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HARWOOD, ROBERT UNWIN, marchand et homme politique, né le 22 janvier 1798 à Sheffield, Angleterre ; sa mère s’appelait Elizabeth Unwin ; décédé le 12 avril 1863 à Vaudreuil, Bas-Canada.
En 1821, Robert Unwin Harwood vint au Canada travailler pour John Harwood & Co. de Montréal, entreprise familiale de quincaillerie en gros qui était, à cette époque, gérée par son frère John. Jeune, de belle apparence, Robert parvint à obtenir la main de Marie-Louise-Josephte, l’aînée des filles de feu Michel-Eustache-Gaspard-Alain Chartier* de Lotbinière, seigneur de Vaudreuil, de Rigaud et de Lotbinière ; le mariage eut lieu le 15 décembre 1823. Avant de contracter cette heureuse union, Harwood n’avait été qu’un obscur quémandeur cherchant à obtenir de la couronne l’octroi de 200 acres de terre – on en ignore l’endroit exact – dans un canton éloigné au nord de Montréal. Après son mariage, il put évoluer au milieu d’une société plus choisie, ayant l’occasion, par exemple, de faire partie du grand jury des assises criminelles à plusieurs reprises entre 1824 et 1828, aux côtés de John Molson*, fils, de Peter McGill [McCutcheon*], de George Moffatt et d’autres marchands bien connus de Montréal.
Lorsque sa femme hérita de la seigneurie de Vaudreuil en 1829, Harwood quitta le commerce et la société montréalaise pour aller vivre à la campagne. Pendant ses premières années à Vaudreuil, il s’occupa de régler des questions seigneuriales qui avaient été négligées pendant longtemps, de renouveler les contrats des censitaires et de construire un nouveau manoir pour abriter sa famille naissante, qui finalement comptera dix enfants. « Je suis tellement occupé en ce moment », écrit Harwood en 1830, en refusant la charge déjuge de paix, « que je ne pourrais accomplir mon devoir de magistrat. »
Au cours des années 1830, la politique provinciale détourna quelque peu Harwood des questions locales, mais, après 1840, il prêta de nouveau toute son attention à la seigneurie. Il fit des dons généreux aux églises, aux écoles et à des habitants de Vaudreuil dans le besoin. Il entreprit certaines réformes dans les domaines de l’agriculture et du transport ; à ses yeux, il s’agissait d’un « passe-temps », mais il y apportait une connaissance solide des problèmes et un souci réel de progrès. Le seigneur Harwood, comme on l’appelait communément à l’époque, fut l’un des rares seigneurs à transformer ses terres en franc et commun soccage, transformation qu’il opéra entre 1846 et 1853. Au lieu de baser son revenu uniquement sur les rentes seigneuriales, il mit à profit le droit de banalité pour produire de la farine sur une vaste échelle à partir de 1841. Dans ses rapports avec les censitaires, il abandonnait volontiers son attitude d’homme d’affaires. Il préférait faire montre d’indulgence plutôt que de soulever des litiges quand il s’agissait de percevoir les droits seigneuriaux. Cette attitude libérale, que désapprouvait son frère en Angleterre, fit dire à ce dernier en 1852 que « savoir gérer un domaine pour qu’il devienne rentable est un talent que peu d’hommes possèdent, et certainement pas notre famille » ; de son côté, la Minerve y fit écho en écrivant, à peu près à la même époque : « La conduite de M. Harwood comme seigneur a été et est encore irréprochable. » À tout prendre, Harwood fournit l’un des rares exemples d’un seigneur de langue anglaise ayant réussi à gagner le respect et l’affection de ses gens. Après sa mort, la Minerve fit remarquer que « peu de seigneurs ont su se faire aimer de leurs censitaires autant que lui ».
La carrière politique de Harwood, bien que curieuse, revêt moins d’importance. En 1832, il fut nommé membre du Conseil législatif du Bas-Canada, mais en raison de son jeune âge et de ses opinions modérées, il y exerça peu d’influence sur les décisions prises au cours de la période de tension qui marqua les années 1830 sur le plan constitutionnel. Après les troubles de 1837–1838, où il ne joua aucun rôle, Harwood fut du nombre des modérés que l’on adjoignit au Conseil spécial en septembre 1839. Son mandat fut de courte durée, puisque ce conseil tint sa dernière séance en juin 1840.
N’ayant pas été nommé membre du Conseil législatif après l’Union, Harwood s’abstint de participer activement à la politique jusqu’en 1847, alors qu’il se présenta comme candidat réformiste et tenta de se faire élire dans le comté de Vaudreuil. Il fut défait, et de même en 1851 et en 1854. Il l’emporta finalement en janvier 1858 pour représenter Vaudreuil à la chambre d’Assemblée. En 1860, il quitta son siège et se fit élire comme représentant du comté de Rigaud au Conseil législatif. Il avait ainsi complété son orbite dans la carrière politique, ayant été nommé, encore jeune, membre de la Chambre haute, pour en devenir membre élu à un âge avancé.
Robert Unwin Harwood mourut au manoir de Vaudreuil en avril 1863. « L’honorable Robert Harwood était un homme fort respecté, a-t-on dit, indulgent envers ses censitaires, d’une réputation sans tache, aimable et plein d’égards à l’endroit de tous ceux avec qui il entrait en rapport. »
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John Beswarick Thompson, « HARWOOD, ROBERT UNWIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/harwood_robert_unwin_9F.html.
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Auteur de l'article: | John Beswarick Thompson |
Titre de l'article: | HARWOOD, ROBERT UNWIN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |