KAKOUENTHIONY (Cachointioni, Caghswoughtiooni, Casswettune, Kaghswoughtioony, Kaghswughtioni, Red Head), membre important du conseil des Onontagués, orateur, décédé vers juin 1756 dans l’enceinte fortifiée des Onontagués (près de Syracuse, N.Y.). Son fils, Ononwarogo, était généralement désigné par les Anglais sous le nom de Red Head le jeune mais peu à peu, après la mort de Kakouenthiony, on en vint à le nommer simplement Red Head.
Le nom de Kakouenthiony est mentionné pour la première fois dans les documents historiques en 1748, à l’occasion de la conférence des Iroquois avec le gouverneur La Galissonière [Barrin] tenue à Montréal, et au cours de laquelle il prit la parole. Au nom de la confédération, il repoussa les allégations des Anglais suivant lesquelles les Six-Nations auraient été sujettes de la couronne britannique, Il aurait déclaré que les Iroquois « n’avaient cédé à personne le territoire qu’ils tenaient du ciel uniquement ».
En juillet 1751, Kakouenthiony et bon nombre d’autres chefs onontagués participèrent à une conférence avec le gouverneur, La Jonquière [Taffanel]. Se déclarant les représentants du Conseil des Six-Nations, ils comptaient apparemment vendre aux Français le portage du lac Oneida (N.Y.). Des Onneiouts nièrent toutefois la prétention des membres de la délégation qu’ils étaient les mandataires des Six-Nations. Cette vente aurait porté un rude coup aux Anglais, étant donné que les terres en question se trouvaient sur la route reliant Albany à Oswego, le seul poste anglais sur les Grands Lacs. La question suscita de sérieuses dissensions au sein de la confédération et on décida finalement de céder ce territoire par contrat à William Johnson*.
Depuis 1701, date à laquelle Teganissorens* et d’autres dirigeants iroquois avaient conclu un traité avec la Nouvelle-France, la confédération avait adopté une politique officielle de neutralité vis-à-vis les luttes entre Français et Anglais. Au début des années 50, Kakouenthiony semblait vouloir conserver cette attitude, mais les efforts des Iroquois pour demeurer en bons termes avec les deux partis ne réussirent pas à empêcher que ne s’affaiblisse considérablement leur puissance à mesure que la domination des Européens gagnait du terrain. Il se plaignit à Johnson en 1753 en ces termes : « Nous ne savons pas quelles sont vos intentions à vous, chrétiens de France et d’Angleterre, nous sommes si étroitement cernés de part et d’autre que c’est à peine s’il nous reste des endroits pour chasser, et bientôt, s’il nous arrive d’apercevoir un ours dans un arbre, immédiatement surgira un possesseur du terrain qui nous en disputera la propriété et nous empêchera de tuer cet ours, notre moyen de subsistance ; nous sommes tellement hésitants entre vos deux nations que nous ne savons plus que dire ni que penser. »
Il semble que dès les premiers jours de la guerre de Sept Ans en Amérique, Kakouenthiony fut acquis à une politique de coopération avec les Anglais. Au nom de Johnson, devenu surintendant des affaires des Indiens du nord, il prononça un discours, le 21 juin 1755, devant un millier d’Indiens réunis à Mount Johnson (près d’Amsterdam, N.Y.). En février 1756, à l’occasion d’une autre importante conférence, en qualité d’orateur, il fit don à Johnson d’une ceinture de porcelaine de dimensions énormes, « en gage, déclara-t-il, de notre inviolable attachement envers vous et de notre résolution inébranlable de nous joindre à vous dans toutes vos entreprises ». Même si cet engagement ne marquait pas la fin de la politique de neutralité et des sympathies profrançaises parmi les Six-Nations, il laissait présager l’éventualité de la décision de prendre le parti des Anglais au cours de la guerre.
En juin 1756 Kakouenthiony était décédé ; Johnson se joignit aux chefs des Six-Nations pour pleurer sa perte à l’occasion d’une cérémonie funèbre dans l’enceinte fortifiée des Onneiouts (près d’Oneida, N.Y.).
L’identification de Red Head comme étant Sequaresera dans l’index des Johnson papers est une erreur provenant de la mauvaise lecture par l’éditeur d’une lettre de la collection. On trouve le nom de Kaghswoughdioony dans les Johnson papers et il désigne un Agnier qui accompagna l’armée anglaise à Montréal en 1760 ; il s’agit d’un autre personnage sans aucun lien avec celui qui fait l’objet de cette biographie. [a. e.]
Johnson papers (Sullivan et al.), I : 365, 925–927 ; II : 579 ; IX : 80, 82, 110–120, 366–375.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), VI : 812, 964–988 ; VII : 55, 61, 67, 133s. ; X : 232, 234.— W. N. Fenton, The roll call of the Iroquois chiefs ; a study of a mnemonic cane from the Six Nations reserve (Washington, 1950), 56s.
Arthur Einhorn, « KAKOUENTHIONY (Cachointioni, Caghswoughtiooni, Casswettune, Kaghswoughtioony, Kaghswughtioni) (Red Head) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/kakouenthiony_3F.html.
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Auteur de l'article: | Arthur Einhorn |
Titre de l'article: | KAKOUENTHIONY (Cachointioni, Caghswoughtiooni, Casswettune, Kaghswoughtioony, Kaghswughtioni) (Red Head) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |