FARIBAULT, JOSEPH-ÉDOUARD, notaire, homme d’affaires, juge de paix, officier de milice, homme politique et fonctionnaire, né le 4 mai 1773 à Berthier-en-Haut (Berthierville, Québec), fils de Barthélemy Faribault*, notaire, et de Catherine-Antoine Véronneau ; décédé le 3 août 1859 à L’Assomption, Bas-Canada.

Clerc à l’âge de 15 ans dans l’étude de son père, Joseph-Édouard Faribault reçut sa commission de notaire le 12 février 1791. Il ouvrit une étude à Berthier-en-Haut, puis, après quelques mois, alla pratiquer à L’Assomption où il épousa, le 24 novembre 1794, Marie-Anne-Élisabeth Poudret, fille du négociant Antoine Poudret et de Marie-Apolline Spagniolini. Faribault exerça sa profession jusqu’en 1849. Son minutier renferme 9 622 actes. Parmi les notaires qui firent leur stage de clerc dans son étude, mentionnons son frère aîné Jean-Marie, son neveu Barthélemy Joliette* ainsi que ses fils Narcisse et Jacques-Eugène. Un autre fils, Norbert, étudia le droit chez Jean-Roch Rolland* à Montréal et le cadet, Adolphe, la médecine à Paris où il mourut en 1851.

Doué du sens des affaires, Faribault, dès le début de sa pratique, se fit octroyer des concessions, acquit des terrains et des bâtiments, exploita des baux à ferme, prêta sur hypothèques à 6 p. cent ou en échange de rentes viagères, mais son occupation principale fut de louer, construire et exploiter des scieries et des moulins à farine. Il dirigea directement ou indirectement presque tous les moulins de sa région et, selon Christian Roy, auteur d’une histoire de L’Assomption, il fut « l’homme le plus influent de L’Assomption entre 1800 et 1845 ». En outre, il s’occupa des affaires de Paul-Roch Saint-Ours, qui, en 1805, le choisit comme procureur et agent de ses seigneuries. Le 30 juin 1812, il devint administrateur en titre de la seigneurie de Lavaltrie et conserva cette charge pendant dix ans. Il constitua aussi une importante fortune à sa fille Aurélie dont il gérait les biens ; celle-ci, en effet, hérita en 1837 d’une partie des seigneuries de son premier mari Charles Saint-Ours, seigneur de L’Assomption et du fief Bayeul, puis, remariée en 1843 à Louis-Michel Viger, reçut de ce dernier par voie de succession la seigneurie de Repentigny en 1855.

Faribault participa à la vie publique de sa région. Du 18 juin 1808 au 2 octobre 1809, il représenta la circonscription de Leinster à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada. Selon la classification des députés faite par le journal le Canadien en octobre 1809, il se rangeait parmi les ministériels, mais il ne prit part à aucun vote au cours de la session de 1809. Aux élections de 1810, Faribault fut directeur du scrutin pour Leinster. Le 2 avril 1838, par décision de sir John Colborne*, il fut nommé membre du Conseil spécial chargé d’administrer le Bas-Canada durant la suspension de la constitution de 1791. Ce conseil, dissous par lord Durham [Lambton*] le 1er juin 1838, fut rétabli par Colborne en novembre, et Faribault, qui reçut de nouvelles commissions de conseiller le 2 novembre 1838 et le 19 janvier 1839, en fit partie jusqu’à la fin des travaux, le 10 février 1841. Il est à noter que Faribault était absent au moment du vote approuvant l’union des deux Canadas, en novembre 1839. Plus tard, il fut actif sur la scène municipale, d’abord comme préfet du district de Leinster en 1841 et 1842, puis comme maire de L’Assomption de 1846 à 1848.

En plus de ces occupations politiques, Faribault remplit diverses autres fonctions : juge de paix du district de Montréal (première commission en 1803), commissaire chargé de faire prêter le serment d’allégeance (1812), commissaire chargé de l’amélioration des communications intérieures dans le comté de Leinster (1817), commissaire du recensement dans le même comté (1825) et commissaire chargé de la décision sommaire des petites causes (1821, 1831). Il fut également secrétaire de la fabrique de sa paroisse de 1796 à 1830 et membre du conseil formé à L’Assomption en 1825 dans le but d’ouvrir une école élémentaire publique. Toutefois, sans doute à cause de son extrême prudence en affaires, il s’opposa à l’idée de fondation d’un collège mise de l’avant par Jean-Baptiste Meilleur* et démissionna même de son poste de secrétaire de la fabrique. En dépit de cette réticence, il n’hésita pas, en 1838, à offrir une somme importante pour venir en aide au collège de L’Assomption, qui avait ouvert ses portes cinq ans auparavant. Enfin, Faribault servit dans le bataillon de milice de Lavaltrie. En 1805, il était capitaine et aide-major. Promu, par la suite, major puis lieutenant-colonel, il prit part à la guerre de 1812 ; en récompense de ses services, il reçut, en 1823, des concessions de terre dans le canton de Kilkenny. Entre 1815 et 1820, il était devenu lieutenant-colonel et commandant de son bataillon.

Au cours de sa carrière, Joseph-Édouard Faribault amassa une fortune considérable. Déjà, à l’époque de la mort de sa première femme survenue en 1828, ses biens se chiffraient à 106 332, somme qu’il dut partager avec ses enfants. Il se remaria le 1er novembre 1845 avec Geneviève Fauteux, veuve de Norbert Hénault, marchand de Saint-Cuthbert. Frappé d’apoplexie, Faribault mourut le 3 août 1859 après quatre années de maladie. Décédé intestat, il laissa un capital évalué à 82 216 dont presque 80 p. cent était constitué de prêts hypothécaires. Le règlement de sa succession entraîna une longue contestation entre sa deuxième femme et ses enfants et nécessita un arbitrage. Faribault a laissé une réputation d’érudit, de juriste émérite, d’homme doué d’un jugement solide et d’une sagacité peu commune.

Marthe Faribault-Beauregard

Le minutier de Joseph-Édouard Faribault, contenant des actes passés entre 1791 et 1849, est conservé aux ANQ-M, sous la cote CN4-19. Un portrait à l’huile, œuvre d’un peintre inconnu, représentant Faribault est en la possession de Claude Faribault, d’Outremont, Québec.

AC, Beauharnois (Valleyfield), Minutiers, Godefroid Chagnon, 17 août 1826, 2 juin 1830, 24 juill. 1833, 4 janv. 1836 ; Joliette, Minutiers, J.-Z. Martel, 2 oct. 1877, 29 mars 1880.— ANQ-M, CE5-1, 4 mai 1773 ; CE5-12, 25 sept. 1837 ; CE5-14, 24 nov. 1794, 10 févr. 1820, 18 oct. 1824, 28 juin 1828, 10 sept. 1843, 1er nov. 1845, 6 août 1859 ; CE5-16, 30 mai 1855 ; CN1-216, 22 janv. 1861 ; CN1-312, 2, 14 nov. 1859, 25 sept. 1861 ; CN1-313, 17 oct. 1855 ; CN2-29, 20 avril 1795 ; CN2-73, 15 mars, 6 sept., 11 nov. 1817 ; CN5-3, 1er nov. 1845 ; CN5-11, 30 juin 1812, 24 juill. 1832, 25 avril, 10 sept. 1843 ; CN5-24, 10 févr. 1820 ; CN5-30, 1er juin 1814 ; CN5-36, 1er nov. 1801, 1er juill. 1804, 13 janv. 1810.— ANQ-MBF, CN1-60, 12 juin 1788.— ANQ-Q, CN1-99, 18 oct. 1824.— APC, RG 1, L3L 995, 41096–41097 ; RG 4, B8, 1, 12 févr. 1791 ; 20 : 7319–7329 ; RG 8, I (C sér.), 704 : 264 ; RG 9, I, A5, 4 122 ; RG 11, A1, 10 : 10–11 ; RG 68, 5 : 58 ; 6 : 276–277, 376, 379–380 ; 8 : 270–271 ; 13 : 103, 107 ; 16 : 7–8 ; 17 : 66–67.— ASSM, 8, C, 12 juin 1797.— AUM, P 58, U, Faribault à sa nièce, 20 nov. 1813.— Émélie Berthelot-Girouard, « les Journaux d’Émélie Berthelot-Girouard », Béatrice Chassé, édit., ANQ Rapport, 1975 : 31.— La Gazette de Québec, 2 juin 1808, 12 juill. 1810, 22 mai 1817, 24 sept. 1821.— Almanach de Québec, 1805 : 29, 52 ; 1810 : 33, 63 ; 1815 : 58, 97 ; 1820 : 49, 56, 99 ; 1821 : 49, 57, 115.— F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Denaut », ANQ Rapport, 1931–1932 : 165, 172, 181 ; « Inv. de la corr. de Mgr Panet », 1934–1935 : 403 ; « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », 1932–1933 : 89, 131.— Louise Dechêne, « Inventaire des documents relatifs à l’histoire du Canada conservés dans les archives de la Compagnie de Saint-Sulpice à Paris », ANQ Rapport, 1969 : 218, 249, 256.— Desjardins, Guide parl., 80, 132.— Officers of British forces in Canada (Irving), 183.— L.-P. Audet, Histoire de l’enseignement au Québec (2 vol., Montréal et Toronto, 1971), 2 : 32.— Chapais, Cours d’hist. du Canada, 4 : 209–210, 278–279.— Christie, Hist. of L.C. (1866), 5 : 51.— Anastase Forget, Histoire du collège de L’Assomption ; 1833— un siècle— 1933 (Montréal, [1933]), 48–49, 62.— Marcel Fournier, la Représentation parlementaire de la région de Joliette (Joliette, Québec, 1977), 21, 141.— Hélène Lafortune, « la Situation de la profession notariale à L’Assomption entre 1800 et 1850 » (thèse de m.a., univ. de Montréal, 1981).— J.-C. Robert, « l’Activité économique de Barthélemy Joliette et la fondation du village d’Industrie (Joliette), 1822–1850 » (thèse de m.a., univ. de Montréal, 1971).— C. Roy, Hist. de L’Assomption.— J.-E. Roy, Hist. du notariat, 3 : 18, 28.— P.-G. Roy, la Famille Faribault (Lévis, Québec, 1913), 18–28.— F.-J. Audet, « Membres du Conseil spécial », BRH, 7 (1901) : 82–83.— « La Famille Faribault », BRH, 19 (1913) : 65–75.— Jacques Rainville, « Vers notre tricentenaire, la famille Faribault », le Courrier de Berthier (Berthierville, Québec), 9 mai 1968.— J.-C. Robert, « Un seigneur entrepreneur, Barthélemy Joliette, et la fondation du village d’Industrie (Joliette), 1822–1850 », RHAF, 26 (1972–1973) : 376–377, 382.

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Marthe Faribault-Beauregard, « FARIBAULT, JOSEPH-ÉDOUARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/faribault_joseph_edouard_8F.html.

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Auteur de l'article:    Marthe Faribault-Beauregard
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    18 nov. 2024