LEFEBVRE DUPLESSIS FABER (Fabert), FRANÇOIS, seigneur, officier dans les troupes de la Marine, né le 9 novembre 1689 à Champlain, près de Trois-Rivières, fils aîné de François Lefebvre Duplessis Faber et de Madeleine Chorel de Saint-Romain, dit d’Orvilliers, décédé à Rochefort, France le 20 juillet 1762.
Comme les premières années de la carrière de François furent déterminées en partie par les activités de son père, ce dernier mérite quelque attention. C’est possiblement grâce à son père, Pierre Lefebvre Duplessis Faber, maître d’hôtel du roi, que François, père, accéda rapidement au poste de capitaine dans le régiment de Saint-Vallier, à l’âge de 24 ans. En 1687, alors qu’il était âgé de 40 ans, François, père, partit pour le Canada afin d’y assumer le commandement d’une compagnie des troupes de la Marine. Il épousa Madeleine Chorel de Saint-Romain le 7 janvier 1689 à Champlain, où il vécut pendant les sept ou huit années qui suivirent. En juillet 1689, il blessa le capitaine Raymond Blaise* Des Bergères de Rigauville au cours d’un combat à l’épée et dut lui payer un dédommagement de 600#. Durant les 20 années qui suivirent, il posa successivement sa candidature aux postes de gouverneur d’Acadie et de Plaisance (Placentia, T.-N.), de commandant des troupes, de lieutenant de roi à Trois-Rivières, de commandant de Chambly et d’inspecteur des routes. Le 5 mai 1700, le ministre de la Marine, Pontchartrain, écrivit à l’intendant Champigny [Bochart*] : « Le sr Duplessis [...] m’estant recommandé par des personnes que je considère, vous me ferez plaisir de luy rendre service dans les occasions que vous en aurez. » Cependant, François, père, était tenu à l’écart de l’état-major à cause de son penchant pour le vin. En compensation, toutefois, son fils fut nommé enseigne à l’âge de 11 ans. François, père, mourut le 12 avril 1712 ; en juin, on lui décerna la croix de Saint-Louis, qu’il demandait depuis 1700.
Le 31 décembre 1713, son fils François épousa à Montréal Catherine-Geneviève, fille de Jean-François-Xavier Pelletier. Au cours de la même année, il avait reçu une expectative de lieutenant, grade qu’il obtint en 1714. Quoique intéressé à servir en Louisiane en 1717, François demeura à Montréal, où, en 1722, il devint aide-major de la ville, poste qui lui apportait un statut mais aucun salaire. C’est à la même époque qu’il vendit l’île Ronde, près de Sorel, et trois îles du Saint-Laurent qui lui avaient été concédées par Étienne Volant* de Radisson, beau-frère de sa femme et agent de la Compagnie des Indes à Montréal. Sa nomination comme capitaine en avril 1727 – il était alors commandant à Baie-des-Puants (Green Bay, Wisc.) – lui fut accordée grâce à la recommandation de Mme de Vaudreuil [Joybert*].
En 1732, François demanda de nouveau à être muté en Louisiane, cette fois comme major des troupes. Sa requête ayant été rejetée, il demanda la croix de Saint-Louis, qu’on lui refusa également. En 1739, il fut nommé commandant du fort Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.), mais son intérêt pour le commerce et les affaires ainsi qu’une âpre dispute avec le garde-magasin, Médard-Gabriel Vallette de Chévigny, occasionnèrent son rappel en 1741. Il n’était cependant pas en totale disgrâce, puisqu’en avril 1742, il reçut la croix de Saint-Louis. En 1744, le roi le suspendit pour trois mois pour avoir refusé d’arrêter Timothy Sullivan, dit Timothée Silvain, mais il ne fut pas longtemps destitué. En 1745, il accéda au poste de commandant de Niagara (près de Youngstown, N.Y.) en remplacement de Pierre-Joseph Céloron de Blainville. On faisait appel à ses talents pour maintenir la douteuse loyauté des Tsonnontouans.
Duplessis ne demeura pas longtemps à Niagara ; en 1747, la maladie l’obligea à être relevé de ses fonctions. Il fut remplacé par Claude-Pierre Pécaudy* de Contrecœur. Deux ans plus tard, Duplessis fut nommé commandant de Michillimakinac, et, le 17 mars 1756, il accéda au poste de major de Montréal. En août 1758, au fort Frontenac (Kingston, Ont.), Pierre-Jacques Payen* de Noyan, prévoyant une attaque du lieutenant-colonel John Bradstreet* avec 3 000 hommes, demanda de l’aide ; Pierre de Rigaud* de Vaudreuil lui envoya Duplessis à la tête de 1 500 miliciens. Mais les préparatifs à Lachine prirent tant de temps que la nouvelle de la perte du fort arriva peu après le départ de la troupe de Duplessis. Par la suite, ce dernier visita les Indiens de la région du fort Frontenac et revint à Montréal. Après la chute du Canada, Duplessis retourna en France avec une pension de 300# ; il mourut à Rochefort le 20 juillet 1762.
De son union à Catherine-Geneviève Pelletier naquirent 12 enfants dont 6 parvinrent à la maturité. Un de ses fils, François-Hippolyte, servit dans les troupes de la Marine et prit sa retraite comme capitaine réformé en 1760, tandis qu’un autre, Joseph-Alphonse, fut officier au Canada, à l’île Royale (île du Cap-Breton) et à Rochefort ; il prit sa retraite en 1764 avec le rang de lieutenant.
II est très difficile d’évaluer la carrière de Duplessis Faber, car c’est grâce à ses contacts à la cour qu’il gravit les échelons de la hiérarchie militaire, mais il semble qu’il se soit montré compétent et consciencieux pendant son service comme aide-major de Montréal et comme commandant de Niagara.
AJTR, Registre d’état civil, Immaculée-Conception de Trois-Rivières, 11 nov. 1689.— AN, Col., B, 22, ff.122v., 124v. ; 27, ff.89v., 270 ; 29, f.373v. ; 33, f.140v. ; 34, f.34v. ; Col., C11A. 17, ff.335–338 ; 18, f.69 ; Col., D2C, 47, f.3v. ; 222/2, p. 167 (copies aux APC).—ANQ-M, Greffe d’Antoine Adhémar, 30 déc. 1713 ; Greffe de Guillaume Barette, 28 avril 1726 ; Greffe de Jacques David, 17 mars 1725 ; Greffe de Michel Lepailleur, 29 janv. 1722 ; Greffe de J.-C. Raimbault, 30, 31 août, 3 sept. 1727.— Royal Fort Frontenac (Preston et Lamontagne).— Fauteux, Les chevaliers de Saint-Louis, 138.— Le Jeune, Dictionnaire, I : 557 (Le Jeune confond les deux François Lefebvre Duplessis Faber et fait erreur quant à la date de nomination de François (fils) au poste de commandant du fort Saint-Frédéric [c. j. r.]).— P.-G. Roy, lnv. ord. int., I : 275 ; II : 241 ; Les officiers d’état-major, 80–85.— Tanguay, Dictionnaire, I :367 ; III : 544 (au tome III de son ouvrage, Tanguay fait naître erronément François (père) en 1637 au lieu de 1647 [c. j. r.]).— P.-G. Roy, Hommes et choses du fort Saint-Frédéric, 49–57, 168–170 ; La famille Lefebvre Duplessis Faber (Lévis, 1937).— Stanley, New France, 184, 186.— P.-G. Roy, Les commandants du fort Niagara, BRH, LIV (1948) : 168–170.
C. J. Russ, « LEFEBVRE DUPLESSIS FABER (Fabert), FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lefebvre_duplessis_faber_francois_3F.html.
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Auteur de l'article: | C. J. Russ |
Titre de l'article: | LEFEBVRE DUPLESSIS FABER (Fabert), FRANÇOIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 16 nov. 2024 |