et Kingston, Ontario, 2011), donne un compte rendu du travail de Mackenzie dans la création de la Charte des anciens combattants. A. F. Cross, « Criticism has veiled a brilliant Scot », Western Business and Industry (Vancouver), 21, no 5 (mai 1947) : 65–69, offre une évaluation intéressante de la personnalité de Mackenzie. Parmi d’autres sources relatant les efforts que Mackenzie a déployés pour l’assurance-maladie figurent : Making medicare : new perspectives on the history of medicare in Canada, G. P. Marchildon, édit. (Toronto et Buffalo, 2012) ; C. D. Naylor, Private practice, public payment : Canadian medicine and the politics of health insurance, 1911–1966 (Montréal et Kingston, 1986) ; et M. G. Taylor, Health insurance and Canadian public policy : the seven decisions that created the Canadian health insurance system (Montréal et Kingston, 1978).
Patricia E. Roy et Peter Neary, « MACKENZIE, IAN ALISTAIR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 17, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mackenzie_ian_alistair_17F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/mackenzie_ian_alistair_17F.html |
Auteur de l'article: | Patricia E. Roy et Peter Neary |
Titre de l'article: | MACKENZIE, IAN ALISTAIR |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 17 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2019 |
Année de la révision: | 2019 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |