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JAUTARD, VALENTIN, avocat et journaliste, né en France vers 1738, décédé à Montréal le 8 juin 1787.

Personnage vilipendé de l’histoire du Québec, Valentin Jautard est arrivé en Amérique à une date inconnue. Le 4 juin 1765, il achète à Jean-Baptiste Lagrange les biens de la mission de la Sainte-Famille des Tamarois de Cahokia (East St Louis, Illinois) [V. Jacques-François Forget* Duverger]. Quelque temps plus tard, le grand vicaire de l’évêque de Québec, Sébastien-Louis Meurin, réussit à l’empêcher de revendre les biens à un Anglais. Bien qu’absent, Jautard restera propriétaire jusqu’en novembre 1786, date à laquelle la question de la propriété des biens de la mission, qu’il avait laissés à l’abandon, est soumise à un arbitrage qui lui est défavorable.

Arrivé dans la province de Québec en 1767, Jautard est nommé avocat le 31 décembre 1768. Il devait posséder une bonne instruction et sans doute une personnalité sympathique pour obtenir un tel privilège si tôt après son installation au pays. La Révolution américaine l’enthousiasme si bien qu’il accueille l’armée d’invasion à Montréal en novembre 1775 par une adresse qu’il fait signer par quelques dizaines d’ « habitants de trois faubourgs » : « nos chaînes sont brisées, une heureuse liberté nous rend à nous-mêmes [...] nous acceptons l’union ainsy que nous l’avons acceptée dans nos cœurs dès le moment que l’adresse du 26e Octobre 1774 nous est parvenue [lettre du premier Congrès continental adressée aux habitants de la province de Québec] ». Le général de brigade David Wooster, commandant à Montréal et l’officier américain de plus haut rang depuis la mort de Richard Montgomery, nomme Jautard notaire au début de 1776, mais celui-ci ne semble pas avoir exercé, d’autant plus que les Américains quittent la ville en juin.

C’est vers cette époque que Jautard rencontre son compatriote imprimeur, Fleury Mesplet, arrivé en mai à Montréal. Lorsque ce dernier, en juin 1778, entreprend de publier la Gazette du commerce et littéraire, pour la ville et district de Montréal, il fait appel aux talents et à l’instruction de Jautard pour rédiger sa feuille. Au printemps de 1779, Jautard se permet de critiquer dans le journal, dont le nom est devenu la Gazette littéraire pour la ville et district de Montréal, certaines décisions du juge René-Ovide Hertel de Rouville qui le concernaient en tant qu’avocat. Les juges Hertel de Rouville et Edward Southouse lui interdisent l’accès de la cour. Jautard et Mesplet s’y présentent quand même le 27 mai pour braver les juges et peut-être les forcer à commettre quelque impair. C’est du moins ce qu’écrit Hertel de Rouville au gouverneur Haldimand le jour même, lui demandant d’intervenir. Leur attitude pro-américaine n’ayant certes pas contribué à leur attirer les faveurs de l’administration, les deux amis sont arrêtés le 2 juin. Le journal cesse aussitôt de paraître. Jautard et Mesplet ne retrouveront leur liberté qu’en septembre 1782.

Le 23 août 1783, Jautard passe un contrat de mariage à Montréal avec Thérèse Bouat, veuve de Louis-Jean Poulin* de Courval puis de Jean-Baptiste de Gannes de Falaise, entrant ainsi dans une vieille famille canadienne tout en touchant des espèces sonnantes. Jautard peut penser que sa femme, âgée de 72 ans, le laissera bien doté, lui qui n’en compte que 45. Le contrat stipule que le mariage aura lieu « en face de l’église le plustôt que faire se pourra ». Un plaisantin s’empresse d’annoncer dans la Gazette de Québec que le mariage a été célébré dans l’église des récollets « sur les dix heures du soir », et, parlant de la mariée, vante « les graces et les attraits du jeune âge, qui semblent toujours refleurir en elle [...] persuadée par un homme aussi bon rhétoricien que galant ».

En août 1785, Fleury Mesplet commence la publication de la Gazette de Montréal/The Montreal Gazette dont Jautard assure la traduction en anglais. De plus, le 13 octobre, « l’ancien avocat ès Cour » Jautard avertit les lecteurs qu’il réside désormais chez Fleury Mesplet et offre ses services « pour Conseil, Mémoire, etc. ainsi que pour traduire de l’Anglais en Français ». Moins de deux ans plus tard, Valentin Jautard meurt. Sa veuve lui survit jusqu’en 1801, léguant ses biens à l’Hôpital Général, où elle s’était retirée.

Les historiens ont jugé sévèrement Valentin Jautard, non pas tant pour son enthousiasme envers les Américains que pour son « voltairianisme », affiché dans la Gazette littéraire. « Le Spectateur tranquille » – c’est son pseudonyme – aime certes Voltaire et ne s’en cache pas. Mais il donne autant de place aux écrits antivoltairiens qu’aux textes voltairiens ou de Voltaire lui-même dans ce premier journal. Ce que les érudits et les historiens n’ont pas suffisamment retenu, c’est que notre « premier critique littéraire » a surtout été l’animateur de l’intelligentsia montréalaise, l’homme des Lumières qui mène le combat de la philosophie dans l’officine de Fleury Mesplet. C’est dans ce contexte que se place la naissance de l’Académie de Montréal, qui ne peut malheureusement obtenir les statuts qu’elle a demandés au gouverneur Haldimand le 30 décembre 1778, parce qu’elle s’est attiré l’opposition du supérieur des sulpiciens, Étienne Montgolfier. Citoyens éclairés luttant contre l’obscurantisme, contre la présence un peu lourde des sulpiciens qui prétendent détenir le gouvernement de l’intelligence à Montréal, ces intellectuels forment un groupe qui ressemble à ceux que l’on trouve dans les petites villes de province françaises. Lorsque la guerre américaine, qui avait privé le groupe de ses deux meilleurs hommes, est terminée, le cercle se reforme autour de Jautard et de Mesplet, cette fois par le truchement de la Gazette de Montréal.

Valentin Jautard était, comme l’a écrit l’historien Séraphin Marion, une fine mouche, un habile polémiste qui, loin d’avoir l’âme d’un valet ou d’un arriviste, fut un combattant d’avant-garde, dont le courage et l’indépendance d’esprit ne font aucun doute. Il est regrettable que de nombreux aspects de sa vie demeurent inconnus, entre autres ses origines et son éducation, ainsi qu’une partie notable de son activité à Montréal.

Claude Galarneau

ANQ-M, Greffe de Louis Chaboillez, 18 mai 1799 ; Greffe de François Leguay, 23 août 1783 ; Greffe de P.-F. Mézière, 12 août 1783.— Cahokia records, 1778–1790, C. W. Alvord, édit. (Springfield, Ill., 1907).— Fabre, dit Laterrière, Mémoires (A. Garneau), 117s.— Old Cahokia : a narrative and documents illustrating the first century of its history, J. F. McDermott, édit. (St Louis, Mo., 1949), 24s., 83s.— La Gazette de Montréal, 25 août 1785 janv. 1794.— La Gazette de Québec, 25 sept. 1783.— La Gazette littéraire pour la ville et district de Montréal, 3 juin 1778–2 juin 1779.— Jules Léger, Le Canada français et son expression littéraire (Paris, 1938).— Séraphin Marion, Les lettres canadiennes d’autrefois (9 vol., Hull, Québec, et Ottawa, 1939–1958), IL-Camille Roy, Nos origines littéraires (Québec, 1909), 65–69.— J.-E. Roy, Hist. du notariat, II : 58s.— Robert Rumilly, Histoire de Montréal (5 vol., Montréal, 19701974), II : 57, 70–72, 82. Marcel Trudel, L’influence de Voltaire au Canada (2 vol., Montréal, 1945), I : 94110. Raymond Douville, La maison de Gannes, Cahiers des Dix, 21 (1956) : 119. R. W. McLachlan, Fleury Mesplet, the first printer at Montreal, SRC Mémoires, 2e sér., XII (1906), sect. ii : 197309. É.-Z. Massicotte, La famille Bouat (deuxième génération), BRH, XXX (1924) : 3945 ; L’ultime aventure du journaliste Jautard, BRH, XLVII (1941) : 328330.

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Claude Galarneau, « JAUTARD, VALENTIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jautard_valentin_4F.html.

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Auteur de l'article:    Claude Galarneau
Titre de l'article:    JAUTARD, VALENTIN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    19 mars 2024