HURD, SAMUEL PROUDFOOT, fonctionnaire, homme politique et officier de milice, né le 30 novembre 1793 aux Bermudes, fils de Thomas Hurd et d’Elizabeth Proudfoot ; le 2 février 1815, il épousa Frederica Wynyard (décédée en 1824), et ils eurent deux fils et deux filles, puis le 18 novembre 1837 Anne Mary Pratt, et de ce mariage naquit une fille ; décédé le 10 août 1853 à Toronto.
Le père de Samuel Proudfoot Hurd fut officier dans la marine royale et hydrographe à l’Amirauté de 1808 à 1823. Samuel Proudfoot s’enrôla dans le 1er régiment des Foot Guards comme enseigne en mars 1814, servit lors de la campagne de 1815 contre Napoléon et reçut la médaille de Waterloo. Il fut mis à la demi-solde en 1817 comme capitaine du 60e d’infanterie, puis prit sa retraite au moment où il reçut sa nomination au poste d’arpenteur général du Nouveau-Brunswick, en 1825. À ce titre, Hurd était chargé de déterminer l’emplacement des terres qui devaient être distribuées, d’ordonner les travaux d’arpentage nécessaires et de préparer les plans et la description des lots. Quand le lieutenant-gouverneur, sir Howard Douglas*, demanda des commentaires sur un rapport concernant l’émigration, lequel émanait d’un comité parlementaire britannique, Hurd prépara un mémoire impressionnant, accompagné d’un projet de tracé de hameaux destinés aux immigrants, à l’intention de la New Brunswick Agricultural and Emigrant Society. Son mémoire fut approuvé et envoyé au ministère des Colonies, mais il resta lettre morte.
En 1826, Douglas nomma Hurd au Conseil du Nouveau-Brunswick ; la position de l’arpenteur général fut toutefois affaiblie l’année suivante lorsque le ministère des Colonies adopta une nouvelle politique sur les terres, qui visait à réunir des fonds. Les terres de la couronne devaient être vendues aux enchères, même si quelques-unes pouvaient encore être concédées. Douglas trouva le système impraticable. Pour sa part, Hurd ne prisa guère la nouvelle politique : son application entraînait une diminution de ses honoraires, puisque les demandes croissantes présentées à son bureau nécessitaient du personnel supplémentaire qu’il devait payer à partir de son salaire et de ses propres émoluments. Mais le commissaire des Terres de la couronne, Thomas Baillie*, favorisait cette politique. Celui-ci, qui avait occupé le poste d’arpenteur général avant la nomination de Hurd, signala en 1828 au ministère des Colonies qu’il avait été désavantagé par la négligence de Hurd à donner les autorisations de vente des terres et par son retard à faire des travaux d’arpentage ; il suggérait donc que les fonctions de commissaire des Terres de la couronne et d’arpenteur général soient de nouveau « assumées par la même personne ». Pour sa part, Hurd présenta à Douglas des propositions visant à améliorer le système de concession des terres, affirmant que la politique en cours ne saurait attirer des capitalistes. Ces plans ne furent pas mis en application. Douglas retourna en Angleterre en mars 1829, et, plus tard dans l’année, les postes d’arpenteur général et de commissaire des Terres de la couronne furent tous deux confiés à Baillie. Hurd fut muté dans le Haut-Canada pour remplacer l’arpenteur général Thomas Ridout* qui venait de mourir.
Hurd devait entrer dans ses nouvelles fonctions le 1er novembre 1829, mais, incapable de régler ses dettes au Nouveau-Brunswick, il y resta deux années de plus. Et là encore, un concours de circonstances (changements dans les dates de départ des navires, difficultés de voyager en hiver et maladie de ses enfants pendant le voyage) l’empêcha d’arriver à York (Toronto) avant le début de mai 1832. Même si le secrétaire d’État aux Colonies, lord Goderich, avait donné ordre au lieutenant-gouverneur sir John Colborne* de destituer Hurd s’il n’était pas arrivé le 1er janvier, Colborne accepta les explications de Hurd et délivra sa commission le 16 mai 1832. Goderich décida de ne pas annuler cette décision.
L’arrivée tardive de Hurd dans le Haut-Canada, son manque de connaissance de la province et de la façon dont on y procédait dans le domaine foncier, l’insatisfaction de certains membres du personnel à l’égard de la nomination d’un étranger, tout cela était de mauvais augure pour sa réussite. L’arpenteur général intérimaire, William Chewett*, qui avait de longues années d’expérience et que Colborne avait recommandé pour succéder à Ridout, prit sa retraite à l’arrivée de Hurd. Ce dernier déclara plus tard qu’il avait été « considéré comme un intrus ».
Par ailleurs, les relations de Hurd avec Colborne ne furent pas aussi paisibles qu’avec Douglas. Peu confiant dans la capacité de Hurd à freiner la spéculation sur les concessions de terre aux loyalistes et aux miliciens, et ébranlé par les plaintes à propos des retards et du « manque de système » au bureau de l’arpenteur général, Colborne pria le Conseil exécutif, en février 1834, d’enquêter sur les mesures, s’il y en avait, qui pourraient être prises pour rendre le service « plus efficace ». En mars, le lieutenant-gouverneur écrivait au ministère des Colonies que la nomination de Hurd avait été « une regrettable erreur » et qu’il n’était « pas à la hauteur de ce poste très important ». Colborne limita l’autorité de Hurd à la localisation des lots, l’obligea à présenter un rapport hebdomadaire sur les emplacements assignés et lui ordonna de ne pas donner de travail aux arpenteurs sans des instructions écrites du lieutenant-gouverneur. Ces différends s’envenimèrent ce printemps-là au sujet d’un appareil de lithographie utilisé pour accélérer la reproduction des plans et des cartes. Colborne insista pour que Hurd installe dans le bureau de l’arpenteur général la presse achetée à cette intention et mise à la disposition du bureau par le lithographe Samuel Oliver Tazewell*. Cependant, le dessinateur en chef, James Grant Chewett*, regimba devant son utilisation, et la machine fut mise au rancart. Ensuite, à l’automne de 1835, le greffier en chef, John Radenhurst, fut accusé par un de ses collègues de diriger une agence foncière privée, même si un arrêté en conseil datant de 1832 avait interdit de telles pratiques. Poussé par Colborne, Hurd interrogea Radenhurst qui répondit évasivement. Estimant que Radenhurst dirigeait effectivement une agence, mais en dehors des heures de travail, Hurd lui recommanda seulement de se conformer à l’arrêté en conseil, sans quoi il risquait une suspension.
Quelque temps avant son départ de la province, en janvier 1836, Colborne se plaignit au secrétaire d’État aux Colonies, lord Glenelg, de ne pouvoir parler des capacités de Hurd « sans mortification et sans peine ». Cependant, il ne le congédia pas. Le successeur de Colborne, sir Francis Bond Head*, fut plus expéditif. Moins d’une semaine après son entrée en fonction, il suggéra à Hurd de prendre sa retraite, sinon il s’exposait à être renvoyé. Hurd exigea alors un congé de six mois, sous prétexte de mauvaise santé, dans l’intention de prendre sa retraite par la suite. Mais moins de trois semaines plus tard, Head nommait John Simcoe Macaulay arpenteur général ; il justifiait la révocation de Hurd en disant qu’il était incompétent et que, à cause de sa « déplorable habitude de boire », il avait été incapable dans les derniers temps de se rendre au bureau. Head reconnaissait que Hurd était un homme d’honneur et avait un comportement « de gentilhomme », mais il ne pouvait laisser ses sentiments de compassion empiéter sur son « pénible devoir ». Contre toute attente, certains, surtout des amis de Radenhurst, qui avait sollicité le poste, s’opposèrent à la nomination de Macaulay. Ce dernier présenta sa démission, et Glenelg l’accepta, encore que le secrétaire d’État aux Colonies ait appuyé le refus de Head de réintégrer Hurd ou de nommer Radenhurst, à cause de son agence foncière. En octobre 1836, John Macaulay, de Kingston, fut nommé arpenteur général. Hurd, dont les espoirs de réintégration s’étaient envolés, déclara à Head : « le préjudice qu’on m’a causé est incalculable ». Il demanda à la chambre d’Assemblée une indemnité de retraite, parce qu’il était « totalement sans ressources », mais elle ne lui fut pas accordée. Head fit un seul geste : il nomma le fils de Hurd, Thomas Gladwin, âgé de 17 ans, greffier en second au bureau du Conseil exécutif.
Samuel Proudfoot Hurd ne détint plus jamais de poste important. Il servit dans la milice comme major dans les Queen’s Rangers au cours du raid avorté des patriotes à Short Hills sur la frontière du Niagara en juin 1838 [V. Linus Wilson Miller*] et il occupa quelque temps le poste de sous-adjoint au quartier-maître général en 1838–1839. Bien qu’il ait possédé certains biens, Hurd avait des dettes envers plusieurs créanciers et, deux ans avant sa mort, il déclara que, financièrement, il était « entièrement à la charge » de sa famille. Son infortune lui vint en partie des circonstances – la fusion des deux postes au Nouveau-Brunswick et sa mutation dans le Haut-Canada –, mais il fut aussi inefficace, temporisateur et mauvais administrateur. De plus, on ne peut douter que l’alcoolisme fut un facteur important de son incompétence. Des lettres d’amis firent allusion à des « habitudes qui [avaient] détruit [ses] perspectives d’avenir », aux « vieilles accusations » et aux « rumeurs injurieuses » dont il avait été l’objet. Cet homme courtois semble n’avoir eu pour lot que l’échec : sa carrière fut extrêmement perturbée par la malchance, les déboires et la frustration.
Le nom de Samuel Proudfoot Hurd apparaît dans la brochure Information, for the use of persons emigrating to Upper Canada ; containing an explanation of the various modes of application for land [...] (York [Toronto, 1832]), publication officielle du bureau de l’arpenteur général du Haut-Canada.
AO, RG 1, A-I-1, spécialement 66–71 ; A-I-2, 28–30 ; A-I-3, 1.— APC, MG 23, HI, 4, vol. 5–6 ; MG 24, A3, 4, A40, 3–4 (mfm) ; RG 1, L6B, 22 ; RG 5, A1, 96–204 ; RG 7, G1, 65, 67–69, 77–78 ; G8B, 2–4, 7–11.— PRO, CO 42/388–438 ; 47/146–152 ; 188/32–41 ; 193/8–12 (mfm aux APC).— Arthur papers (Sanderson).— H.-C., House of Assembly, App. to the journal, 1839–1840, 2 : 201–247.— Daily Leader (Toronto), 11 août 1853.— Mackenzie’s Weekly Message, 18 août 1853.— North American (Toronto), 12 août 1853.— Cowdell, Land policies of U.C.— Norman Macdonald, Canada, 1763–1841, immigration and settlement ; the administration of the imperial land regulations (Londres et Toronto, 1939), 312–463.— « Biographical sketch », Assoc. of Ont. Land Surveyors, Proc. (Toronto), 1897 : 157–160.— H. P. Gundy, « Samuel Oliver Tazewell, first lithographer of Upper Canada », Humanities Assoc. Rev. (Kingston, Ontario), 27 (1976) : 466–483.
Ruth McKenzie, « HURD, SAMUEL PROUDFOOT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hurd_samuel_proudfoot_8F.html.
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Auteur de l'article: | Ruth McKenzie |
Titre de l'article: | HURD, SAMUEL PROUDFOOT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |