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HAGARTY, sir JOHN HAWKINS, avocat, professeur, homme politique, auteur et juge, né le 17 septembre 1816 à Dublin, fils de Matthew Hagarty ; le 9 septembre 1843, il épousa à Toronto Anne Elizabeth Grasett (morte en 1888), sœur du révérend Henry James Grasett*, et ils eurent trois fils ; décédé le 27 avril 1900 au même endroit.
Fils d’un juge instructeur de la Cour des prérogatives d’Irlande, John Hawkins Hagarty fit ses études auprès d’un précepteur et passa l’année 1832–1833 au Trinity College de Dublin. En 1834, il immigra dans le Haut-Canada et, la première année, habita dans une ferme près de Bowmanville. Puis, pendant cinq ans, il étudia le droit au cabinet de George Duggan* à Toronto. Admis au barreau en 1840, il eut comme associé, à compter de 1846, John Willoughby Crawford*, qui devint plus tard lieutenant-gouverneur de l’Ontario. Sans abandonner sa carrière de barrister – il serait nommé conseiller de la reine en 1850 –, Hagarty enseigna le droit au Trinity College de Toronto de 1852 à 1855, année où il obtint son doctorat en droit civil. Il serait aussi membre du conseil du collège entre 1857 et 1869.
Hagarty se mêla aux Canadiens d’origine irlandaise et fut, en 1846, président de la St Patrick’s Society. Élu conseiller municipal du quartier St Lawrence en janvier 1847, il démissionna au mois de mai suivant. En 1850, il fut élu commissaire d’école publique dans le quartier St Patrick. Il écrivit beaucoup de poèmes, dont la plupart parurent dans Maple-Leaf, or Canadian Annual ; a Literary Souvenir, publié sous la direction du révérend John McCaul*. Sa pièce la plus connue, et pourtant médiocre, est une ode héroïque intitulée The funeral of Napoleon, 15th December 1840, qui parut dans le volume de 1849. Il manifesta également son intérêt pour la chose littéraire en étant membre du Canadian Institute [V. sir Daniel Wilson], organisme dont il fut président en 1861–1862.
Ce sont cependant les 41 années – plus des deux tiers de sa carrière juridique – que Hagarty passa dans la magistrature qui constituent sa contribution la plus importante. Après avoir été juge puîné de la Cour des plaids communs de 1856 à 1862, juge de la Cour du banc de la reine de 1862 à 1868, juge en chef des plaids communs de 1868 à 1878 et juge en chef de la Cour du banc de la reine de 1878 à 1884, il fut président de la Cour d’appel et juge en chef de l’Ontario de 1884 à 1897. À ce dernier titre, il agit aussi en qualité d’administrateur de la province pour de courtes périodes, en 1882 et en 1892. Après sa retraite en avril 1897, on put lire dans le Canada Law Journal un éloge de cet homme qui n’avait eu « aucune ambition d’étendre le champ du droit « jurisprudentiel » mais, au contraire, [était] sincèrement désireux d’appliquer la loi telle qu’il la trouvait, sans usurper ni empiéter sur les fonctions du corps législatif ». L’auteur ajoutait que les jugements de Hagarty avaient été maintenus plus souvent que ceux de tout autre juge. L’observateur moderne de ses arrêts dans des affaires concernant pour la plupart la responsabilité des compagnies de chemin de fer, l’assurance, le meurtre, la situation juridique des femmes mariées, les contestations d’élections, la séduction et la diffamation pourrait difficilement être en désaccord. Cependant, en 1897, l’auteur avait négligé de souligner quelques-unes des qualités les plus attachantes de Hagarty : il écrivait avec beaucoup de clarté et de minutie, en particulier lorsqu’il utilisait un langage purement juridique ; il accordait beaucoup plus de place que ses collègues à l’interprétation de la loi ; et ses jugements étaient expressément entremêlés de réflexions dans lesquelles il exposait, le cas échéant, les dilemmes devant lesquels le plaçaient les jugements à rendre. Dans un cas, il confessa que, « très embarrassé » par la loi, il différait d’avis et, de fait, il exprima son désaccord beaucoup plus souvent que la plupart des juges. Une autre fois, il fit part de son « grand regret d’être obligé de faire mention de la très grande difficulté, pour ne pas dire l’impossibilité, dans laquelle se trouv[ait] le tribunal de traiter adéquatement » d’une question.
