HAY, CHARLES, marchand, circa 1770–1783.

Marchand d’origine écossaise, Charles Hay semble s’être installé à Québec quelques années après la signature du traité de Paris puisque son nom n’apparaît pas sur la liste des maîtres de maison protestants du district de Québec, rédigée le 26 octobre 1764. Le premier document que nous avons retrouvé faisant état des activités de Hay est une obligation, datée du 9 février 1770, que Pierre Dextreme, dit Comtois, aubergiste, lui a signée en retour de la fourniture de rhum, d’eau-de-vie, de vin et d’autres boissons. Hay y est désigné alors comme maître tonnelier. Il s’adonnait à un commerce florissant : il importait du rhum et du vin et exportait du bois et, surtout, des douves de tonneaux. Même si l’historien Alfred Leroy Burt le présente comme un Écossais éminent de Québec, ce marchand a laissé peu de traces de ses activités commerciales. Si Charles Hay fut un marchand important, il est surprenant que son nom n’apparaisse pas sur les pétitions signées par les marchands anglais pour l’abrogation de l’Acte de Québec et pour l’obtention d’une chambre d’Assemblée.

Lors de la Révolution américaine, les nombreux contacts commerciaux qu’il semble avoir eus avec les colonies américaines attirèrent sur Charles Hay les soupçons des autorités coloniales ; ces soupçons s’amplifièrent par la suite. En effet, lors du siège de Québec par les Américains en 1775–1776, Charles et son frère Udney passèrent tout le temps du siège hors de la ville. Après la défaite de Richard Montgomery, Charles revint à Québec tandis qu’Udney se joignit à l’armée américaine à titre de colonel et remplit les fonctions de quartier-maître à Albany, New York.

Après le retrait des troupes américaines, en 1776, les autorités de la colonie adoptèrent des mesures très sévères contre les agents provocateurs et les traîtres favorables aux Américains. Ces mesures atteignirent un point culminant quelques années plus tard lorsque le gouverneur Haldimand intercepta, en 1780, des lettres qui faisaient état d’un nouveau projet d’invasion. On procéda alors à l’arrestation des principaux suspects parmi lesquels figuraient Pierre Du Calvet, Fleury Mesplet et Charles Hay ; ce dernier fut l’un des rares anglophones arrêtés comme traîtres. Dans une lettre du 21 mars 1780, le général de brigade Allan Maclean affirma que Hay était un rebelle convaincu et qu’il entretenait des rapports très étroits avec l’ennemi.

Internés sans avoir été jugés, les prisonniers furent bien traités. Pierre Fabre*, dit Laterrière, Valentin Jautard, Hay et Mesplet avaient une chambre de 30 pieds carrés, étaient très bien nourris et avaient droit à des visites. Ces internements sans jugement engendrèrent un mouvement de protestation, plus particulièrement dans le cas de Charles Hay. Sa femme Mary se rendit en Angleterre pour défendre les intérêts de son mari. En février 1782, elle présenta un mémoire à Welbore Ellis, secrétaire d’État des Colonies américaines, qui amena, quelques mois plus tard, lord Shelburne, le nouveau ministre de l’Intérieur (responsable aussi des colonies), à demander des explications au gouverneur Haldimand. Malgré toutes ces démarches, Charles Hay dut attendre plus d’un an encore pour recouvrer sa liberté ; il fut libéré en mai 1783 et, par la suite, nous perdons sa trace.

Guy Dinel

Pour cette biographie, nous avons dû dépouiller aux ANQ-Q le répertoire des minutiers des notaires qui ont pratiqué entre 1760 et 1785 à Québec. C’est ainsi que nous avons consulté celui d’Antoine Crespin, père, 1750–1782, et d’Antoine Crespin, fils, 1782–1798, de J.-C. Panet, 1744–1775, et de J.-A. Saillant, 1749–1776. [g. d.]

APC Rapport, 1890, 135.— Doc. relatifs à l’hist. constitutionnelle, 1759–1791 (Shortt et Doughty ; 1921).— A list of Protestant house keepers in the District of Quebec (Octr. 26th, 1764), BRH, XXXVIII (1932) : 753s.— Burt, Old prov. Of Que. (1968), II : 17s.— J. N. McIlwraith, Sir Frederick Haldimand (Londres et Toronto, 1926), 279.

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Guy Dinel, « HAY, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hay_charles_4F.html.

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Auteur de l'article:    Guy Dinel
Titre de l'article:    HAY, CHARLES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    20 nov. 2024