HOLLOWAY, JOHN, officier de marine et gouverneur de Terre-Neuve, né le 15 janvier 1743/1744 dans la paroisse St Cuthbert, Wells, comté de Somerset, Angleterre, fils de Robert Holloway ; vers 1781, il épousa aux Antilles une dénommée Waldron (Walrond), d’Antigua, et ils eurent trois filles qui atteignirent l’âge adulte ; décédé le 26 juin 1826 à Wells.

Fils d’une vieille famille respectable, John Holloway entra dans la marine royale en 1760 et servit sur l’Antelope. L’année suivante, il effectua son premier voyage à Terre-Neuve en même temps que le nouveau gouverneur, le capitaine Thomas Graves*. Il devint lieutenant de vaisseau le 19 janvier 1771 et post captain en janvier 1780. Il servit avec distinction durant la Révolution américaine et les longs conflits qui opposèrent la France et l’Espagne. L’amiral Horatio Nelson, qui était un de ses amis, le décrivit comme « un homme bon et honnête ». Holloway fut promu contre-amiral le 14 février 1799, puis vice-amiral le 25 octobre 1804. Il fut nommé gouverneur de Terre-Neuve en 1807.

Durant son mandat, Holloway rompit avec la politique de ses prédécesseurs immédiats, James Gambier et sir Erasmus Gower*, qui avaient accepté que l’île soit peuplée de façon permanente. Il adopta plutôt les vues restrictives de Hugh Palliser* et de Mark Milbanke*. Il interdit qu’on se serve des terres pour y faire de la culture et appliqua des règlements sévères afin de réserver l’utilisation du littoral aux flottilles de pêche anglaises qui étaient de passage dans l’île. Cependant, l’époque n’était pas favorable à Holloway. En raison d’un embargo américain sur l’exportation de produits alimentaires et de quelques hivers particulièrement rigoureux, la culture de la terre devint un atout d’importance.

Holloway envisageait aussi la liberté de la presse de façon restrictive. Le premier numéro de la Royal Gazette and Newfoundland Advertiser de St John’s, paru le 27 août 1807, donna lieu à un sévère avertissement adressé à l’éditeur John Ryan*. Cette mise en garde interdisait « tout écrit provocateur contre le gouvernement de Grande-Bretagne et ses dépendances », et prévenait Ryan « de ne jamais publier ou permettre que l’on publie des opinions sur la politique d’autres nations, mais de se borner à imprimer ce qui était favorable au commerce, aux ressortissants du gouvernement [britannique] ou d’autres gouvernements faisant du commerce avec celui-ci ».

Bien que la marine royale ait constitué la première ligne de défense de l’île, la population avait un rôle à jouer. La puissance défensive de la milice, qui avait été créée en 1805 et qui était connue officiellement sous le nom de Loyal Volunteers, n’impressionna guère Holloway, mais le gouverneur se prononça quand même pour le maintien de cette force armée. En octobre 1808, le commandement des Loyal Volunteers passa à James MacBraire. Relativement satisfait, Holloway déclara que MacBraire « se montrait extrêmement économe, tout en préservant l’efficacité et la respectabilité de ce corps ».

Le traitement inhumain que les trafiquants de fourrures et les pêcheurs [V. John Bland] faisaient subir aux Béothuks affligeait Holloway. Il désavoua un tel comportement dans une proclamation publiée le 30 juillet 1807 et il tenta d’endiguer le flot des Micmacs de la Nouvelle-Écosse qui allaient s’installer sur les terrains de chasse des Béothuks. Par deux fois, Holloway dépêcha sans succès un de ses officiers à la baie des Exploits et dans d’autres endroits de l’île afin d’entrer en communication avec les Béothuks. Il envoya alors une expédition commandée par William Cull ; cette tentative échoua elle aussi et le terrible processus d’extermination se poursuivit.

En mars 1809, pendant le mandat de Holloway, le gouvernement impérial accorda finalement la permanence aux cours de justice de Terre-Neuve. Même s’il n’était pas question alors d’accorder à l’île le statut de colonie, ce geste laissait présager une telle éventualité ; Terre Neuve allait en effet devenir une colonie en 1832 [V. sir Thomas John Cochrane*]. De plus, en vertu de la loi de 1809, la côte du Labrador était soustraite à l’autorité du Bas-Canada et annexée de nouveau à Terre-Neuve.

John Holloway quitta l’île en octobre 1809 et, le même mois, il fut promu amiral de l’escadre bleue. Le 31 juillet 1810, il devint amiral de l’escadre blanche. Il mourut dans sa quatre-vingtième année. Certains contemporains de Holloway ont souligné sa « scrupuleuse honnêteté » et sa « sincérité absolue ». Selon eux, ce « commandant de marine méritant » était « brave sans être prétentieux, indépendant sans être arrogant ».

Frederic Fraser Thompson

PRO, CO 194/46 : 82 ; 194/47 : 33, 45, 61, 82.— Somerset Record Office (Taunton, Angl.), Wells St Cuthbert, reg. of baptisms, 18 janv., 23 févr. 1743/1744.— « Biographical memoir of John Holloway, esq., vice-admiral of the Red, governor of the island of Newfoundland, and commander in chief on that station », Naval Chronicle (Londres), 19 (janv.-juin 1808) : 353–373.— Nelson’s letters to his wife, and other documents, 1785–1831, G. P. B. Naish, édit. ([Londres], 1958), 237.— G. – B., Admiralty, The commissioned sea officers of the Royal Navy, 1660–1815, [D. B. Smith et al., édit.] (3 vol., s.l., [1954]), 2 ;Navy list, 1811.— John Marshall, Royal naval biography [...] (4 vol. en 6 et 2 vol. suppl., Londres, 1823–1835), 1 : 101–110.— R. H. Bonnycastle, Newfoundland in 1842 : a sequel to The Canadas in 1841-(2 vol., Londres, 1842), 1 : 141–142.— Joseph Hatton et Moses Harvey, Newfoundland, the oldest British colony ; its history, its present condition, and its prospects in the future (Londres, 1883).— Howley, Beo-thucks or Red Indians.— G. W. L. Nicholson, The fighting Newfoundlander ; a history of the Royal Newfoundland Regiment (St John’s, [1964]).— James Ralfe, The naval biography of Great Britain [...] (4 vol., Londres, 1828), 2 : 209–214.

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Frederic Fraser Thompson, « HOLLOWAY, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/holloway_john_6F.html.

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Auteur de l'article:    Frederic Fraser Thompson
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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