Hagarty fut mêlé à seulement deux jugements dont on puisse prétendre qu’ils eurent une grande importance juridique. Dans la cause Drake contre Wigle, en 1874, le défendeur, un locataire à vie, était accusé d’avoir dégradé un bien grevé d’un droit de retour en abattant des arbres sur une « terre sauvage » dont il était l’usufruitier, dans le but de la rendre propre à l’agriculture. En vertu de la loi anglaise, le locataire aurait sûrement été reconnu coupable de dégradation s’il avait détruit des chênes vieux de 100 ans. Mais couper des conifères qui croissaient rapidement dans la dense forêt canadienne était différent. Hagarty décida que le sens du terme dégradation « varia[it] selon l’endroit et [les] circonstances » et que les lois obscures qui régissaient l’immobilier en Angleterre n’étaient pas applicables au Canada.
Dans une autre affaire, John Anderson*, un esclave qui avait trouvé refuge et protection dans le Haut-Canada, avait été accusé en octobre 1860, par un tribunal de première instance, d’avoir tué un Blanc du Missouri qui tentait de l’empêcher de fuir. La même année, la Cour du banc de la reine reconnaissait Anderson coupable de meurtre selon la loi du Missouri et le déclarait passible d’extradition en vertu du traité Webster-Ashburton signé avec les États-Unis. L’année suivante, la cause fut portée en appel devant les juges William Henry Draper*, William Buell Richards* et Hagarty, à la Cour des plaids communs. Ceux-ci tranchèrent en faveur d’Anderson, mais pour des motifs strictement formalistes liés au libellé de l’accusation de 1860. Évitant consciemment de se prononcer sur les grandes questions de politique, les juges n’affirmèrent pas que le traité Webster-Ashburton ne pourrait jamais s’appliquer à des esclaves en fuite. Pour accorder la libération à Anderson, Hagarty invoqua le vice de forme dans le libellé de l’accusation et justifia cette façon étroite d’envisager la question par son « extrême importance pour la vie et la liberté du prisonnier ». Dans un commentaire plus général, il déclara : « Rien ne me serait plus facile que d’arriver à une conclusion si j’avais le droit de disposer de cette affaire simplement d’après ma propre conception du bien et du mal, ou selon la dignité et les privilèges de la liberté humaine – bref, si je pouvais ne pas tenir compte de mon impérieuse obligation de décider en fonction de ce que j’estime être la loi, et non en fonction de ce que je pourrais penser qu’elle devrait être. »
En reconnaissance de ses services à titre d’homme de loi, John Hawkins Hagarty fut fait chevalier au moment de sa retraite en 1897. Fidèle de l’église anglicane St George the Martyr, il mourut en 1900 et fut inhumé sans cérémonie publique au cimetière St James de Toronto.
En plus du poème cité dans la biographie, sir John Hawkins Hagarty est l’auteur de : St. Lawrence Ward : the favour of your vote and interest is requested for John H. Hagarty as alderman for your ward election, on Tuesday, 12th January, 1847, at nine A.M. ([Toronto, 1847]) ; Thoughts on law reform (Toronto, 1850) ; A legend of Marathon ; by an Ontario judge ([Toronto, 1888]) ; et Poems (s.l., 1902).
Trinity College Library,
Graham Parker, « HAGARTY, sir JOHN HAWKINS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hagarty_john_hawkins_12F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/hagarty_john_hawkins_12F.html |
Auteur de l'article: | Graham Parker |
Titre de l'article: | HAGARTY, sir JOHN HAWKINS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |