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FARIBAULT, JEAN-BAPTISTE, trafiquant de fourrures, officier de milice, fonctionnaire et fermier, né le 19 octobre 1775 à Berthier-en-Haut (Berthierville, Québec), fils de Barthélemy Faribault* et de Catherine-Antoine Véronneau ; décédé le 20 août 1860 à Faribault, Minnesota.
Fils de notaire, Jean-Baptiste Faribault n’embrassa pas la carrière de son père, contrairement à trois de ses frères, dont Joseph-Édouard. À la place, il quitta l’école à l’âge de 16 ans pour devenir commis dans une des maisons commerciales de Québec. Après deux années passées chez un dénommé Thurseau, il travailla pour une seconde entreprise, probablement celle des frères John et Mathew Macnider, qui exploitaient un commerce de détail rue de la Fabrique. Comme beaucoup de jeunes gens, Faribault était remuant, rêvait d’aventure et, à la consternation de sa famille et de ses amis, parlait souvent de devenir marin. Des pressions familiales l’empêchèrent d’accepter une commission dans le 7e d’infanterie, en garnison à Québec de 1791 à 1793. Le prince Edward* Augustus, quatrième fils de Georges III et officier commandant du régiment, avait aimé quelques croquis que Faribault avait faits de ses troupes et, apparemment, l’avait invité à s’enrôler. En 1798, en dépit des objections de sa famille, Faribault partit pour le fort Michillimakinac (Mackinac Island, Michigan) afin de faire la traite des fourrures. Il était probablement au service de la firme montréalaise Parker, Gerrard, and Ogilvy [V. Samuel Gerrard ; John Ogilvy*] dont le représentant, George Gillespie*, était aussi celui de Faribault à Michillimakinac. Il obtint un permis de traite pour le Territoire du Nord-Ouest américain, du secrétaire du territoire, William Henry Harrison, et il passa l’hiver de 1798–1799 à Kankakee (Illinois). Les deux hivers suivant, il fit la traite chez les Sioux, à la rivière Des Moines (Minnesota), et, en 1802, ayant acquis une très bonne connaissance de la langue siouse, il fut placé à la tête du poste de Little Rapids, sur la rivière St Peter (rivière Minnesota). Pendant son séjour dans ce poste, il épousa à la façon du pays Pelagie Hince, fille de Joseph Hince (Hanse). Leur mariage fut régularisé le 30 avril 1817 dans l’église catholique St Gabriel, à Prairie du Chien (Wisconsin) ; ils eurent huit enfants.
En 1809, Faribault rompit ses liens avec les trafiquants montréalais, lesquels s’étaient associés à la North West Company, et commença à pratiquer la traite des fourrures pour son propre compte à Prairie du Chien. Il faisait aussi le commerce du plomb ; il achetait le minerai de Julien Dubuque et l’écoulait dans la ville de St Louis (Missouri). Au début de la guerre de 1812, les habitants de Prairie du Chien, dont la vaste majorité était composée de Canadiens français, demeurèrent fidèles à la Grande-Bretagne. Sir George Prevost*, gouverneur des Canadas et commandant en chef des forces armées britanniques, confia la défense de la région à Robert Dickson*, surintendant adjoint du département des Affaires indiennes. Faribault était absent du village quand les troupes américaines l’envahirent en juin 1814. Il refusa de s’engager dans la troupe commandée par William McKay*, que l’on envoya reprendre la région, et affirma que le capitaine Thomas Gummersall Anderson* l’avait gardé prisonnier. Les hommes de McKay reprirent facilement Prairie du Chien, mais la région revint néanmoins aux États-Unis en vertu du traité de paix signé à Gand (Belgique), le 24 décembre 1814. Après la guerre, Faribault devint citoyen américain et servit comme officier de milice et coroner tout en rebâtissant sa fortune à Prairie du Chien.
En 1819, lorsque le colonel américain Henry Leavenworth passa par Prairie du Chien, en route vers l’ouest pour établir une installation militaire chez les Sioux, le village avait déjà perdu de son importance en tant que centre de traite. Leavenworth entendit parler de l’habileté de Faribault à négocier avec les Indiens et l’incita à ouvrir un poste de traite près du futur fort. Faribault quitta Prairie du Chien pour rejoindre Leavenworth à l’automne de 1819 et participa à la négociation du traité de 1821 par lequel les Sioux vendirent la terre dont on avait besoin pour l’établissement militaire du fort Snelling (St Paul, Minnesota), terminé en 1823. En vertu de ce traité, l’île Pike, située au confluent de la rivière St Peter et du Mississippi, fut cédée à l’épouse de Faribault. Bien qu’il ait été signé, le traité ne fut jamais ratifié par le Sénat américain, ce qui laissa des doutes sur la propriété du terrain. En 1822, les militaires prirent possession de l’île après que Faribault en eut été chassé par une inondation ; celui-ci tenta vainement d’obtenir une compensation pour la perte de ce bien. Quatre ans plus tard, une autre inondation détruisit sa maison située sur les rives de la rivière St Peter, de sorte que Faribault s’installa dans le village de St Peter’s (Mendota) où, pendant de nombreuses années, il s’occupa de culture durant l’été et de traite des fourrures au poste de Little Rapids durant l’hiver. Au cours d’un séjour à ce poste en 1833, un Indien, à qui il refusait de faire crédit, le poignarda dans la poitrine. Il ne se remit jamais complètement de cette blessure.
Jusqu’en 1853, Jean-Baptiste Faribault continua de s’adonner à la traite des fourrures, faisant affaire avec l’American Fur Company. Il se retira alors à Faribault, village fondé par son fils Alexander comme poste de traite en 1826. Il y mourut en 1860 dans la maison de sa fille Emily. Faribault avait été un trafiquant qui avait réussi et qui, plus tard dans sa vie, devint l’un des premiers fermiers du Minnesota. Respecté de ses voisins, il fut élu périodiquement à de modestes fonctions publiques à Prairie du Chien et à Mendota. Ce fut en partie grâce à son influence que les États-Unis avaient pu négocier des traités avec les Indiens du haut Mississippi en 1821, 1841 et 1851, en vertu desquels ceux-ci abandonnaient une grande partie de leur territoire. La demeure de Faribault à Mendota, bâtie en 1837, a été reconstruite pour devenir un lieu historique.
AP, La Visitation (Berthierville), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 29 oct. 1775.— Minn. Hist. Soc. (St Paul), Alexis Bailly papers ; H. H. Sibley papers ; Stephen Jewett, « After eighty-four years » (1910).— Wis., State Hist. Soc. (Madison), Platteville
Paul Trap, « FARIBAULT, JEAN-BAPTISTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/faribault_jean_baptiste_8F.html.
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Auteur de l'article: | Paul Trap |
Titre de l'article: | FARIBAULT, JEAN-BAPTISTE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |