DRUILLON DE MACÉ, PIERRE-JACQUES, officier dans lés troupes de la Marine, baptisé le 9 septembre 1727 en la paroisse Saint-Solenne, à Blois, France, fils de Pierre-Jacques Druillon, lieutenant général au bailliage de Blois, et de Marie Bachaddelebat ; il épousa à Blois, en 1769, Marie-Anne Petit de Thoizy ; décédé à Blois, le 26 juin 1780.

Depuis 200 ans, des membres de la famille Druillon avaient exercé de hautes fonctions judiciaires à Blois. Pierre-Jacques Druillon de Macé, rompant avec la tradition familiale, abandonna en 1749 des études de droit déjà avancées pour entreprendre une carrière militaire. Grâce à l’influence d’un parent, Roland-Michel Barrin* de La Galissonière, commandant général de la Nouvelle-France, il obtint une nomination d’enseigne en second dans les troupes de la Marine à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Parla suite, il fut muté au Canada, où les officiers des troupes de la Marine pouvaient encore trouver l’occasion d’apprendre à l’expérience les techniques de l’artillerie et l’art des fortifications. En 1752, Druillon fut stationné au fort Niagara (près de Youngstown, New York). L’année suivante, on l’envoya entreprendre la construction des forts de la Presqu’île (Erie, Pennsylvanie) et de la rivière au Bœuf (Waterford, Pennsylvanie) sous la direction générale de François-Marc-Antoine Le Mercier. En 1754, il participa à la construction du fort Duquesne (Pittsburg, Pennsylvanie).

Si l’on se souvient de Druillon, c’est surtout pour son rôle dans l’affaire Jumonville. Membre du détachement aux ordres de Joseph Coulon* de Villiers de Jumonville qui fut attaqué le 28 mai 1754, en Pennsylvanie, par les hommes de George Washington, il fut blessé et fait prisonnier. On le conduisit à Winchester, puis à Williamsburg, en Virginie, avec les 20 autres survivants du détachement français. Le gouverneur Robert Dinwiddie repoussa des demandes répétées en vue de leur libération, mais consentit à alléger leur sort en leur permettant d’acheter des vêtements chez des marchands locaux. Druillon affirma plus tard avoir été interrogé à maintes reprises et accusé d’espionnage. Selon les articles de la capitulation du fort Necessity (près de Farmington, Pennsylvanie) aux mains des Français, le 3 juillet 1754, Druillon et ses hommes devaient être échangés contre deux capitaines britanniques, Robert Stobo* et Jacob Van Braam [V. Louis Coulon* de Villiers]. Mais de graves désaccords empêchèrent l’échange, et les otages britanniques furent envoyés à Québec pendant que Druillon et ses compagnons étaient transférés à Alexandria, en Virginie. Après avoir été détenus en Virginie pendant près d’un an, Druillon et trois de ses compagnons furent mis à bord de navires marchands, à Hampton. Druillon débarqua à Bristol, en Angleterre, le 10 juin 1755, et parvint à l’ambassade française, à Londres. Les doléances, qu’il présenta à l’ambassadeur français, relatives aux mauvais traitements subis pendant sa détention en Virginie et son voyage vers l’Angleterre furent bientôt versées aux dossiers de la guerre diplomatique accélérée qu’Anglais et Français se livraient en 1755–1756. Druillon passa lui-même en France pour faire rapport au ministre de la Marine.

De retour au Canada en 1756, Druillon servit surtout dans la région du lac Champlain. Il participa, comme enseigne en pied, à la campagne de Vaudreuil [Rigaud] aux environs du lac Saint-Sacrement (lac George) pendant l’hiver de 1756–1757 et combattit au siège et à la prise du fort George (également appelé fort William Henry ; aujourd’hui Lake George, New York). Il passa l’hiver de 1757–1758 en congé en France, puis l’été et l’automne de 1758 à un poste avancé situé entre le fort Carillon (Ticonderoga, New York) et le fort Lydius (aussi appelé fort Edward ; maintenant Fort Edward, New York). Le 1er janvier 1759, il fut promu lieutenant et assigné à la construction d’ouvrages de défense à l’île aux Noix (dans le Richelieu), à Laprairie et à Châteauguay. Par la suite, et jusqu’en novembre 1759, il eut le commandement de 200 hommes dans un camp situé entre La Présentation (Oswegatchie ; maintenant Ogdensburg, New York) et le fort Lévis (à l’est de Prescott, Ontario). Après avoir pris part à la bataille de Sainte-Foy en avril 1760, il fut transféré à l’île Sainte-Hélène : il y servait lors de la reddition de Montréal en septembre.

À son retour en France en 1760, Druillon se retira à Blois, y demeurant jusqu’à sa mort. Il toucha une pension annuelle de 300# en reconnaissance de ses services, mais, en dépit de ses bonnes références et de ses requêtes répétées de 1761 à 1775, il ne put obtenir la croix de Saint-Louis et le supplément de pension qu’il désirait.

F. J. Thorpe

AD, Loir-et-Cher (Blois), État civil, Saint-Honoré, 27 juin 1780 ; Saint-Solenne, 9 sept. 1727, 18 sept. 1769.— AN, Col., B, 96, f.298v. ; 102, ff.91–92v. ; 105, f.211 ; 108, f.537 ; D1, 3, f.90v. ; D2C, 4, f.158 ; 48/1, f.161 ; 48/2, ff.236v., 312v. ; E, 139 (dossier Druillon).— Archives du ministère des Affaires étrangères (Paris), Corr. politique, Angleterre, 439, ff.194, 197, 214–216, 221–223, 232–233.— Coll. des manuscrits de Lévis (Casgrain), I–VIII ; X.— [Robert Dinwiddie], The official records of Robert Dinwiddie [...] (2 vol., Richmond, Va., 1883).— NYCD (O’Callaghan et Fernow), X : 264s.— Papiers Contrecœur (Grenier), 11, 19, 42, 46, 157, 188, 257, 260, 262, 271, 305.— [George Washington], The writings of George Washington, W. C. Ford, édit. (14 vol., New York et Londres, 1889 [–1893]), I : 76–89.— L.-C. Bergevin et Alexandre Dupré, Histoire de Blois (2 vol., Blois, France, 1846–1847), II : 44, 60, 62–64, 67, 189s., 198s., 309, 633s.— É.-Z. Massicotte, Pierre-Jacques Druillon, seigneur de Macé, BRH, XXVI (1920) : 125s.

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F. J. Thorpe, « DRUILLON DE MACÉ, PIERRE-JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/druillon_de_mace_pierre_jacques_4F.html.

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Auteur de l'article:    F. J. Thorpe
Titre de l'article:    DRUILLON DE MACÉ, PIERRE-JACQUES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    21 déc. 2024