LA RICHARDIE, ARMAND DE (on trouve aussi Richardie), prêtre, jésuite, missionnaire, né le 4 janvier 1686 à Périgueux, France, décédé à Québec, le 17 mars 1758.
Armand de La Richardie entra dans la Compagnie de Jésus à Bordeaux, le 4 octobre 1703. Il fit ses études à différents endroits en France et enseigna à La Rochelle, à Luçon et à Saintes, puis, à la suite de son ordination en 1719, il occupa le poste d’instructeur à Angoulême jusqu’à son départ pour le Canada six ans plus tard.
Après son arrivée dans la colonie en 1725, il séjourna quelque temps à la mission de Lorette, près de Québec, se consacrant à l’étude de la langue huronne puis, en 1728, il se rendit à Détroit afin d’y établir chez les Hurons la mission Notre-Dame-de-l’Assomption. Le gouverneur, Charles de Beauharnois, jugeait La Richardie apte à diriger la mission mais ses premiers efforts apostoliques furent plutôt décevants.
En 1702–1703, malgré l’opposition du père Étienne de Carheil*, les Hurons avaient répondu à l’invitation de Cadillac [Laumet*] de quitter la mission jésuite du détroit de Mackinac pour s’établir à Détroit. À cet endroit, pendant un quart de siècle, le ministère spirituel avait été assuré, si tant est qu’il le fût, par l’aumônier du fort voisin, le récollet Constantin Delhalle*, et ceux qui lui succédèrent. Les Indiens s’étaient progressivement éloignés du christianisme. Toutefois avec le temps, le zèle patient de La Richardie porta ses fruits. Hoosiens, un des chefs, se convertit au christianisme et les siens suivirent son exemple, si bien qu’en 1735 on comptait 600 néophytes.
La vie spirituelle de la mission marqua un recul quand les Hurons encoururent la colère des Outaouais, des Potéouatamis et des Sauteux de Détroit en avertissant leurs ennemis, les Têtes-Plates, de l’imminence d’une attaque. Craignant des représailles, un grand nombre des ouailles de La Richardie demeurèrent dans leurs territoires de chasse d’hiver, près de Sandoské (Sandusky), sur la rive sud-ouest du lac Érié, et ne firent que de rares visites à Détroit. Ils supplièrent Beauharnois de les déménager près de Montréal, mais La Richardie s’éleva contre le projet, en partie parce qu’il craignait qu’on les confie aux sulpiciens de la mission du lac des Deux-Montagnes. Dans une tentative pour regrouper ses brebis, il déplaça la mission en 1742 pour l’installer à l’île aux Bois-Blancs située à environ 20 milles en aval de Détroit, à l’embouchure de la rivière Détroit. Tous acceptèrent le changement à l’exception d’une faction qui avait à sa tête Orontony.
Épuisé par la vie qu’il menait, le jésuite se résigna à demander un allègement de son fardeau. À l’été de 1743, Nicolas Degonnor vint le relever mais ce dernier fut forcé par la maladie de retourner à Québec l’année suivante. En septembre 1744, Pierre Potier* arriva pour assister le fondateur de la mission. Ce fut à point nommé car, au printemps de 1746, La Richardie fut victime d’une attaque et à la fin de juillet il dut retourner au Canada pour refaire ses forces.
Sa retraite fut de courte durée. Au mois de mai suivant, des Hurons dissidents et d’autres Indiens de Sandoské, qu’on a dit influencés par les Anglais, saccagèrent la mission. Les Hurons chrétiens réclamèrent le retour du missionnaire qu’ils avaient appris à aimer et à vénérer comme un père ; en octobre, La Richardie revenait à Détroit. Le gouvernement lui octroya une subvention de 5 000# qui lui permit de réinstaller la mission à La Pointe de Montréal (qui fait aujourd’hui partie de la ville de Windsor, Ont.), en 1748. Après avoir reconstruit la mission et déployé de grands efforts pour ramener dans la bergerie ce qui restait du troupeau dispersé autour de Sandoské, La Richardie regagna Québec à l’été de 1751.
Durant sa retraite, on le nomma vice-supérieur du collège des jésuites (1755) puis directeur spirituel et confesseur au monastère de l’Hôtel-Dieu (1756), fonction qu’il occupa également au collège jusqu’à sa mort qui survint en 1758.
ARSI, Gallia 110/II, ff.348–349.— ASJCF, mss Potier, La gazette du père Potier.— DPL, Burton hist. coll., Potier papers, Livre de compte de la mission des Hurons du Détroit, 1733–1791.— JR (Thwaites), LXVIII ; LXIX.— Cadillac papers, Michigan Pioneer Coll., XXXIV : (1904) 49–51, 63.— Windsor border region (Lajeunesse).— Casgrain, Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, 574.— George Paré, The Catholic Church in Detroit, 1701–1888 (Détroit, 1951).— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIIe siècle, II : 36, 56.— W. E. Shiels, The Jesuits in Ohio in the eighteenth century, Mid-America (Chicago), XVIII (1936 ; nouv. sér., VII) : 27–47.
E. J. Lajeunesse, « LA RICHARDIE (Richardie), ARMAND DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/la_richardie_armand_de_3F.html.
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Auteur de l'article: | E. J. Lajeunesse |
Titre de l'article: | LA RICHARDIE (Richardie), ARMAND DE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 17 déc. 2024 |