Titre original :  Admiral Sir Erasmus Gower (1742-1814) by Richard Livesay 

Amgueddfa Cymru – Museum Wales

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GOWER, sir ERASMUS, officier de marine et gouverneur de Terre-Neuve, né le 3 décembre 1742 près de Cilgerran, pays de Galles, aîné des 19 enfants d’Abel Gower, de Glanafon, et de Letitia Lewes ; décédé célibataire le 21 juin 1814 à Hambledon, Angleterre.

Erasmus Gower entra dans la marine royale en 1755, sous la tutelle de son oncle, le capitaine John Donkley. Ses affectations furent nombreuses et variées. De 1764 à 1766, il servit à bord du Dolphin, pendant le voyage autour du monde du commodore John Byron* ; en 1766, il fut promu lieutenant de vaisseau. En mars 1770, il fit naufrage sur la côte de la Patagonie (Argentine) et n’atteignit les îles Malouines (îles Falkland) que pour en être expulsé par un détachement espagnol. Au cours de la Révolution américaine, il servit tant aux Antilles qu’en Inde, et, en janvier 1783, tandis qu’il commandait la frégate Medea, il captura le Vrijheid, navire de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, à Cuddalore, en Inde. De 1786 à 1789, il fit fonction de capitaine de pavillon auprès du commodore John Elliot à la station de Terre-Neuve. En 1792, il fut créé chevalier avant de mener en Chine, à bord du Lion, une ambassade britannique dirigée par lord Macartney. Il combattit aussi sous les ordres de sir William Cornwallis, au large de la côte française, en 1795, et fut présent à la mutinerie de Nore, en Angleterre, en 1797. Même si ses biographes britanniques notent qu’il n’eut point d’« emploi actif » après sa promotion au grade de contre-amiral de l’escadre blanche en février 1799, son plus grand apport au pays commença lors de sa promotion au grade de vice-amiral de l’escadre blanche et de sa nomination comme gouverneur de Terre-Neuve, au printemps de 1804.

Gower arriva à St John’s le 20 juillet 1804. Pendant les trois années de son mandat, il se conforma à l’usage suivi par les gouverneurs de Terre-Neuve de passer l’été dans l’île et de rentrer en Angleterre à l’automne, en même temps que la flotte de pêche. L’attention évidente qu’il consacra à l’administration quotidienne de l’île ressort de ses méticuleux rapports statistiques annuels sur les déplacements des navires et le produit des pêches, rapports qu’il enrichissait de longues explications et observations. S’il était fort préoccupé de la défense de St John’s, il s’intéressait beaucoup à l’administration, vue dans des perspectives à long terme, de toute l’île de Terre-Neuve, laquelle, sous son gouvernement, était de toute évidence devenue un établissement habité à longueur d’année – un territoire « colonisé ». Le premier séjour qu’il y avait fait lui permit de se rendre compte des changements qui y étaient survenus au fur et à mesure que, l’industrie de la pêche avait cessé de provoquer comme naguère la migration saisonnière de la plupart de ses navires à partir de la Grande-Bretagne vers l’île, et avait pris un caractère sédentaire. Le prédécesseur de Gower, le gouverneur James Gambier*, n’avait pas été sans remarquer ces réalités nouvelles, et, en conséquence, avait suggéré la nomination d’un secrétaire permanent du gouvernement, la fondation d’écoles protestantes, la construction de prisons ou leur restauration, et la location des biens à l’abandon qu’on réservait encore aux navires destinés à la pêche migratoire.

Gower fit siennes les mesures de son prédécesseur, les renforça et leur donna plus d’ampleur, ce qui n’était pas un petit tour de force, compte tenu du fouillis qui caractérisait alors le gouvernement de Terre-Neuve quand il fallait ou obtenir une approbation ou s’attaquer à une ligne de conduite immuable. Il garda auprès de lui le secrétaire de Gambier et insista à temps et à contretemps sur la nécessité d’un secrétaire permanent pour assurer la continuité de l’administration. Il travailla avec diligence en vue d’instaurer un bon système judiciaire et d’obtenir une rémunération convenable pour les officiers de justice ; il redéfinit leurs fonctions et, pour mettre fin à l’usage voulant que les magistrats et les greffiers fussent rémunérés directement à même ce qu’ils pouvaient tirer des parties, il fit verser le produit des amendes et des frais de cour dans un fonds général qui servirait à payer à chacun son dû. Puis, utilisant le fonds de bienfaisance créé par le gouverneur William Waldegrave et appuyé par ses deux successeurs, sir Charles Morice Pole et Gambier, il mit sur pied une société visant l’amélioration des conditions de vie des pauvres. Cette société pourvut tant au soulagement des indigents qu’à l’instruction des enfants des deux sexes, auxquels on enseignait la morale, la lecture et des métiers d’ordre pratique. Cette dernière activité aboutit rapidement à la fondation d’une école, logée dans un grand immeuble, à laquelle s’inscrivirent 150 élèves. L’institution, au demeurant, n’était point sans importance sur le plan politique et gouvernemental, les catholiques s’étant montrés jusque-là beaucoup plus actifs que les protestants dans le domaine de l’éducation. Gower n’hésita pas à recommander que le gouvernement continuât de financer cette maison d’enseignement. De multiples façons, il encouragea le gouvernement dans son appui à l’Église d’Angleterre et appuya fortement, aussi, la tentative faite en vue d’obtenir un salaire et une pension pour l’évêque catholique de Terre-Neuve, James Louis O’Donel, en reconnaissance de son travail auprès de la « classe ouvrière », laquelle, grâce à ses efforts, était restée loyale et pacifique à l’époque agitée des guerres napoléoniennes.

Dans une colonie en croissance, et aussi en pleine mutation, Gower reconnut l’importance des biens immobiliers et des terres comme apports aux pêcheries et au commerce, de même qu’à l’agriculture et au logement. Les espaces traditionnellement réservés, dans le port de St John’s, aux navires de pêche saisonniers qui arrivaient tôt de Grande-Bretagne n’étaient plus guère utilisés. Gambier avait tranquillement entrepris d’en faire l’arpentage ; Gower étendit cet arpentage à une grande partie de l’île et mit au point une politique qui permit de les louer de la couronne. Pour répondre à la demande pressante de terres agricoles à St John’s, Gower, suivant en cela l’impulsion imprimée par Gambier, offrit de louer pour 21 ans des terres situées derrière la bande de 200 verges traditionnellement réservée aux besoins des pêcheurs ; à la fin de 1805, ces terres représentaient une superficie de plus de 300 acres. Sur la ligne qui marquait la limite des 200 verges, il traça une rue, réservant des terrains du côté opposé à la mer pour y construire des maisons. Les loyers de toutes ces terres furent affectés au financement des programmes relatifs à l’administration civile et à l’Église d’Angleterre.

Toutefois, dans les milieux officiels britanniques on était d’avis que Terre-Neuve ne devait pas devenir une colonie. Et l’une des raisons principales de cette ligne de conduite était le fait que l’on considérait la pêche saisonnière comme indispensable au maintien du commerce terre-neuvien, d’une part, et comme une école de formation pour la marine royale, d’autre part. Mais Gower compara les statistiques de 1787–1789, années qui marquèrent un sommet dans la pêche au Grand-Banc, avec celles de 1805, et il montra que, si la pêche saisonnière était tombée à presque rien, le va-et-vient des navires, en cette dernière année, avait nécessité l’engagement d’à peu près le même nombre d’hommes que pendant la période de 1787 à 1789. Une autre directive des autorités britanniques voulait que Terre-Neuve comptât entièrement sur la Grande-Bretagne pour son ravitaillement. Gower fit valoir que les pêcheries de Terre-Neuve devaient rester concurrentielles, qu’autrement elles ne pouvaient continuer d’être profitables aux échanges britanniques ni demeurer une « pépinière de marins ». Si elles voulaient être en mesure de rivaliser avec les pêcheries de la Nouvelle-Angleterre, elles devaient avoir une plus grande liberté d’importer, en s’approvisionnant sur les marchés les plus avantageux ; de même, les habitants devaient avoir le droit incontestable de posséder des terres et de produire leurs propres denrées en plus grande quantité. La réaction de Gower à la directive qu’il avait reçue concernant les droits – fort obscurs – de propriété des habitants de l’île donne une bonne idée de ce qui fut sa préoccupation pendant une grande partie des trois ans qu’il passa comme administrateur à Terre-Neuve : « Jugeant donc celle-ci irréalisable, je recommanderais qu’elle fût rescindée, ou modifiée de façon à reconnaître les coutumes existantes, et, cela faisant, à épargner au gouverneur l’embarras d’avoir à maintenir une directive contraire à la nature et à l’intérêt même de l’objet qu’il a le devoir de promouvoir, et [aussi] à donner confiance et encouragement à ceux qui se lancent dans cette aventure. »

Sir Erasmus Gower quitta définitivement Terre-Neuve le 25 octobre 1806, et son successeur, John Holloway*, fut nommé le printemps suivant. Il n’eut point d’autre affectation, mais fut promu amiral de l’escadre blanche le 31 juillet 1810.

C. Grant Head

Une lithographie d’un portrait de sir Erasmus Gower est reproduite dans W. L. Clowes, The Royal Navy : a history from the earliest times to the present (7 vol., Londres, 1897–1903), 4 : 261.

PRO, CO 194/44 : ff.3–3v., 5–8, 16, 17–47, 59, 62v.–64, 75v., 81, 113–116, 155–163v., 170, 201–205, 256v., 258v., 259–259v. ; 194/45 : ff.14–16v., 26–27, 28v.–32v., 34–39, 59–60, 78–81, 82–82v., 84–84v., 96–97, 107–108, 119–122, 129–134, 201–202, 233–235, 263–265v., 332–334.— Gentleman’s Magazine, janv.–juin 1814 : 702 ; juill.–déc. 1814 : 289s.— « Biographical memoir of Sir Erasmus Gower, knight », Naval Chronicle, 4 (juill.–déc. 1800) : 257–289 ; « Additional biographical memoir of Admiral Sir Erasmus Gower », 30 (juill.–déc. 1813) : 265–301.— DNB.

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C. Grant Head, « GOWER, sir ERASMUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gower_erasmus_5F.html.

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Auteur de l'article:    C. Grant Head
Titre de l'article:    GOWER, sir ERASMUS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    20 nov. 2024