GAMBIER, JAMES, 1er baron GAMBIER, officier de marine et gouverneur de Terre-Neuve, né le 13 octobre 1756 dans l’île de New Providence, Bahamas, fils de John Gambier, lieutenant-gouverneur des Bahamas, et de Deborah Stiles ; en juillet 1788, il épousa à Londres Louisa Matthew (Mathew), et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 19 avril 1833 à Ivor House, Buckinghamshire, Angleterre.

James Gambier n’avait que 11 ans lorsque son nom fut inscrit dans les livres de bord du Yarmouth, stationnaire de la marine royale commandé par son oncle, James Gambier. Il fut promu lieutenant le 12 février 1777, pendant son affectation à la station de l’Amérique du Nord. L’année suivante, alors qu’il commandait le Thunder, une galiote à bombes, il fut capturé par l’escadre du comte d’Estaing ; on le libéra peu après, à la suite d’un échange de prisonniers. En octobre 1778, il fut nommé post captain. Gambier s’était lié d’amitié avec la famille Pitt, et son avancement dans la marine fut apparemment dû à cette relation plutôt qu’à son expérience en mer. Du 7 mars 1795 au 19 février 1801, il siégea à titre de lord de l’Amirauté et, au cours de cette période, il fut promu contre-amiral (le1er juin 1795), et vice-amiral (14 février 1799).

Au printemps de 1802, peu après le traité d’Amiens, Gambier devint gouverneur de Terre-Neuve, succédant à sir Charles Morice Pole. L’arrêt des hostilités lui permit de s’occuper des affaires civiles de l’île. Dans la marine, il était reconnu pour sa piété et sa morale rigide ; à Terre-Neuve, il se fit remarquer par l’aide qu’il apporta aux écoles et aux organismes de charité, ainsi que par son appui au clergé. Lorsque William Cull ramena à St John’s une Béothuk qu’il avait capturée, Gambier ordonna qu’elle soit bien traitée et, plus tard, on la renvoya dans sa tribu.

La politique britannique officielle n’avait jamais considéré Terre-Neuve comme une colonie, mais plutôt comme une zone de pêche parmi d’autres. En conséquence, les habitants de l’île avaient souffert d’injustices et avaient été privés des revenus nécessaires pour entreprendre les travaux qui s’imposaient. Gambier loua quelques terres aux éleveurs de moutons et de bêtes à cornes, espérant que ce serait là un moyen d’assurer aux Terre-Neuviens le droit de s’établir de façon permanente, tout en procurant des revenus au gouvernement. Reconnaissant que la pêche ellemême était essentiellement passée de l’ère migratoire à l’ère sédentaire, il recommanda que les terres inoccupées qui étaient situées le long de la côte, et que l’on réservait à titre gratuit aux pêcheurs venant de Grande-Bretagne, soient louées de préférence aux habitants de l’île. Sur le plan administratif, il lui parut évident qu’une certaine continuité serait avantageuse, et il proposa la nomination d’un secrétaire permanent. En décembre 1803, vers la fin de son mandat, Gambier exposa sommairement ses vues au secrétaire d’État aux Colonies, lord Hobart : « La politique actuelle [du gouvernement] n’assure pas le bonheur et le bon ordre au sein de la communauté, ce qui est [pourtant] la fin principale de tout gouvernement. J’attribue cette situation à l’absence dans l’île d’une autorité qui puisse concevoir des lois pour la conduite de ses propres affaires et trouver les revenus permettant de réaliser tout projet d’utilité publique. » Trente années allaient s’écouler avant que l’on établisse un tel gouvernement.

Au cours de la deuxième moitié de son mandat, Gambier fut contraint de porter son attention sur la défense militaire de l’île, les hostilités ayant repris en juin 1803. À cette époque, la garnison de St John’s se composait de 63 artilleurs. Le général de brigade John Skerrett* fut autorisé à lever un régiment de 1 000 hommes, mais le recrutement étant interdit pendant la saison de la pêche, sa tâche se révéla difficile et Gambier s’inquiéta de la sécurité de l’île tout le temps de l’enrôlement et de l’entraînement des recrues.

Le 15 mai 1804, James Gambier fut réaffecté à l’Amirauté et sir Erasmus Gower* lui succéda comme gouverneur de Terre-Neuve. Promu amiral de l’escadre bleue le 9 novembre 1805, il commanda la flotte qui se saisit des forces navales danoises en 1807. Cette victoire lui valut d’être créé baron en novembre et nommé commandant de la flotte de la Manche le printemps suivant, poste qu’il occupa jusqu’en 1811. Il fut aussi appelé à diriger la commission britannique chargée de négocier un traité de paix avec les Américains en 1814. Gambier reçut en outre deux autres distinctions : il fut fait grand’croix de l’ordre du Bain le 7 juin 1815 et promu amiral de la flotte le 22 juillet 1830. Il mourut chez lui, à Ivor House, en 1833. Bien que son séjour à Terre-Neuve ait été de courte durée, l’activité qu’il y déploya durant son mandat de gouverneur reflète cette ferveur morale et ce désir de progrès qui donnèrent naissance, en Grande-Bretagne, aux grands courants réformistes de son époque.

Frederic Fraser Thompson

PRO, CO 194 /43 : 75, 171–178, 323.— Gentleman’s Magazine, 1788 : 365.— Admiralty officials, 1660–1870, J. C. Sainty, compil. (Londres, 1975).— G. E. Cokayne, The complete peerage of England, Scotland, Ireland, Great Britain and the United Kingdom, extant, extinct, or dormant (nouv. éd., Vicary Gibbs et al., édit., 13 vol. en 14, Londres, 1910–1959).— DNB.— G.-B., ADM, Navy list, 1808.— John Marshall, Royal naval biography [...] (4 vol. en 6 et 2 vol. suppl., Londres, 1823–1835), 1 : 74–86.— James Ralfe, The naval biography of Great Britain [...] (4 vol., Londres, 1828), 1 : 82–0.— Joseph Hatton et Moses Harvey, Newfoundland, the oldest British colony ; its history, its present condition, and its prospects in the future (Londres, 1883).— Howley, Beothucks or Red Indians.— William James, The naval history of Great Britain, from the declaration of war by France in 1793, to the accession of George IV [...] (nouv. éd., 6 vol., Londres, 1860), 4.— G. W. L. Nicholson, The fighting Newfoundlander ; a history of the Royal Newfoundland Regiment (St John’s, [1964]).— Prowse, Hist. of Nfd. (1895), 375–377.

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Frederic Fraser Thompson, « GAMBIER, JAMES, 1er baron GAMBIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gambier_james_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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