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FAIRWEATHER, MARION (Stirling), institutrice, missionnaire et médecin, née le 14 octobre 1846 à Bowmanville, Haut-Canada, fille de David Fairweather, commerçant, et d’une prénommée Anna ; le 25 septembre 1888, elle épousa à Agra, Inde, Charles Stirling, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédée le 28 février 1923 à San Leandro, Californie.
Marion Fairweather était la benjamine de quatre filles ; ses parents venaient d’Écosse. Elle étudia à la McGill Normal School de Montréal, où elle reçut un diplôme d’enseignement primaire en 1869 et un autre, en 1872, pour enseigner dans des écoles modèles. Dans l’intervalle, elle fut institutrice à Bowmanville, en Ontario. En 1872, elle écrivit au Foreign Missions Committee de l’Église presbytérienne du Canada afin de s’enquérir des possibilités d’affectations pour elle-même et une autre diplômée de la McGill Normal School, Margaret Rodger. Comme le comité n’avait pas encore de territoire outre-mer, il s’adressa à des comités missionnaires presbytériens de l’Écosse et des États-Unis en vue de leur trouver une place. De plus, il organisa pour elles un stage dans un établissement presbytérien, l’Ottawa Ladies’ College, peut-être autant pour vérifier leur aptitude au service que pour les y préparer. Dès l’automne de 1873, une décision était prise : Marion Fairweather et Margaret Rodger travailleraient d’abord dans une mission américaine du nord de l’Inde. La veille de Noël, elles arrivèrent dans la ville d’Allahabad.
Malgré quelques lettres au ton péremptoire adressées par Marion Fairweather au Foreign Missions Committee avant leur départ, les deux femmes, semble-t-il, quittèrent le Canada avec l’entière approbation de cet organisme. « Comme vous nous frayez le chemin, écrivait le secrétaire du comité, Thomas Lowry, nous devons compter beaucoup, pour préparer nos projets d’avenir, sur les renseignements que nous pourrons obtenir de vous et d’autres sources sur la situation à l’endroit où vous [êtes]. » Contrairement à Margaret Rodger, femme au caractère taciturne, Marion Fairweather sauta sur l’occasion et s’empressa de répondre à cette lettre. Elle pria ses collègues américains de conseiller au comité un emplacement pour une mission canadienne et appuya leur suggestion : Indore, dans le centre de l’Inde. Au début de 1877, deux ans après la fusion qui créa l’Église presbytérienne au Canada, Marion Fairweather et Margaret Rodger commencèrent d’œuvrer à Indore aux côtés du fondateur officiel de la première mission de cette Église en Inde, le révérend James Moffat Douglas*. Marion Fairweather était la figure dominante du personnel de la mission : très sûre d’elle-même, elle fut d’abord le mentor de Douglas, puis sa plus proche collaboratrice.
Après avoir appris la nomination de Douglas, Marion Fairweather lui avait écrit, ainsi qu’au Foreign Missions Committee et à un nouvel organisme de l’Église, la Woman’s Foreign Missionary Society (division de l’Ouest) [V. Marjory Laing*] au sujet des types d’activités que la mission devrait entreprendre et de ses propres « projets » pour les membres de l’effectif. De plus, elle avait commencé à recruter un groupe de laïques indiens de confession chrétienne qui l’accompagneraient à Indore. Une fois à la mission, elle consacra des énergies à l’ouverture d’une imprimerie, avec Douglas, et essaya, comme lui, de convertir des Indiens des castes supérieures. En outre, elle enseignait et visitait des zénanas – tâches plus propres à une femme missionnaire en Inde. Dans le cadre de ces visites, elle rencontrait des femmes recluses – des musulmanes ou des hindoues des castes supérieures – et tentait de leur faire connaître l’Évangile en usant de subterfuges telles des leçons de lecture ou de travaux d’aiguille. De toutes ses activités auprès des femmes, ce furent les soins médicaux qui finirent par lui inspirer le plus d’enthousiasme. En travaillant avec les Américains, elle avait fait la connaissance de Sara Seward, qui faisait œuvre de pionnière en tant que médecin et missionnaire. Impressionnée par la force d’attraction de son travail, surtout auprès des élites, elle recommanda fortement au convocateur du Foreign Missions Committee, William McLaren (MacLaren), d’instaurer semblable pratique, peut-être dans l’espoir de voir l’Église payer ses études.
Dès la fin de 1879, la mission aurait deux postes et un personnel canadien composé de trois femmes célibataires et de deux ministres avec leur épouse. Au début, le comité n’avait pas vraiment édicté de règlement à l’intention du personnel. Aussi Marion Fairweather n’admettait-elle aucune limite à son rôle, sinon celles inhérentes au fait qu’elle n’avait pas reçu l’ordination. Ses manières extroverties suscitaient du ressentiment parmi le personnel canadien ; sa relation de travail avec Douglas devenait un sujet de ragots parmi le personnel indien. En octobre 1879, le Foreign Missions Committee la rappela au Canada sans lui demander au préalable sa propre version des faits rapportés dans les comptes rendus conflictuels et parfois bizarres qu’il avait reçus de la mission à propos d’elle et de Douglas. Des lettres d’Européens ordonnés et laïques qui travaillaient en Inde vinrent témoigner, unanimement, de sa compétence et de son dynamisme, mais elles ne purent sauver son emploi. Bien qu’elles aient été louangeuses et aient exprimé du mépris pour les racontars sur les accrocs aux convenances sexuelles, ces lettres montraient bien que Marion Fairweather ne correspondait pas au type de la femme victorienne docile, et encore moins de la dame missionnaire. Un ministre et missionnaire écossais notait qu’elle était « loin, en fait, d’être la plus douce des femmes ». Un ancien aumônier de l’Église d’Angleterre lui dit, à elle : « J’aurais été fier si une de mes sœurs avait eu votre zèle et votre ambition, mais je ne l’aurais pas laissée essayer de convertir des gentlemen indigènes. » En juin 1880, après une rencontre avec Marion Fairweather (tenue à sa demande expresse), le Foreign Missions Committee décida officiellement de la congédier de la mission. Il n’était pas rare que des comités de ce genre aient à régler des conflits dans une mission nouvelle et éloignée, mais la réaction arbitraire de celui-ci était plutôt inhabituelle.
Marion Fairweather tenta en vain de convaincre le Foreign Missions Committee de la réengager ou de l’aider à trouver une autre affectation. Elle le menaça vaguement de poursuites judiciaires, mais n’en entama pas. Cependant, elle ne poussa pas l’obligeance jusqu’à se faire oublier. De 1880 à 1884, elle publia trois séries d’articles sur l’Inde dans le Canada Presbyterian de Toronto. D’une façon générale, elle évita de profiter de l’occasion pour exposer sa version des récents problèmes de la mission et réprima ses tendances à se mettre en valeur. Pris ensemble, ces articles donnent l’impression d’une femme capable, à la pensée structurée, dont le séjour en Inde avait élargi les horizons culturels et qui en était venue à une conception plus éclairée de la tâche des missionnaires là-bas. Peut-être aussi ces articles lui permirent-ils de payer une petite part des études de médecine qui précédèrent son retour en Inde.
À compter de l’automne de 1880, Marion Fairweather suivit une formation d’infirmière de deux ans au Charity Hospital de l’île Blackwell (île Welfare) à New York. Ensuite, elle étudia la médecine au Woman’s Medical College de Chicago. Après l’obtention de son diplôme en 1885, elle exerça pendant un moment afin d’amasser de l’argent pour du matériel. À son arrivée à Agra, en Inde, en janvier 1887, elle travailla pour le Countess of Dufferin’s Fund. Créé en 1885 par la femme du vice-roi, lord Dufferin [Blackwood*], ce fonds finançait des soins et de la formation médicale pour des Indiennes. Un historique des diplômées du Woman’s Medical College révèle que Marion Fairweather commença à donner des services peu après son arrivée et ouvrit une école de médecine qui compta bientôt 50 élèves. Toutefois, son séjour fut bref. En septembre 1888, elle épousa Charles Stirling, un Anglais qui avait obtenu plus tôt dans l’année son diplôme du College of Physicians and Surgeons à Chicago. Le couple s’installa à Delhi. Marion continua de travailler pour le fonds Dufferin, mais elle retourna aux États-Unis avec Charles, qui avait des problèmes de santé.
À compter de ce moment, les détails de la vie de Marion Fairweather Stirling sont vagues. Elle habita un temps à Chicago ; elle y donnait l’électrothérapie comme spécialité et y reçut, à l’instar de son mari, un permis d’exercice de la médecine. On ne sait pas avec certitude si Allen, le fils que Charles avait eu d’un précédent mariage, vivait avec eux. En 1914, Marion et Charles avaient tous deux un cabinet à Oakland, en Californie. Ils habitaient cette ville lorsque Charles s’éteignit en 1918. Deux ans avant de mourir, Marion s’installa à San Leandro, où, selon sa nécrologie, elle avait déjà eu des « biens considérables ». Toujours pleine d’initiative, elle avait ouvert un sanatorium, qui « allait bien » jusqu’à ce qu’elle succombe à une pneumonie. Comme son « époux bien-aimé », elle fut incinérée.
Les antécédents de Marion Fairweather Stirling ressemblaient à ceux de beaucoup de protestantes canadiennes qui s’engagèrent dans le travail missionnaire à l’étranger, mais la suite de sa vie professionnelle fut bien différente. Comme elle, bien des femmes missionnaires défièrent les normes de la féminité victorienne, tout en faisant mine de les approuver. Cependant, Marion Fairweather Stirling se distingua par le degré auquel elle prit des initiatives jugées peu féminines et contesta les conventions rattachées à la division sexuelle du travail missionnaire. Après avoir été rappelée de l’Inde à cause de sa conduite, elle réorienta ses énergies et mena une seconde carrière peu ordinaire.
La documentation concernant la vie de Marion Fairweather et de Charles Stirling à Oakland, Californie, dont des nécrologies locales, des dossiers du California Crematorium et les détails sur leurs compétences médicales, nous a été fournie par l’Oakland Hist. Room de l’Oakland Public Library. L’information sur la famille Fairweather, de Bowmanville, en Ontario, a été tirée d’index du Bowmanville News et du Canadian Statesman (Bowmanville) à la Bowmanville Public Library. [r. c. b.]
EUC-C, Fonds 122/1, 79.185C, dossier 1-1 ; Fonds 122/8, 79.195C, dossiers 5–9.— MUA, RG 30, McGill Normal School records.— Canadian Statesman, 22 mars 1923.— Canada Presbyterian (Toronto), nouv. sér., 1 (1877–1878) : 611s.— Ruth Compton Brouwer, « Far indeed from the meekest of women : Marion Fairweather and the Canadian Presbyterian mission in Central India, 1873–1880 », dans Canadian Protestant and Catholic missions, 1820s–1960s ; historical essays in honour of John Webster Grant, J. S. Moir et C. T. McIntire, édit. (New York, 1988), 121–149 ; New women for God : Canadian Presbyterian women and India missions, 1876–1914 (Toronto, 1990).— Presbyterian Record (Montréal), 2 (1877) : 15–26, 155–156.
Ruth Compton Brouwer, « FAIRWEATHER, MARION (Stirling) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fairweather_marion_15F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/fairweather_marion_15F.html |
Auteur de l'article: | Ruth Compton Brouwer |
Titre de l'article: | FAIRWEATHER, MARION (Stirling) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |