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HOBSON, ROBERT, industriel, né le 13 août 1861 à Berlin (Kitchener, Ontario), fils de Joseph Hobson et d’Elizabeth Laidlaw ; le 31 octobre 1891, il épousa à Hamilton, Ontario, Mary Andrewina Wood, et ils eurent une fille ; décédé le 25 février 1926 dans cette ville.
Dans la famille de Robert Hobson, on s’y connaissait en chemins de fer. Né dans le canton de Guelph, son père était un ingénieur civil très estimé. Il parvint jusqu’à la fonction d’ingénieur en chef à la Compagnie du chemin de fer du Grand Tronc et avait notamment à son actif le tunnel St Clair à Sarnia, en Ontario, et la reconstruction du pont Victoria à Montréal. Après avoir fréquenté des écoles publiques à Berlin, Robert le rejoignit au service de construction de la Great Western Railway Company. Grâce à la position sociale de sa famille et au fait qu’elle résidait à Hamilton depuis 1875, il entra dans l’orbite d’Andrew Trew Wood*. Ce quincaillier était le personnage central d’un groupe ambitieux de capitalistes. Hobson épousa sa fille et, en 1896, Wood lui demanda de participer à l’administration de la Hamilton Blast Furnace Company, dont il était président. Cette entreprise venait à peine de commencer à produire de la fonte en gueuses. Hobson en devint secrétaire-trésorier en février 1896 malgré son ignorance en matière de fabrication de fer et d’acier. Son travail, qu’il prenait très au sérieux, marqua le début de la fascination qu’il éprouverait toujours pour l’industrie, et ses qualités de gestionnaire ne tardèrent pas à impressionner le conseil d’administration. En 1899, il assuma les fonctions de secrétaire et de directeur général adjoint à la Hamilton Steel and Iron Company Limited, issue cette année-là de la fusion de la Hamilton Blast Furnace Company et d’une autre société locale, l’Ontario Rolling Mills Company. Il accéderait à la direction générale en 1904.
La première coulée d’acier se fit le 15 mai 1900, mais produire ce métal était alors hasardeux au Canada. Contrairement à ses gigantesques concurrentes de Sault-Sainte-Marie en Ontario et de Sydney en Nouvelle-Écosse, la petite entreprise de Hamilton avait pour principe de croître prudemment et de diversifier ses produits pour desservir un large éventail de clients. Autour de son aciérie, située dans la banlieue est de la ville, bon nombre de grosses sociétés établirent des usines métallurgiques. Hobson contribuerait à attirer plusieurs d’entre elles, dont l’International Harvester Company en 1902 et la National Steel Car Company en 1913.
En 1910, l’entreprise eut l’occasion d’intégrer sa production primaire à la fabrication de produits secondaires. Le promoteur montréalais William Maxwell Aitken* prit en effet des options sur la Montreal Rolling Mills Company et sur la Dominion Wire Manufacturing Company Limited et, après avoir rejeté une offre d’achat de la United States Steel Company, il s’employa à organiser un regroupement d’entreprises canadiennes. Il réunit Charles Seward Wilcox*, président de la Hamilton Steel and Iron Company, Cyrus Albert Birge, président d’une compagnie de vis et broquettes à Hamilton, et Lloyd Harris, chef de la Canada Bolt and Nut Company à Toronto. Leurs négociations aboutirent en juin à la création de la Steel Company of Canada Limited, dont Wilcox devint président et Hobson, directeur général. Cette société établit son siège social à Hamilton, où Hobson fit preuve du dynamisme et des talents nécessaires pour en faire un grand succès. Il accéda à la présidence en 1916. Seul le décès de sa fille unique, Dorothy Wood – survenu en avril 1910 à la suite d’un accident d’automobile – assombrit l’ascension de l’entreprise.
Au début de la Première Guerre mondiale, Hobson était l’un des plus éminents sidérurgistes de l’Amérique du Nord. Comme la Steel Company traitait son acier dans ses propres laminoirs et ateliers de finition, il avait pu lancer un vaste programme d’expansion en vue de créer des installations à la fine pointe de la technique. Les plus importantes d’entre elles, achevées en 1913, étaient des usines électriques où l’on dégrossait les lingots et les transformait en loupes, en barres et en fils. De plus en plus, Hobson et ses superviseurs d’usine modifiaient la composition de la main-d’œuvre locale en recrutant un grand nombre d’immigrants nouvellement arrivés du sud et de l’est de l’Europe. Frappée par la récession en 1914, la Steel Company put reprendre de l’expansion à cause de la hausse phénoménale de la demande d’acier provoquée par le conflit mondial. Elle ouvrit un service de munitions qui fabriquait des obus à partir d’un acier spécial mis au point par elle. En 1917, elle se dota d’un laminoir afin de produire de la tôle – essentielle pour l’industrie de l’automobile, alors en plein essor – et acquit des gisements de fer et de houille aux États-Unis. Au sortir de la guerre, la compagnie, connue sous le nom de Stelco depuis 1915 environ, était l’entreprise sidérurgique la plus imposante et la plus diversifiée au Canada.
Hobson pratiquait une gestion paternaliste et autoritaire. Son affabilité semble avoir conquis l’allégeance des cols blancs, mais il écrasa toute tentative de syndicalisation chez ses cols bleus. Cependant, à la fin des hostilités, il reconnut que la Stelco devait prendre des mesures concrètes pour susciter leur loyauté ; l’entreprise lança donc une publication interne et institua un programme de sécurité et un régime de retraite. À titre de président, Hobson avait pour mission d’explorer les marchés et de sonder les tendances dominantes du capitalisme international. Il sillonnait la Grande-Bretagne, l’Europe et l’Amérique du Nord pour rencontrer de puissants hommes d’affaires. En outre, il se tenait au fait des progrès de l’industrie en assistant aux assemblées annuelles de l’American Iron and Steel Institute, au conseil d’administration duquel il appartenait depuis 1913. Il était également fellow du Royal Colonial Institute à Londres et membre actif de l’American Institute of Mining Engineers.
Hobson n’avait pas lié son propre sort à celui d’une seule entreprise. Il figurait parmi les gens d’affaires qui appartenaient au réseau serré des conseils d’administration de plusieurs sociétés de Hamilton. Ainsi, il entra à celui de la Landed Banking and Loan Company et de la Tuckett Tobacco Company Limited en 1910, à celui de la Bank of Hamilton en 1915 et à celui de la Dominion Power and Transmission Company Limited en 1917. Grand et sympathique, l’air désinvolte, le visage orné d’une grosse moustache blanche, cet homme à la pensée et à la parole structurées se plaçait à l’avant-scène lorsque le milieu des affaires voulait exprimer des doléances. En 1909, il fut élu à la présidence de la nouvelle section hamiltonienne de l’Association des manufacturiers canadiens. Plusieurs fois, dans la décennie suivante, il occuperait des postes au comité directeur de cet organisme. En 1912, lorsque le commissaire ontarien chargé d’étudier l’indemnisation des accidentés du travail, sir William Ralph Meredith, se rendit à Hamilton, ce fut Hobson qui lui exposa le point de vue des patrons. Il devint aussi le principal porte-parole de la Hamilton Employers’ Association, formée en réaction à la grève de grande envergure qui, en juin 1916, interrompit la production de munitions dans la ville.
Comme bien d’autres capitalistes de l’époque, Hobson évoluait aisément parmi les nouvelles élites du milieu canadien des affaires, alors concentrées à Montréal et à Toronto. Il investissait à l’échelle nationale et accéda au conseil d’administration de plusieurs autres sociétés : la Canadian Locomotive Company à Kingston, la Toronto General Trusts Company, la North Star Oil and Refining Company à Calgary et la Canada Steamship Lines à Montréal, dont son frère, Joseph Irvine, était trésorier. Il ne sentait nul besoin de s’excuser de prendre part à l’expansion des visées du capitalisme. En 1915, lorsque des rumeurs firent état d’un rachat imminent de la Bank of Hamilton par la Banque royale du Canada, il défendit publiquement le droit d’une banque locale de fusionner avec une plus grosse entreprise, ce qui suscita des hauts cris chez des hommes politiques, petits hommes d’affaires et chefs syndicaux de Hamilton. Cette fusion se ferait « dans l’intérêt public » proclama-t-il, puisque des banques fortes étaient un « atout national ». Naturellement, il n’aurait aucun scrupule à se joindre au conseil d’administration de la Banque canadienne de commerce quand elle absorberait la Bank of Hamilton en 1923. Le gouvernement fédéral le nomma en septembre 1918 au conseil qui administrerait la Canadian Northern Railway Company, en proie à des difficultés financières [V. sir William Mackenzie], et aussi, à compter de novembre, la Canadian Government Railway Company (future Canadian National Railway Company). En 1921, aux Communes, Andrew Ross McMaster dénonça la présence de quatre membres du conseil d’administration de la Canadian National Railway Company – le président David Blythe Hanna*, Hobson, Thomas Cantley* et Edward Rogers Wood* – à plusieurs autres conseils d’administration. Cette dénonciation ne dut pas consterner Hobson.
Déjà, bien avant la guerre, on reconnaissait en Hobson une sorte d’industriel doublé d’un homme d’État, car il portait les préoccupations du milieu des affaires dans la sphère politique. Ses talents lui permirent d’accéder au conseil de direction et aux comités du tarif et du transport de l’Association des manufacturiers canadiens en 1901, à la vice-présidence de la section ontarienne en 1907 et à la présidence nationale en 1908. Libéral de longue date, il joignit sa voix à celle d’autres industriels canadiens pour s’opposer publiquement trois ans plus tard au programme de réciprocité de sir Wilfrid Laurier*. En outre, il appartint au comité directeur de la Canadian Home Market Association, l’organisation de façade dont se dota l’Association des manufacturiers canadiens pour appuyer la campagne électorale des conservateurs en 1911. Dès lors, il resta fidèle aux conservateurs. Encore en 1920, il soutenait que l’élimination du tarif protecteur tuerait la sidérurgie canadienne.
On peut dire que Hobson parvint au sommet de son influence sur la scène locale et nationale pendant les hostilités. À Hamilton, il fut membre du conseil d’administration du Fonds patriotique canadien et, en tant que président du comité des finances, il usa de ses nombreuses relations pour amasser des fonds à l’intention des familles des militaires de la région. Il continuerait de participer au comité local de secours du Fonds patriotique jusqu’en 1923. En tant qu’ami intime du premier ministre conservateur du Canada, sir Robert Laird Borden*, et du ministre fédéral des Finances, William Thomas White*, non seulement était-il consulté régulièrement, mais il fut invité en 1915 à appartenir à la Commission des ressources et munitions et, un an plus tard, au Conseil consultatif honoraire pour recherches scientifiques et industrielles (le futur Conseil national de recherches). En 1919, il entra au comité directeur de la Canadian Reconstruction Association. Cette organisation nationale d’hommes d’affaires entendait faciliter la transition de la guerre à la paix et promouvoir l’harmonie entre classes sociales en ces temps d’agitation populaire.
Longtemps membre actif de la congrégation presbytérienne Central de Hamilton, que fréquentait une bonne partie de l’élite locale, Hobson en fut l’un des administrateurs. En 1888, il avait adhéré à la Murton Lodge of Perfection, loge maçonnique de rite écossais où il exerça plusieurs fonctions, dont celle d’inspecteur général du Conseil suprême. Hobson n’avait rien de prude et goûtait les plaisirs réservés aux hommes de sa classe. Il appartenait au conseil d’administration du Hamilton Jockey Club et s’adonnait à des sports de plein air au Hamilton Golf and Country Club, au Tamahaac Club et au Caledon Mountain Trout Club même s’il boitait depuis un accident de football survenu dans sa jeunesse. Plein de bonhomie, amateur de tenues voyantes, il mêlait affaires et agrément dans les chics salons des cercles qu’il fréquentait à Hamilton, à Montréal, à Ottawa et à Toronto. Il mourut d’une hémorragie cérébrale en février 1926. Son décès causa un choc dans la ville de Hamilton.
Robert Hobson appartenait à une race d’industriels qui était nouvelle au début du xxe siècle. À la différence des riches entrepreneurs partis de rien, il accéda à une position de cadre moyen dans l’administration à partir d’une profession exercée par la classe moyenne, celle d’ingénieur, se perfectionna dans une grande société, joua un rôle de leader dans le milieu des affaires de Hamilton et finit par exercer de l’influence bien au delà de cette ville de l’acier. Grâce à son flair de gestionnaire d’entreprise et à ses qualités de chef, il contribua beaucoup à l’implantation d’une industrie nouvelle et vitale ; il aida à transformer la nature du travail dans les manufactures canadiennes et, d’une façon générale, à placer les entreprises au centre de la vie économique, sociale et politique du pays.
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Craig Heron, « HOBSON, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hobson_robert_15F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/hobson_robert_15F.html |
Auteur de l'article: | Craig Heron |
Titre de l'article: | HOBSON, ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |