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HARDISTY, WILLIAM LUCAS, trafiquant de fourrures de la Hudson’s Bay Company, né vers 1822, probablement à Waswanipi House, sur le lac du même nom (Québec) dans le district de la rivière Rupert, deuxième enfant de Richard Hardisty, chef de poste de la Hudson’s Bay Company, et de Margaret Sutherland, et frère de Richard Charles ; il épousa Mary Allen, et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 16 janvier 1881 à Lachine, Québec.
William Lucas Hardisty fit ses études à la Red River Academy, dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba). En 1842, il entra à la Hudson’s Bay Company comme master (chef d’un petit poste), rang inférieur à celui de commis. Il fut affecté au district du fleuve Mackenzie et, en 1843, envoyé au lac Frances (Territoire du Yukon) pour servir sous les ordres de Robert Campbell*. L’été suivant, on lui remit la direction du poste pendant l’absence de Campbell qui déclara à son retour : « le fort et tout ce qui s’y rattache [sont] dans le meilleur état possible [...] Je ne saurais être plus satisfait. »
En novembre 1844, Hardisty quitta le lac Frances à destination du poste de la rivière Pelly pour recueillir des provisions et pour faire la traite avec les « gens des Couteaux », une branche des Salishs, et avec d’autres bandes de la région. Après avoir fait un voyage de traite « très satisfaisant », il fut forcé de retourner au lac Frances en janvier 1845, à cause de l’« ennemi constant, le manque de provisions », comme l’écrivit Campbell. En mars, Hardisty essaya encore de trafiquer avec les Indiens de la région de la rivière Pelly, mais le manque de nourriture l’obligea à retourner au lac Frances en avril.
En 1846, on confia de nouveau à Hardisty la direction du poste au lac Frances pendant l’absence de Campbell ; la maladie le contraignit à passer l’hiver de 1847–1848 au fort Simpson (Fort Simpson, Territoires du Nord-Ouest). En juin 1848, il était rétabli et aida Augustus Richard Peers à construire de nouveaux bâtiments sur la rivière Peel, assumant la direction de l’établissement pendant que Peers se rendait au fort Simpson. En novembre, Hardisty s’installa au « poste solitaire » de Lapierre’s House au confluent des rivières Bell et Rat, avant-poste sur la route du fort Yukon (Fort Yukon, Alaska). Pendant l’été de 1849, il prêta de nouveau son concours aux travaux à la rivière Peel, puis il assuma le commandement du poste pendant l’absence de Peers. En septembre, Hardisty et ses hommes eurent la surprise de voir apparaître le lieutenant William John Samuel Pullen et 14 autres marins du navire Plover qui avaient descendu le fleuve Mackenzie à la recherche de sir John Franklin*. En raison de la rareté des vivres à la rivière Peel, les visiteurs partirent bientôt afin de passer l’hiver dans des postes mieux approvisionnés.
En 1851, Hardisty quitta Lapierre’s House pour remplacer Alexander Hunter Murray* à la direction du fort Yukon. Cet hiver-là, Hardisty réussit à intéresser de nouveaux groupes d’Indiens à la traite et il reçut « les éloges les plus chaleureux » de son supérieur, James Anderson*. Il demanda un congé pour la saison de traite de 1853–1854, car il avait, semble-t-il, des affaires personnelles à traiter avec George Gladman*, fonctionnaire à la retraite de la Hudson’s Bay Company. Cependant, le gouverneur sir George Simpson* lui répondit, à titre d’avertissement, qu’il n’avait pas occupé de façon stable le poste de commis et il ajouta que « le retrait des commis de leurs fonctions pour des raisons de mauvaise santé, d’affaires privées et d’autres motifs plus futiles [...] entrain[ait] des ennuis sérieux ». Incertain d’être rengagé à la Hudson’s Bay Company s’il s’absentait, Hardisty préféra demeurer en poste au fort Yukon.
Posté parmi les Indiens kutchins ou loucheux qui faisaient intensivement la traite, Hardisty continua de satisfaire ses supérieurs et fut promu chef de poste en 1858. Il favorisa beaucoup la traite et tenta l’expérience de remplacer par le commerce d’échange la méthode selon laquelle les Indiens accumulaient des dettes envers la compagnie. En 1859–1860, après avoir pris la direction du fort Résolution (Fort Résolution, Territoires du Nord-Ouest), sur le Grand Lac des Esclaves, il aida Robert Kennicott de la Smithsonian Institution à collectionner des oiseaux, établissant ainsi une longue affiliation à l’institution comme pourvoyeur de spécimens et, plus tard, comme auteur, quand la Smithsonian Institution publia son exposé détaillé sur les Indiens loucheux dans l’Annual report pour l’année 1866.
Après être resté, de 1860 à 1862, au fort Liard (Fort Liard), Hardisty déménagea au fort Simpson où il prit la responsabilité du district du fleuve Mackenzie, à la place de Bernard Rogan Ross*. Harcelé par la nécessité de loger les missionnaires, par les menaces des trafiquants indépendants, par les problèmes d’approvisionnement et, de 1864 à 1866, par le taux élevé de vérole, de fièvre scarlatine et de rougeole chez les Indiens, Hardisty mérita des éloges pour sa bonne administration en des temps difficiles. On le félicita particulièrement pour le changement « sage et opportun » effectué dans le régime de dettes d’après les méthodes utilisées lors de son séjour au fort Yukon. En 1868, Hardisty fut promu agent principal.
De 1869 à sa retraite, Hardisty conserva la direction du district du Mackenzie. Après l’achat de l’Alaska par les États-Unis, il dut faire face à la prise de possession du fort Yukon par les Américains à l’automne de 1869 ; les hommes de la Hudson’s Bay Company qui s’y trouvaient reçurent l’ordre de cesser de faire la traite sous peine d’une amende pour contrebande. En novembre 1870, le trafic dans le district du Mackenzie avait commencé d’être déficitaire, et Hardisty écrivit à Donald Alexander Smith*, le mari de sa sœur, que la compagnie semblait « avoir tout à fait perdu pied dans cette région ». Et il ajoutait : « Les Américains triomphent sur toute la ligne, ils ont des marchandises, semblables aux nôtres, qu’ils vendent plus de 200 p. cent moins cher que nous pouvons nous le permettre et, en plus, approvisionnent gratuitement les Indiens en the, en sucre, en riz, en raisins et en farine. » Par conséquent, Hardisty insista pour qu’on partage son district en deux afin d’en faciliter l’administration et de permettre à la compagnie de lutter plus efficacement contre les trafiquants indépendants. Il proposa aussi de faire des voyages périodiques de traite chez les Indiens de la région du fleuve Yukon et d’utiliser le détroit de Béring pour expédier les marchandises transportées dans la région.
Hardisty prit sa retraite en 1878 et, après avoir passé l’hiver de 1878–1879 à Winnipeg, il s’établit à Lachine, où il mourut le 16 janvier 1881.
William Lucas Hardisty est l’auteur de « The Loucheux Indians », Smithsonian Institution, Annual report (Washington), 1866 : 311–320.
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Jennifer S. H. Brown, « HARDISTY, WILLIAM LUCAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hardisty_william_lucas_11F.html.
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Auteur de l'article: | Jennifer S. H. Brown |
Titre de l'article: | HARDISTY, WILLIAM LUCAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |