IRVING, PAULUS ÆMILIUS, officier, membre du Conseil de Québec et administrateur colonial, né le 23 septembre 1714 à Dumfriesshire (fait partie aujourd’hui de Dumfries et Galloway), Écosse, fils de William Irving, laird de Bonshaw ; il épousa Judith, fille du capitaine William Westfield, de Douvres ; décédé en Angleterre le 22 avril 1796.

À l’exception de quelques mois de l’année 1766, la vie de Paulus Æmilius Irving suivit le cours normal de celle des officiers britanniques en service au Canada pendant le xviiie siècle. Capitaine dans le 15e d’infanterie en 1753, et major en 1758, Irving s’embarqua avec son régiment au début de 1759 pour rallier l’expédition du général Wolfe* contre Québec. Blessé légèrement au cours d’un engagement le 8 août, Irving n’en était pas moins prêt à passer à l’action au moment de la bataille des plaines d’Abraham, en septembre. Son rôle, à cette occasion, fut de peu d’importance car son régiment, posté à l’extrême gauche de la ligne, vers l’arrière, fut détaché au tout début de la bataille afin d’assurer la protection de la côte Sainte-Geneviève, où aucune action ne se déroula.

En octobre 1759, le général de brigade James Murray nomma Irving quartier-maître général, en remplacement du colonel Guy Carleton* qui se remettait de ses blessures. Irving s’acquitta efficacement, semble-t-il, de ses responsabilités pendant le Régime militaire à Québec, aussi bien comme quartier-maître général que comme membre du Conseil militaire. Promu lieutenant-colonel en janvier 1762, il était tout désigné pour être l’un des membres du conseil que Murray fut autorisé à former lors de l’établissement du gouvernement civil, en août 1764. Il reçut une commission de lieutenant-gouverneur du district de Montréal deux semaines seulement après avoir assumé ses fonctions de conseiller, mais le gouvernement britannique doutait que de semblables fonctionnaires fussent nécessaires dans chacune des trois subdivisions de la colonie. et la justification passionnée de la nomination d’Irving, présentée par Murray. ne convainquit pas les autorités. L’agitation que l’on remarqua à Montréal pendant les deux années suivantes fut attribuée à la fois à l’absence d’un lieutenant-gouverneur et à la querelle entre le général de brigade Ralph Burton*, commandant des forces militaires de la colonie, et le gouverneur Murray, dont la déception avait été grande de se voir confier seulement le poste de gouverneur civil.

Les événements survenus à Montréal. et en particulier l’attaque contre le marchand Thomas Walker, le 6 décembre 1764. provoquèrent une grande confusion et par suite le rappel en Grande-Bretagne tant de Burton que de Murray. Ayant fait partie du conseil sous le Régime militaire, Irving était considéré comme le doyen au sein de ce nouveau conseil et, à ce titre, il en devint le président le 30 juin 1766, ainsi que l’administrateur de la colonie. Ce rôle allait être le sien jusqu’à l’arrivée de New York, à la fin de septembre. du lieutenant-gouverneur Carleton. Si la plupart des ordonnances et des proclamations de cet été-là n’étaient guère que la publication officielle par le Conseil de Québec de décisions prises antérieurement en Grande-Bretagne, une ordonnance fut néanmoins rendue, le 8 août, qui reflétait le point de vue particulier d’ Irving et de la majorité des membres présents au conseil. George Allsopp* et d’autres marchands s’étaient obstinés à considérer les postes du roi. terres réservées à la couronne, comme ouverts au commerce libre, en dépit d’un monopole accordé par Murray à un certain nombre de commerçants, et avaient élevé des bâtiments près de la ville actuelle de Chicoutimi. Le 8 août, on ordonna d’enlever ces constructions. Face aux protestations soulevées par cet ordre, Carleton convoqua quelques-uns des conseillers – et non pas tous – pour le 9 octobre. Irving, qui était de ceux qui rencontrèrent Carleton, semble n’avoir vu, à ce moment-là, rien d’irrégulier dans cette réunion ; son inquiétude lui vint après coup, quand quatre de ses amis, James Cuthbert, Adam Mabane, François Mounier* et Walter Murray, sollicitèrent et obtinrent son appui en vue de la présentation d’une protestation au lieutenant-gouverneur. En sa qualité de doyen, Irving discuta l’affaire privément avec Carleton. Le rapport d’ Irving sur ce qui fut dit au cours de cette rencontre différait sensiblement de ce que Carleton se rappelait de ses propres paroles. Dans sa correspondance avec le gouvernement de la métropole, le lieutenant-gouverneur évita les questions juridiques qui étaient au centre de l’affaire : la réunion du 9 octobre avait-elle été une séance régulière du conseil ou une simple réunion de comité ? Et le lieutenant-gouverneur avait-il le droit de choisir à sa guise les conseillers qui devaient assister à une réunion régulière du conseil ? Dans la colonie, cependant, l’affaire eut pour résultat de souligner la suprématie du représentant du roi sur les deux factions du conseil, c’est-à-dire d’une part ceux qui appuyaient les marchands britanniques, et, d’autre part, les amis de James Murray, connus sous le nom de French party, dont Irving et Adam Mabane étaient les représentants les plus en vue et les plus influents. En moins de six semaines, ces deux derniers furent renvoyés du conseil, censément pour avoir signé une requête demandant la mise en liberté provisoire de plusieurs personnes accusées de complicité dans l’affaire Walker, deux ans plus tôt. Carleton décida d’interpréter les signatures d’Irving et de Mabane, mais non celles des autres conseillers qui avaient signé la requête, comme une tentative en vue « de troubler la paix et d’interrompre le cours normal de la justice », se disant que le déplacement de deux conseillers servirait de leçon à tous.

Irving et Mabane contestèrent leur renvoi et continuèrent de le faire même après qu’ Irving fut retourné en Angleterre avec son régiment en juillet 1768. Tous deux finirent par regagner la confiance des autorités : en 1771, Irving fut nommé lieutenant-gouverneur de Guernesey, servant de nouveau sous Jeffery Amherst. Sa dernière nomination, honorifique celle-là, fut celle de lieutenant-gouverneur d’Upnor Castle, dans le Kent. Mais les récompenses militaires qu’il reçut du gouvernement britannique pâlissent en comparaison de celles qui furent conférées à son fils Paulus Æmilius, baronnet et général en 1812.

Irving semble avoir été un officier de carrière de grande valeur, aux prises avec une crise politique qui n’était pas de son fait et qu’il n’avait pas les moyens de résoudre ou même de discerner exactement. Il est peut-être significatif que. au plus fort de la querelle, alors que Carleton attribuait les motifs les plus mesquins à ses opposants, le pire qu’il ait pu dire d’Irving fut qu’il avait signé des documents « parce que ses amis le désiraient ».

Elizabeth Arthur

APC, MG 11, [CO 42] Q. 2. pp.32, 206 ; 26, pp.40, 193 ; MG 23, A4 ; GII, 1, sér. 1, 3 ; RG 1, E1, 1–6.— Docs. relating to constitutional history,1759–1791(Shortt et Doughty ; 1918.— Knox, Hist. journal (Doughty).— La Gazette de Québec, 21 juill. 1768.— Burt, Old prov. of Que.— Neatby, Quebec.— A. L. Burt, Sir Guy Carleton and his first council, CHR, IV (1923) : 321–332.

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Elizabeth Arthur, « IRVING, PAULUS ÆMILIUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/irving_paulus_aemilius_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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